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Martingales ` a temps discret 25 4. Martingales ` a temps discret 4.1. G´ en´ eralit´ es. On fixe un espace de probabilit´ es filtr´ e (Ω, (F n ) n , F , IP ). On suppose que F contient ses ensembles n´ egligeables mais les tribus F n ne sont pas n´ ecessairement suppos´ ees compl` etes . On sait que la famille d’ensembles n0 F n n’est pas une tribu. On d´ efinit donc F = σ( n0 F n ). F est une tribu, en g´ en´ eral plus petite que F , laquelle jouera un rˆ ole important dans la suite. efinition 4.1. Un processus r´ eel adapt´ e (X n ) n0 est appel´ e une martingale (resp. une surmartin- gale, une sous-martingale) s’il est int´ egrable et si, pour tout n N), IE(X n+1 |F n )= X n p.s. (resp. , ). Donc (X n ) n0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale) si et seulement si pour tout A ∈F n on a A X n+1 dIP = A X n dIP (resp. , ) Notons que (X n ) n0 est une surmartingale si et seulement si (-X n ) n0 est une sous-martingale (et eciproquement) et que (X n ) n0 est une martingale si et seulement si (X n ) n0 est ` a la fois une surmar- tingale et une sous-martingale. Les d´ efinitions ci-dessus sont encore valables si on remplace “X n int´ egrable” par “X n positif”. On parlera alors de martingale (resp. surmartingale, sous-martingale) positive. Il reste entendu qu’une martingale (resp. surmartingale, sous-martingale) sans adjectif est n´ ecessairement int´ egrable. Exemple 4.2. Soit X L 1 ou 0. X n = IE(X |F n ) est une martingale. Enfin un processus X = (Ω, F , (X n ) n0 , IP ) sera dit une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale) si c’est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale) par rapport ` a la filtration F 0 n = σ(X 0 , ..., X n ). Il est clair que le processus (X n ) n0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martin- gale) si et seulement si IE(X n+1 - X n |F n ) = 0, (resp. , ). Donc si (Y n ) n0 est un proces- sus adapt´ e)(int´ egrable ou positif), alors X n = Y 0 + Y 1 + ... + Y n efinit une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale) si et seulement si IE(Y n+1 |F n ) = 0, (resp. 0, 0). En particulier si (Y n ) n0 est une suite de v.a. ind´ ependantes int´ egrables ou positives et si on pose S 0 = 0, S n = Y 0 + Y 1 + ... + Y n pour n 1, alors (S n ) n0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale) pour la filtration σ(Y 0 ,Y 1 , ..., Y n ) si, pour tout n 1, IE(Y n ) = 0, (resp. 0, 0). 4.2. Premi` eres propri´ et´ es. Proposition 4.3. (i) Si (X n ) n0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale), la suite (IE(X n )) n0 est constante (resp. d´ ecroissante, croissante). (ii) Si (X n ) n0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale), on a, pour m<n, IE(X n |F m )= X m p.s. (resp. , ). (iii) Si (X n ) n0 et (Y n ) n0 sont des surmartingales, il en est de mˆ eme de X n + Y n et de X n Y n . (iv) Si (X n ) n0 est une martingale (resp. une surmartingale) et f est une fonction concave (resp. concave croissante) telle que f (X n ) est int´ egrable ou positive pour tout n 0, alors Y n = f (X n ) est une surmartingale En particulier si (X n ) n0 est une martingale, |X n | et X 2 n sont des sous-martingales. (v) Si (X n ) n0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale), il en est de mˆ eme du processus stopp´ e X ν n = X nν , o` u ν est un temps d’arrˆ et de la filtration {F n } n .

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Martingales a temps discret 25

4. Martingales a temps discret

4.1. Generalites. On fixe un espace de probabilites filtre (Ω, (Fn)n,F , IP ). On suppose que Fcontient ses ensembles negligeables mais les tribus Fn ne sont pas necessairement supposees completes. On sait que la famille d’ensembles

⋃n≥0Fn n’est pas une tribu. On definit donc F∞ = σ(

⋃n≥0Fn).

F∞ est une tribu, en general plus petite que F , laquelle jouera un role important dans la suite.

Definition 4.1. Un processus reel adapte (Xn)n≥0 est appele une martingale (resp. une surmartin-gale, une sous-martingale) s’il est integrable et si, pour tout n ∈ N),

IE(Xn+1 | Fn) = Xn p.s. (resp. ≤,≥).

Donc (Xn)n≥0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale) si et seulement sipour tout A ∈ Fn on a ∫

AXn+1 dIP =

∫A

Xn dIP (resp. ≤, ≥)

Notons que (Xn)n≥0 est une surmartingale si et seulement si (−Xn)n≥0 est une sous-martingale (etreciproquement) et que (Xn)n≥0 est une martingale si et seulement si (Xn)n≥0 est a la fois une surmar-tingale et une sous-martingale.

Les definitions ci-dessus sont encore valables si on remplace “Xn integrable” par “Xn positif”. Onparlera alors de martingale (resp. surmartingale, sous-martingale) positive. Il reste entendu qu’unemartingale (resp. surmartingale, sous-martingale) sans adjectif est necessairement integrable.

Exemple 4.2. Soit X ∈ L1 ou ≥ 0. Xn = IE(X | Fn) est une martingale.

Enfin un processus X = (Ω,F , (Xn)n≥0, IP ) sera dit une martingale (resp. une surmartingale, unesous-martingale) si c’est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale) par rapporta la filtration F0

n = σ(X0, ..., Xn).

Il est clair que le processus (Xn)n≥0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martin-gale) si et seulement si IE(Xn+1 − Xn | Fn) = 0, (resp. ≤, ≥). Donc si (Yn)n≥0 est un proces-sus adapte)(integrable ou positif), alors Xn = Y0 + Y1 + ... + Yn definit une martingale (resp. unesurmartingale, une sous-martingale) si et seulement si IE(Yn+1 | Fn) = 0, (resp. ≤ 0, ≥ 0). Enparticulier si (Yn)n≥0 est une suite de v.a. independantes integrables ou positives et si on pose S0 = 0,Sn = Y0 + Y1 + ... + Yn pour n ≥ 1, alors (Sn)n≥0 est une martingale (resp. une surmartingale, unesous-martingale) pour la filtration σ(Y0, Y1, ..., Yn) si, pour tout n ≥ 1, IE(Yn) = 0, (resp. ≤ 0, ≥ 0).

4.2. Premieres proprietes.

Proposition 4.3. (i) Si (Xn)n≥0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale),la suite (IE(Xn))n≥0 est constante (resp. decroissante, croissante).

(ii) Si (Xn)n≥0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale), on a, pour m < n,IE(Xn | Fm) = Xm p.s. (resp. ≤, ≥).

(iii) Si (Xn)n≥0 et (Yn)n≥0 sont des surmartingales, il en est de meme de Xn + Yn et de Xn ∧ Yn.

(iv) Si (Xn)n≥0 est une martingale (resp. une surmartingale) et f est une fonction concave (resp.concave croissante) telle que f(Xn) est integrable ou positive pour tout n ≥ 0, alors Yn = f(Xn) estune surmartingale En particulier si (Xn)n≥0 est une martingale, |Xn| et X2

n sont des sous-martingales.

(v) Si (Xn)n≥0 est une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale), il en est de memedu processus stoppe Xν

n = Xn∧ν , ou ν est un temps d’arret de la filtration Fnn.

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Martingales a temps discret 26

Preuve: (i), (ii) et (iii) resultent directement des proprietes de l’esperance conditionnelle. (iv) resultede l’inegalite de Jensen. Pour (v), on note que d’apres la definition d’un temps d’arret, on a ν ≥n + 1 = ν ≤ nc ∈ Fn et donc

IE(Xνn+1 −Xν

n | Fn) = IE((Xn+1 −Xn)1ν≥n+1 | Fn) == 1ν≥n+1IE(Xn+1 −Xn | Fn). (4.1)

Introduisons une notion importante.

Definition 4.4. On dit qu’un processus adapte (An)n≥0 est un processus croissant previsible si A0 = 0,An ≤ An+1 et si An+1 est Fn mesurable.

On a alors l’important resultat suivant.

Proposition 4.5. (Decomposition de Doob).Toute sous-martingale integrable Xn s’ecrit, de faconunique, sous la forme Xn = Mn + An avec (Mn)n≥0 martingale integrable et (An)n≥0 processuscroissant previsible integrable. Le processus croissant (An)n≥0 s’appelle le compensateur de la sous-martingale (Xn)n≥0.

Preuve:

Soit (Xn)n≥0 une sous-martingale integrable. On definit

A0 = 0, An+1 = An + IE(Xn+1 −Xn | Fn).

Par construction, (An)n est un processus croissant previsible integrable et Mn = Xn − An verifieIE(Mn+1 −Mn | Fn) = 0 (puisque An+1 est Fn mesurable!). La decomposition est de plus unique carsi Xn = Mn + An = M ′

n + A′n, on a A0 = A′

0 = 0 et

A′n+1 −A′

n = Xn+1 −Xn − (Mn+1 −Mn)

d’ou, en conditionnant par Fn, A′n+1 − A′

n = IE(Xn+1 | Fn)) −Xn = An+1 − An d’ou A′n = An puis

Mn+1 = Mn.

4.3. Theoreme d’arret. Soit (Xn)n≥0 une surmartingale. On a donc, pour m < n, IE(Xn |Fm) ≤ Xm p.s. On va s’interesser a cette propriete si l’on remplace m et n par des temps d’arret .

Theoreme 4.6. Soient (Xn)n≥0 une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale)integrable ou positive et ν1 et ν2 deux temps d’arret bornes avec ν1 ≤ ν2; alors on a IE(Xν2 | Fν1) =Xν1, (resp. ≤, ≥).

Preuve: Supposons d’abord que ν1 ≤ ν2 = k ∈ N. Soit A ∈ Fν1 . Vu que A ∩ ν1 = j ∈ Fj , on a ,pour j ≤ k,

∫A∩ν1=j Xj dIP =

∫A∩ν=j Xk dIP . Sommant en j, on obtient,∫

AXν1 dIP =

k∑j=0

∫A∩ν1=j

Xj dIP =k∑

j=0

∫A∩ν1=j

Xk dIP =∫

AXν2 dIP

Supposons maintenant que ν1 ≤ ν2 ≤ k ∈ N. Alors, pour A ∈ Fν1 , comme Xν2 est une martingale,∫A

Xν1 dIP =∫

AXν2

ν1dIP =

∫A

Xν2k dIP =

∫A

Xν2 dIP.

Prenant l’esperance, on obtient le resultat suivant.

Corollaire 4.7. Soient (Xn)n≥0 une martingale (resp. une surmartingale, une sous-martingale)integrable ou positive et ν un temps d’arret borne, alors IE(Xν) = IE(X0), (resp. ≤, ≥).

Dans ces enonces, la condition ν borne est essentielle et ne peut etre levee sans hypotheses supplementaires.

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Martingales a temps discret 27

Exemple 4.8. Considerons par exemple la marche aleatoire S0 = 0, Sn = X1 + X2 + ... + Xn ou les(Xn)n≥0 sont des v.a. independantes telles que IP (Xk = 1) = IP (Xk = −1) = 1

2 . On montrera plusloin (voir Exercice 4.30)que ν = inf(n; Sn = 1) verifie IP (ν < +∞) = 1. Par ailleurs (Sn)n≥0 est unemartingale. On a d’une part IE(S0) = IE(Sn) = 0 et d’autre part Sν = 1 p.s. et donc IE(Sν) = 1. Laconclusion du Corollaire 4.7 n’est donc pas satisfaite; ν n’est pas borne car IP (ν > n) ≥ (1

2)n > 0.

4.4. Inegalites maximales. Ce sont des inegalites concernant les v.a.

max0≤k≤n

Xk, max0≤k≤n

|Xk|, supn

Xn, supn|Xn|.

Theoreme 4.9. On a, pour a > 0,

(i) si (Xn)n≥0 est une surmartingale positive, IP (supk Xk > a) ≤ 1aIE(X0);

(ii) si (Xn)n≥0 est une sous-martingale positive,

IP ( max0≤k≤n

Xk > a) ≤ 1a

∫max0≤k≤n Xk>a

Xn dIP ≤ 1aIE(Xn).

Preuve: (i) Posons, pour a > 0, ν = inf(Xn > a). Rappelons que ν = +∞ si ( ) = ∅. On a alorssupk Xk > a = ν < +∞ et Xν > a sur ν < +∞ et donc Xn∧ν ≥ a1ν≤n. On en deduitIE(X0) ≥ IE(Xn∧ν) ≥ aIP (ν ≤ n) et, faisant tendre n vers +∞, aIP (ν < +∞) ≤ IE(X0).

(ii) Si (Xn)n≥0 est une sous-martingale positive, on a (avec le meme ν), max0≤k≤n Xk > a = ν ≤ n.Pour k ≤ n, ∫

ν=kXk dIP ≤

∫ν=k

Xn dIP,

d’ou

aIP (ν ≤ n) ≤∫

ν≤nXν dIP =

n∑k=0

∫ν=k

Xk dIP ≤

≤n∑

k=0

∫ν=k

Xn dIP =∫

ν≤nXn dIP ≤ IE(Xn).

(4.2)

On a alors,

Corollaire 4.10. (Inegalite de Doob) Soient p > 1 et Xn une martingale telle que supn IE|Xn|p <+∞. Alors supn |Xn|p est integrable et,

‖ supn|Xn|‖p ≤ p

p− 1sup

n‖Xn‖p.

Preuve: Supposons que Xn soit une sous-martingale positive (cas auquel on se ramene en prenant| Xn | si Xn est une martingale). Posons Yn = maxk≤n Xk. D’apres la proposition precedente,P (Yn > a) ≤ 1

aE(Xn1Yn>a) d’ou l’on deduit pap−1P (Yn > a) ≤ pap−2E(Xn1Yn>a) et en integrant etutilisant Fubini (tout est positif)

E(∫ +∞

0pap−11Yn>ada) ≤ E(Xn

∫ +∞

0pap−21Yn>ada)

i.e.E(Y p

n ) ≤ p

p− 1E(XnY p−1

n ) ≤ p

p− 1E(Xp

n)1p E(Y p

n )p−1

p

en appliquant l’inegalite de Holder. De ce fait,

E(Y pn )

1p ≤ p

p− 1E(Xp

n)1p ≤ p

p− 1supk≥0

E(Xpk)

1p

d’ou le resultat en faisant tendre n vers l’infini.

Le cas le plus important est p = 2 pour lequel on a E[supn X2n] ≤ 4 supn IE(X2

n).

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Martingales a temps discret 28

4.5. Martingales de carre integrable. L’importance de la notion de martingale se justifie parun certain nombre de resultats de convergence. Dans ce paragraphe, nous commencons par regarderle cas le plus fort.

Theoreme 4.11. Soit Mn une martingale telle que supn IE(M2n) < +∞. Alors Mn converge p.s. et

dans L2.

Preuve: Remarquons que (M2n)n≥0 est une sous-martingale et donc IE(M2

n) est croissante. PuisqueIE(Mn+pMn) = IE(MnIE(Mn+p | Fn)) = IE(M2

n), on a

IE((Mn+p −Mn)2) = IE(M2n+p)− IE(M2

n) (4.3)

Supposons que la martingale (Mn)n soit bornee dans L2 i.e. que supn IE(M2n) < +∞. En fait, vu que

IE(M2n) est croissante, IE(M2

n) m∗. On a alors, d’apres (4.3), IE(Mn+p − Mn)2 ≤ m∗ − IE(M2n)

d’ou supp IE(Mn+p−Mn)2 →n 0, ce qui montre que (Mn)n≥0 est une suite de Cauchy dans L2 et doncconverge dans L2. Montrons que (Mn)n≥0 converge p.s.. Soit Vn = supi,j≥n |Mi −Mj |. EvidemmentVn V et il suffit de montrer que V = 0 p.s. car, alors, Mn est p.s une suite de Cauchy et doncconverge p.s.. Utilisant le Theoreme 4.9, on a, pour tout ρ > 0,

IP (V > ρ) ≤ IP (Vn > ρ) = IP(

supi,j≥n

|Mi −Mj | > ρ)≤ IP

(supi≥n

|Mi −Mn| > ρ

2

)≤

IP(supi≥n

|Mi −Mn|2 >ρ2

4

)≤ 4

ρ2E(sup

i≥n(Mi −Mn)2) ≤ 16

ρ2supi≥n

IE(Mi −Mn)2 → 0.

Ceci implique IP (V > 0) = 0.

4.6. Theoremes de convergence. Le Theoreme 4.11 fournit un premier resultat de conver-gence. En particulier, il implique la convergence p.s. de toute martingale bornee. Le lemme suivantetend ce resultat aux sous-martingales bornees.

Lemme 4.12. Soit (Xn) une sous-martingale bornee par un reel K. Alors (Xn) converge p.s.

Preuve: Ecrivons Xn = Mn + An la decomposition de Doob de la sous-martingale Xn. On a alorsE(An) = E(Xn) − E(Mn) = E(Xn) − E(M0) ≤ 2K puisque A0 = 0 et donc (limite monotone)E(A∞) ≤ 2K d’ou A∞ < +∞ p.s. Posons τp = infn > 0, An+1 > p. τp est un temps d’arret et| Mτp∧n |=| Xτp∧n − Aτp∧n |≤ K + p. De ce fait, (Mτp∧n)n≥0 est une martingale bornee qui convergedonc p.s. Comme Aτp∧n converge naturellement p.s., on en deduit la convergence p.s. de Xτp∧n, etdonc celle de (Xn) sur l’evenement (τp = +∞). Comme (A∞ < +∞) p.s., on a P (

⋃p≥1(τp = +∞)) = 1

d’ou le resultat cherche.

On a alors un premier theoreme tres agreable a utiliser car ses hypotheses sont tres simples a verifier.Avant de l’enoncer, rappelons qu’on s’autorise un abus de langage en cela qu’une v.a positive peutprendre pour valeur +∞ avec une probabilite non nulle.

Theoreme 4.13. Soit (Xn)n≥0 une surmartingale positive. Alors elle converge p.s. vers une v.a. X∞et l’on a Xn ≥ IE(X∞ | Fn). De plus, si IP (X0 < +∞) = 1, IP (X∞ < +∞) = 1.

Preuve: Remarquons que puisque x -→ e−x est une fonction convexe decroissante, Yn = e−Xn est unesous-martingale telle que 0 ≤ Yn ≤ 1. De ce fait, d’apres le Lemme 4.12, Yn converge p.s. vers unevariable positive Y∞. On pose X∞ = − lnY∞.

Par ailleurs, pour p ≥ n, on a E(Xp/Fn) ≤ Xn, et donc, appliquant le lemme de Fatou, E(X∞/Fn) ≤Xn. En particulier, E(X∞/F0) ≤ X0. Prenant M > 0, on obtient E(X∞1X0≤M/F0) ≤ X01X0≤M ≤M d’ou X∞ < +∞ p.s. sur l’evenement (X0 < M). D’ou le resultat cherche puique

⋃M>0(X0 <

M) = Ω.

Bien entendu, une martingale positive est une surmartingale positive et le theoreme precedent donneegalement la convergence dans ce cas.

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Martingales a temps discret 29

Le theoreme suivant traite le cas des sous-martingales bornees dans L1.

Theoreme 4.14. Soit (Xn)n≥0 une sous-martingale telle que supn IE|Xn| < +∞. Alors (Xn)n≥0

converge p.s.

Preuve: Notons que (X+n )n≥0 est une sous-martingale. Considerons X+

n = Mn + An sa decompositionde Doob. Alors E(A∞) = supn≥0 E(An) ≤ E(| M0 |) + supn≥0 E(| Xn |) < +∞. Posons Yn =Mn + E(A∞/Fn). On a Yn ≥ X+

n ≥ Xn et donc Yn est une martingale positive et Zn = Yn − Xn

est une surmartingale positive, qui de ce fait convergent p.s. toutes les deux. Comme Y0 et Z0 sontclairement finies p.s., le Theoreme 4.13 donne X∞ < +∞ et Z∞ < +∞ p.s. et donc la convergencep.s. de Xn = Yn − Zn.

Il faut noter que, contrairement au cas L2, la condition supn IE|Xn| < +∞ n’implique pas la con-vergence dans L1 comme le montre l’exemple suivant. Ceci est naturellement a rapprocher de l’equi-integrabilite (voir Exercice 2.5).

Exemple 4.15. On choisit Ω = [0, 1], F = B(R), P = mesure de Lebesgue, Fn = σ([k2−n, (k +1)2−n[, k = 0, ..., 2n − 1), Xn = 2n1[0,2−n[. On verifie facilement que Xn est une Fn martingale, queXn converge vers 0, que IE|Xn| = IE(Xn) = 1 et donc que Xn ne converge pas vers 0 dans L1.

4.7. Martingales regulieres. Notre premier exemple de martingale merite d’etre etudie specifiquement.

Definition 4.16. Une martingale de la forme Xn = IE(X | Fn), X ∈ L1, est dite reguliere.

On a le resultat de convergence suivant.

Theoreme 4.17. Soit X ∈ L1. La martingale reguliere Xn = IE(X | Fn) converge p.s. et dans L1

vers IE(X | F∞).

Preuve:

IE|Xn| = IE|IE(X | Fn)| ≤ IE(IE(|X| | Fn) = IE(IE(|X|) = IE|X|.Donc (Th. 4.14) Xn → X∞ p.s. Etudions la convergence dans L1. Ecrivant X = X+ −X−, on peutsupposer X ≥ 0. Soit a > 0. D’apres le theoreme de convergence dominee ‖X −X ∧ a‖1 → 0 lorsquea → +∞. On vient de voir que IE(X ∧ a | Fn) converge p.s. mais, etant borne, IE(X ∧ a | Fn)converge aussi dans L1. Il suffit alors d’ecrire que

‖IE(X | Fn)− IE(X | Fm)‖1 ≤≤ ‖IE(X | Fn)− IE(X ∧ a | Fn)‖1 + ‖IE(X ∧ a | Fn)− IE(X ∧ a | Fm)‖1+

+‖IE(X ∧ a | Fm)− IE(X | Fm)‖1 ≤≤ 2‖X −X ∧ a‖1 + ‖IE(X ∧ a | Fn)− IE(X ∧ a | Fm)‖1

pour en deduire que IE(X | Fn) est une suite de Cauchy dans L1 et donc converge dans L1. Pardefinition de Xn,

pour tout A ∈ Fn,

∫A

Xn dIP =∫

AX dIP,

d’ou, puisque Xn converge dans L1,

pour tout A ∈ Fn,

∫A

X∞ dIP =∫

AX dIP. (4.4)

Il est facile de voir par un argument classique que (4.3) est valable pour tout A ∈ F∞ = σ(⋃

n≥0Fn).Ce qui montre que X∞ = IE(X | F∞).

En fait, la reciproque du Theoreme 4.17 est aussi valable, et on a donc:

Theoreme 4.18. Une martingale est reguliere si et seulement si elle converge dans L1.

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Martingales a temps discret 30

Preuve: Soit Xn une martingale convergeant dans L1 vers une v.a. X. Puisque |Xn| ≤ |X|+ |X−Xn|,on a supn IE|Xn| < +∞. Donc (Th. 4.14), Xn converge p.s. vers X. On a alors, pour tout p, pourtout A ∈ Fn, ∫

AXn+p dIP =

∫A

Xn dIP,

et, faisant tendre p vers +∞, vu que Xn+p converge dans L1,

pour tout A ∈ Fn,

∫A

X dIP =∫

AXn dIP,

ce qui signifie que Xn = IE(X | Fn).

Un interet majeur des martingales regulieres est que pour elles le theoreme d’arret prend une formeparticulierement agreable. Notons d’abord que si Xn est une martingale reguliere de limite X∞, lamartingale est fermee en ce sens que (Xn, n ∈ N) est une martingale i.e. verifie la definition pour toutm ≤ n ≤ +∞. Alors, si ν est un temps d’arret a valeurs N, Xν est parfaitement definie par Xν = X∞sur ν = +∞.Proposition 4.19. Soit Xn = IE(X | Fn), X ∈ L1, une martingale reguliere. Alors,

(i) si ν est un temps d’arret, Xν est integrable et Xν = IE(X | Fν),

(ii) si ν1 ≤ ν2 sont deux temps d’arret, IE(Xν2 | Fν1) = Xν1.

Preuve: On sait que IE(X | Fν) = IE(X | Fn) = Xn sur ν = n, n ∈ N et donc Xν = IE(X | Fν) ∈ L1.Quant a (ii), vu que Fν1 ⊂ Fν2 , on a IE(Xν2 | Fν1) = IE(IE(X | Fν2) | Fν1) = IE(X | Fν1) = Xν1 .

Ci-apres sont reproduits les exercices et problemes concernant les martingales a temps discret dont lacorrection peut etre trouvee dans le livre “Martingales et Chaines de Markov” de P.Baldi,L.Mazliaket P.Priouret, Editions Hermann, vademecum indispensable et economique de l’etudiant de DEA (!).

Exercice 4.20. a) Soit X = (Xn)n≥0 une surmartingale telle que IE(Xn) soit constante. Montrerque (Xn)n≥0 est une martingale.

b ) Soit (Xn)n≥0 un processus integrable adapte a la filtration (Fn)n≥0. Montrer que (Xn)n≥0 est une(Fn)n≥0-martingale si et seulement si, pour tout temps d’arret borne τ de (Fn)n≥0, on a IE(Xτ ) =IE(X0).

Exercice 4.21. Soit (Ω,F , (Fn)n≥0, IP ) un espace de probabilite filtre sur lequel on considere deuxmartingales (Xn)n≥0 et (Yn)n≥0 de carre integrable.

a ) Montrer que, pour m ≤ n, on a IE(XmYn | Fm) = XmYm p.s.

b ) Montrer que IE(XnYn)− IE(X0Y0) =∑n

k=1 IE((Xk −Xk−1)(Yk − Yk−1)).

Exercice 4.22. Soit (Ω,F , (Fn)n≥0, IP ) un espace de probabilite filtre sur lequel on considere unemartingale reelle (Mn)n≥0 telle que, pour tout n ≥ 0, |Mn| ≤ K. On pose

Xn =n∑

k=1

1k(Mk −Mk−1).

Montrer que (Xn)n≥1 est une (Fn)n≥0-martingale qui converge p.s. et dans L2.

Exercice 4.23. Soit (Yn)n≥1 une suite de v.a. independantes de meme loi normale N(0,σ2), ouσ > 0. On pose Fn = σ(Y1, . . . , Yn) et Xn = Y1 + · · ·+ Yn. On rappelle que

IE(euY1) = eu2σ2/2. (4.5)

1 ) Soit Zun = exp(uXn − nu2σ2/2). Montrer que, pour tout u ∈ R, (Zu

n)n≥1 est une (Fn)n≥1-mar-tingale.

2 ) Montrer que, pour tout u ∈ R, (Zun)n≥1 converge p.s. vers une v.a. Zu∞ finie. Que vaut cette

limite? Pour quelles valeurs de u ∈ R, (Zun)n≥1 est-elle une martingale reguliere?

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Martingales a temps discret 31

Exercice 4.24. On dit qu’un processus (Mn)n≥0 est a accroissements independants si, pour tout n,la v.a. Mn+1 −Mn est independante de la tribu Fn = σ(M0, . . . ,Mn).

1 ) Soit (Mn)n≥0 une martingale de carre integrable et a accroissements independants. On poseσ2

0 = Var(M0) et, pour n ≥ 1, σk = Var(Mk −Mk−1).

1a ) Montrer que Var(Mn) =∑n

k=0 σ2k.

1b ) Soit (〈M〉n)n≥0 le processus croissant associe a (Mn)n≥0 . Calculer 〈M〉n.

2 ) Soit (Mn)n≥0 une martingale gaussienne (on rappelle que le processus (Mn)n≥0 est gaussien si,pour tout n, le vecteur (M0, . . . ,Mn) est gaussien).

2a ) Montrer que (Mn)n≥0 est a accroissements independants.

2b ) Montrer que, pour tout θ ∈ R fixe, le processus

Zθn = eθMn− θ2

2 〈M〉n (4.6)

est une martingale. Cette martingale converge-t-elle p.s.?

Exercice 4.25. Soit (Xn)n≥0 une suite de v.a. a valeurs [0, 1]. On pose Fn = σ(X0, . . . , Xn). Onsuppose que X0 = a ∈ [0, 1] et que

IP(Xn+1 =

Xn

2

∣∣∣ Fn

)= 1−Xn, IP

(Xn+1 =

1 + Xn

2

∣∣∣ Fn

)= Xn.

1 ) Montrer que (Xn)n≥0 est une martingale qui converge p.s. et dans L2 vers une v.a. Z.

2 ) Montrer que IE((Xn+1 −Xn)2) = 14IE(Xn(1−Xn)).

3 ) Calculer IE(Z(1− Z)). Quelle est la loi de Z?

Exercice 4.26. A l’instant 1 une urne contient une boule blanche et une boule rouge. On tire uneboule et on la remplace par deux boules de la meme couleur que celle tiree, ce qui donne la nouvellecomposition de l’urne a l’instant 2, et ainsi de suite suivant le meme procede.

On note Yn et Xn = Yn/(n + 1) le nombre et la proportion de boules blanches dans l’urne a l’instantn. On pose Fn = σ(Y1, ..., Yn).

1 ) Montrer que (Xn)n≥1 est une martingale qui converge p.s. vers une v.a. U et que l’on a, pourtout k ≥ 1, lim

n→+∞ IE(Xkn) = IE(Uk).

2 ) On fixe k ≥ 1. On pose, pour n ≥ 1,

Zn =Yn(Yn + 1)...(Yn + k − 1)(n + 1)(n + 2)...(n + k)

·

Montrer que (Zn)n≥1 est une martingale. Quelle est sa limite? En deduire la valeur de IE(Uk).

3 ) Soit X une v.a. reelle telle que |X| ≤ M < +∞ p.s. Montrer que sa fonction caracteristique sedeveloppe en serie entiere

φ(t) =∞∑

k=0

φ(k)(0)k!

tk (4.7)

pour tout t ∈ R.

4 ) Quelle est la loi de U?

Exercice 4.27. (Une preuve de la loi 0-1 de Kolmogorov par les martingales) Soit (Yn)n≥1 une suitede v.a. independantes. On definit

Fn = σ(Y1, . . . , Yn), F∞ = σ( ⋃

n≥1

Fn

)Fn = σ(Yn, Yn+1, . . . ), F∞ =

⋂n≥1

Fn.

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Martingales a temps discret 32

1 ) Soit A ∈ F∞. Montrer que IP (A) = 0 ou 1.

(Suggestion: Zn = IEFn(1A) est une martingale . . . ).

2 ) Montrer que, si X est une v.a.r. F∞-mesurable, X = a p.s.

Exercice 4.28. (Une preuve par les martingales inverses de la loi forte des grands nombres) Soit(Yn)n≥1 une suite de v.a. reelles, independantes, de meme loi et integrables. On pose S0 = 0,Sn = Y1 + · · ·+ Yn et Gn = σ(Y1 + · · ·+ Yn, Yn+1, Yn+2, . . . ).

1 ) Montrer que, pour 1 ≤ m ≤ n, IEGn(Ym) = IEGn(Y1) p.s. et en deduire que IEGn(Y1) = Sn/n p.s.

2 ) Que peut-on dire de la convergence de Zn = IEGn(Y1)?

3 ) Montrer que X = IE(Y1) p.s.

Exercice 4.29. Soit (Ω,F , (Fn)n≥0, (Mn)n≥0, IP ) une martingale de carre integrable. On note An =〈M〉n le processus croissant associe et A∞ = limn→∞ ↑ An. On a vu que cette martingale convergep.s. sur l’evenement A∞ < +∞. Dans cet exercice, on precise ce qui se passe sur A∞ = +∞.On pose

X0 = 0, Xn =n∑

k=1

Mk −Mk−1

1 + Ak, n ≥ 1.

1 ) Montrer que (Xn)n≥0 est une martingale de carre integrable et que

IEFn−1 [(Xn −Xn−1)2] ≤ 11 + An−1

− 11 + An

·

En deduire que 〈X〉n ≤ 1 pour tout n et que (Xn)n≥0 converge p.s.

2a ) Soient (an)n≥0 une suite de nombres strictement positifs telle que limn→+∞ ↑ an = +∞ et (un)n≥0

une suite de nombres reels convergeant vers u. Montrer que

1an

n∑k=1

(ak − ak−1)uk →n→∞ u.

2b ) (Lemme de Kronecker). Soient (an)n≥0 une suite de nombres strictement positifs telle quelim

n→+∞ ↑ an = +∞ et (xn)n≥0 une suite de nombres reels. On pose sn = x1 + · · · + xn. Montrer que

si la serie de terme general xn/sn converge, alors

limn→+∞

sn

an= 0.

3 ) Montrer que, sur A∞ = ∞, Mn/An→n→∞ 0 p.s.

Exercice 4.30. Soit (Zn)n≥1 une suite de v.a. independantes telles que IP (Zi = 1) = IP (Zi = −1) = 12

pour i = 1, 2, . . . On pose S0 = 0, Sn = Z1 + · · · + Zn, F0 = Ω, ∅ et Fn = σ(Z1, . . . , Zn). Soient aun entier > 0 et τ = infn ≥ 0, Sn = a le premier temps de passage par a.

a ) Montrer que

Xθn =

eθSn

(cosh θ)n

est une (Fn)n≥0-martingale. Montrer que, si θ ≥ 0, (Xθn∧τ )n≥0 est une (Fn)n≥0-martingale bornee.

b1 ) Montrer que, pour tout θ > 0, (Xθn∧τ )n≥0 converge p.s. et dans L2 vers la v.a.

W θ =eθa

(cosh θ)τ1τ<+∞ (4.8)

b2 ) Montrer que IPτ < +∞ = 1 et que, pour tout θ ≥ 0,

IE[(cosh θ)−τ ] = e−θa.

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Martingales a temps discret 33

Exercice 4.31. Soit, comme dans l’Exercice 4.30, (Zn)n≥1 une suite de v.a. independantes tellesque IP (Zi = 1) = IP (Zi = −1) = 1

2 pour i = 1, 2, . . . On pose S0 = 0, Sn = Z1 + · · · + Zn,F0 = Ω, ∅ et Fn = σ(Z1, . . . , Zn). Soient a un entier > 0 et λ un reel tel que 0 < λ < π/(2a). Soitτ = infn ≥ 0, |Sn| = a le temps de sortie de ]− a, a[.

a ) Montrer que Xn = (cos λ)−n cos(λSn) est une (Fn)n≥0-martingale.

b ) Montrer que1 = IE(Xn∧τ ) ≥ cos(λa)IE((cos λ)−n∧τ ).

c ) En deduire que IE((cos λ)−τ ) ≤ (cos(λa))−1 puis que τ est p.s. fini et que la martingale (Xn∧τ )n≥0

est reguliere.

d ) Que vaut IE((cos λ)−τ )? A-t-on τ ∈ Lp, p ≥ 1?

Exercice 4.32. Soit (Sn)n≥0 une marche aleatoire simple sur Z: S0 = 0, Sn = U1+· · ·+Un, ou les v.a.Ui sont independantes et de meme loi et telles que 0 < IPUi = 1 = p < 1, IPUi = −1 = 1− p := q.

a ) Soit Zn = ( qp)Sn. Montrer que (Zn)n≥0 est une martingale positive.

b )

Deduire d’une inegalite maximale appliquee a la martingale (Zn)n≥0 que

IP

supn≥0

Sn ≥ k≤

(p

q

)k

et que, lorsque q > p,IE

(supn≥0

Sn

)≤ p

q − p

Exercice 4.33. On considere une suite (Xn)n≥1 de v.a. reelles independantes de meme loi normaleN(m,σ2) avec m < 0 et on pose S0 = 0,

Sn = X1 + · · ·+ Xn

etBn = σ(S0, . . . , Sn) W = sup

n≥0Sn.

Le but de cet exercice est de montrer certaines proprietes de la v.a. W .

1 ) Montrer que IP (W < +∞) = 1.

2 ) On rappelle que, pour λ reel, IE(eλX1) = eλ2σ2/2eλm. Que vaut IE(eλSn+1 | Bn)?

3 ) Montrer qu’il existe un λ0 > 0 unique tel que (eλ0Sn)n≥0 soit une martingale.

4 ) Montrer que, pour tout a > 1, on a

IP (eλ0W > a) ≤ 1a

et que, pour t > 0, IP (W > t) ≤ e−λ0t.

5 ) Montrer que

IE(eλW) = 1 + λ

∫ +∞

0eλtIP(W > t) dt (4.9)

et en deduire que, pour tout λ < λ0, IE(eλW) < +∞. En particulier la v.a. W a des moments de tousles ordres.

Exercice 4.34. Soit (Ω,F , (Fn)n≥0, (Xn)n≥0, IP ) une sous-martingale telle que supn≥0 IE|Xn| < +∞.

1 ) Montrer que, n etant fixe, la suite (IEFn(X+p ))p≥n est croissante en p.

2 ) On pose Mn = limp→∞ ↑ IEFn(X+p ). Montrer que (Mn)n≥0 est une martingale positive integrable.

3 ) On pose Yn = Mn −Xn. Montrer que (Yn)n≥0 est une surmartingale positive integrable.

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Martingales a temps discret 34

Remarque: On conclut donc que toute sous-martingale bornee dans L1 s’ecrit comme la differenced’une martingale et d’une surmartingale positives integrables (decomposition de Krickeberg).

Exercice 4.35. Soit (Yn)n≥0 une suite de v.a. independantes et de meme loi telles que IP (Yk = 1) =IP (Yk = −1) = 1

2 . On pose B0 = ∅,Ω, Bn = σ(Y1, . . . , Yn) et S0 = 0, Sn = Y1 + · · ·+ Yn, n ≥ 1. Onconsidere le processus defini par

M0 = 0, Mn =n∑

k=1

sign(Sk−1)Yk, n = 1, 2, . . .

1 ) Quel est le compensateur de la sous-martingale (S2n)n≥0?

2 ) Montrer que (Mn)n≥0 est une martingale et calculer le compensateur de (M2n)n≥0.

3 ) Quelle est la decomposition de Doob de (|Sn|)n≥0? En deduire que Mn est mesurable par rapporta la tribu σ(|S1|, . . . , |Sn|).Exercice 4.36. Soient p et q deux probabilites sur un espace discret E telles que p 2= q et q(x) > 0pour tout x ∈ E. Soit (Xn)n≥1 une suite de v.a. independantes a valeurs E et de meme loi q. Montrerque la suite

Yn =n∏

k=1

p(Xk)q(Xk)

est une martingale positive dont la limite p.s. est 0. La martingale est-elle reguliere? (Suggestion:calculer la moyenne de

√Yn.)

Exercice 4.37. Soit (Yn)n≥1 une suite de v.a. positives independantes d’esperance 1 et F0 = ∅,Ω,Fn = σ(Yk; k ≤ n). On pose X0 = 1 et Xn =

∏nk=1 Yk.

1 ) Montrer que (Xn)n≥0 est une martingale pour la filtration (Fn)n≥0 et en deduire que (√

Xn)n≥0

est une surmartingale.

2 ) On suppose que∏∞

k=1 IE(√

Yk) = 0. Etudier la convergence et la limite de (√

Xn)n≥0 et puis de(Xn)n≥0. La martingale (Xn)n≥0 est-elle reguliere?

3 ) On suppose que∏∞

k=1 IE(√

Yk) > 0. Montrer que (√

Xn)n≥0 est une suite de Cauchy dans L2 eten deduire que la martingale (Xn)n≥0 est reguliere.

Exercice 4.38. Le but de cet exercice est de fournir une version du Lemme de Borel-Cantelli pourune famille de v.a. non necessairement independantes, ce qui est souvent utile. On rappelle que, pourune martingale (Mn)n≥0, les trois conditions

supn≥0

IE(|Mn|) < +∞, supn≥0

IE(M+n ) < +∞, sup

n≥0IE(M−

n ) < +∞

sont equivalentes.

Soient (Ω,F , (Fn)n≥0, IP ) un espace de probabilites filtre et (Yn)n≥1 une suite de v.a. positives,integrables, adaptees (pas necessairement independantes).

1a ) On pose X0 = 0, Xn = Y1+ · · ·+Yn. Montrer que (Xn)n≥0 est une sous-martingale et determinerle processus croissant associe (An)n≥1.

1b ) Montrer que, pour tout a > 0, τa = infn, An+1 > a est un temps d’arret.

1c ) On pose Zn = Xn − An. Montrer que, pour tout n, Z−n∧τa

≤ a. En deduire que (Zn∧τa)n≥0

converge p.s.

1d ) Montrer que limn→∞ ↑ An < +∞ ⊂ limn→∞ ↑ Xn < +∞ p.s. (suggestion: se placer surτa = +∞).2 ) On suppose, de plus, que supn≥1 Yn ∈ L1. Montrer que

limn→∞ ↑ Xn < +∞ = lim

n→∞ ↑ An < +∞ p.s.

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Martingales a temps discret 35

(on pourra introduire le temps d’arret σa = inf( n , Xn > a) et considerer Z+n∧σa

).

3 ) Soit (Bn)n≥1 une suite d’evenements adaptes. Montrer que∑n≥1

IPFn−1(Bn) < +∞

=∑

n≥1

1Bn < +∞

p.s..

Exercice 4.39. Soit (Xn)n≥1 une suite de v.a. reelles, de carre integrable, adaptees, definies sur(Ω, F , (Fn)n≥0, IP ), et (σ2

n)n≥0 une suite de nombres positifs. On suppose que p.s., pour tout n ≥ 1,

IEFn−1(Xn) = 0, IEFn−1(X2n) = σ2

n p.s.

(cette condition est satisfaite, par exemple, si les v.a. (Xn)n≥1 sont independantes centrees et devariance finie). On pose S0 = 0, A0 = 0 et, pour n ≥ 1, Sn = X1 + · · · + Xn, An = σ2

1 + · · · + σ2n,

Vn = S2n −An.

1 ) Montrer que (Sn)n≥0 et (Vn)n≥0 sont des martingales integrables.

2 ) Montrer que, si∑∞

k=1 σ2k < +∞, (Sn)n≥0 converge p.s. et dans L2.

3 ) On suppose que (Sn)n≥0 converge p.s. et qu’il existe une constante M telle que, pour tout n ≥ 1,|Xn| ≤ M p.s. Pour a > 0, on pose τa = infn ≥ 0; |Sn| > a.3a ) Montrer que, pour tout n, IE(S2

n∧τa) = IE(An∧τa).

3b ) Montrer qu’il existe a > 0 tel que IP (τa = +∞) > 0.

3c ) En deduire que∑∞

k=1 σ2k < +∞.

Remarque: Soit (Xn)n≥1 une suite de v.a. reelles, centrees, independantes, de carre integrable. Il estclair qu’une telle suite verifie les hypotheses de cet exercice. On a donc retrouve les resultats classiques:

(i ) si∑∞

k=1 Var(Xk) < +∞, alors∑∞

k=1 Xk converge p.s.,

(ii ) si les v.a. Xk sont uniformement bornees, alors∑∞

k=1 Xk converge p.s. si et seulement si∑∞k=1 Var(Xk) < +∞.

Exercice 4.40. Soit (Ω,F , (Fn)n≥0, (Mn)n≥0, IP ) une martingale de carre integrable et notons An =〈M〉n le processus croissant associe. On pose τa = infn ≥ 0;An+1 > a2.1 ) Montrer que τa est un temps d’arret.

2 ) Montrer que IP (supn≥0 |Mn∧τa | > a) ≤ a−2IE(A∞ ∧ a2).

3 ) Montrer queIP

(supn≥0

|Mn| > a)≤ IP (A∞ > a2) + IP

(supn≥0

|Mn∧τa | > a). (4.10)

4 ) Soit X une v.a. positive. Montrer, en appliquant le theoreme de Fubini, les deux relations∫ λ

0IP (X > t) dt = IE(X ∧ λ) pour tout λ ∈ [0,+∞],∫ ∞

0a−2IE(X ∧ a2) da = 2IE(

√X).

5 ) Montrer que IE(supn≥0 |Mn|) ≤ 3IE(√

A∞), (on pourra integrer (4.10) par rapport a a de 0 a +∞. . . ).

6 ) Soit (Yn)n≥1 une suite v.a. centrees, independantes, de meme loi et de carre integrable. On poseS0 = 0, F0 = Ω, ∅ et, pour n ≥ 1, Sn = Y1 + · · ·+ Yn, Fn = σ(Y1, . . . , Yn). Montrer que si τ est untemps d’arret tel que IE(

√τ) < +∞, alors IE(Sτ ) = 0.

Remarque: Il est interessant de comparer le resultat de la question 6) avec celui de la partie A del’Exercice 4.42 pour m = 0. On en deduit que le temps de passage τ de la partie A4) de l’Exercice4.42 est de plus tel que IE(

√τ) = +∞.

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Martingales a temps discret 36

Exercice 4.41. Sur un espace de probabilite (Ω,F , IP ) on considere des v.a. Xin, n = 1, 2, . . . , i = 1, 2,

independantes et de Bernoulli B(1, 12). On pose Si

n =∑n

k=1 Xik, νi = infn;Si

n = a ou a est un entier≥ 1. On pose ν = ν1 ∧ ν2.

1 ) Montrer que IP (νi < +∞) = 1, i = 1, 2.

2 ) On pose, pour i = 1, 2 et tout n ≥ 0,

M in = 2Si

n − n, M i,jn = (2Si

n − n)(2Sjn − n)− nδi,j

ou δi,j = 1 si i = j et = 0 sinon. Montrer que (M in)n et (M i,j

n )n sont des martingales par rapport a lafiltration

Fn = σ(Xik, i = 1, 2, k ≤ n).

3 ) Montrer que IE(ν) ≤ 2a.

4 ) Montrer que IE(M i,jν ) = 0.

5 ) Montrer que IE(|S1ν − S2

ν |) ≤√

a (suggestion: considerer la martingale M1,1n − 2M1,2

n + M2,2n ).

Exercice 4.42. (Identites de Wald) Soit (Yn)n≥1 une suite de v.a.r. independantes, integrables,de meme loi. On pose m = IE(Y1), S0 = 0, F0 = Ω, ∅ et, pour n ≥ 1, Sn = Y1 + · · · + Yn,Fn = σ(Y1, . . . , Yn). Soit ν un temps d’arret integrable.

A1 ) On pose Xn = Sn − nm. Montrer que (Xn)n≥0 est une martingale.

A2 ) Montrer que, pour tout n, IE(Sn∧ν) = mIE(n ∧ ν).

A3 ) Montrer que Sν est integrable et que IE(Sν) = mIE(ν) (considerer d’abord le cas Yn ≥ 0).

A4 ) Supposons IP (Yn = −1) = IP (Yn = 1) = 12 , pour tout n et τ = infn;Sn ≥ a, ou a est un entier

≥ 1. Dans l’Exercice 4.30, on a montre que τ < +∞ p.s. Montrer que τ n’est pas integrable.

B ) On suppose de plus que IE(Y 21 ) < +∞ et on note σ2 = Var(Y1). On suppose d’abord que m = 0

et on pose Zn = S2n − nσ2.

B1 ) Montrer que (Zn)n≥0 est une Fn-martingale.

B2 ) Montrer que, pour tout j < k, IE[Yj1j≤νYk1k≤ν] = 0 puis que IE[∑∞

k=1 Y 2k 1k≤ν] < +∞

(suggestion: on utilise A)).

B3 ) Montrer que (Sn∧ν)n≥0 est une suite de Cauchy dans L2. En deduire que Sn∧ν →n→∞ Sν dansL2.

B4 ) Montrer que IE(S2ν) = σ2IE(ν).

B5 ) On ne suppose plus m = 0. Montrer que IE((Sν −mν)2) = σ2IE(ν).

Exercice 4.43. Soit (Ω,F , (Fn)n≥0, IP ) un espace de probabilite filtre et ν une mesure finie surF = F∞. On suppose que, pour tout n ≥ 0, IP domine ν sur Fn et on note Xn la densite deRadon-Nikodym: Xn est donc Fn-mesurable et

ν(A) =∫

AXndIP

pour tout A ∈ Fn (en particulier Xn ≥ 0).

a ) Montrer que (Xn)n≥0 est une martingale.

b ) Montrer que (Xn)n≥0 converge p.s. vers une variable integrable X.

c ) Montrer que si IP domine ν sur F∞, X est la densite de Radon-Nikodym correspondante.

d ) On suppose que les deux mesures ν et IP sont etrangeres sur F∞, c’est a dire qu’il existe S ∈ F∞tel que IP (S) = 1 et ν(S) = 0. Montrer qu’alors X = 0 p.s.

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Martingales a temps discret 37

Exercice 4.44. Soit (Xn)n≥0 une martingale integrable definie sur un espace (Ω,F , (Fn)n≥0, IP ) etsoit ν un temps d’arret verifiant

IP (ν < +∞) = 1, IE(|Xν |) < +∞,

∫ν>n

|Xn| dIP →n→∞ 0.

1 ) Montrer que ∫ν>n

|Xν | dIP →n→∞ 0

2 ) Montrer que IE(|Xν∧n −Xν |) → 0.

3 ) En deduire que IE(Xν) = IE(X0).

Exercice 4.45. (Un resultat d’arret pour un temps d’arret non borne) On considere une surmartin-gale integrable (Ω,F , (Fn)n≥0, (Xn)n≥0, IP ). On suppose qu’il existe une constante M telle que, pourtout n ≥ 1,

IEFn−1(|Xn −Xn−1|) ≤ M p.s.1 ) Montrer que, si (Vn)n≥1 est un processus positif tel que, pour tout n ≥ 0, Vn soit Fn−1-mesurable,on a

IE( ∞∑

n=1

Vn|Xn −Xn−1|)≤ MIE

( ∞∑n=1

Vn

).

2 ) Soit ν un temps d’arret integrable. On rappelle que IE(ν) =∑

n≥1 IPν ≥ n.2a ) Deduire de 1) que IE(

∑n≥1 1ν≥n|Xn −Xn−1|) < +∞.

2b ) Que vaut∑

n≥1 1ν≥n(Xn −Xn−1)? En deduire que Xν est integrable.

3 ) Montrer que (Xν∧p)p≥0 tend vers Xν dans L1 lorsque p →∞4 ) En deduire que , si ν1 ≤ ν2 sont deux temps d’arret avec ν2 integrable, on a

IE(Xν2 | Fν1) ≤ Xν1

(on peut se servir du fait suivant: si A ∈ Fν1, alors A ∩ ν1 ≤ k ∈ Fν1∧k, apres l’avoir prouve . . . ).

Exercice 4.46. 1 ) Montrer qu’une martingale est reguliere si et seulement si elle est equiintegrable(Voir Exercice 2.5).

2 ) Soit (Xn)n≥0 une martingale verifiant

supn≥0

IE[|Xn| log+ |Xn|] < +∞. (4.11)

Montrer que (Xn)n≥0 est une martingale reguliere.

Remarque:Le resultat le plus important de cet exercice est le suivant: une martingale est reguliere siet seulement si elle elle est equi-integrable, c’est-a-dire verifie la condition

supn≥0

∫|Xn|>a

|Xn| dIP →a→+∞ 0.

Exercice 4.47. Soit (Ω,F , IP ) un espace de probabilite. On suppose que la tribu F est separable i.e.qu’il existe une famille denombrable (Fn)n≥1 d’evenements tels que F = σ(Fn, n ≥ 1). Soit Q uneprobabilite sur (Ω,F) absolument continue par rapport a IP , i.e. verifiant Q(A) = 0 si IP (A) = 0.

1a ) Soit (An)n≥1 une suite d’evenements tels que∑∞

n=1 IP (An) < +∞ et verifiant, pour tout n,Q(An) ≥ α > 0. Soit A = limsup n→∞ An. Montrer que IP (A) = 0 et Q(A) ≥ α.

1b ) En deduire que, pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que IP (A) < η implique Q(A) < ε.

2 ) Montrer qu’il existe une famille denombrable Pn = (Gn,k)1≤k≤r(n) de partitions finies de Ω telleque

Fn = σ(F1, . . . , Fn) = σ(Pn).

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Martingales a temps discret 38

3 ) Soit In = k ∈ 1, . . . , r(n) , IP (Gn,k) > 0. On pose

Xn =∑k∈In

Q(Gn,k)IP (Gn,k)

1Gn,k .

Montrer que (Xn)n≥1 est une (Fn)n≥0-martingale qui converge p.s.

4 ) Montrer que la martingale (Xn)n≥1 est equi-integrable (utiliser 1b)) et en conclure qu’elle convergedans L1.

5 ) Montrer que, pour tout A ∈ F , Q(A) =∫A X dIP , ou X = limn→+∞ Xn.

Remarque: Cet exercice presente une demonstration du theoreme de Radon-Nikodym pour une tribuseparable. On peut, mais c’est assez technique, etendre cette demonstration aux tribus quelconques.

Exercice 4.48. Sur l’espace de probabilite filtre (Ω, F , (Fn)n≥0, IP ) on considere une sous-martingale(Xn)n≥0 telle que X0 = 0. Soit (An)n≥0 son compensateur. On a deja vu comment deduire desinformations sur la convergence d’une martingale, a partir du comportement du processus croissantassocie. Dans ce probleme on va plus a fond sur cette question.

1 ) On suppose que Xn ≥ 0 pour tout n et on pose, pour a > 0, σa = inf(n ≥ 1, An+1 > a).

1a ) Montrer que σa est un temps d’arret.

1b ) Montrer que IE[Xn∧σa ] ≤ a.

1c ) En deduire que (Xn)n≥0 converge p.s. sur σa = +∞.1d ) Montrer que, p.s.,

A∞ < +∞ ⊂ Xnconverge ⊂

supn≥0

Xn < +∞

.

On pose, pour a > 0, τa = inf(n ≥ 1, Xn > a). On dit que (Xn)n≥0 est de classe C+ si, pour touta > 0,

IE[(∆τa)+1τa<+∞] = Ca < +∞

ou ∆n = Xn − Xn−1, n ≥ 1 (en particulier (Xn)n≥0 est de classe C+ si IE(supn≥0 |Xn − Xn−1|) ≤M < +∞ pour tout n ≥ 0).

2 ) On suppose que (Xn)n≥0 est de classe C+ (on ne suppose plus Xn ≥ 0).

2a ) Montrer que IE[X+τa

1τa<+∞] ≤ a + Ca, puis que IE[X+n∧τa

] ≤ 2a + Ca.

2b ) En deduire que supn≥0 IE|Xn∧τa | < +∞, puis que (Xn)n≥0 converge p.s. sur τa = +∞ (utiliserl’egalite |x| = 2x+ − x).

2c ) En deduire que p.s. Xn converge = supn≥0 Xn < +∞.2d ) Montrer que IE[An∧τa ] = IE[Xn∧τa ] ≤ 2a + Ca. En deduire que IE[Aτa ] < +∞ et que, p.s.,τa = +∞ ⊂ A∞ < +∞.2e ) Montrer que p.s. supn≥0 Xn < +∞ ⊂ A∞ < +∞.2f ) On suppose de plus que Xn ≥ 0 pour tout n; montrer que

Xn converge =

supn≥0

Xn < +∞

= A∞ < +∞ p.s..

3 ) On suppose que (Xn)n≥0 est une martingale satisfaisant a la relation IE(supn≥0 |∆n|) < +∞.Montrer que p.s.

Ω = Xn converge ∪

lim supn→∞

Xn = +∞, lim infn→∞ Xn = −∞

.

4 ) Soit (Bn)n≥1 une suite d’evenements adaptes. Montrer que p.s. ∞∑n=1

IPFn−1(Bn) < +∞

= ∞∑

n=1

1Bn < +∞

.

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Martingales a temps discret 39

5 ) Soit (Mn)n≥0 une martingale de carre integrable, nulle en 0, et (〈M〉n)n≥0 le processus croissantassocie. On pose An = 〈M〉n.

5a ) Montrer que la sous-martingale Xn = (Mn + 1)2 a pour compensateur (An)n≥0.

5b ) En deduire (utiliser 1)) que p.s.

A∞ < +∞ ⊂ Mnconverge.5c ) On suppose de plus que IE(supn≥0 |Mn+1 −Mn|2) < +∞. Montrer que p.s.

A∞ < +∞ = Mn convergeA∞ = +∞ = limn→+∞Mn = +∞, limn→+∞Mn = −∞

.

(une inegalite utile: |y2 − x2| ≤ |y − x|2 + 2|x||y − x|).Exercice 4.49. Dans ce probleme on montre, avec une methode probabiliste, que toute fonction Lip-schitzienne est primitive d’une fonction mesurable bornee.

Soient f : [0, 1] → R, une fonction Lipschitzienne de constante de Lipschitz L > 0 et X une v.a. avaleurs [0, 1], de loi uniforme. On pose

Xn =[2nX]

2net Zn = 2n(f(Xn + 1

2n )− f(Xn))

ou [x] designe la partie entiere du reel x.

a ) Etudier la convergence de (Xn)n≥0.

b ) Montrer l’egalite de tribus ⋂n≥0

σ(Xn, Xn+1, . . . ) = σ(X).

c ) Determiner la loi conditionnelle de Xn+1 sachant (Xk)k≤n. En deduire que (Zn)n≥0 est unemartingale bornee.

On note Z∞ sa limite p.s. et dans L1.

d ) Montrer qu’il existe une fonction g borelienne telle que Z∞ = g(X).

e ) Calculer la loi conditionnelle de X sachant Xn et montrer que p.s.,

Zn = 2n∫ Xn+ 1

2n

Xn

g(u)du.

f ) Deduire que pour tout k, n, 0 ≤ k ≤ 2n − 1,

f( k2n + 1

2n )− f( k2n ) =

∫ k+12n

k2n

g(u)du

et conclure que pour tout x ∈ [0, 1],

f(x)− f(0) =∫ x

0g(u)du. (4.12)

Exercice 4.50. Soit (Yn)n≥1 une suite de v.a. a valeurs dans Z, independantes et de meme loi µ. Onsuppose que IE(Yi) = m < 0 et IP (Yi = 1) > 0, IP (Yi ≥ 2) = 0. On pose X0 = 0, Xn = Y1 + · · ·+ Yn et

W = supn≥0

Xn.

Le but de ce probleme est de trouver la loi de W .

a ) Montrer que W < +∞ p.s.

b1 ) Soit X une v.a. reelle. On note M(λ) = IE(eλX) sa transformee de Laplace (eventuellementM(λ) = +∞) et ψ(λ) = log M(λ). Montrer que ψ est une fonction convexe (suggestion: on utilisel’inegalite de Holder).

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Martingales a temps discret 40

b2 ) On pose M(λ) = IE(eλY1) et ψ(λ) = log M(λ). Montrer que ψ(λ) < +∞ pour tout λ ≥ 0.Que vaut ψ′(0+)? Montrer que ψ(λ) → +∞ pour λ → +∞ et qu’il existe un λ0 > 0 unique tel queψ(λ0) = 0 et que de plus ψ′(λ0) > 0.

c ) On considere la mesure sur Zν(k) = eλ0kµ(k).

Montrer que ν est une probabilite. Soit (Yn)n≥1 une suite de v.a. independantes et de meme loi νet X0 = 0, Xn = Y1 + · · · + Yn. Montrer que IE(Yn) > 0. Montrer que, si Yn = (Y1, . . . , Yn) etYn = (Y1, . . . , Yn), on a, pour tout borelien A ⊂ Rn,

IP (Yn ∈ A) = IE(1Y∈Ae−λ0Xn). (4.13)

d ) Montrer que (eλ0Xn)n≥0 (resp. (e−λ0Xn)n≥0) sont des martingales par rapport a la filtrationFn = σ(Y1, . . . , Yn) (resp. Fn = σ(Y1, . . . , Yn)).

e ) On pose τk = infn;Xn ≥ k, τk = infn; Xn ≥ k. Montrer que

IP (τk ≤ n) = IE(1τk≤ne−λ0Xn) = IE(1τk≤ne−λ0Xτk ) == e−λ0kIP(τk ≤ n).

(4.14)

f ) Montrer que IP (τk < +∞) = 1 et que W a une loi geometrique de parametre 1−e−λ0. Determinerλ0 dans le cas IP (Yi = −1) = q, IP (Yi = 1) = p, avec 0 < p < q < 1.

Exercice 4.51. Sur (Ω,F , (Fn)n≥0, IP ), on considere une probabilite Q dominee localement par IP :pour tout n ≥ 0, il existe une variable aleatoire ξn ≥ 0, Fn-mesurable telle que pour tout A ∈ Fn,

Q(A) = IE(ξn1A).

On a vu dans l’Exercice 4.43 que (ξn)n≥0 est une martingale, d’esperance 1. Le but de cet exerciceest de determiner certaines transformations qui changent les martingales par rapport a IP en desmartingales par rapport a Q. On notera IEIP et IEQ les esperances par rapport a IP et Q respectivement.

On pose αn = ξnξ−1n−11ξn−1>0. On suppose que pour tout n, les variables ξn et αn sont bornees

IP -p.s. Ceci implique en particulier que toute variables aleatoire Y Fn-mesurable et IP -integrable estegalement Q-integrable.

Soit (Mn)n≥0 une IP -martingale. On pose

M ′n = Mn −

n∑p=1

IEIPFp−1(αp(Mp −Mp−1))

(cette expression a un sens en vertu des hypotheses precedentes).

a ) Montrer que, pour tout n ∈ N, ξn = 0 ⊂ ξn+1 = 0 IP -p.s.

b ) Soit Y une v.a. positive Fn-mesurable. Calculer IEFn−1

Q (Y ). En deduire IEFn−1

Q (Y ) si Y estIP -integrable et Fn-mesurable.

c ) Montrer que (M ′n)n≥0 est une Q-martingale.

d ) On reprend la martingale de l’Exercice 4.30,

ξθn =

eθSn

(cosh θ)n,

ou (Sn)n≥0 est la marche aleatoire symetrique simple (Sn =∑n

i=1 Ui, ou les (Ui)i≥1 forment une suitede variables independantes a valeurs +1 ou −1 avec probabilite 1

2). Soit Q une probabilite sur Ω telleque sa restriction a Fn, notee Q|Fn

, satisfait a

Q|Fn= ξθ

n.IP|Fn.

Expliciter la Q-martingale (S′n)n≥0 associee a (Sn)n≥0.

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Martingales a temps discret 41

Exercice 4.52. Dans ce probleme on applique un resultat de convergence de surmartingales positivesa l’etude d’un algorithme stochastique.

Soit (Ω,F , (Fn)n≥0, IP ) un espace de probabilite filtre.

A ) (lemme de Robbins-Siegmund) On considere (Zn,βn, ξn, ηn)n≥0, des v.a. positives, adaptees,finies p.s. On suppose que, pour tout n ≥ 0,

IEFn(Zn+1) ≤ (1 + βn)Zn + ξn − ηn p.s.

On va etablir un critere de convergence p.s. pour la suite (Zn)n≥0.

A1 ) On pose

α−1 = 1, αn =n∏

k=0

(1 + βk)−1,

Z ′n = αn−1Zn, ξ′n = αnξn, η′n = αnηn.

Montrer queIEFn(Z ′

n+1) ≤ Z ′n + ξ′n − η′n

et que Un = Z ′n −

∑n−1k=1(ξ′k − η′k) est une surmartingale.

A2 ) Soit a > 0. On considere le temps d’arret

τa = infn ≥ 1,n−1∑k=0

(ξ′k − η′k) > a.

Montrer que, sur τa = +∞, (Un)n≥0 converge p.s. vers une v.a. finie.

A3 ) Soit Γ = ∑∞n=1 βn < +∞,

∑∞n=1 ξn < +∞, .

i ) Montrer que, sur Γ, αn converge vers α∞ > 0 et que∑∞

n=1 ξ′n < +∞.

ii ) Montrer que, sur Γ, (Zn)n≥0 converge p.s. vers une v.a. Z∞ finie et que∑∞

n=1 ηn < +∞ p.s.

B ) (Algorithmes de Robbins-Monro) On considere maintenant une suite adaptee de vecteurs aleatoires(Xn, Yn)n≥0 a valeurs Rd × Rd et une suite (γn)n≥0 de v.a. positives, adaptees telles que

Xn+1 = Xn + γnYn+1.

On suppose qu’il existent une fonction borelienne f : Rd → Rd, une constante K < +∞ et x0 ∈ Rd

tels queIEFn(Yn+1) = f(Xn), IEFn(|Yn+1|2) ≤ K(1 + |Xn|2),

et que,

(i )∑∞

n=1 γn = +∞,∑∞

n=1 γ2n < +∞.

(ii ) f est continue, f(x0) = 0 et 〈x− x0, f(x)〉 < 0 pour x 2= x0.

B1 ) On pose Zn = |Xn − x0|2. Montrer qu’il existe une constante K telle que

IEFn(Zn+1) ≤ (1 + Kγ2n)Zn + Kγ2

n + 2γn〈Xn − x0, f(Xn)〉.B2 ) Deduire de A) que (Zn)n≥0 converge p.s. vers une v.a. Z et que la serie

∑∞n=1 γn〈Xn−x0, f(Xn)〉

converge p.s.

B3 ) Montrer que Z = 0 p.s. i.e. que Xn →n→+∞ x0 p.s.