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Mémoire de recherche
Charlotte SAINT-ANDRE
Arnaud GUILLIEN
Année universitaire 2007-2008
Promotion 8
Etude de HIF-1α : inhibition de l’interaction de HIF-1 / ADN par des polyamides
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RESUME
Grâce à la voie HIF-1, les cellules tumorales ont mis en place des mécanismes d’adaptation à
l’hypoxie. En hypoxie, HIF-1α n’est pas dégradé ce qui va lui permettre d’être transloqué, de
se dimériser avec HIF-1β, ainsi le dimère formé (HIF-1) va activer la transcription de ses
gènes cibles via l’interaction avec le HRE (Hypoxia Response Element). En effet, HIF-1 peut
ainsi activer la transcription de nombreux gènes impliqués notamment dans le développement
tumoral (VEGF pour l’angiogenèse, les cyclines pour la prolifération cellulaire ou EPO pour
l’érythropoïèse). HIF-1 représente ainsi une cible thérapeutique prometteuse pour le
développement de traitement anti-cancéreux. Cependant, dans certaines tumeurs, HIF-1 active
la transcription de gènes impliqués dans l’apoptose tels que BNIP3. Il s’agit donc d’une part
de bloquer spécifiquement la voie HIF-1, afin de ne cibler que les cellules tumorales, et
d’autre part de ne cibler que les gènes impliqués dans le développement tumoral. Pour cela,
Nickols et son équipe ont choisi d’interrompre l’interaction HIF-1/ADN grâce à l’action de
petites molécules : les polyamides. Ils ont ainsi comparé la spécificité d’action des
polyamides avec celle de l’échinomycine et du siRNA de HIF-1α. Leurs résultats montrent
que le polyamide 1 a la meilleure affinité pour la séquence HRE. En revanche, il vise un panel
de gènes plus restreint que l’échinomycine et le siRNA et n’affecte pas l’expression des gènes
de l’apoptose. A la vue de ces résultats, le polyamide 1 semble être un bon candidat pour
cibler spécifiquement la voie HIF-1. On se propose pour la suite, de tester l’efficacité de ce
polyamide sur des lignées cellulaires cancéreuses et de vérifier la toxicité sur des cellules
saines, avant de passer à de l’expérimentation animale.
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SOMMAIRE
I. Introduction……………………………………….……………1
1) Fonctions de HIF-1…………………………………………………………………....1
2) Structure de HIF-1………………………………………………………………..…..2
3) Mécanismes de régulation de HIF-1α………………………………………………..5
a. Dépendant de l’oxygène………………………………………………….…….5
i. Condition normoxique……………………………………………...5
ii. Condition hypoxique……………………………………….............7
b. Indépendant de l’oxygène……………………………………………………..7
4 ) HIF-1α comme cible thérapeutique…………………………………………………9
II. Inhibition de l’interaction HIF-1/ADN par des petites
molécules…………………………………………….………...11
1) Conception des polyamides…………………………………………………...…….11
2) Mesure de l’affinité des polyamides et de l’échinomycine…………………..……13
3) Suppression de l’expression de VEGF et FLT1 dans des conditions
hypoxiques………………………………………………………………………...…13
4) Analyse de l’expression génique……………………………………………...…….15
III. Projet de recherche…………………………………...………19 1) Effet des polyamides in vivo sur des cellules humaines tumorales en hypoxie ou en
normoxie : U251 et Hela………………..……………………………………..…….19
a. Evaluation de la prolifération cellulaire par test colorimétrique MTT……….19
b. Evaluation de la survie cellulaire par TUNEL ……………………………….20
2) Test de demi-vie des polyamides dans le sérum……………………………..…….20
3) Test de toxicité sur cellules endothéliales humaines saines (HMEC-1) en hypoxie
ou non…………………………………………………………………………….…..21
4) Test sur le petit animal……………………………………………………………...21
Conclusion……………………………………………………….…..22 Bibliographie…………………………………………………….…..23
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I. Introduction L’oxygène est une des molécules indispensables à la survie des organismes multicellulaires.
Dans le processus de respiration cellulaire, il constitue l’accepteur final d’électrons au niveau
de la chaîne respiratoire des mitochondries et permet ainsi la synthèse d’ATP. Ce sont les
vaisseaux sanguins qui apportent aux cellules les éléments indispensables à leur croissance
tels que l’oxygène et les nutriments.
L’hypoxie est une caractéristique commune des tumeurs solides. Il s’agit d’une diminution de
la concentration en oxygène au sein de la cellule. Elle peut être chronique (lorsque l’oxygène
ne diffuse pas jusqu’aux cellules périphériques tumorales), ou aiguë (lorsqu’une
vascularisation aberrante apparaît suite au développement de la tumeur). Afin d’éviter une
nécrose des cellules périphériques induite par la privation d’oxygène et de nutriments, les
tumeurs ont mis en place des mécanismes d’adaptation à l’hypoxie.
En altitude, l’hypoxie entraîne les adaptations physiologiques suivantes : hyperventilation,
augmentation de la synthèse de l’érythropoiétine (EPO) suivie de l’activation de la synthèse
d’érythrocytes et donc de l’augmentation de la capacité de transport d’oxygène. Si l’hypoxie
persiste on observe également un phénomène d’angiogenèse. En 1992, Semenza et al. mettent
en évidence un facteur de transcription induit par l’hypoxie et capable d’interagir avec une
séquence enhancer (HRE : Hypoxia Response Element) du gène de l’EPO (Semenza et al.,
1992). Il s’agit du facteur de transcription HIF-1, protéine clé de l’adaptation à l’hypoxie. La
même équipe a ensuite purifié et caractérisé cette protéine (Wang et al,. 1995).
1) Fonctions de HIF-1
Normalement exprimé en condition d’hypoxie, il a été démontré que ce facteur est également
exprimé dans certaines conditions de normoxie comme lors de l’embryogenèse. Des souris
KO pour le gène HIF-1 ont été réalisées. Ces KO présentent un phénotype embryonnaire-létal
(Ryan et al., 1998). HIF-1 active la transcription de plus de 70 gènes, favorisant notamment
la croissance de la tumeur, tels que des gènes impliqués dans la prolifération cellulaire
(cyclines), dans le métabolisme du glucose (glut-1), dans l’angiogenèse (VEGF) ou
l’érythropoïèse (EPO) (Feldser et al., 1999 ; Gleadle & Ratcliffe, 1997 ; Forsythe et al.,
1996 ; Jiang et al., 1996). HIF-1 constitue ainsi une cible thérapeutique intéressante.
Cependant, dans certains types de tumeurs, HIF-1 a un effet anti-prolifératif en activant la
transcription de gènes de l’apoptose (Bruik, 2000).
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2) Structure de HIF-1
HIF-1 est une protéine hétérodimérique constituée de 2 sous-unités : HIF-1α (120 kDa) et
HIF-1β (Wang et al., 1995). Ces dernières appartiennent à la famille des protéines à domaine
PAS pour Per-ARNT-Sim, du nom des trois premières protéines identifiées contenant ce
motif structural (Figure 1). Le domaine PAS est constitué de 2 sous-unités homologues A et
B impliquées dans la dimérisation, quant au domaine bHLH (basic Helix-Loop-Helix), il est
impliqué dans l’interaction avec l’ADN ainsi que dans la formation de l’hétérodimère entre
les sous-unités HIF-1α et HIF-1β. Les 2 sous-unités possèdent 2 séquences de localisation
nucléaire chacune (NLS) et des domaines de transactivation (TAD) (Jiang et al., 1997).
HIF-1β, également connue sous le nom de ARNT (Aryl Hydrocarbon Nuclear Translocator),
est une protéine nucléaire exprimée de façon constitutive. En revanche, HIF-1α contient un
domaine ODD (Oxygen-Dependant-Degradation) qui permet de réguler sa stabilité en
hypoxie à travers l’hydroxylation de deux prolines (P402 et P564) et l’hydroxylation d’une
lysine (K532) (Pugh et al., 1997). Elle est adressée au protéasome et dégradée en condition
normoxique, alors qu’en hypoxie elle est transloquée vers le noyau où elle se dimérise avec
HIF-1β pour activer la transcription des gènes cibles (Figure 2).
Il existe 2 autres membres dans la famille de HIF-1α : HIF-2α et HIF-3α. HIF-2α partage 48%
d’identité de séquence en acides aminés avec HIF-1α et possède des similarités biochimiques
et structurales avec HIF-1α (hétérodimérisation avec HIF-1β et fixation sur le HRE). HIF-2α
est exprimée principalement dans les cellules endothéliales des tissus vasculaires tels que les
poumons, les reins et le cœur (Talks et al., 2000). HIF-3α, facteur dont l’activité est mal
connue, a une organisation structurale semblable aux deux autres sous-unités α (Makino et
al., 2002).
Les expressions tissulaires de HIF-2α et HIF-3α sont plus restreintes que celle de HIF-1α
exprimée de façon ubiquitaire. Le facteur de transcription HIF-1α est de ce fait le plus étudié
(Semenza, 2000).
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Figure 1 : Structures de HIF-1α et HIF-1β. bHLH : basic Helix-Loop-Helix. TAD: Transactivation Domain. PAS : Per-ARH-ARNT-Sim, domaine constitué de 2 sous-unités homologues internes A et B. NLS : Nuclear Localization Domain. La sous-unité HIF-1α (826 acides aminés) est une protéine de 120 kDa qui fait l’objet d’une dégradation en normoxie et d’une stabilisation en hypoxie via son domaine ODD. La sous-unité HIF-1β ou ARNT (aryl hydrocarbon nuclear receptor translocator) ne possédant pas de domaine ODD est une protéine nucléaire exprimée de façon constitutive. Il existe 2 isoformes de HIF-1β (774 et 789 acides aminés c’est-à-dire respectivement 92 et 94 kDa). Figure 2 : Structure détaillée du gène de HIF-1α. ODDD : Oxygen Dependant Degradation Domain. TAD : Transactivation Domain. NLS : Nuclear Localization Signal. Le gène codant pour HIF-1α code chez l’homme pour un ARNm comprenant 15 exons et une protéine de 826 acides aminés (aa.). Les domaines bHLH (17-30 aa.) et PAS (85-298 aa.) permettent la formation de l’hétérodimère HIF-1α et HIF-1β, et la fixation sur les HRE (hypoxia response elements, 5’(A/G)CGTG 3’) des gènes cibles. Le domaine PAS est divisé en 2 sous-domaines, PAS-A (85-158 aa.) and PAS-B (228-298 aa.). HIF-1α fait l’objet de régulation O2-dépendante via des modifications post-traductionnelles sur son domaine ODDD (P402, K532 et P564). Le domaine ODD (401-603 aa.) contenant le N-TAD contrôle la dégradation de HIF-1α par la voie ubiquitine/protéasome. Le domaine de transactivation (C-TAD) permet le recrutement de coactivateurs et l’activation de la transcription des gènes cibles. Les signaux de localisation nucléaire (NLSs) sont situés en N-terminal (17-74 aa.) and C-terminal (718-721 aa.) de HIF-1α. Le C-NLS est crucial dans l’importation nucléaire de HIF-1α.
N L S
HIF-1α
HIF-1β
TAD
TAD PAS ODD
N L S
N L S
bHLH
N L S
bHLH PAS
TAD
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Figure 3 : Régulation de la transactivation et de la stabilisation HIF-1α dépendante de l’oxygène. En normoxie (à gauche), deux résidus prolines de HIF-1α (P402 et P564) et l’asparagine (N803) sont hydroxylés respectivement par les PHDs et FIH-1. Ces modifications post traductionnelles sont dépendantes de la concentration en fer, 2-oxoglutarate et oxygène. Les protéines HIF-1α hydroxylées vont se fixer au complexe VHL-E3 ubiquitine ligase menant à leur dégradation par le protéasome. L’acétylation de la lysine (K532) par ARD1 favorise l’interaction de HIF-1α avec VHL. D’autre part, le recrutement des coactivateurs comme CBP/p300 est bloqué par l’hydroxylation de N803. En hypoxie (à droite), les activités des PHDs et de FIH-1 sont inhibées à cause du manque d’oxygène. Ainsi les prolines et l’asparagine ne seront pas hydroxylées. Donc VHL n’est plus fixée et HIF-1α est stabilisée. Les protéines HIF-1α stabilisées vont être transloquées dans le noyau et vont se fixer à HIF-1β. Comme N803 n’est plus hydroxylée, les coactivateurs CBP/p300 vont être recrutés. L’hétérodimère va se fixer sur une séquence spécifique (HRE) et induire la transcription des gènes cibles. 2-OG (2-OxoGlutarate), ARD1 (ADP-Ribosylation factor Domain 1), CBP (CREB Binding Protein), FIH-1 (Factor Inhibiting HIF-1), HIF (Hypoxia-Inducible Factor), HRE (Hypoxia Response Element), PHD (Prolyl-4-Hydroxylase Domain), Ub (Ubiquitin), VHL (Von Hippel-Lindau)
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3) Mécanismes de régulation de HIF-1α
a. Dépendant de l’oxygène : Figure 3
i. Condition normoxique
La protéine HIF-1α va être prise en charge par les prolyl hydroxylases (Bruik et al., 2001).
Cette famille d’enzymes contient 3 membres : PHD1 (Prolyl-4-Hydroxylase Domain 1),
PHD2 et PHD3 (Epstein et al., 2001). L’expression de HIF-1α est régulée par les PHDs qui
sont elles même dépendantes de l’oxygène et du fer pour leur activité (Epstein et al., 2001).
HIF-1α va être hydroxylée sur 2 prolines (P) contenues dans le domaine ODD : P402 et P564
(Ivan et al., 2001, Jaakkola et al., 2001). D’autre part, une acétylation sur la lysine (K)
présente dans ODDD en position 532 par la protéine ARD1 (ADP-Ribosylation factor
Domain 1) a été démontrée (Jeong et al., 2002). Ces modifications post-traductionnelles vont
permettre le recrutement de la protéine suppresseur de tumeurs VHL (Von Hippel-Lindau,
Maxwell et al., 1999). VHL fait partie du complexe multiprotéique E3 ubiquitine ligase. HIF-
1α va donc être polyubiquitinylée et sera dégradée très rapidement par le protéasome 26S
(Kallio et al., 1999). La durée de demi-vie de la protéine HIF-1α est inférieure à 5 minutes en
normoxie (Chun et al., 2002).
Les protéines HIF-1α échappant à la dégradation par le protéasome vont être régulées par
l’action d’une seconde enzyme appelée FIH (Factor Inhibiting HIF-1, Mahon 2001, Lando et
al., 2002a). FIH, tout comme les PHDs, utilise l’oxygène comme substrat. HIF-1α va être
hydroxylée sur une asparagine (N) contenue dans le domaine de transactivation (TAD) C-
terminal : N803 (Lando et al., 2002b). HIF-1α va être transloquée dans le noyau via une
protéine chaperonne appelée Hsp90 (Minet et al., 1999). HIF-1α va interagir avec HIF-1β,
l’hétérodimère HIF-1 ainsi formé va se fixer sur une séquence consensus 5’-(A/G)CGTG-3’
du gène cible appelé HRE (Hypoxia Response Element, Semenza et al., 1996). Comme on a
une hydroxylation de N803, les protéines co-activatrices transcriptionnelles p300/CBP ne
vont pas pouvoir interagir avec HIF-1α (Lando et al., 2002a). En condition normoxique, les
PHDs et la FIH, détecteurs d’oxygène, permettent donc de verrouiller la transcription des
gènes cibles de HIF-1.
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Figure 4 : Régulation indépendante de l’oxygène de la synthèse protéique de HIF-1α. Les facteurs de croissance se lient à leurs récepteurs spécifiques qui ont une activité tyrosine kinase. Ils vont permettre l’activation des voies de signalisation de la PI3K (phosphatidylinositol-3-kinase) et/ou des MAPK(mitogen-activated protein kinases). PI3K va activer par phosphorylation AKT (protéine kinase B) qui elle même va activer mTOR
(mammalian target of rapamycin). Dans la voie des MAPK, ERK est activée en amont par la MAP/ERK (MEK). A son tour, ERK va phosphoryler MNK. ERK et mTOR phosphorylent la p70 S6K. Cette dernière phosphoryle la protéine ribosomale S6 entraînant ainsi l’activation d’eIF-4E (eukaryotic translation initiation factor S6 protein). D’autre part, ERK et mTOR vont inhiber la protéine 4E-BPI, l’empêchant ainsi de se lier à eIF-4E. Lorsque 4E-BPI se lie à eIF-4E, elle l’inactive et prévient la traduction cap-dépendante des ARNm. MNK phosphoryle eIF-4E et stimule directement son activité. L’effet de l’activation de ces voies de signalisation sous la dépendance de facteurs de croissance est une augmentation de la vitesse de traduction d’un ensemble d’ARNm dont fait partie l’ARNm de HIF1-α. La protéine est produite en plus grandes quantités que ne peut en dégrader le système VHL-E3 ubiquitine ligase-protéasome. Elle s’accumule, gagne le noyau, s’associe avec HIF1-β et va ainsi pouvoir transactiver ses gènes cibles.
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ii. Condition hypoxique
Dans des conditions hypoxiques, l’action des PHDs et de la FIH qui utilisent l’oxygène
comme substrat sont diminuées voire inhibées. Ainsi les régulations post-traductionnelles
(hydroxylations) de HIF-1α ne sont plus réalisées et VHL ne se fixe plus. HIF-1α ne va donc
plus être dégradée par le protéasome. Il va être transloqué dans le noyau via Hsp90.
L’hétérodimère HIF-1α / HIF-1β va se fixer sur le HRE dans le promoteur des gènes cibles.
Les co-activateurs tels que CBP/p300 (CREB-Binding Protein) vont pouvoir être recrutés et
activer la transcription du gène cible.
Une balance est donc créée entre la stabilisation et la dégradation des protéines HIF-1α dans
les cellules humaines.
b. Indépendant de l’oxygène
Cette régulation est basée sur la stimulation de la croissance cellulaire par des facteurs de
croissance qui permettent l’augmentation de la quantité de protéines HIF-1α (Figure 4). La
régulation de l’expression de HIF-1 par les facteurs de croissance a été démontrée pour la
première fois dans des cellules cancéreuses de prostate, dans lesquelles HIF-1 est exprimé de
façon constitutive même dans des conditions de normoxie (Zhong et al., 1998). On peut citer,
parmi les facteurs de croissance ayant un tel effet, IGF-1 (Insulin-like Growth Factor), IL-1
(InterLeukin-1) et EGF (Epidermal Growth Factor) (Fukuda et al., 2002 ; Stiehl et al., 2002 ;
Jiang et al., 2001).
Lorsqu’un de ces facteurs de croissance se fixe sur son récepteur tyrosine kinase, une ou des
voies de signalisation vont être activées : la voie PI3K (Phosphatidylinositol-3-Kinase) ou/et
de la voie des MAP kinases (Mitogen-Actived Protein kinases). L’activation de l’une ou
l’autre de ces deux voies entrainera l’inhibition de la protéine 4E-BPI et l’activation de eIF-
4E (facteur d’initiation de la traduction). La traduction de l’ARNm de HIF-1α est augmentée,
engendrant une accumulation de protéines HIF-1α. La quantité de protéines HIF-1α est telle
que le système de dégradation VHL-E3 ubiquitine ligase-protéasome est surpassé. Par
conséquent, HIF-1α est transloquée dans le noyau et va activer la transcription des gènes
cibles (Forsythe et al., 1996).
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.
Figure 5 : Cibles possibles de l’inhibition de HIF-1α par des petites molécules. 1 : traduction de HIF-1α ; 2 : voie de signalisation mTOR (mammalian target of rapamycin) ; 3 : dégradation de la protéine HIF-1α ; 4 : translocation de HIF-1α ; 5 : interaction entre p300 et HIF-1α ; 6 : interaction entre HIF-1 et l’ADN du gène cible (HRE). Abréviations : 2ME2 (2-methoxyestradiol), HDACi (histone deacetylase inhibitors), HRE (hypoxia response element), YC-1 (3-(5’-hydroxymethyl-2’-furyl)-1-benzylindazole).
ARNm HIF-1α HIF-1α HIF-1α HIF-1β
HRE
p300 p300
mTOR
Facteur de croissance
Chétomine
Temsirolimus Gefitinib Herceptin
Protéasome
Topotecan 2-ME2
HDACi YC-1
1
2
3
5
6 Echinomycine
Polyamides
4
Gualdanamycine
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4) HIF-1α comme cible thérapeutique
Des analyses immunohistochimiques ont montré la surexpression nucléaire de HIF-1α dans
des tumeurs solides variées (Talks et al., 2000).
De nombreuses études réalisées démontrent clairement que l’accumulation de HIF-1α dans les
cellules tumorales est en général favorable à la progression maligne et est souvent corrélée à
un faible taux de survie des patients (Harris, 2002). Il semble donc très intéressant de pouvoir
cibler l’action de HIF-1α afin de contrer l’angiogenèse et la prolifération tumorale.
De nombreuses investigations ont été entreprises pour cibler la voie de signalisation de HIF-1.
Le but de ces nouvelles thérapies est d’exploiter le microenvironnement hypoxique de la
tumeur ou de manipuler la voie de signalisation de HIF-1 pour inhiber la croissance tumorale.
Plusieurs approches (Figure 5) ont été utilisées pour inhiber l’expression et/ou l’activité de
HIF-1α : siRNA, inhibiteurs de l’accumulation des protéines HIF-1α (topotecan, inhibiteurs
de Hsp90, 2ME-2, YC-1, HDACi), inhibiteurs des voies de signalisation impliquées dans
l’activation de HIF-1α (inhibiteurs de la voie mTOR, inhibiteurs du récepteur du facteur de
croissance épidermique EGFR) (Melillo, 2007). La plupart de ces agents décrits sont
impliqués dans d’autres fonctions biologiques. Ces agents représentent donc des inhibiteurs
non sélectifs de HIF-1. Au contraire, des inhibiteurs sélectifs seront des outils idéaux pour
cibler la voie HIF-1 et pour établir des thérapies potentielles d’inhibition de HIF-1. Plusieurs
domaines de HIF-1 ont été des cibles appropriées pour le développement d’inhibiteurs
sélectifs de HIF-1 : domaines impliqués dans la dimérisation avec HIF1-β, dans le
recrutement de coactivateurs qui sont exigés pour une activité transcriptionnelle, ou dans la
fixation à l’ADN. Par exemple, la chétomine a permis d’empêcher l’interaction entre le C-
TAD de HIF-1α et le domaine CH1 de p300. Cette molécule permet une atténuation de la
transcription inductible par l’hypoxie et une diminution de la croissance des tumeurs (Kung et
al., 2004).
Une autre approche a été d’inhiber l’interaction entre HIF-1 et la séquence spécifique d’ADN
(HRE) des gènes cibles. Le blocage de cette interaction entre ADN et HIF-1 peut se réaliser
par des polyamides synthétiques mais aussi par un peptide cyclique appelé échinomycine.
Dans ce rapport, nous verrons si les polyamides peuvent être des molécules efficaces pour
lutter contre le cancer.
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Figure 6 : Structure de l’échinomycine (NSC-13502, Van Dyke & Dervan, 1984). Peptide cyclique constitué de 2 chromophores et d’un octapeptide. C’est une molécule intercalante qui interagit avec le petit sillon de l’ADN via ses chromophores.
Figure 7 : Structures des petites molécules utilisées et stratégies d’inhibition de l’expression du gène VEGF (vascular epidermal growth factor) cible de HIF-1 (Nickols et al., 2007a). L’interaction entre HIF-1/ADN va être ciblée par des petites molécules : les polyamides 1 et 2 (P1 et P2), l’échinomycine (E) et par l’utilisation d’un siRNA pour la dégradation des ARNm de HIF-1α. P1 et E sont censés interagir avec la séquence HRE (hypoxia response element) de VEGF 5’-TACGTG-3’; P2 avec la séquence 5’-AGTGCA-3’ (en amont du HRE du gène VEGF) et P3 avec la séquence 5’-WGGWCW-3’ où W = A ou T. P3 ne devrait pas interagir de manière spécifique sur le HRE de VEGF et donc ne devrait pas ou peu perturber l’interaction entre HIF-1 et l’ADN. Rond rouge : Imidazole ; rond vide : Pyrrole et carré : Chlorothiophène.
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II. Inhibition de l’interaction HIF-1/ADN par des petites
molécules Les petites molécules constituent une stratégie idéale pour bloquer une interaction
protéine/ADN de façon spécifique. Par exemple, il a été démontré que l’échinomycine inhibe
l’interaction HIF-1/ADN au niveau du HRE (séquence consensus reconnue par HIF-1) du
gène du VEGF grâce à une expérience d’immunoprécipitation de chromatine (ChIP) (Kong et
al., 2005). L’échinomycine est un petit peptide cyclique, constitué de 2 chromophores et d’un
octapeptide, appartenant à la famille d’antibiotiques des quinoxalines. Il reconnaît
spécifiquement les séquences 5’-ACGT-3’ et 5’-TCGT-3’ (Figure 6). La séquence du HRE
étant 5’-A/TACGTG-3’, on peut supposer que l’échinomycine peut bloquer d’autres
interactions de type facteur de transcription/ADN en plus de l’interaction HIF-1/ADN. Cette
petite molécule intercalante interagit avec le petit sillon de l’ADN via la formation de pont
hydrogène entre ses 2 chromophores et une paire de bases de l’ADN (GC) causant ainsi le
désenroulement local de la double hélice (Van Dyke & Dervan, 1984). Les polyamides sont
des oligomères synthétiques dont la spécificité d’interaction avec l’ADN peut être
programmée en fonction de la séquence ciblée. De la même manière que l’échinomycine, ils
interagissent avec le petit sillon de l’ADN et déstabilisent localement l’enroulement de la
double hélice en formant des ponts hydrogène avec les bases de l’ADN (Dervan & Edelson,
2003).
1) Conception des polyamides
- Reconnaissance d’une séquence GC : le motif Im-Py (Imidazole-Pyrrole) reconnaît
spécifiquement la séquence GC (Dervan & Edelson, 2003)
- Reconnaissance d’une séquence AT : le motif Ct-Py (Chlorothiophène-Pyrrole)
reconnaît spécifiquement la séquence AT
Les auteurs ont utilisé des polyamides existant déjà : les polyamides 1 et 3 (P1 et P3, Nickols
et al., 2007b), ainsi qu’un nouveau polyamide : le polyamide 2 (P2) (Nickols et al., 2007a).
P1 est censé interagir avec le HRE directement, P2 est censé interagir avec une séquence en
amont du HRE du gène VEGF et P3 est un contrôle négatif portant un mismatch avec la
séquence HRE (Figure 7). La synthèse de polyamides, qui reconnaissent spécifiquement une
séquence donnée d’ADN en se fixant dans le petit sillon, vont permettre dans notre cas
d’empêcher l’interaction entre une protéine (HIF-1) et sa séquence cible (HRE du gène cible).
Le but de ces polyamides est de pouvoir réguler l’expression des gènes cibles de HIF-1.
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Tableau 1 : Détermination des affinités de fixation des polyamides 1, 2, 3 et de l’échinomycine sur les HREs (hypoxia response element) de VEGF (vascular epidermal growth factor) et FLT1 (récepteur de VEGF type 1) mesurées grâce à l’empreinte à la DNase I (Nickols et al., 2007a). Le polyamide 1 est la molécule qui se fixe avec la plus grande constante d’affinité sur les HREs de VEGF et FLT1.
Figure 8 : Empreinte à la DNase I (Nickols et al., 2007a). a et c: Séquence partielle du plasmide utilisé contenant les sites d’interaction hypothétiques des inhibiteurs. P1 et E sont censés interagir avec la séquence 5’-TACGTG-3’ (HRE) ; P2 avec la séquence 5’-AGTGCA-3’ (en amont du HRE du gène VEGF) et P3 avec la séquence 5’-WGGWCW-3’ où W = A ou T. b et d: empreintes obtenues pour le gène de VEGF et de FLT1 respectivement. Concentrations en P1, P2 et P3, pistes 1 à 11 : 100 nM, 30 nM, 3 nM, 300 pM, 100 pM, 30 pM, 10 pM, 3 pM et 1 pM. Concentrations en E, pistes 1 à 11 : 10 μM, 3 μM, 1 μM, 300 nM, 100 nM, 30 nM, 10 nM, 3 nM, 1 nM, 300 pM et 100 pM.
2,9.10-78,4.10-6E
8.10-83
2,2.10-83,2.10-92
2,7.10-92,6.10-10 M1
FLT1 VEGF HRE Inhibiteurs
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2) Mesure de l’affinité des polyamides et de l’échinomycine
Afin de vérifier l’interaction des petites molécules avec leur séquence cible et de déterminer
les affinités correspondantes, les auteurs ont réalisé une expérience d’empreinte à la DNaseI
(Figure 8). Des plasmides portant des séquences comprenant les HRE du gène de VEGF et
FLT1 (gènes cibles de HIF-1) sont utilisés, les séquences d’intérêt sont amplifiées par PCR,
marquées en 5’ avec du 32P, mises en présence de différentes concentrations en inhibiteurs et
digérées à la DNaseI. Comme prévu, P1 interagit spécifiquement avec le HRE des gènes
VEGF et FLT1, avec une affinité de l’ordre de 10-10 et 10-9 M respectivement (Tableau 1). P2
interagit spécifiquement avec la séquence en amont du HRE du gène VEGF avec une affinité
de 10-9 M. Il a également une affinité de 10-8 M avec une séquence du gène FLT1, cependant,
ce fragment amplifié ne contient pas la séquence reconnue par P2, donc on peut supposer
qu’il s’agit là d’une interaction non spécifique. Quant à P3, il montre une affinité de 10-8 M
pour le HRE du gène VEGF, l’affinité pour le HRE du gène FLT1 n’est pas mesurable. Enfin,
l’échinomycine interagit aussi avec le HRE avec une affinité de l’ordre de 10-6 et 10-7 M pour
les gènes VEGF et FLT1 respectivement. P1 possède donc la plus forte affinité pour sa
séquence cible. Après avoir vérifié l’interaction des inhibiteurs avec leur séquence cible, les
auteurs ont mesuré leur effet sur l’expression des gènes cibles de HIF-1. On vient de montrer
que le polyamide 1 avait une meilleure affinité que l’échinomycine avec les HREs de VEGF
et FLT1. Donc l’utilisation d’un tel polyamide serait intéressante pour réguler l’expression
des gènes cibles de HIF-1 en condition d’hypoxie.
3) Suppression de l’expression de VEGF et FLT1 dans des conditions hypoxiques
Des expériences de RT-PCR quantitatives temps réel (Figure 9) sont réalisées pour évaluer
les niveaux d’ARNm de VEGF et FLT1 en hypoxie (induction par DFO) dans des cellules
U251 traitées par différents inhibiteurs (siRNA HIF-1α, échinomycine, polyamides 1, 2 et 3).
En parallèle, des cellules non traitées sont utilisées comme contrôle. Le taux d’ARNm de
VEGF est réduit de plus de 50% par rapport au contrôle induit, en présence du siRNA de HIF-
1α, du polyamide 1 et du polyamide 2, à des niveaux proches de celui du contrôle non induit
(Figure 9A). Comme décrit auparavant, une concentration de 100 nM d’échinomycine inhibe
l’expression de VEGF à un niveau en dessous de celui du contrôle non induit (Kong et al.,
2005). Le polyamide 3 qui se fixe sur le HRE avec une constante d’affinité moindre que 1 et 2
a peu d’effet sur les niveaux d’ARNm de VEGF. L’induction de FLT1 (récepteur de VEGF
17
Figure 9 : Expériences de PCR temps réel quantitatives. A) Quantité d’ARNm de VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor) dans des conditions hypoxiques (DFO) mesurée par PCR temps réel. Le traitement avec R, 1 ou 2 diminue la quantité d’ARNm de VEGF à un niveau proche du contrôle non induit. E diminue très fortement la quantité d’ARNm de VEGF à un niveau en dessous du contrôle non induit. Le polyamide 3 a un effet plus modeste. B) Quantité d’ARNm de FLT1(récepteur de VEGF type 1) dans des conditions hypoxiques (DFO) mesurée par PCR temps réel. R, E et polyamide 1 diminuent la quantité d’ARNm de FLT1. Les polyamides 2 et 3 ont peu ou pas d’effet. R = siRNA HIF-1α ; E = 100 nM d’échinomycine ; 1, 2 et 3 = 1 µM de polyamide 1, 2 et 3 ; DFO = deferoxamine
Tableau 2 : Analyse de l’expression génique (microarray) dans les cellules U251 traitées par R, E ou polyamide 1 et induits par DFO (p ≤ 0,01). Le niveau d’expression génique est normalisé par rapport aux contrôles induits par DFO. Dans tout les cas, une majorité de gènes affectés est sous-exprimée. L’échinomycine affecte plus de 10000 gènes (au moins 2 fois), tandis que le polyamide 1 affecte un nombre de gènes comparable avec le siRNA HIF-1α et le contrôle non-induit par DFO. R = siRNA HIF-1α ; E = 100 nM d’échinomycine ; 1= 1 µM de polyamide1; DFO = deferoxamine
18
type 1) est activée par la fixation de HIF-1 sur le HRE 5’-A/TACGTG-3’ dans le promoteur
de FLT1 (Gerber et al., 1997). Le traitement par le polyamide 1 et le siRNA HIF-1α inhibe
l’expression de FLT1 de plus de 50% en conditions hypoxiques (Figure 9B). Comme pour
VEGF, 100 nM d’échinomycine réduisent fortement l’expression de FLT1 à un niveau en
dessous du contrôle non induit. Les polyamides 2 et 3 ont peu ou pas d’effet sur les taux
d’ARNm de FLT1.
Nous avons vu précédemment que l’échinomycine avait une constante d’affinité plus faible
que les 3 polyamides pour la fixation sur le HRE des gènes VEGF et FLT1. Or les résultats
d’expression de VEGF et FLT1 nous montrent que 1 µM de polyamide 1 est nécessaire pour
inhiber l’expression de ces 2 gènes en comparaison avec le siRNA de HIF-1α, tandis que 100
nM d’échinomycine réduisent l’expression de ces gènes à des niveaux en dessous des
contrôles non induits.
Cette expérience nous montre que le polyamide 1 affecte l’expression des ARNm de VEGF et
FLT1. La quantité d’ARNm de ces deux gènes est réduite d’environ 2 fois dans les cellules
cancéreuses et en condition d’hypoxie. Donc le polyamide 1 se positionne comme un candidat
potentiel pour réguler l’expression des gènes cibles de HIF-1.
4) Analyse de l’expression génique
Afin d’examiner les effets globaux du traitement avec les polyamides sur la régulation des
gènes en condition hypoxique (induction par DFO), les auteurs ont réalisé des microarrays
avec des séquences d’oligonucléotides représentant plus de 50000 transcrits. Les cellules
U251 sont traitées en 3 exemplaires avec le siRNA de HIF-1α, 100 nM d’échinomycine et 1
µM de polyamide 1. Les niveaux d’expression génique sont normalisés par rapport aux
contrôles traités par DFO. Ensuite 300 µM de DFO sont ajoutés pendant 16 heures et les
ARNs totaux sont collectés. Les cellules non traitées avec DFO sont normalisées par rapport
aux contrôles traités avec DFO.
Le traitement sans DFO affecte l’expression de 2142 gènes dont la majorité est sous-exprimée
(Tableau 2). Le polyamide 1 affecte l’expression de 2284 gènes (<5% des transcrits testés), le
siRNA de HIF-1α 3190 gènes et l’échinomycine 10906 gènes (gènes sur-exprimés ou sous-
exprimés au moins 2 fois). Dans tous les cas, la majorité des gènes sont sous-exprimés.
Cette expérience montre que le polyamide 1 cible, dans les cellules U251 en condition
hypoxique, une quantité de gènes limitée comparée à l’échinomycine. Donc malgré la taille
du site de fixation (5’-TACGTG-3’) du polyamide 1, un nombre limité de gènes est affecté en
condition hypoxique.
19
Tableau 3 : Profils d’expression de 11 gènes cibles de HIF-1 possédant un HRE (hypoxia response element) fonctionnel induits et traités dans les cellules U251 par le siRNA de HIF-1α (R), 100 nM d’échinomycine (E), 1 µM de polyamide 1 et 3. La normalisation de ces gènes est réalisée par rapport au contrôle induit par DFO. TRFC : Transferrin Receptor ; PKFB3 : 6-phosphofructo-2-kinase/fructose-2,6-biphosphate-3 ; LDHA : Lactate Deshydrogenase ; BNIP3 : 19 kDa Interacting Protein 3 ; EGLN1 et 3 : HIF prolyl hydroxylase 2 et 3 ; PGK1 : Phosphoglycérate Kinase 1 ; CA9 : Carbonic Anhydrase 9 ; VEGF :Vascular Endothelial Growth Factor ; FLT1 : récepteur de VEGF type 1 ; EDN1 : Endothelin 1. DFO = deferoxamine (induit l’hypoxie). Figure 10 : Tests d’immunoprécipitation de chromatine sur les HRE des gènes VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), CA9 (Carbonic Anhydrase 9) et PGK1 (Phosphoglycérate Kinase 1). a) ChIP de HIF-1α sur la séquence contenant le HRE de VEGF après traitement avec les inhibiteurs (R, E,1 et 3) et DFO. b) ChIP de HIF-1α sur le HRE du gène CA9. c) ChIP de HIF-1α sur le HRE du gène PGK1. R = siRNA HIF-1α ; E = 100 nM d’échinomycine ; 1 et 3 = 1 µM de polyamide 1 et 3 ; DFO = deferoxamine (induit l’hypoxie).
20
Afin de déterminer plus précisément les effets provoqués par le polyamide 1, le siRNA de
HIF-1α et l’échinomycine sur la transcription induite directement par HIF-1, un nombre
limité de transcrits (31) est examiné. Ces transcrits ont été précédemment identifiés comme
des cibles directes de HIF-1 et induits par DFO au moins 1,5 fois. La quasi-totalité des 31
transcrits sont sous-exprimés par le siRNA de HIF-1α. Dans la plupart des cas, l’expression
des gènes est diminuée à des niveaux observés dans les cellules non traitées avec DFO.
Le traitement par l’échinomycine entraîne une sous-expression des 31 gènes, tandis que le
polyamide 1 diminue significativement (au moins 2 fois) l’expression de seulement 10 gènes
et affiche peu d’effets sur les autres. Les gènes pour lesquels le HRE fonctionnel a été
identifié sont listés dans le tableau 3.
Des RT-PCR temps réel quantitatifs ont été réalisées pour confirmer les effets des différents
inhibiteurs sur ces 11 gènes. Ces expériences confirment que le siRNA de HIF-1α et
l’échinomycine diminuent l’expression des 11 gènes étudiés. Le polyamide 1 quant à lui
inhibe significativement l’expression de 4 gènes à savoir CA9, VEGF, FLT1 et EDN1
(VEGF : Vascular Endothelial Growth Factor, CA9 : Carbonic Anhydrase 9, FLT1 : récepteur
de VEGF type 1 ; EDN1 : Endothelin 1), ce polyamide 1 est donc moins efficace que
l’échinomycine mais n’affecte pas BNIP3, gène impliqué dans l’apoptose. Comme prévu le
traitement avec le polyamide 3 n’a pas d’effet significatif sur l’expression de ces gènes.
Ces études nous révèlent que le polyamide 1 diminue spécifiquement l’expression des gènes
tels que VEGF, CA9, EDN1 et FLT1 impliqués dans la croissance tumorale en condition
hypoxique. D’autre part, le polyamide 1 a peu ou pas d’effet, en condition hypoxique, sur
l’expression de gènes impliqués dans l’apoptose (BNIP3) et le métabolisme du fer (TRFC),
mais aussi des gènes codant pour les PHDs. Donc le polyamide 1 semble être un bon candidat
pour réguler l’expression des gènes cibles de HIF-1 impliqués dans la prolifération et/ou la
vascularisation de tumeurs.
Des expériences d’immunoprécipitation de chromatine (ChIP) ont été entreprises dans les
cellules U251 pour évaluer les variations d’occupation des promoteurs de 3 gènes (VEGF,
CA9 et PGK1) par HIF-1 en présence du siRNA de HIF-1α, de l’échinomycine, du polyamide
1 et 3 (Figure 10). Dans des conditions hypoxiques, l’occupation de HIF-1α sur le HRE des
gènes VEGF et CA9 est diminuée de moitié environ par le siRNA de HIF-1α, l’échinomycine
et le polyamide 1 ; en revanche le traitement avec le polyamide 3 a un effet plus modeste sur
VEGF et pas d’effet sur CA9. D’autre part, le polyamide 1 et l’échinomycine ont un effet
21
minimal sur l’occupation de HIF-1α du HRE de PGK1, tandis que le siRNA de HIF-1α
diminue fortement l’occupation.
Ces expériences démontrent, en condition d’hypoxie, que le polyamide 1 diminue
significativement le taux de fixation de HIF-1 sur les HRE des gènes VEGF et CA9. Donc la
diminution du nombre de protéines HIF-1 se fixant sur le HRE de VEGF et CA9, en condition
hypoxique, entraînera une baisse d’activité transcriptionnelle de ces 2 gènes. Le polyamide 1
se présente alors comme une petite molécule capable de réguler spécifiquement l’expression
des gènes cibles de HIF-1 impliqués dans la croissance tumorale.
Conclusion Les résultats montrent que le polyamide 1 synthétisé pour cibler le HRE, peut se fixer sur son
site de reconnaissance, avec une haute affinité et spécificité et est capable d’interrompre la
fixation de HIF-1 sur l’ADN.
Contrairement à l’échinomycine qui peut inhiber l’expression de nombreux gènes, le
polyamide 1 n’affecte que certains des gènes cibles de HIF-1. De plus, ce dernier n’affecte
pas l’expression des gènes codant pour BNIP3, EGLN1 et EGLN3 ; gènes favorisant
respectivement l’apoptose et la dégradation de HIF-1α par les prolyl hydroxylases. On en
déduit que le polyamide 1 est donc plus adapté que l’échinomycine pour cibler
spécifiquement l’interaction HIF-1/ADN. D’autre part, les essais cliniques en phase I et II de
l’échinomycine ont montré l’inefficacité de celle-ci in vivo ainsi que de lourds effets
secondaires (Melillo, 2007).
D’après les résultats obtenus, on ne peut pas conclure sur la relation entre interaction du
polyamide 1 avec le HRE et inhibition de l’expression des gènes cibles de HIF-1. Il serait
intéressant d’effectuer des expériences complémentaires : vérifier l’efficacité du polyamide 1
sur des cellules tumorales, mener des tests de toxicité sur des cellules saines. Après une
éventuelle optimisation du polyamide 1, il serait nécessaire d’effectuer de l’expérimentation
animale pour juger des effets anti-cancéreux apportés par cette petite molécule.
22
III. Projet de recherche
1) Effet des polyamides in vivo sur des cellules humaines tumorales en hypoxie ou en
normoxie : U251 et Hela (Shui Ping Tu et al., 2003)
a. Evaluation de la prolifération cellulaire par test colorimétrique MTT
Ce test MTT (3-(4,5-Dimethylthiazol-2-yl)-2,5-diphenyltetrazolium bromide ou tétrazole)
permet de voir la prolifération cellulaire grâce à la réduction d’un composé chimique : le
tétrazole. Le tétrazole est réduit en formazan, composé coloré absorbant à 540 nm, par les
réductases mitochondriales. Cette conversion ne peut avoir lieu que dans les cellules viables,
on mettra donc en évidence les cellules viables grâce à la coloration due au formazan.
Les lignées cellulaires U251 et Hela ont été isolées à partir de cellules tumorales de cerveau et
d’utérus respectivement. Elles constituent de bons modèles d’études notamment pour leur
facilité d’utilisation. Ce test est effectué sur des cellules en normoxie (cellules contrôles) et
des cellules en hypoxie (induite par le DFO). Les cellules en phase exponentielle sont traitées
ou non au DFO puis cultivées pendant 24h à 37°C, on veut travailler à une concentration
d’environ 1000 cellules par puits. Elles sont ensuite traitées ou non avec différentes
concentrations de polyamide 1 (0.1 nM à 100 µM) pendant 96h. Enfin, la solution MTT est
ajoutée dans chaque puit, avant incubation pendant quelques heures à 37°C. Le formazan
produit, contenu dans le surnageant, est solubilisé et l’absorbance lue à une longueur d’onde
de 595 nm.
En condition normoxique, les cellules tumorales doivent proliférer avec ou sans traitement au
polyamide. Par contre, en condition hypoxique, à partir d’une certaine dose en polyamide, on
s’attend à ce que le taux de cellules viables diminue significativement. Un contrôle positif
sera réalisé, en hypoxie, afin de vérifier que les cellules continuent à proliférer en absence de
23
traitement par le polyamide 1. Ce test permettra aussi de calculer l’EC50, concentration de
polyamide 1 nécessaire pour activer l’apoptose de 50 % des cellules cancéreuses.
b. Evaluation de la survie cellulaire par TUNEL (Terminal Transferase dUTP Nick
End Labeling)
La mort cellulaire programmée ou apoptose est accompagnée par une fragmentation d’ADN
effectuée par des endonucléases. La méthode TUNEL permet la visualisation in situ de
l’apoptose à partir d’une section tissulaire ou d’une culture cellulaire. La terminale
déoxynucleotidyl transférase catalyse l’addition de polydUTP marqués, ici à la Fluorescéine
IsoThioCyanate (FITC), aux extrémités 3’OH des ADN endommagés. Donc, contrairement au
test précédent qui permet de voir les cellules viables, celui-ci permet de voir les cellules en
apoptose. Pour ces expériences, un kit est utilisé : ApoAlert DNA Fragmentation Kit (environ
150€ pour 25 essais). Ces fragments d’ADN marqués pourront alors être visualisés et
quantifiés par microscopie de fluorescence ou par cytométrie en flux (FACS, Fluorescence-
Activated Cell Sorter). Les cellules en apoptose émettent une fluorescence verte importante.
Comme précédemment cette expérience est effectuée sur des cellules Hela et U251, et la
même gamme de concentrations en polyamide 1 est utilisée. L’Indice Apoptotique (IA) est
déterminé par le ratio de cellules en apoptose sur cellules totales. Ensuite l’IA des cellules en
hypoxie traitées avec le polyamide est comparé à celui des cellules en normoxie (cellules
contrôles) traitées au polyamide.
2) Test de demi-vie des polyamides dans le sérum
Un paramètre largement utilisé pour exprimer l'élimination d'un médicament de
l'organisme est la demi-vie. La t1/2 correspond au temps nécessaire pour passer d'une
concentration plasmatique à sa moitié, le médicament est métabolisé ou éliminé.
Généralement la demi-vie est calculée à partir des concentrations plasmatiques mesurées à
différents temps. La t1/2 est donc fonction de deux paramètres physiologiques caractéristiques
de chaque molécule : la clairance (capacité de l’organisme à éliminer une molécule) et le
volume de distribution (Vd). Elle est donc fonction de l’élimination et de la distribution du
composé étudié. Ce paramètre va donc permettre de décider du rythme d’injection de
polyamides pour l’expérimentation animale (étape suivante).
24
Afin de déterminer ces paramètres pharmacocinétiques, des souris saines subissent une
injection de polyamides en intraveineuse par la veine jugulaire. Des échantillons sanguins
sont ensuite prélevés immédiatement après injection puis toutes les heures et centrifugés à
1000 g pour séparer le plasma. Les échantillons sont alors analysés par HPLC, le polyamide
est détecté à 214 nm (UV). La concentration plasmatique en polyamide est calculée à partir de
l’aire sous la courbe des chromatogrammes.
3) Test de toxicité sur cellules endothéliales humaines saines (HMEC-1) en hypoxie
ou non
Afin d’évaluer la toxicité des polyamides à l’échelle cellulaire, des tests MTT et TUNEL sont
également réalisés afin de vérifier la prolifération et la survie cellulaires. Pour cette étude, des
cellules humaines saines sont utilisées : les cellules HMEC-1 (Human Microvascular
Endothelial Cells). Comme pour les cellules Hela et U251, une gamme de concentration en
polyamide 1 de 0.1 nM à 100 µM est utilisée et les conditions de normoxie et d’hypoxie (avec
le DFO)sont testées.
La concentration effective en polyamides est censée affecter la croissance des cellules saines
en hypoxie et entraîner l’apoptose. Afin de mettre au point un traitement qui cible
spécifiquement les cellules en hypoxie, on veut s’assurer qu’il n’y a pas d’altération de la
croissance cellulaire et/ou d’activation de l’apoptose sur les cellules saines en normoxie à
cette concentration.
4) Test sur le petit animal
Afin d’observer l’impact des polyamides sur la tumorigenèse d’un organisme entier, des tests
peuvent être initiés sur le petit animal. Des études d’hétérotransplantation de tumeurs
humaines (ou xénogreffes) seront réalisées sur des souris.
Les souris de type « Nude » constituent un bon modèle d’études des tumeurs humaines in vivo
car elles présentent un déficit en lymphocytes T, de plus, les caractéristiques des tumeurs
transplantées ne subissent pas de modifications majeures.
L’évolution du volume de la croissance tumorale humaine est déterminée. Les cellules
tumorales U251 ou Hela sont utilisées pour les tests d’efficacité des polyamides sur la
prolifération et la mort cellulaires. La réalisation de tests sur animaux permet des évaluations
pré-cliniques des polyamides 1 comme médicament anticancéreux.
25
Les tumeurs humaines sont implantées dans une région de la souris « Nude » pour permettre à
la tumeur de se développer. Quand la tumeur a atteint la taille voulue, les souris sont traitées
avec différentes doses de polyamides 1 par injection en intraveineuse une fois par jour
pendant un temps déterminé (quelques semaines). Durant cette période, le volume de la
tumeur est mesuré. Ainsi, on visualise les effets dose dépendants des polyamides sur la
croissance tumorale. En parallèle, un lot de souris témoins portant les tumeurs humaines ne
sera pas traité par les polyamides 1 ; pour valider l’essai, ces souris doivent développer un
cancer.
Conclusion et perspectives
D’après les résultats des expériences de binding de Nickols et al., les polyamides 1 ont une
forte affinité pour le HRE. De plus, ces petites molécules semblent plus spécifiques que les
inhibiteurs de l’interaction HIF-1/ADN existants (siRNA et échinomycine). En effet, il altère
significativement l’expression d’un panel de gènes plus réduit que ses 2 homologues.
D’ailleurs, il est important de noter que contrairement au siRNA et à l’échinomycine, les
polyamides1 n’affectent pas l’expression des gènes cibles induisant l’apoptose (BNIP3) ou la
dégradation de HIF-1α (gènes codant pour les PHD). Il faudra donc vérifier le rôle anti-
tumoral sur des cultures de cellules tumorales et déterminer ainsi l’EC50. Puis il faudra
s’assurer qu’il n’y a d’effet toxique sur des cellules saines à cette même concentration. Enfin,
après détermination de la demi-vie, l’effet anti-tumoral sur la souris devra être évalué. Si le
traitement s’avère peu ou pas efficace, le polyamide 1 subira une nouvelle phase
d’optimisation et de tests : binding in vitro et in vivo (gel retard, ChIP) et expression des
gènes cibles (RT-Q-PCR, microarrays).
26
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