La notion de puissance : les équivalents latins...

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1 La notion de puissance : les équivalents latins du grec δναμις Peggy LECAUDÉ (Université Paul Valéry-Montpellier 3) [email protected] Le mot δύναμις est un terme fondamental dans la pensée grecque, non seulement en philosophie, où il prend une importance singulière à partir d’Aristote, mais aussi en médecine, en sciences de la nature ou en mathématiques. En tant que tel, il est passé dans les langues modernes par l’intermédiaire de traductions latines. Par exemple, comme concept philosophique, δύναμις est rendu le plus souvent par fr. puissance, notamment dans le syntagme prépositionnel en puissance, ou par fr. potentialité et fr. potentiellement, créés à partir de l’adjectif fr. potentiel (angl. potential, all. Potenziell), emprunt savant du lat. potentialis. Ce dernier terme, attesté pour la première fois au IV e siècle de notre ère, connaît un usage important dans la philosophie scolastique, aux XII e et XIII e siècles. Il a alors pour parasynonyme l’adjectif uirtualis, créé en latin médiéval et passé dans les langues modernes sous la forme de fr. virtuel, angl. virtual, all. virtuell ; sur fr. virtuel furent créés fr. virtualité et fr. virtuellement, qui servent également à exprimer le concept grec. Au sein de cette chaîne historique longue et complexe, la présente étude se concentre sur le moment de la « conversion » de δύναμις en latin. Cette question est envisagée selon une double approche : d’abord, il s’agit, dans une perspective onomasiologique, d’identifier les choix effectués par les auteurs latins pour traduire les différents emplois du lexème grec. Les auteurs disposaient, à cette fin, de plusieurs solutions : l’emprunt de signifiant, la création lexicale par néologisme formel, la transposition à l’aide de lexèmes d’autres catégories grammaticales, ou, solution la plus répandue, la traduction par un lexème préexistant de même catégorie grammaticale. Puis, dans une perspective sémasiologique, il s’agit d’évaluer l’impact du processus de traduction sur un ensemble de quatre lexèmes latins, sélectionnés pour leur place privilégiée comme équivalents de traduction de δύναμις : potestas « possibilité, pouvoir », potentia « puissance », uis « force, violence » et uirtus « valeur, qualité, vertu ». En effet, s’il est admis que, du point de vue de la langue-source (ici, le

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    La notion de puissance : les quivalents latins du

    grec

    Peggy LECAUD

    (Universit Paul Valry-Montpellier 3)

    [email protected]

    Le mot est un terme fondamental dans la pense grecque,

    non seulement en philosophie, o il prend une importance singulire

    partir dAristote, mais aussi en mdecine, en sciences de la nature ou en

    mathmatiques. En tant que tel, il est pass dans les langues modernes

    par lintermdiaire de traductions latines. Par exemple, comme concept

    philosophique, est rendu le plus souvent par fr. puissance,

    notamment dans le syntagme prpositionnel en puissance, ou par fr.

    potentialit et fr. potentiellement, crs partir de ladjectif fr. potentiel

    (angl. potential, all. Potenziell), emprunt savant du lat. potentialis. Ce

    dernier terme, attest pour la premire fois au IVe sicle de notre re,

    connat un usage important dans la philosophie scolastique, aux XIIe et

    XIIIe sicles. Il a alors pour parasynonyme ladjectif uirtualis, cr en latin

    mdival et pass dans les langues modernes sous la forme de fr. virtuel,

    angl. virtual, all. virtuell ; sur fr. virtuel furent crs fr. virtualit et fr.

    virtuellement, qui servent galement exprimer le concept grec. Au sein

    de cette chane historique longue et complexe, la prsente tude se

    concentre sur le moment de la conversion de en latin. Cette

    question est envisage selon une double approche : dabord, il sagit, dans

    une perspective onomasiologique, didentifier les choix effectus par les

    auteurs latins pour traduire les diffrents emplois du lexme grec. Les

    auteurs disposaient, cette fin, de plusieurs solutions : lemprunt de

    signifiant, la cration lexicale par nologisme formel, la transposition

    laide de lexmes dautres catgories grammaticales, ou, solution la plus

    rpandue, la traduction par un lexme prexistant de mme catgorie

    grammaticale. Puis, dans une perspective smasiologique, il sagit

    dvaluer limpact du processus de traduction sur un ensemble de quatre

    lexmes latins, slectionns pour leur place privilgie comme quivalents

    de traduction de : potestas possibilit, pouvoir , potentia

    puissance , uis force, violence et uirtus valeur, qualit, vertu .

    En effet, sil est admis que, du point de vue de la langue-source (ici, le

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    grec), traduire, cest trahir (traduttore, traditore), et que le

    smantisme du lexme grec a toutes les chances de se trouver modifi au

    moment de sa conversion en latin, il faut galement envisager, en se

    plaant alors du point de vue de la langue-cible (ici, le latin), en quoi la

    traduction laisse son empreinte sur cette dernire et contribue

    lvolution smantique des mots de son lexique.

    Lanalyse smantique en langues anciennes prsente des difficults

    qui lui sont propres et qui imposent la ncessit dune mthodologie

    adapte. Labsence daccs au sentiment du sujet parlant et ltat

    lacunaire de la documentation constituent ainsi deux problmes majeurs

    dans ce type dtude. Cest pourquoi la reconstruction de lvolution

    smantique dun lexme doit tre mene avec prcaution et conserve

    souvent un caractre hypothtique. Ces problmes rendent dautant plus

    ncessaire la dfinition dune situation dinterprtation, quil convient de

    distinguer de la situation dnonciation do les textes tudis sont mis ;

    il sagit dobjectiver la situation do parle linterprte, notamment

    depuis quelle langue ou quel tat de langue. Dans le cas prsent, la

    langue-outil, le franais, dtermine la manire dont le sens des mots

    anciens, grecs et latins, est interprt, dans la mesure o le sens est

    formul laide de mots franais ; or, ces mots franais sont souvent eux-

    mmes tributaires de mots latins dont ils sont les descendants par la voie

    phontique ou les emprunts savants. Cest partir de la dfinition de cette

    situation dinterprtation quil est possible dappliquer aux langues

    anciennes la mthode de lanalyse smique, dans sa version amende

    notamment par F. Rastier, partisan dune smantique interprtative ,

    o la conception ontologique traditionnelle de la signification est

    remplace par une conception constructiviste du sens : celui-ci est

    (re)construit depuis la situation dinterprtation partir de la pluralit des

    occurrences ; la distinction entre type (en langue, hors contexte) et

    occurrences (en discours, en contexte), o ces dernires sont perues

    comme des dformations de la signification proprement dite par le

    contexte, cde alors la place une distinction entre occurrence-source et

    reprises ; le primat du type sur loccurrence est abandonn et le sens du

    mot est conu comme naissant de sa fusion avec les mots de son

    contexte : la fois les mots relevant de son paradigme smantique

    (parasynonymes, antonymes) et les mots quil rgit ou par lesquels il est

    rgi, qui permettent de dfinir son profil combinatoire. De la sorte, une

    place est laisse la mmoire du mot , cest--dire toutes les

    informations supplmentaires que linterprte est en mesure de mobiliser

    et dassocier au mot tudi au moment de son analyse : les informations

    lexicographiques qui y ont trait, ses traductions dans diffrentes langues,

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    son inscription au sein dun paradigme lexical susceptible de le motiver (ce

    que lon appelle traditionnellement la famille du mot), ses occurrences

    rencontres antrieurement.

    1. TUDE LEXICOLOGIQUE DU LEXME GREC

    Les emplois de sont tudis en fonction de divers

    paramtres: en premier lieu, lanalyse est mene dans une perspective

    diachronique, du grec archaque au grec classique, intgrant galement

    des occurrences plus tardives, jusqu lpoque romaine. Le classement

    des occurrences est tabli aussi en fonction du genre littraire des textes,

    notamment selon leur caractre technique ou non technique. Or, il est

    possible dobserver une corrlation entre le genre textuel et ce que nous

    appelons le complmenteur rfrentiel de : en tant que nom

    abstrait , est, en effet, caractris par son incompltude

    rfrentielle ou sa syncatgormaticit , du moins pour certains de

    ses emplois ; il dnote toujours la capacit ou la puissance de quelquun

    ou de quelque chose. Dans les textes non techniques tudis, cest--dire

    les textes historiques, potiques, dramatiques ou les discours, son

    complmenteur rfrentiel est presque toujours soit une personne

    humaine ou divine, soit une collectivit humaine (une cit ou un tat). En

    revanche, dans les textes philosophiques et scientifiques, il peut tre

    constitu par ltre humain en tant quespce, mais aussi par une plante,

    une substance quelconque, un mot, une note de musique, une lettre, un

    nombre, en dfinitive, par tout tre, quil soit anim ou inanim. Lidentit

    de son complmenteur rfrentiel fait ainsi varier la valeur rfrentielle de

    , sans pour autant faire changer ncessairement sa valeur

    smantique. Le sens de est encore analys selon deux autres

    paramtres : le paradigme lexical et les paradigmes smantiques au sein

    desquels il sinscrit. Le sens de reste ainsi trs proche de celui du

    verbe auquel il est parallle, ( pouvoir ) qui exprime en grec la

    modalit de la possibilit, et de ladjectif . ct de ces lexmes,

    la langue a cr des sous-paradigmes lexicaux correspondant un

    emploi particulier de ; par exemple, ct de lemploi du

    substantif dans le domaine politique furent crs souverain,

    prince , commander , commandement,

    oligarchie, dynastie , etc. Quant aux paradigmes smantiques de

    , ils constituent des rseaux au sein desquels le substantif

    entretient des relations de synonymie ou dantonymie avec dautres

    lexmes, relations qui font partie intgrante de son sens et qui permettent

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    de circonscrire ses emplois. Ainsi, ne sinscrit pas dans le mme

    paradigme smantique selon quil est employ dans le domaine politique,

    o il fonctionne en relation avec dautres substantifs exprimant le pouvoir,

    comme et , ou dans le domaine mdical, o il entretient des

    relations de synonymie avec des lexmes exprimant la notion de force,

    , ou .

    1.1. et en grec archaque

    Dans les popes homriques, , contrairement ce que

    certaines traductions et certaines dfinitions lexicographiques pourraient

    laisser penser, est loin de dnoter spcifiquement la notion de force

    physique , quil sagisse dailleurs de la notion de force active ou de

    celle de force de rsistance ; en tant que nom de procs associ

    , le substantif rfre plus largement lensemble limit de

    moyens sur lesquels un hros peut compter ou qui caractrise un dieu1 .

    La valeur rfrentielle de varie la fois selon lindividu concern

    dieu, guerrier expriment, jeune guerrier, propritaire et selon la

    situation prcise dans laquelle il se trouve : lors dun combat, il dnote

    lensemble des ressources physiques et mentales sur lesquelles le

    combattant sappuie, lors dune comptition de lancer de traits, son

    aptitude lancer les traits, et, enfin, lors dun sacrifice, les moyens

    financiers permettant de le raliser. Par consquent, sa valeur smantique

    est plus large et se dfinit, comme le formule G. Plambck, comme la

    capacit (de quelque chose), en quelque sorte abstraite, o la capacit

    en tant que telle nest pas dtermine, et nest explicite que par la

    situation en question un moment donn2 . Cette valeur smantique

    peut tre reprsente de la manire suivante : /capacit / de X / de faire

    une action Y/, X et Y constituant les variables qui viennent prciser la

    capacit en question. X peut tre ainsi satur par le rfrent-type

    guerrier , dieu ou riche possdant , et par les rfrents Achille,

    Tlmaque, Pris, ole, Hcate ou encore Perss, chez Hsiode. Y est

    satur par combattre un adversaire plus fort que soi , chtier un dieu

    alors quon est mortel , faire un sacrifice aux dieux , faire souffler le

    vent , etc. Au terme de ces analyses, parat en dfinitive si

    loign de la notion de force que lon peut se demander pourquoi ce

    1 LEFEBVRE (2000 : 66).

    2 PLAMBCK (1964 : 6) : Vielmehr ist im genauesten Sinn das gewissermassen

    abstrakte Vermgen (zu etwas), wobei das Vermgen als solches gar nicht festgelgt ist

    und erst durch die jeweils gemeinte Sache eine Konkretisierung empfngt.

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    sens lui est si souvent assign par les lexicographes ou les commentateurs

    comme sens de base ou sens originel .

    Certes, dans lpope, il est souvent possible de linterprter

    contextuellement de cette faon. Mais lobservation des autres noms de la

    force rvle son isolement au sein de ce paradigme smantique, au point

    quil est difficile de parler de synonymie, mme partielle, entre et

    , , , , ou dans les popes homriques. En outre,

    cette interprtation contextuelle nest pas systmatiquement possible et il

    suffit dlargir la focale aux occurrences hsiodiques du substantif et aux

    occurrences du verbe pour achever de sen rendre compte, le

    substantif restant smantiquement trs proche du verbe. En effet,

    est un vritable verbe de modalit dont les emplois absolus o

    il nest pas complt par un verbe linfinitif sexpliquent sans difficult

    en contexte. De la sorte, il est difficile denvisager quil ait pu avoir

    antrieurement le sens statif d tre fort , tre puissant dont

    seraient drives ses valeurs modales. Ds les popes homriques, le

    verbe exprime la notion sous-dtermine de possibilit, quil sagisse de la

    capacit intrinsque du rfrent du sujet du verbe ou de labsence

    dobstacles extrieurs son action. Toutefois, il apparat que la valeur

    radicale de capacit est privilgie, au sein du verbe grec, par rapport aux

    autres valeurs radicales et la notion sous-dtermine : le fait que le

    verbe ne connaisse que des formes moyennes ou passives invite en effet

    le traduire par avoir en soi la capacit de, tre capable de , en se

    conformant aux vues d. Benveniste, selon lequel dans le moyen (), le

    verbe indique un procs dont le sujet est le sige ; le sujet est intrieur au

    procs3 .

    1.2. De la capacit la puissance

    Dans la langue non technique de lpoque classique, est

    appliqu des ralits diverses, selon le principe qui veut quun lexme

    de faible comprhension ait aussi une large extension. Sa valeur

    smantique de /capacit / de X / de faire une action Y/, dgage

    lpoque archaque, volue dans plusieurs directions, pour la plupart dj

    amorces date ancienne. En premier lieu, le lexme peut dnoter non

    plus une capacit abstraite, dtermine la fois par la saturation de X et

    de Y en contexte, mais plutt ce qui permet X dtre capable dagir,

    cest--dire les ressources ou les moyens concrets dont X dispose, quil

    3 BENVENISTE (PLG 1 1966 : 172).

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    sagisse des moyens financiers, des forces armes, des ressources

    offensives et dfensives dun pays, ou encore des aptitudes que X possde

    de faon inne ou quil a acquises par un apprentissage. a pu

    recevoir ces diffrents emplois par un changement de sens mtonymique,

    la cause (les ressources de tout type) tant dnote par le mme mot que

    leffet (la capacit daction). Dans ces emplois, le lexme subit une

    concrtisation plus ou moins affirme de sa valeur rfrentielle.

    Autrement dit, ses occurrences rpondent un plus grand nombre des

    critres de reconnaissance dun emploi concret, tels quils sont dfinis par

    R. Martin : caractre matriel, reprsentable, comptable,

    catgormatique4. En effet, la possibilit de sa mise au pluriel en rvle le

    caractre comptable. En outre, pour lensemble de ces emplois, la valeur

    smantique de peut se dfinir ainsi : /ressources / de X / lui

    permettant dagir/ : le lexme tend alors vers la catgormaticit, X

    ntant plus que le possesseur des ressources et non le complmenteur

    rfrentiel du nom5. Sa valeur rfrentielle nest plus dtermine par

    laction Y dont X est capable, mais plutt par le statut de X : statut

    socioprofessionnel (orateur, mdecin, propritaire, pouse, dirigeant,

    etc.) ou statut ontologique (homme, femme, divinit). En cela, la

    valeur smantique de dans ces emplois peut tre prcise comme

    suit : /ressources / de X / lui permettant dagir en X/. En tant que ces

    ressources reprsentent un bien pour celui qui les possde, est

    orient vers le haut sur lchelle valuative ; mais dans la mesure o

    lusage qui peut tre fait de ces ressources est indtermin, il peut tre

    orient vers le bas sur lchelle axiologique, comme chez Platon, ou bien

    tre non marqu de ce point de vue, comme chez Thucydide ; il est rare

    quil soit orient vers le haut sur cette chelle.

    Avoir des ressources, quelles quelles soient, confre une position de

    supriorit celui qui les a. Cest ainsi que la valeur smantique de

    a pu voluer dans une seconde direction, lorsque le lexme fut

    employ pour dnoter la puissance dun individu ou dune cit en tant

    quelle se manifeste auprs dautrui et peut sexercer sur autrui. Cette

    valeur smantique peut alors tre dfinie comme suit : /puissance / de X /

    exerce sur Z/, o Z dnote le terrain , la sphre au sein de laquelle la

    puissance se dploie la cit, le peuple, un individu en particulier . Au

    terme de ce chapitre, trois valeurs smantiques se dgagent donc pour

    :

    4 MARTIN (1996 : 46-48).

    5 Voir la diffrence entre la colre de Pierre, o colre na pas de rfrent en dehors de

    Pierre, et le livre de Pierre, o livre a un rfrent autonome.

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    VS1 : / capacit / de X / de faire une action Y /

    VS2 : / ressources / de X / lui permettant dagir en X /

    VS3 : / puissance / de X / exerce sur Z.

    1.3. Les emplois techniques de

    Les emplois de analyss dans ce troisime chapitre ont deux

    points communs qui les diffrencient des emplois prcdents : le genre

    des textes dans lesquels on les trouve et la nature de leurs

    complmenteurs rfrentiels. Dabord, ils apparaissent dans des textes6

    relevant de littratures dites techniques, associes un domaine de

    comptence ou un domaine du savoir particulier : mdecine et sciences

    de la nature, conomie, rflexion sur la langue, mathmatiques, musique

    et philosophie. Ensuite, et cest le point le plus dterminant pour les

    distinguer des prcdents, le complmenteur rfrentiel de , qui

    tait toujours, jusqualors, une personne ou une collectivit, est cette fois

    une plante, un aliment, un astre, une note de musique, un nombre, toute

    entit anime ou inanime, parfois mme immatrielle.

    Cependant, malgr le caractre technique des emplois de

    dans ces textes, le changement de type de complmenteur rfrentiel et,

    par consquent, le changement de valeur rfrentielle du lexme, ses

    valeurs smantiques restent en partie les mmes que celles qui avaient

    t tablies pour ses emplois usuels au chapitre prcdent : on retrouve

    sa valeur smantique de /capacit / de X / de faire une action Y/ lorsquil

    est employ pour dnoter la proprit dtermine dune substance avoir

    telle ou telle action, celle de /ressources / de X / lui permettant dagir en

    X/ lorsquil dnote la qualit qui, dans la substance, la rend apte

    produire son effet, et celle de /puissance / de X / exerce sur Z/ lorsquil

    fait rfrence linfluence effective, constate ou suscite, dune entit

    sur une autre. Toutefois, certains emplois spcialiss du lexme

    permettent dtablir une nouvelle valeur smantique. En effet, lorsque

    dnote la force dun remde, la signification dun mot, la valeur

    relle dune note de musique par rapport sa valeur thorique, ou encore

    la valeur dun nombre lev au carr, il ne fait plus rfrence une entit

    dirige vers un point prcis, soit une action dtermine Y, soit un

    terrain dexercice Z, mais est davantage tourn vers son

    6 Ces textes ne sont pas tous le fait dauteurs spcialiss dans lun des domaines dont il

    est question ; ils peuvent aussi tre produits par des orateurs ou des sophistes qui, pour

    leurs besoins propres, empruntent, loccasion dun passage, les codes et le vocabulaire

    dun genre technique.

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    complmenteur rfrentiel lui-mme (X), indiquant une modalit de son

    tre ; est alors oppos tantt des lexmes dnotant laspect

    extrieur, lapparence (, ) et dnote la valeur relle ,

    l essence , ce quest rellement lentit X, tantt des lexmes

    dnotant ltre profond de X, sa nature () ou sa substance () et

    dnote l tre manifeste de X. Dans les deux cas, le terme fait

    rfrence ce qui, dans une entit X, nest pas perceptible par les sens,

    mais interagit cependant avec le monde extrieur.

    Aristote, lorsquil dfinit le concept de , sappuie, comme

    son habitude, sur les emplois courants du mot et exploite la distinction

    entre la premire et la dernire valeur smantique en diffrenciant la

    puissance selon le mouvement, qui est, selon la dfinition de

    Mtaphysique, V, 12, puissance de mouvement ou de changement dans

    un autre en tant quautre , et la puissance selon la matire. La premire

    parat plus justement traduite par fr. potentialit l o la seconde se

    laisserait plus volontiers traduire par fr. virtualit, dans la mesure o elle

    nest pas en attente dactualisation et nimplique pas un changement ou

    un mouvement devant se drouler dans le temps. En effet, cest le sme

    /mouvement/ qui distingue les deux notions, selon que la dimension

    temporelle est saillante ou non dans le smantisme du lexme : dans tous

    les emplois, usuels comme techniques, o peut tre traduit par

    capacit de , la dimension temporelle est prsente ; il faut un dlai

    entre le moment o laction nest qu ltat de capacit et le moment de

    son passage lacte (), o elle est rellement effectue. Mais

    dans les autres, lentit dnote par est concomitante ce qui la

    supporte, le temps et le mouvement ninterviennent pas : la force du

    remde est en lui de manire permanente, le mot a un signifi en mme

    temps quil a un signifiant ou encore, pour reprendre un exemple

    aristotlicien, Herms est toujours virtuellement dans la borne en pierre

    mme lorsquil ny est pas expressment sculpt.

    2. LES ROMAINS LA CONQUTE DE LA PUISSANCE

    Les termes franais employs pour traduire et interprter

    (par exemple puissance, potentialit, virtualit) laissent entrevoir une

    partie des solutions adoptes par les auteurs latins pour traduire les

    diffrents emplois du lexme grec, solutions dont lanalyse constitue

    lobjet de cette deuxime partie. Celle-ci souvre par une rflexion sur

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    lhellnisation de Rome et sur le phnomne linguistique qui en dcoule :

    le bilinguisme grco-latin.

    Lhellnisation de Rome ou la romanisation de la Grce ?

    Lhistorien P. Veyne distingue deux phases dhellnisation de Rome,

    lune quil situe au VIe sicle avant notre re, qui est le fait des marchands

    et des esclaves, et lautre quil date du IIIe sicle avant notre re, au

    moment o Rome conquiert militairement et politiquement les cits

    grecques7 : cest cette seconde phase quil faut relier le bilinguisme des

    hommes cultivs , dont tmoignent les premires traces crites du

    latin littraire. Le bilinguisme grco-latin est donc une ralit complexe

    apprhender, non seulement cause de ses varits diastratiques, mais

    aussi cause du rapport spcifique quentretiennent les deux langues et

    les deux cultures en prsence. Ainsi, il est difficile de parler

    d acculturation des Romains vis--vis des Grecs dans la mesure o les

    premiers se prsentent en conqurants face aux seconds : il nest pas

    question pour eux de sassimiler une civilisation quils

    considreraient comme en tout point suprieure la leur, en singeant

    leurs pratiques et en reniant les leurs8. Si lon veut maintenir le terme

    acculturation pour qualifier cette hellnisation, il faut renverser la

    dynamique exprime par le prfixe du mot, ad- : il ne sagit pas pour les

    Romains daller vers la culture grecque, dans ce qui traduirait une volont

    dintgration cette civilisation perue comme un idal, extrieur et

    autre, atteindre, mais, au contraire, de sen emparer, de limporter, de

    lincorporer leur propre civilisation9. Finalement, partir du IIe sicle

    avant notre re, plutt qu lhellnisation des Romains, cest la

    romanisation de la Grce que nous assistons Rome.

    Lattitude paradoxale des lettrs face au grec

    Cet ajustement par rapport la notion dacculturation pourrait

    paratre purement sophistique sil ne traduisait pas lattitude paradoxale

    des Romains cultivs les seuls que nous connaissions rellement, grce

    leurs crits face la langue grecque. Alors mme quils sont tous

    bilingues, lisant le grec dans le texte depuis leur plus jeune ge, alors

    7 VEYNE (1979 : 6, n. 10).

    8 Ainsi, il ne faut pas prendre au pied de la lettre le bon mot dHorace : Graecia capta

    ferum uictorem cepit et artis / intulit agresti Latio : La Grce conquise a conquis son

    farouche vainqueur et port les arts dans lagreste Latium (Hor., Ep., 2, 1, 156-157).

    9 Voir DUPONT (2002 : 41-54).

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    mme quils reconnaissent souvent la pauvret lexicale (egestas ou

    inopia) du latin par rapport au grec, aucun dentre eux ne revendique de

    parler ou dcrire en grec. Cest pourquoi il est difficile de considrer le

    bilinguisme grco-latin comme une situation de diglossie, o une langue

    serait valorise au dtriment de lautre : laquelle des deux langues

    devrait-elle tre alors tenue pour la langue de prestige ? Le grec, parl par

    lensemble de llite et objet de tous les loges, ou le latin, langue

    officielle des discours publics ? Ainsi, lusage que fait Cicron du grec est

    typique de ce paradoxe : lauteur recourt au grec de manire naturelle,

    sans le signaler par une mention mtalinguistique, uniquement dans ses

    crits privs, cest--dire dans sa correspondance. En revanche, dans ses

    discours, destins tre entendus du peuple romain, le grec est proscrit.

    De mme, dans ses traits de rhtorique et de philosophie, il vite le plus

    possible de recourir des termes grecs, et ne sy rsout que lorsquil ne

    peut faire autrement, par exemple si un mot grec sest dj bien implant

    dans lusage latin10. En ralit, cette attitude se comprend si on lvalue

    laune de limitatio, pratique fondamentale dans la conception romaine de

    la cration11. En effet, limitatio nest pas une pratique au sein de laquelle

    l imitateur tend seffacer derrire un modle quil sagirait de

    reproduire le plus fidlement possible, de faon ce que limitation puisse

    se confondre avec loriginal ; au contraire, imiter (imitari), cest se

    rendre gal , rivaliser avec , par ses propres moyens, et par l-

    mme saffirmer dans la production de son uvre12. Cest dans ce cadre

    de limitatio que se comprend aussi la pratique de la conuersio, exercice

    pratiqu par les orateurs latins pour amliorer leur aisance oratoire, qui

    consistait convertir ou transformer un texte pris comme

    modle, quil soit dailleurs crit en grec ou en latin.

    Consquences sur le lexique

    Avant ce processus de conuersio quimplique limitatio des auteurs

    grecs, la langue latine est donc effectivement caractrise par ses lacunes

    par rapport au grec ; mais dans le cadre de cette pratique, le latin savre

    riche de potentialits et capable dinnovations lui permettant daccder au

    10 Cic., De fin., III, 2, 5.

    11 Sur la notion dimitatio, voir notamment BOUTIN (2005 :139-142) et AUVRAY-ASSAYAS

    (2005 : 211 et 225).

    12 Cf. AUVRAY-ASSAYAS (2005 : 21) : ce que nous entendons par imitation est-il

    seulement concevable et donc exprimable dans la langue des Romains ? L o les

    emplois du mot en franais, depuis le XIXe sicle, voquent surtout la copie et mme la

    contrefaon, le verbe latin imitari privilgie lide dmulation, celle quavait retenue la

    langue franaise du XVIIe sicle.

  • 11

    niveau du grec, voire de le dpasser : il suffit pour cela que lcrivain ou

    lorateur matrise suffisamment bien sa langue. Ainsi, pour Cicron,

    linopia de la langue latine nest pas une fatalit. Plutt quun tat

    immuable de pauvret de la langue, le terme inopia dnote un besoin, un

    manque, rvl par la confrontation du latin avec le grec, manque quil

    sagit pour lcrivain de combler en faisant jouer pleinement les ressources

    de sa langue, qui sont nombreuses : cest en cela, pour sa grande

    souplesse et sa capacit dadaptation, que le latin mrite dtre

    pleinement valoris aux yeux de Cicron. Cette conception nest pas sans

    consquence sur lvolution du lexique latin ; Cicron lui-mme est

    dailleurs linstigateur de nombreuses innovations terminologiques,

    effectues partir du grec, soit par cration de nouveaux signifiants, soit

    par emprunt de signifi , cest--dire par lassignation dune unit

    lexicale prexistante un nouvel emploi.

    2.1. Les modes dapparition de en latin

    Les auteurs latins eurent des manires plus ou moins discrtes

    dintgrer les lexmes grecs dans leur langue13. Dans ce chapitre, les

    solutions quils adoptent pour exprimer le contenu smantique de

    et des mots de son paradigme lexical sont dcrites et classes selon leur

    type. En premier lieu, nous envisageons la solution de lemprunt de

    signifiant : si le signifiant dynamis ou lui-mme fut parfois

    emprunt, il ne sintgra pas la langue latine ; en revanche, dautres

    formes de son paradigme lexical simplantrent davantage, comme

    dynastes ou, en mdecine lpoque tardive, ladjectif substantiv au

    pluriel dynamidia, crit aussi dinamidia, qui servit dnommer des listes

    de remdes. Ces emprunts concernent les domaines politique et

    scientifique, de mme que les emprunts franais dynastie et dynamique,

    dynamisme, termes qui ont appartenu en propre la physique avant de

    passer dans lusage courant. Contrairement ce que lon pourrait penser,

    les rares cas demprunt du signifiant dynamis en latin ne sont pas le lieu

    privilgi de la conservation de la valeur smantique du lexme grec ;

    ainsi, lunique occurrence de dynamis chez Plaute tmoigne dun usage

    original du mot, avec le sens de quantit, abondance , usage que lon

    ne trouve pas, a priori, en grec.

    La deuxime solution est celle de la cration lexicale par calque

    morphologique : les adjectifs grecs et donnrent lieu,

    lpoque de Quintilien, la cration des adjectifs latins poss-ibilis et im-

    13 Sur cette question, voir notamment BIVILLE (1990 : 29-40).

  • 12

    poss-ibilis, fabriqus artificiellement sur le modle des adjectifs grecs

    partir dun radical poss- prlev sur les formes de possum et parallle au

    radical grec - de , et dun suffixe -(i)bilis parallle au suffixe

    grec . partir des adjectifs latins furent crs ensuite impossibilitas

    puis possibilitas, qui ont servi parfois traduire diffrents emplois

    d et de . En cela, les auteurs latins sont responsables de

    la manire dont les langues romanes expriment aujourdhui les notions

    importantes de possibilit et dimpossibilit, notions que le latin exprimait

    autrement avant la cration de ces termes, par exemple par des

    propositions relatives comme quod (fieri) potest ou quod non (fieri)

    potest.

    Enfin, la troisime solution est la traduction proprement dite, quelle

    seffectue par transposition au moyen dun lexme unique ou dune lexie

    complexe dune catgorie grammaticale diffrente du terme-source, ou

    bien par un lexme de la mme catgorie grammaticale. Dans les textes,

    ces divers quivalents de traduction sont parfois assigns explicitement

    aux termes-sources, au moyen de locutions telles que id est ou quod

    graece dicitur, qui permettent dintroduire ce qui sapparente des notes

    de traducteur14. De cette faon, les auteurs baptisent le mot latin en

    lui assignant le sens du mot grec, ou bien le mot grec en lui attribuant un

    habillage latin. Ces mises en quivalence explicites sont confrontes, dans

    les deux chapitres suivants, aux solutions adoptes par les auteurs dans

    leurs traductions latines de textes grecs entiers.

    2.2. in latinum conuertere

    En entreprenant de traduire, ou plutt de convertir en quelque

    chose de latin (in latinum conuertere) les textes et la pense des

    auteurs grecs, Cicron est amen rflchir sur la pratique mme de la

    traduction. travers ses rflexions se dgage une conception de la

    traduction bien diffrente de la ntre aujourdhui : pour lui, la traduction

    est dabord un moyen denrichir la langue-cible, le latin, par la pratique de

    la conuersio. Ensuite, elle est une manire de dire la mme chose

    autrement , sans que jamais la question de la perte de contenu dans le

    passage dune langue lautre ne soit rellement pose : la traduction

    antique nest pas articule la problmatique, plus rcente, de la fidlit

    au texte-source. Cette problmatique merge lpoque chrtienne, o le

    texte-source, non seulement religieux, mais aussi philosophique ou

    14 NICOLAS (2009 : 61-89).

  • 13

    scientifique, acquiert un caractre sacr. Cependant, fidlit ne rime pas

    demble avec littralit, comme le montrent les rflexions de Jrme sur

    la traduction des textes profanes : dans un premier temps, cest la fidlit

    au contenu signifi qui est recherche, tandis que le respect de lordre des

    mots et des signifiants reste considr comme un signe de servilit et

    dincomptence du traducteur.

    Cest pourquoi sont tudies dans ce chapitre les traductions des

    occurrences de au sein de textes latins traduits du grec

    tmoignant dune pratique cibliste15 de la traduction, quelle que soit

    leur vise traductive (enrichissement du latin ou volont de transmettre

    fidlement le texte grec). Ces traductions latines constituent un ensemble

    homogne galement par leur sujet, la cosmogonie ; il sagit des

    traductions cicronienne et calcidienne du Time de Platon et de la

    traduction par (Pseudo-)Apule dun trait pseudo-aristotlicien intitul Du

    monde.

    Ces textes traduits permettent de faire ressortir plusieurs quivalents

    de traduction rcurrents pour . Pour ce qui est de la lexie

    , Cicron et Calcidius la traduisent globalement, comme une

    seule unit de traduction, en ayant recours des expressions proprement

    latines. Nanmoins, on retrouve dans certaines de ces expressions (quoad

    fieri potest, quoad natura pateretur, pro uiribus) les mmes lexmes, ou,

    du moins, des lexmes des mmes paradigmes lexicaux que ceux qui sont

    employs pour traduire en syntaxe libre dans les trois textes :

    potestas et natura dans le De mundo, uis et uires chez les trois auteurs.

    Le choix de natura sexplique par une confusion, de la part des

    traducteurs, entre la nature profonde () et la nature manifeste

    (), et traduit, en ralit, le grec . En revanche, potestas et

    uis/uires sont des quivalents de traduction de ltat libre, le

    premier dans le De mundo, le second chez les trois auteurs. Vis apparat

    comme lquivalent de traduction usuel de lpoque classique.

    En effet, Quintilien privilgiait uis pour traduire dans la dfinition

    de la rhtorique, de prfrence potestas ou facultas. Or, Cicron

    emploie galement ce terme, mais pour des emplois diffrents du lexme

    grec. Dans la mesure o il est utilis pour plusieurs emplois de ,

    uis peut tre considr comme son quivalent statique de transcodage

    lpoque classique. Mais il nest pas le seul : que puisse tre

    traduit par quod fieri potest, que Quintilien signale potestas ct de uis

    et facultas pour dnommer la rhtorique et que le (Pseudo-)Apule

    lemploie comme quivalent de traduction privilgi de dans le De

    15 LADMIRAL (1994 : XVI).

  • 14

    mundo montrent que potestas, en tant que nom de procs associ

    possum, pouvait galement tre un quivalent de traduction pour le

    lexme grec lpoque classique et post-classique.

    Dans la traduction de Calcidius, uis alterne avec potentia et uirtus,

    concurrents plus tardifs dans le rle dquivalents de traduction de

    . En ralit, cest surtout potentia qui se trouve en concurrence

    avec uis, avec lequel il forme parfois un binme synonymique. Mais uirtus

    apparat sporadiquement, dans des emplois inattendus, notamment

    lorsquil dnote le pouvoir des yeux chez Calcidius. Il en ressort que les

    lexmes ne sont pas rpartis entre les diffrents emplois de , mais

    quils se concurrencent souvent au sein dun mme emploi.

    2.3. latine interpretari

    Dans ce chapitre, lanalyse des solutions de traduction de est

    mene sur un corpus de textes sinscrivant dans une perspective

    traductologique sourcire , perspective qui merge avec le

    christianisme et la sacralisation des critures, o la fidlit au signifiant du

    texte-source devient une proccupation fondamentale. Cest pourquoi

    nous commenons par la description des quivalents bibliques de

    dans les premires traductions latines de la Bible au IIe sicle de notre

    re, quivalents que nous comparons avec les choix de Jrme, auteur de

    la traduction de lAncien Testament partir du texte hbreu et dautres

    versions grecques que le texte de la Septante et recenseur des traductions

    anciennes des vangiles. Il ressort de cette tude que cest uirtus qui est

    plbiscit par les premiers traducteurs, alors mme que Jrme ne

    lemploie que trs rarement dans ses propres traductions. Virtus, contre

    toute attente, est galement choisi par les traducteurs des traits

    hippocratiques aux Ve et VIe sicles. En revanche, dans les traductions que

    Boce effectue des traits de lOrganon dAristote, la mme poque, ce

    sont potestas et potentia qui sont privilgis ; le traducteur-philosophe

    exprime de cette manire le concept aristotlicien de puissance, en

    mettant profit la distinction proprement latine entre potestas, plus

    abstrait, et potentia, qui fait davantage rfrence une capacit lie

    une mise en pratique, un usage, pour rendre compte de diffrentes

    facettes du lexme grec.

    quelques exceptions prs (par exemple fortitudo ou exercitus, choix

    de traductions ciblistes de Jrme dans la Bible, ou encore facultas),

    ce sont donc principalement potestas, potentia, uis et uirtus qui sont

    employs pour traduire dans les textes latins. Cest pourquoi ce

  • 15

    sont ces quatre lexmes qui sont retenus pour ltude smasiologique qui

    constitue la troisime partie. Cette pluralit dquivalents permet de

    penser que la notion de sest trouve clate au moment de sa

    transmission en latin, chacun dentre eux layant tire vers son sens

    propre. Par exemple, sa traduction par potestas, dans le De mundo

    dApule, lui donne une coloration politique et institutionnelle quil na

    gure dans le texte original. Lutilisation de uis et de uires en mdecine

    pour dsigner la proprit dune substance et les forces du malade confre

    ces notions une dimension plus matrielle que lorsquelles sont

    exprimes par en grec ; en outre, les termes choisis ne

    permettent pas de rapprocher la lutte des pouvoirs et des contre-pouvoirs

    luvre dans le corps humain avec le domaine politique, comme cela est

    sensible dans les textes grecs. Enfin, sa traduction systmatique par

    uirtus dans les premires traductions de la Bible, si elle permet de

    conserver une relative cohrence sur le plan du signifiant, provoque la

    perte de certaines applications rfrentielles de , par exemple

    lorsquil est employ au sens de troupe, arme . Mais ltude plus

    systmatique des quatre lexmes latins eux-mmes rvle que la

    transformation smantique seffectue dans les deux directions, du terme-

    source aux termes-cibles comme des termes-cibles au terme-source.

    3. TUDE LEXICOLOGIQUE DES LEXMES LATINS POTESTAS POTENTIA UIS UIRTUS

    Chacun des deux premiers chapitres de la troisime partie, portant

    respectivement sur potestas, potentia et les lexmes de leur paradigme

    lexical dune part, sur uis et uirtus dautre part, est divis selon les mmes

    axes chronologique et thmatique que la premire partie : les lexmes

    sont dabord tudis en latin archaque, principalement dans les comdies

    de Plaute, mais aussi dans les fragments des potes piques et tragiques.

    Puis sont analyss leurs emplois dans la prose de lpoque classique, du

    Ier sicle avant notre re au Ier sicle de notre re. Enfin, une troisime

    section est consacre leurs emplois techniques dans un corpus de textes

    scientifiques. Nous concluons chacun de ces chapitres par une brve tude

    des emplois plus tardifs des lexmes, partir du IIe sicle, notamment

    dans le cas de uirtus, dont les emplois stendent et se diversifient partir

    de cette priode. Lobjectif est, en premier lieu, de dterminer le degr de

    proximit smantique entre chacun de ces quatre substantifs latins et le

    grec dans leurs emplois courants, puis, en second lieu, dvaluer

  • 16

    linfluence de leur mise en quivalence dans les textes techniques sur le

    smantisme des substantifs latins ; il sagit alors de dterminer :

    - sils sont des quivalents de transcodage statiques de ,

    autrement dit, sils nont subi aucune transformation en le traduisant, ni

    extension de leurs emplois (ou de leur valeur rfrentielle), ni modification

    de leur valeur smantique.

    - si leur aptitude traduire dans plusieurs de ses emplois est

    le rsultat dun calque smantique conforme aux attentes et leur usage

    en latin : ils auraient alors acquis de nouveaux emplois en traduisant

    , mais sans dcrochage smantique .

    - sils ont subi un calque smantique artificiel , cest--dire sils ont

    acquis de nouveaux emplois de manire brutale et non conforme ce qui

    tait attendu compte tenu de leur usage, au point quil est possible que

    leur valeur smantique se soit trouve modifie.

    Dans les deux derniers cas, il y a accroissement de la polydnotation

    (ou polyrfrence) du lexme, qui peut impliquer mais ce nest pas

    ncessaire lmergence dune ou de plusieurs nouvelles valeurs

    smantiques, cest--dire un accroissement de la polysmie du lexme.

    3.1. Les lexmes construits sur la racine *pot(i)- : potestas,

    potentia, etc.

    Si lon considre les lexmes en langue, selon leur position au sein

    dun paradigme lexical, potestas et, dans une moindre mesure, potentia

    taient les lexmes les plus attendus pour traduire , dans la

    mesure o ils taient soutenus par une correspondance plus large entre

    les deux paradigmes lexicaux des verbes de modalit gr. et

    lat. possum. Pourtant, mme sil est arriv que potestas soit effectivement

    utilis pour traduire dans les traductions latines tudies (chez

    Apule et chez Boce), il na pas t le lexme le plus couramment

    employ dans ce rle. De mme, lautre substantif de ce paradigme

    lexical, potentia, cr ultrieurement, bien quil partaget des emplois

    avec , nest devenu que tardivement lun de ses quivalents de

    traduction usuels, un moment o les principes traductologiques avaient

    chang, et o une attention plus grande tait porte la cohrence

    lexicale au niveau des signifiants. La traduction de par potestas ou

    potentia tient en effet de lquivalence de transcodage, cest--dire

    d une quivalence fixe et permanente, valable, en principe, hors et en

  • 17

    contexte16 , quil devait tre possible dtablir par comparaison des deux

    systmes linguistiques, hors de tout contexte.

    Si nous nous en tenions ces premires considrations, fondes en

    grande partie sur lintuition et la mmoire des mots, nous pourrions

    penser que potestas et potentia, par leur inscription au sein du paradigme

    de possum, constituent des quivalents de transcodage statiques pour

    , sans transformation. En ralit, si ni lun ni lautre ne se sont

    imposs pour traduire lpoque classique, soit une poque o

    lusage des mots tait bien plus respect que la fidlit la cohrence des

    signifiants, cest sans doute que leur valeur rfrentielle ou leur valeur

    smantique tait trop loigne de celle de . En effet, potestas, bien

    quil semble parallle par son statut de nom de procs associ

    au verbe de modalit de la possibilit, doit subir une transformation de

    son smantisme pour jouer le rle dquivalent de traduction du substantif

    grec. En effet, alors que, en grec, et, plus nettement encore,

    expriment en priorit la valeur radicale de capacit, impliquant

    lexistence dune aptitude intrinsque, quelle soit inne ou acquise,

    possum et potestas expriment avant tout la valeur de possibilit, labsence

    dobstacle extrieur la ralisation dune action, comme en tmoignent

    leurs occurrences lpoque archaque. Ainsi, lune des deux grandes

    valeurs smantiques de potestas est dfinie de la manire suivante :

    /pouvoir / de X / confr par une entit externe a / de faire une action Y/.

    En tant employ pour dnoter, comme , la proprit dune plante

    ou la valeur smantique dun mot, potestas voit le sme /externe/

    neutralis dans ces emplois techniques. De mme, dans sa valeur

    smantique de /pouvoir / de X / confr par une entit externe a / exerc

    sur Z/, potestas, dans les textes non techniques, dnote un pouvoir

    institutionnel associ une charge, limit dans le temps et confr depuis

    lextrieur celui qui le dtient ; en revanche, dans les textes

    scientifiques et techniques, il en vient faire rfrence une puissance de

    fait, propre une entit, par exemple linfluence dun astre.

    Il entre alors en concurrence avec potentia, lexme qui nest attest

    qu partir de lpoque classique et qui apparat demble plus proche de

    dans le sens de /puissance / de X / exerce sur Z/ : potentia,

    comme , dnote en effet, dans le domaine politique et social,

    lensemble des ressources que possde un individu non ncessairement

    pourvu dune charge officielle pour exercer son influence dans la cit ou

    au sein de la collectivit. ce titre, il est galement utilis dans les

    mmes emplois que le lexme grec dans les textes techniques pour

    16 Dfinition de HURTADO ALBIR 1990.

  • 18

    dnoter la puissance de la nature, objet dmerveillement chez des

    auteurs imprgns de stocisme comme Snque ou Pline lAncien, ou

    linfluence dun astre, par exemple. Que ce soit la suite dun

    rapprochement intralinguistique avec potestas ou cause de linfluence

    interlinguistique de , potentia finit par acqurir un nouvel emploi,

    la priode impriale, o il se trouve complt par un grondif au gnitif et

    dnote une capacit de faire quelque chose. De l, il devient plus tard lun

    des quivalents de traduction de les plus usits en mtaphysique

    aristotlicienne, donnant naissance aux drivs tardifs potentialis

    potentiel et potentialiter potentiellement, en puissance .

    3.2. Vis uires uirtus

    Potestas et potentia, lpoque classique, se firent ravir le rle

    dquivalent de traduction de par uis, plus exactement par uis et

    uires, alors mme que, sur le plan de la langue, le rapprochement de ce

    lexme latin et du lexme grec ne simposait pas. Vis, en latin archaque,

    est le nom de la force offensive et de la violence ; ct de lui, le latin a

    cr uires, qui exprime un autre aspect de la notion de force, celui de

    force de rsistance , force passive . Les deux formes expriment les

    diffrentes facettes de lorsquil est employ au sens de force ,

    notamment dans les traits mdicaux. Dans le De medicina de Celse, uis

    tend exprimer la force violente de la maladie, dun remde, dun

    aliment, l o uires dnote les forces du corps lui permettant de rsister

    aux agressions extrieures. Tout fait attendu pour traduire dans

    cet emploi, uis ltait beaucoup moins dans le sens de signification

    dun mot ou de valeur dune monnaie. L encore, des phnomnes

    dinfluence interne au latin purent avoir leur importance : ualeo est

    employ la fois au sens d tre physiquement fort , en particulier

    tre en bonne sant , et au sens de valoir propos dun mot ou

    dune monnaie, ce qui en fait un quivalent de traduction adquat pour

    dans ces emplois. Or, uis fonctionne de manire parallle ualeo

    et a pu exprimer sur le plan substantival ce que ualeo exprimait sur le

    plan verbal. Vis voit galement son profil combinatoire voluer lorsquil est

    complt par un grondif au gnitif, avec la valeur smantique /force / de

    X / de faire une action Y/.

    Mais, sans doute cause de son monosyllabisme et du caractre

    dfectif de sa dclinaison, uis saffaiblit en latin tardif et se voit peu peu

    remplac par dautres lexmes qui se partagent ses diffrents emplois :

    uiolentia dans le sens de violence , fortia dans celui de force et

  • 19

    uirtus dans les emplois o uis est lquivalent de . Ainsi, la

    traduction de par uirtus dans la Bible et dans les versions latines

    des traits hippocratiques nest pas un phnomne isol : partir du IIe

    sicle, uirtus acquiert de nouveaux emplois, et, notamment, laptitude

    exprimer une /puissance / de X / exerce sur Z/, alors quil ne dnotait

    jusqualors quune qualit de X, sans lien avec une entit Z qui lui soit

    extrieure. Cette transformation peut sexpliquer par au moins trois

    facteurs non exclusifs les uns des autres : le sentiment dune parent

    tymologique ou dun rapprochement synchronique entre uirtus et uis put

    favoriser la prise de relais du second par le premier, crant ainsi, en

    quelque sorte, un phnomne de calque smantique interne ; de l, on

    peut aussi considrer que uirtus est un calque smantique tardif de

    ; mais il est possible galement que ce phnomne de calque

    smantique ait t permis par la transformation de la notion romaine

    traditionnelle de uirtus au IIe sicle de notre re : au sein du couple

    fortuna / uirtus, cest fortuna qui, sous lEmpire, dnote la puissance

    caractre magique de lempereur, l o uirtus fait rfrence son courage

    et ses mrites de guerrier. Mais avec lassimilation, sans doute prcoce,

    de la uirtus romaine l grecque et la traduction de la notion

    stocienne d par le latin uirtus, le lexme latin connat une premire

    phase dextension de ses emplois. Or, en grec, dnote lexcellence,

    et, dans les royaumes hellnistiques, en particulier lexcellence du roi

    divinis, qui se traduit par sa capacit accomplir des miracles,

    manifestations de sa puissance. De l, uirtus a pu galement dnoter la

    puissance impriale au caractre surnaturel, et la Virtus Augusti se

    substituer la Fortuna Augusti, comme lattestent les pices de monnaie.

    3.3. Les relations de synonymie entre potestas, potentia, uis et

    uirtus

    La troisime partie se clt par un chapitre rcapitulatif, portant sur

    les relations de synonymie entre les quatre lexmes tudis. Il en ressort

    que leur usage par les auteurs de textes scientifiques et techniques a

    favoris le resserrement, voire lexistence mme de leur synonymie. Les

    cas les plus nets de rapprochements synonymiques sont ceux que lon

    peut observer chez un mme auteur pour le mme emploi, par exemple

    lorsque uis et potestas constituent un binme synonymique dnotant le

    sens dun mot chez Snque, les proprits de la terre chez Varron, ou

    encore la force et la puissance de lesprit et de lme chez Lucrce. Vis et

    potentia, dj partiellement synonymes dans la langue usuelle, sont, eux

  • 20

    aussi, nettement rapprochs par Pline lAncien, par exemple, lorsquil les

    emploie de manire alterne pour dsigner les proprits dune plante.

    Enfin, uirtus et potentia commutent au sein dun mme texte dans la

    philosophie scolastique. Or, dans tous ces emplois, les lexmes peuvent,

    au niveau interlinguistique cette fois, tre rapprochs de : tout

    porte croire que la mise en quivalence de chacun des quatre lexmes

    latins avec le lexme grec a provoqu leur synonymie au niveau

    intralinguistique. Cela est confirm par la paraphrase bocienne de

    lIntroduction arithmtique de Nicomaque de Grase (lInstitution

    arithmtique de Boce) o les quatre lexmes se trouvent coordonns les

    uns avec les autres, lablatif, pour traduire le datif ou le

    syntagme prpositionnel ; on relve ainsi tour tour les

    binmes synonymiques uirtute et potentia, uirtute et potestate, ui et

    potentia et ui et protestate ou bien lun de ces quatre lexmes seul. La

    relation de synonymie peut aussi tre tablie non plus au sein dun mme

    texte, mais au sein duvres dauteurs diffrents. Dans ce cas, elle est

    moins nette : le rapprochement nest pas effectu par lauteur-locuteur,

    mais par lanalyste. Par exemple, potestas et potentia, sortis de leurs

    emplois dans le domaine des relations sociales et institutionnelles, sont

    partiellement synonymes, mme sils se rencontrent rarement dans les

    mmes emplois chez un mme auteur. Mais mme dans les emplois o ils

    sont synonymes, cette synonymie est rarement parfaite, les auteurs latins

    exploitant les ressources de leur langue pour exprimer les nuances

    demploi que lon peut percevoir au sein du lexme grec. Enfin, ltude de

    la synonymie en diachronie permet dobserver des phnomnes de

    concurrence et de substitution entre les lexmes. En effet, le principe

    dconomie qui prside lvolution linguistique a pour consquence le

    caractre superflu et inutile de la synonymie : quoi bon avoir

    disposition deux lexmes pour exprimer exactement la mme chose ?

    Cest pourquoi, lorsquune relation synonymique perdure dans la langue, il

    est toujours possible de dtecter des distinctions entre les lexmes. Dans

    le cas contraire, lun des deux synonymes finit par lemporter sur lautre et

    par lliminer. Ce phnomne de prise de relais dun lexme par un

    autre sobserve plusieurs fois : uirtus relaie les emplois techniques de uis,

    de mme que uiolentia et fortia le supplantent dans ses emplois plus

    usuels. Potestas, quant lui, est relay par le nologisme possibilitas,

    cr par drivation au IVe sicle de notre re partir de possibilis, calque

    morphologique de : cest ce terme qui finit par simposer au

    dtriment de potestas et qui est conserv dans lexpression de la notion

    de possibilit par les langues modernes.

  • 21

    4. CONCLUSION

    Finalement, plutt que dune transformation du smantisme des

    lexmes latins sous linfluence de , il est plus juste de parler dun

    enrichissement. En effet, les transformations qui les affectent sont

    limites leur usage au sein de domaines spcialiss ; mais, dans la

    langue usuelle, ils conservent leurs valeurs anciennes, comme en

    tmoignent les formes qui en sont hrites dans les langues romanes.

    Ainsi, lat. potestas a donn it. potest ou podest, qui fut ensuite

    emprunt par le franais podestat : ces termes dnotent le premier

    magistrat dune ville, emploi qui se situe dans la continuit de celui de

    ltymon latin, utilis par mtonymie pour dsigner les dtenteurs dune

    charge officielle. Le latin uis ne sest pas conserv, mais ses sens usuels

    sont relays par lat. uiolentia et lat. fortia, qui ont donn respectivement

    fr. violence, it. violenza, esp. violencia et fr. force, it. forza, esp. fuerza. Le

    sens ancien de uirtus, courage, bravoure , ne sest pas maintenu dans

    fr. vertu, it. virt, esp. virtud, mais ces termes ont hrit du sens moral

    du lexme latin, quil tenait en partie de son rapprochement prcoce avec

    le grec . Enfin, potentia a donn fr. potence, qui sest marginalis

    dans la lexie gibet de potence, mais aussi it. potenza et esp. potencia,

    quivalents de fr. puissance : ces lexmes ont conserv le sens usuel de

    potentia, puissance de fait . Parmi les sens techniques que les lexmes

    latins furent amens exprimer, certains furent conservs par ces formes

    hrites dans les langues romanes : ainsi, fr. vertu a continu de dnoter

    le pouvoir ou la proprit des plantes ; mais, surtout, fr. puissance, it.

    potenza et esp. potencia servent encore exprimer les emplois techniques

    de lat. potentia, dans lesquels il a servi traduire : la notion

    aristotlicienne, notamment dans le syntagme prpositionnel fr. en

    puissance, esp. en potencia, ainsi que le concept mathmatique de

    puissance . Hormis ces cas de figure, les emplois usuels et les emplois

    techniques des lexmes latins sont rpartis entre les formes hrites et

    les emprunts savants, qui furent galement emprunts en anglais et en

    allemand : fr. potentialit, it. potenzialit, esp. potencialidad, angl.

    potency et potentiality, all. Potenz, qui dnote la puissance en

    mathmatiques, et Potentialitt, fr. virtualit, it. virtualit, esp.

    virtualidad, angl. virtuality, all. Virtualitt. Dans la perspective dune tude

    de lexpression de la notion de puissance dans les langues modernes, il

    conviendrait de considrer ces lexmes en relation avec les autres termes

    qui y sont utiliss pour traduire , quils soient ou non hrits du

    latin, savoir fr. capacit, proprit, force, facult, etc., angl. capacity,

  • 22

    might, strenght, etc., all. Macht, Kraft, etc., sans oublier fr. pouvoir, it.

    potere, angl. power.

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