Post on 12-Sep-2018
Résumé de Cours 04
RÉDUCTION DES ENDOMORPHISMES (2)
Dans tout ce cours E sera un K−espace vectoriel de dimension n ∈ N∗.
I Le polynôme caractéristique
u est ici un endomorphisme de E.
Définition I.1 (Polynôme caractéristique d’un endomorphisme)
Le polynôme caractéristique de u est défini par :
χu(X) = det(u−XIdE).
Les racines de χu sont les valeurs propres de u. Pour toute valeur propre λde u, on note Mult(λ) la multiplicité de λ en tant que racine de χu.
Proposition I.2 (Propriétés du polynôme caractéristique)
1. χu est un polynôme de dégré n et de coefficient dominant (−1)n.
2. χu(X) = (−1)n(Xn − Trace (u)Xn−1 + . . .+ (−1)n detu
).
3. Pour toute valeur propre λ de u, on a 1 6 dim(Eλ) 6 Mult(λ).
Remarque :
1. Si dimE = 2, alors χu(X) = X2 − Trace (u)X + detu.2. Si u est un projecteur de rang r, alors χu(X) = (−1)n(X − 1)rXn−r.
3. Il faudrait savoir calculer le polynôme caractéristique d’un matrice compagnon.
Théorème I.3 (Critère assurant qu’un endomorphisme est diagonalisable)
u est diagonalisable si et seulement si les deux propriétés suivantes sont véri-fiées :
1. le polynôme caractéristique de u est scindé
2. ∀λ ∈ Sp(u),Mult(λ) = dimEλ(u).
Proposition I.4 (Cas particuliers)
1. Si λ est une racine simple du polynôme caractéristique alors dimEλ =1. Les racines simples ne nécessitent aucune vérification lorsque l’on
souhaite s’assurer qu’un endomorphisme est diagonalisable.
2. Si le polynôme caractéristique est scindé et à racines simples alors u estdiagonalisable et les espaces propres sont des droites.
II Polynômes d’endomorphismes et de matrices
II.1 Autour de la sous-algèbre K[U ]Définition II.1
Soit P (X) = a0 + a1X + . . .+ amXm ∈ K[X], et u ∈ L (E).
1. Soit k ∈ N∗. On note uk = uo . . . ou︸ ︷︷ ︸k fois
et u0 = IdE .
2. On définit P (u) = a0IdE + a1u+ . . .+ amum =
m∑k=0
akuk.
P (u) est un endomorphisme de E, comme u.
3. Soit A une matrice carrée à coefficients dans K.On définit la matrice P (A) = a0I + a1A+ . . .+ anA
n.
Remarque : ATTENTION : Soit x un vecteur de E. P (u)(x) est un vecteur, mais P(u(x)
)n’a pas
de sens. De même, si X est un vecteur colonne de taille n, P (A)X est un vecteur colonne de taille nmais P (AX) n’a pas de sens.
Propriétés II.2
L’application Φu K[X] −→ L (E)P (X) 7−→ P (u)
est un morphisme d’algèbres.
En particulier, cela signifie que (PQ)︸ ︷︷ ︸loi ×
(u) = P (u) ◦Q(u)︸ ︷︷ ︸loi ◦
.
Proposition II.3
Soient u ∈ L (E), A et B ∈Mn(K), P et Q ∈ K[X].1. Les polynômes en u commutent : P (u)oQ(u) = (P ×Q)(u) = Q(u)oP (u).2. Les polynômes en A commutent : P (A)×Q(A) = (P ×Q)(A) = Q(A)×
P (A).3. Soit H une matrice carrée inversible.
(a) Si k ∈ N, alors H−1AkH = (H−1AH)k.
1
(b) H−1P (A)H = P (H−1AH).(c) Si A et B sont semblables alors P (A) et P (B) aussi.
(d) Si A est diagonalisable alors P (A) est diagonalisable.
(e) P (tA) = t(P (A)
)et P (A) = P (A).
Proposition II.4 (Lien entre le spectre de u et le spectre de P (u))
Soient u ∈ L (E) et P ∈ K[X].1. Soient λ ∈ K et x ∈ E. Si u(x) = λx alors P (u)(x) = P (λ) x.
2. Si λ ∈ Sp(u) alors P (λ) ∈ Sp(P (u)).
II.2 Le polynôme minimal πuAvec un peu d’algèbre générale que nous détaillerons prochainement, nous
montrons :Définition II.5
Soit u ∈ L (E), où E est de dimension finie. Il existe un unique polynôme πuunitaire de K[X] tel que ker Φu = πuK[X]. Ce polynôme est appelé polynômeminimal de u.
En clair, cela signifie :
Propriétés II.6 (de πu)
Soit u ∈ L (E).1. Le polynôme minimal de u est LE polynôme unitaire de degré minimal
parmi tous les polynômes annulateurs de u.
2. Pour tout P ∈ K[X], P annule u⇐⇒ πu divise P .
3. πu est degré > 1, et ce degré est 1 si et seulement si u est une homothétie.
Exemples :
1. Si u est une projection autre que OL (E) et IdE , alors πu(X) = X2 −X.
2. Si d ∈ L (E) est nilpotent d’indice k, alors πd(X) = Xk.
Jetons un oeil à l’image de Φu :
Propriétés II.7 (de Im Φu)
K[u] = {P (u) où P ∈ K[X]} = Vect (uk, k ∈ N).Notons d ∈ N∗ le degré de πu. K[u] est une algèbre de dimension d, dont
(IdE , u, . . . , ud−1
)est une base.
Enfin, notons l’existence d’un polynôme annulateur bien singulier.
Théorème II.8 (Cayley-Hamilton)
Soit u un endomorphisme de E. La polynôme caractéristique de u est unpolynôme annulateur de u. Ainsi, πu divise χu et πu est de degré 6 n.
III De K[u] aux questions spectrales
Proposition III.1 (Polynôme annulateur et spectre de u)
Supposons que P est un polynôme annulateur de u : P (u) = OL (E).
1. Si λ est une valeur propre de u alors P (λ) = 0.
2. Si P est un polynôme annulateur de u alors les valeurs propres de u sontà rechercher parmi les racines de P.
3. Les valeurs propres de u sont exactement les racines de πu.
Lemme 1 (théorème de décomposition des noyaux)
Soient P1, . . . , Pr ∈ K[X] des polynômes premiers entre eux deux à deux.Alors
ker(P1P2 . . . Pr
)(u) =
r⊕k=1
kerPk(u).
En particulier, si de plus P (X) = P1(X)P2(X) . . . Pr(X) annule u, alors
r⊕k=1
kerPk(u) = E.
2
Théorème III.2 (Critère pour qu’un endomorphisme soit diagonalisable)
Soit u un endomorphisme de E. On a l’équivalence entre les prédicats suiv-ants :
1. u est diagonalisable,
2. Il existe un polynôme P scindé et à racines simples qui annule u.
3. πu est scindé à racines simples.
Dans ce cas, si λ1, . . . , λp ∈ K sont les valeurs propres deux à deux distinctesde u, on a
πu(X) =p∏i=1
(X − λi).
Corollaire III.3 (Endomorphisme diagonalisable et sous-espace vectoriel stable)
Soit u un endomorphisme de E et F un sous-espace vectoriel stable par u.Notons uF = u|FF l’endomorphisme induit par u sur F .Si u est diagonalisable alors uF aussi.
Corollaire III.4
Une matrice diagonale par blocs est diagonalisable⇐⇒ chaque bloc est diag-onalisable.
Corollaire III.5 (Diagonalisation simultanée)
Si u et v sont deux endomorphismes de E qui commutent, alors ils diago-nalisent dans une même base, i.e il existe une base (e1, . . . , en) de E telle quepour tout i ∈ [[1, n]], ei est un vecteur propre de u et de v.
IV Endomorphisme trigonalisable
Définition IV.1 (Endomorphismes trigonalisable)
Soit u un endomorphisme de E.u est trigonalisable lorsqu’il existe une base B de E dans laquelle la matricede u est triangulaire.
Théorème IV.2 (Critère assurant qu’un endomorphisme est trigonalisable)
On a équivalence entre les trois assertions suivantes :
1. u est trigonalisable
2. Son polynôme caractéristique est scindé.
3. πu est scindé.
Corollaire IV.3
1. Sur le corps des complexes, un endomorphisme est toujours trigonalis-able.
2. Supposons que Cu(x) = (−1)n(x− λ1) . . . (x− λn).
Il existe alors une base B telle que : MatB(u) =
λ1 ∗ ∗
0. . . ∗
0 0 λn
.
N Exercice : [Endomorphisme nilpotent et valeurs propres]Soit E un C ev de dimension n et u un endomorphisme de E. Montrer que u est nilpotent ssi Sp(u) ={0}
Finissons pas le cas des matrices nilpotentes :
Proposition IV.4
Soit E un K−espace vectoriel de dimension n et u ∈ L (E). Les quatre pro-priétés suivantes sont équivalentes :
1. u est nilpotent.
2. un = OL (E).
3. χu(X) = (−X)n.
4. Il existe une base de E dans laquelle la matrice de u est triangulairesupérieure à diagonale nulle.
3
ANNEXE
A Les preuves à connaitre...
...sont celles de
1. le théorème 1 de décomposition des noyaux, mais seulement dans le casr = 2 la preuve de kerP1(u) ∩ kerP2(u) = {0E}, pour s’assurer que lesétudiants n’écrivent pas d’horreurs du type P
(u(x)
), ...
2. la propriété II.7
3. la proposition III.1
4. le théorème III.2
5. le théorème IV.2
6. la proposition IV.4
B Quelques exercices classiques
N Exercice : [Réduction simultanée de deux endomorphismes qui commutent]Soit E un K−espace vectoriel de dimension n, et f, g ∈ L (E).
1. Montrer que si f et g commutent alors les sous-espaces propres de l’un sont stables par l’autre.
2. On suppose que f et g sont diagonalisables et commutent. Montrer qu’il existe une base B deE telle que MatB(f) et MatB(g) soient diagonales.
3. On suppose que f admet n valeurs propres distinctes et que g est un endomorphisme quicommute avec f . Montrer que g est diagonalisable puis que g est un polynôme en f .
N Exercice : Banque CCP, exo 23
Soit A =
(1 −1 1−1 1 −11 −1 1
). Démontrer que A est diagonalisable de 4 manières :
1. sans calculs.
2. En calculant det(A−XI3) et en déterminant les sous-espaces propres,
3. en utilisant le théorème du rang,
4. en calculant A2.
N Exercice : Banque CCP exo 31
Soit A =
(0 −2 2−3 1 3−1 1 3
).
1. Calculer les éléments propres de A.
2. On considère les trois suites (an)n∈N, (bn)n∈N, (cn)n∈N définies par leurs premiers termesa0 = 2, b0 = 2, c0 = 0 et la relation de récurrence
∀n ∈ N,
an+1 = −2bn + 2cn
bn+1 = −3an + bn + 3cn
cn+1 = −an + bn + 3cn.
Déterminer an, bn, cn en fonction de n.
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