Tzedakis et al. 1990 les routes minoennes - le poste de χοιρόμανδρες et le contrôle

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Stella Chryssoulaki Yannis Tzedakis Yanna Veniéri Maria Avgouli Les routes minoennes - Le poste de Χοιρόμανδρες et le contrôle des communications In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 114, livraison 1, 1990. pp. 43-62. Résumé Le poste routier du lieu-dit Παράγκα, à Χοιρόμανδρες, est l'un des postes de garde les plus importants de la route reliant l'habitat minoen d'Aμπέλoς (Ξηρόκαμπος) à la région fortement peuplée de Πάνω Ζάκρος et à la ville palatiale du même nom. La dernière campagne de fouille de la construction, dans le courant de l'année 1989, et les études topographiques complémentaires effectuées dans la vallée de Χοιρόμανδρες, ont confirmé qu'il s'agit d'une puissante construction à caractère défensif, s'insérant dans un programme plus vaste, destiné à contrôler les communications. Il fut fondé au MM II et resta en usage jusqu'au MR IB, époque à laquelle il s'écroula, mais il est impossible de préciser si son utilisation a changé lors des occupations successives. L'aménagement architectural et les trouvailles ont des parallèles, aussi bien dans d'autres postes de garde routiers que dans des édifices datant du Minoen Moyen, l'époque où devrait avoir été dessiné le réseau routier minoen. περίληψη 0 οδικός σταθμός στη θέση Παράγκα Χοιρομανδρών είναι ένα από τα σημαντικότερα φυλάκια της αρτηρίας που συνδέει το μινωικό οικισμό της Αμπέλου (Ξηρόκαμπος) με την πυκνοκατοικημένη περιοχή της Πάνω Ζάκρου και την ανακτορική ομώνυμη πόλη. Οι τελευταίες ανασκαφές του κτίσματος κατά το έτος 1989 και οι συμπληρωματικές τοπογραφικές έρευνες στην κοιλάδα των Χοιρομανδρών, επιβεβαίωσαν ότι πρόκειται για ισχυρό κτήριο αμυντικού χαρακτήρα που αποτελεί μέρος ενός ευρύτερου οικοδομικού προγράμματος με στόχο τον έλεγχο των επικοινωνιών. Θεμελιώθηκε κατά τους ΜΜΙΙ χρόνους και χρησιμοποιήθηκε συνεχώς ως τα ΥΜΙΒ χρόνια, οπότε και κατέρρευσε, χωρίς να είναι δυνατόν να διακριβωθεί αν η χρήση του άλλαξε κατά τη διάρκεια των επαλλήλων κατοικήσεων. Η αρχιτεκτονική διαρρύθμιση και τα ευρήματα βρίσκουν παράλληλα τόσο σε άλλα οδικά φυλάκια όσο και σε κτήρια της μεσομινωϊκής περιόδου κατά την οποία πιστεύεται ότι σχεδιάστηκε το μινωικό οδικό δίκτυο. Citer ce document / Cite this document : Chryssoulaki Stella, Tzedakis Yannis, Veniéri Yanna, Avgouli Maria. Les routes minoennes - Le poste de Χοιρόμανδρες et le contrôle des communications . In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 114, livraison 1, 1990. pp. 43-62. doi : 10.3406/bch.1990.1715 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1990_num_114_1_1715

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Stella ChryssoulakiYannis TzedakisYanna VeniériMaria Avgouli

Les routes minoennes - Le poste de Χοιρόμανδρες et le contrôledes communicationsIn: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 114, livraison 1, 1990. pp. 43-62.

RésuméLe poste routier du lieu-dit Παράγκα, à Χοιρόμανδρες, est l'un des postes de garde les plus importants de la route reliant l'habitatminoen d'Aμπέλoς (Ξηρόκαμπος) à la région fortement peuplée de Πάνω Ζάκρος et à la ville palatiale du même nom. Ladernière campagne de fouille de la construction, dans le courant de l'année 1989, et les études topographiques complémentaireseffectuées dans la vallée de Χοιρόμανδρες, ont confirmé qu'il s'agit d'une puissante construction à caractère défensif, s'insérantdans un programme plus vaste, destiné à contrôler les communications. Il fut fondé au MM II et resta en usage jusqu'au MR IB,époque à laquelle il s'écroula, mais il est impossible de préciser si son utilisation a changé lors des occupations successives.L'aménagement architectural et les trouvailles ont des parallèles, aussi bien dans d'autres postes de garde routiers que dans desédifices datant du Minoen Moyen, l'époque où devrait avoir été dessiné le réseau routier minoen.

περίληψη0 οδικός σταθμός στη θέση Παράγκα Χοιρομανδρών είναι ένα από τα σημαντικότερα φυλάκια της αρτηρίας που συνδέει τομινωικό οικισμό της Αμπέλου (Ξηρόκαμπος) με την πυκνοκατοικημένη περιοχή της Πάνω Ζάκρου και την ανακτορική ομώνυμηπόλη. Οι τελευταίες ανασκαφές του κτίσματος κατά το έτος 1989 και οι συμπληρωματικές τοπογραφικές έρευνες στην κοιλάδατων Χοιρομανδρών, επιβεβαίωσαν ότι πρόκειται για ισχυρό κτήριο αμυντικού χαρακτήρα που αποτελεί μέρος ενός ευρύτερουοικοδομικού προγράμματος με στόχο τον έλεγχο των επικοινωνιών. Θεμελιώθηκε κατά τους ΜΜΙΙ χρόνους και χρησιμοποιήθηκεσυνεχώς ως τα ΥΜΙΒ χρόνια, οπότε και κατέρρευσε, χωρίς να είναι δυνατόν να διακριβωθεί αν η χρήση του άλλαξε κατά τηδιάρκεια των επαλλήλων κατοικήσεων. Η αρχιτεκτονική διαρρύθμιση και τα ευρήματα βρίσκουν παράλληλα τόσο σε άλλα οδικάφυλάκια όσο και σε κτήρια της μεσομινωϊκής περιόδου κατά την οποία πιστεύεται ότι σχεδιάστηκε το μινωικό οδικό δίκτυο.

Citer ce document / Cite this document :

Chryssoulaki Stella, Tzedakis Yannis, Veniéri Yanna, Avgouli Maria. Les routes minoennes - Le poste de Χοιρόμανδρες et lecontrôle des communications . In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 114, livraison 1, 1990. pp. 43-62.

doi : 10.3406/bch.1990.1715

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1990_num_114_1_1715

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LES ROUTES MINOENNES :

LE POSTE DE ΧΟΙΡΟΜΑΝΔΡΕΣ

ET LE CONTRÔLE DES COMMUNICATIONS.

Si nous revenons aujourd'hui sur la construction fortifiée de Χοιρόμανδρες Ζάκρου, c'est que la troisième et dernière campagne de fouilles1 nous a permis d'aboutir à des conclusions qui éclairent aussi bien la disposition de l'espace intérieur et les phases d'occupation du bâtiment que le rôle qu'elle a joué dans le réseau routier de la vallée de Ξηροκαμπιά. La route principale qui assure l'unité de la région de Πάνω Ζάκρος2, zone fertile et, autant qu'on puisse en juger d'après les trouvailles de surface, à forte densité de

population, mène, vers le Sud, à la zone côtière d"Aμπελoς et au mouillage de Κατσουνάκια. Parsemée de postes de garde3, cette voie semble avoir joué un rôle important dans

le mouvement des hommes et des biens, dès le début de l'époque palatiale4.

(1) La dernière campagne de fouilles de Χοιρόμανδρες a duré du 17 au 25 avril 1989. À l'équipe scientifique s'étaient joints Photis Louridas, architecte, et Kostas Bobos, peintre, qui se chargèrent des dessins. Les prises de vue sont dues à Maria Avgouli, archéologue, et le tirage à Stéphanos Alexandrou.

Nous remercions la Fondation Psycha, qui finance nos travaux depuis 1985, et l'UNESCO qui a complété notre budget pour 1988-89, ainsi que la 24e Éphorie, et particulièrement Nikos Papadakis, Directeur du Musée de Sitia, pour leur hospitalité et leur sollicitude. Nous remercions également les fouilleurs de la ville minoenne de Palaikastro de leur assistance, et Sandy Mac Gillivray de ses précieuses suggestions concernant la céramique. Enfin, nous remercions Béatrice Detournay qui a assuré la traduction française du manuscrit.

(2) La région de Πάνω Ζάκρος a été occupée sur une grande échelle depuis le tout début de l'époque minoenne. Les sites cités ci-dessous renvoient à la carte de la fig. 20 :

n° 30 Ανθρωπόλιθοι : habitat minoen, sanctuaire agraire MM, poste de garde MM; n° 28 Καλή Στράτα : groupe de fermes minoennes ; n° 29 Κούκου Κεφάλι : villa MR I A; n° 27 Τραγοπιάστης : poste central, très bien conservé, sous l'école primaire de Zakros, auquel se réfère

peut-être Hogarth, BSA 7 (1900-1901), p. 148. La prospection faite en 1989 entre la villa MR I A et Σχοινάρες (n° 36) a repéré une vaste habitation d'époque géométrique et du début de l'époque archaïque, près de la fouille de sauvetage MR I d'A. Karetsou. Pour la bibliographie : BCH 113 (1989), p. 53, n. 25.

(3) Quinze postes de garde sont notés sur la carte fig. 20 (n°· 27, 30, 36 à 48 et 51). Le poste n° 30, au lieu- dit ΑνθρωπόλιΟοι, est aujourd'hui presque complètement détruit par l'érosion. Il faut leur ajouter deux postes, récemment détruits : le premier se trouvait au Sud du poste 37, au lieu-dit Ασπρες Πλάκες, l'autre, au lieu-dit Καμπερή ο Λάκκος, à l'Ouest du poste n° 37 et au Nord du poste n° 39.

(4) La route vers Άμπελος, cf. BCH 113 (1989), p. 55.

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Topographie de la vallée de Χοιρομανδρεσ.

La cuvette allongée de Ξηροκαμπιά est fermée à l'Ouest, à hauteur de la petite vallée de Χοιρόμανδρες, par deux lignes de crêtes, d'abord, du Nord au Sud, Πάνω και Κάτω Βουνάρι, Κάστελλας, Τράχηλας της Καδένας et Πέρα Τράχηλας ; puis au-delà, la seconde ligne plus élevée des (toujours du Nord au Sud) Κοντολιού Κεφάλα, Βίγλα Ζάκρου, Κεφάλα του Χουρδάκι et Κεφάλα του Μάρε, où sont installés les radars de la base aérienne de Ζήρος, tandis qu'une autre chaîne, dense mais plus basse, la sépare à l'Est de la côte avec les petits ports de Λιδόρυακο, Σχισμένες Πέτρες, Ρούσσο Σπάσμα, Καλό Ποτάμι, Ασπρος Βώλακας et Κατσουνάκια.

Quatre défilés aboutissent à la vallée de Χοιρόμανδρες, qu'ils relient au reste de la région. Au Nord-Ouest, le lit du torrent de Βουκολιάδες, qui vient de la région de Πάνω Ζάκρος, traverse la vallée du Sud à l'Est et rejoint, à son extrémité Sud, la gorge de Ξηρόκαμπος, seule zone de la région à abriter une flore et une faune, que les déchets de la Coopérative Huilière de la commune de Zakro ont détruites ces trois dernières années.

Au Nord-Est, le lit du torrent de Χαούζες est de fait le prolongement de la gorge de Καραβιάδαινα qui aboutit, au Nord, à l'habitat minoen d'Aμπέλες et communique, au Nord-Est, avec Φαραγγούλια, reliant ainsi la vallée à la ville palatiale de Κάτω Ζάκρος. C'est vraisemblablement ce qui explique pourquoi la gorge de Καραβιάδαινα est gardée par une série de postes de vigiles, bâtis le long des berges. Enfin, le ravin de Μαγγανάρου ou encore Του Μαγγανάρου ο Πόρος, «le passage»5, constitue la seule issue de la vallée vers la côte, puisqu'il va jusqu'à Ρούσσο Σπάσμα à l'Est. Il en résulte que les deux masses montagneuses infranchissables qui limitaient la vallée à l'Est et à l'Ouest faisaient de celle-ci la seule voie de passage entre Ζάκρος et Άμπελος puis Ζήρος·; elle est empruntée même par les oiseaux migrateurs — hérons, cigognes, hirondelles et canards sauvages — , quand ils voyagent entre l'Afrique et l'Europe. Le ravin qui sépare la partie Est de la partie Ouest de la vallée constitue la limite actuelle des communes de Ζάκρος et Ζήρος. Les montagnes convergent à ses deux extrémités, donnant à la vallée la forme d'un fuseau.

La moitié Ouest a très peu de traces d'occupation minoenne. Un petit village, pratiquant la culture et l'élevage, a peut-être mis en valeur cette terre très peu fertile à l'époque impériale. Aujourd'hui encore, toute cette zone accueille les troupeaux de chèvres qui descendent des plateaux de Ζήρος pour passer l'hiver.

Au contraire, la présence minoenne est nette dans la partie Est. Mais il ne s'agit pas d'habitations rurales telles que nous les connaissons, de hameaux de petites maisons construites en moellons bruts, avec annexes et contreforts. La partie Est de la vallée de Χοιρόμανδρες (fig. 1) est également la plus aride. Le sol est fait de plaques inclinées d'un calcaire gris et dur, alternant avec un schiste mauve-rosé ou vert. Seuls de petits buissons bas peuvent se développer sur la fine couche rouge d'argile. Les témoignages des propriétaires attestent que la région ne fut jamais cultivée, «pas même pendant les années difficiles de l'occupation», bien que le puits, au pied de la butte, offre aujourd'hui encore une eau pure et abondante.

(5) Sur l'importance des toponymes, voir BCH 113 (1989), p. 48. (6) Les distances séparant les villes minoennes de cette voie sont les suivantes : Κάτω Ζάκρος - Χοιρόμανδρα;

par la vallée des Morts : 6,5 km; Πάνω Ζάκρος - Χοιρόμανδρες : 5 km; Άμπελος Κατσούνακια - Χοιρόμανδρες : 2,5 km.

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Fig. 1. — Plan topographique de la partie Est de la vallée de Χοιρόμανδρες.

Légendes : Λ = Carrière Δ1 = Route d"Aμπeλoς Δ2 = Route de Σφάκα Δ3 = Route de la vallée Δ4 = Route vers Ζάκρος Δ5 = Route vers Ρούσσο Σπάσμα Δ6 = Route de la carrière

Π = Périboles A >= Montée Bl = Petite tour B7 = Poste de vigile de Μαγγανάρου Πόρος B2, B6 et B9 = Postes de vigiles de la vallée B8 = Poste de vigile de Καθιά Φ = Poste de Χοιρόμανδρες Γ = Viaduc

L'extrémité Sud-Est de la vallée est dominée par une colline relativement élevée, au sommet aplani d'une surface de 1300 m2. Elle a vue sur l'ensemble de la vallée, et en particulier sur toutes les issues des passages naturels qui y mènent. Base et sommet ont été entourés d'un péribole, qui ne s'interrompt que là où les rochers de la colline rendent toute construction inutile. Ces murs sont construits en appareil «cyclopéen», fait de blocs de calcaire grossièrement travaillés, d'une épaisseur moyenne de 0,50 m, disposés en deux rangées parallèles, avec un blocage d'éclats de pierre (fig. 2). Ils ont une épaisseur moyenne de 1,70 m, pour une hauteur moyenne conservée de 1,50 m sur deux ou trois

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assises7. Mais la colline n'est pas la seule à être fortifiée. Toute la partie Est de la vallée est sillonnée de murs parallèles, perpendiculaires ou sécants, construits de la même manière, entre lesquels courent des routes, qui relèvent du type des routes à double contrefort et couloir latéral parallèle8.

Les murs joignent des postes de vigiles, qui participent du même programme de construction et remplissent les mêmes fonctions9. Le plus grand et le mieux fortifié est le poste de vigile Β 6 (fïg. 1), qui a été construit au point stratégique le plus important de la vallée, juste sous la terrasse du poste de garde, au pied de la colline. Les postes de vigiles sont plus denses sur le plateau au sommet de la colline que dans la vallée. Le plus au Sud, une petite tour (fig. 1, Bl et fig. 3), est entièrement construit, alors que les autres intègrent dans leurs murs de grands rochers ou des amoncellements de rochers. La tour, qui est reliée au poste par un large mur, a un diamètre intérieur de 6 m et un diamètre extérieur de 12,30 m. Le côté Nord présente une ouverture qui devait être une entrée, mais le mauvais état de la maçonnerie et les dégâts dus aux fouilles clandestines ne permettent pas de le confirmer.

Les blocs de la superstructure ont roulé à petite distance tout autour du soubassement du bâtiment dont la superstructure conservée atteint une hauteur moyenne de 1,20 m. Les fouilles clandestines ont agrandi l'ouverture Nord et enlevé un remblai de 0,80 m d'épaisseur, constitué de la même argile rapportée — pure, à grain fin — que celle qui a servi au revêtement des sols du poste de garde10. La limite de l'oxydation des parois internes du bâtiment circulaire indique que le remblai d'argile est contemporain de la construction de la tour, dont le sol devait être à environ 1 m au-dessus du rocher de fondation. L'épaisseur du soubassement circulaire, l'accumulation des gros blocs tombés et le mur, petit mais large, qui relie la petite tour au rocher élevé de l'Est montrent que le bâtiment devait être sensiblement plus élevé, et que c'était probablement une sorte de petite tour contrôlant la route qui va d "Αμπελος au sommet plat de la colline de Χοιρόμανδρες11.

(7) La hauteur conservée de ces murs est inversement proportionnelle à leur largeur. Des fondations aussi puissantes incitent pourtant à restituer une hauteur plus grande, nécessaire pour assurer un rôle de défense. L'importance du travail — taille, façonnement, transport et pose de blocs aussi volumineux — ne s'explique pas s'il s'agissait de bâtir un mur aussi bas. La seule explication que nous puissions proposer est que ces murs, construits souvent perpendiculairement ou obliquement aux courbes de niveau, sans soutènement particulier, n'ont pas résisté au temps et se sont peu à peu écroulés, ne laissant subsister que les fondations, l'euthyntéria et la première assise qui devait avoir «l'assiette» la plus large de toute la superstructure. Si l'on n'a pas retrouvé de blocs tombés aux alentours, cela est peut-être dû à la nature du matériau. En effet, le calcaire gris, matériau de construction traditionnel des postes de garde, semble avoir un fort indice de cohésion, mais est en réalité particulièrement friable et se transforme en chaux lorsqu'il a été longtemps exposé aux intempéries. Des tas de débris calcaires couvrent les bordures des postes et des murs, dans la région pilote. C'est peut-être cette fragilité du matériau qui a obligé les constructeurs de Χοιρόμανδρες à donner à la route partant de la carrière un tracé en forme de fronde, plutôt que de risquer une pente abrupte, sur la distance beaucoup plus faible qui sépare la carrière du poste.

(8) BCH 113 (1989), p. 50 et 52. (9) BCH 113 (1989), p. 63. (10) Le tamisage des terres amoncelées par les fouilleurs clandestins, à l'extérieur de l'ouverture, ainsi que

le nettoyage de la paroi intérieure du soubassement de la tour, ont fourni très peu de céramique, identique à la céramique minoenne du poste.

(11) N. Platon a fouillé une structure comparable par le plan et la technique de construction, dans le péribole Sud du secteur des Ateliers du Palais de Zakros : N. Platon, PraklArchEl (1979), p. 286-288, fig. 1 ; Id., PraktArchEt (1980), p. 298-305, fig. 1, pi. 182-185. Il a bien su interpréter, dès sa première campagne de

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1990] LES ROUTES MINOENNES : ΧΟΙΡΟΜΑΝΔΡΕΣ 47

0.00 0.50 1D0 200 3.00 4.00

Fig. 2. — Plan d'un tronçon du péribole Ouest de la colline, près de la petite tour.

Pig. 3. — Plan de la tour de la colline.

L'accès au sommet a été taillé au milieu du côté Ouest de la colline, le seul qui permette d'ailleurs une montée relativement aisée12. Evans et, plus tard, Pendlebury,

fouilles, la «large construction circulaire avec un mur extérieur compact» comme une petite tour, reliée au péribole Sud et à l'entrée de l'aire palatiale, dont «il n'est pas exclu qu'elle soit contrôlée par deux petites tours semblables». Il a cependant abandonné cette interprétation lors de la campagne suivante, et vu dans cette construction un puits.

(12) BCH 113 (1989), fig. 35.

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visitant les postes de garde du Lassithi, avaient été frappés par des entrées taillées dans le rocher, avec des marches rapportées ou taillées.

Des deux viaducs, sur la bordure Nord-Est de la vallée, le plus bas était utilisé pour le transport des matériaux de construction de la carrière jusqu'au poste de garde, le plus haut desservait la route vers Ρούσσο Σπάσμα13. Bien qu'ils ne soient pas très bien conservés et que l'appareil se distingue mal au milieu des arbustes, toute la construction laisse à penser que le revêtement était en partie en bois.

Si nous avons cité successivement les constructions qui, comme le montre le plan topographique (fig. 1), couvrent l'ensemble de la partie Est de la vallée, c'est pour bien faire comprendre que le poste de garde de Χοιρόμανδρες, même s'il est le seul bâtiment couvert — ou à demi couvert — du complexe de constructions, ne constitue aucunement un édifice autonome, comme ce serait le cas d'une ferme, d'une bergerie, d'un moulin ou d'un autre bâtiment comparable. Le plan rectangulaire du poste doit donc être compris comme indissociable d'un programme de construction plus vaste de postes de vigiles et de petites tours, ainsi que de murs d'une épaisseur imposante, qui couvrent toute la surface du plateau. Ces murs, que l'on retrouve ailleurs dans la partie Est de la vallée14, prolongent le programme architectural de l'« acropole» dans les environs, barrant efficacement la route à toute arrivée inopinée sur le plateau.

Le poste de Χοιρόμανδρες : disposition architecturale (fig. 4).

Le poste de garde, suffisamment bien conservé pour être encore utilisé par les bergers et les troupeaux de nos jours — d'où son nom15 — , a été fondé sur la pointe Nord-Est de la colline, dominant la vallée. Les raisons de ce choix restent énigmatiques : le rocher a certes vue sur l'ensemble de la vallée, mais n'offrait pas les 144 m2 de surface du bâtiment, qu'il était possible d'installer 12 m plus au Sud, sans perdre en rien la vue panoramique et en évitant d'importants travaux d'infrastructure16. Mais les constructeurs voulaient manifestement, comme dans d'autres postes centraux, créer deux niveaux dans les fondations, pour abriter l'accès à la «sortie de secours» qui, depuis la cour dallée, mène à la cour Est extérieure, au sol fait d'un mortier de chaux17.

La technique de construction des fondations est remarquable. La maçonnerie inférieure éleva le niveau d'habitation de la partie orientale du bâtiment jusqu'à celui de la partie occidentale, c'est-à-dire la surface du rocher. Des sondages sous le sol de la pièce III (fig. 5) ont montré que la technique utilisée pour certains murs de l'infrastructure, sous le dallage de la cour où le rocher affleure, servait à boucher des

(13) Une description détaillée des viaducs est présentée en addendum (cf. infra, p. 62-65). (14) La plupart des postes de garde notés sur la carte de la région pilote (fig. 20) sont dotés de périboles

successifs, dans les environs immédiats ou même plus éloignés. L'étude topographique récente du poste de Καρούμες a prouvé que ces murs entourant le poste se prolongent aussi bien vers l'Est, du côté du golfe, que vers l'Ouest, donnant aux enclos une forme en fer à cheval du côté de la gorge de Χοχλακιές. Ce réseau de barrières rappelle, par sa disposition, les murs de soutènement des fortifications des acropoles étéocrétoises. Cf. BCH 1 13 (1989), p. 72, n. 77.

(15) Les gens du pays appellent le poste Παράγκα, c'est-à-dire «construction provisoire». Cela prouve qu'aujourd'hui encore il n'est pas considéré comme une ruine ou un rocher, mais comme un bâtiment.

(16) BCH 113 (1989), p. 66, fig. 28. (17) BCH 113 (1989), fig. 29, 30 et 31.

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INOEN

NES : ΧΟΙΡΟΜΑΝΔΡΕΣ

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Fig. 5. — Pièce III vue du Sud-Est. On distingue le sondage qui a mis au jour le mur d'infrastructure du sol.

Fig. 6. — Fenêtre de la façade Est. On distingue le tablier triangulaire et le montant tombé devant le soubassement du mur.

fissures du rocher pour égaliser le sol : ces murets, faits de pierres taillées en forme de plaques, disposées de façon à ce que leurs pointes se recouvrent, ne peuvent, vu la qualité de la maçonnerie et leur emplacement, avoir été des éléments porteurs. De semblables murets passaient sous les sols des pièces IV et V, sous l'entrée de la pièce II, de même que sous certaines parties du dallage de la pièce I. Les moellons bruts des façades pourraient faire croire à une construction hâtive ; mais les fondations des sols, la solidité de la maçonnerie, ainsi que la présence des seuils taillés, des montants et des tabliers des fenêtres (fig. 6), montrent que cette architecture, accompagnée d'une étude de nivellement, était en réalité soignée, réalisée avec des matériaux apportés d'ailleurs et selon un plan qui répondait à une conception d'ensemble (fig. 7).

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Fig. 7. — Poste de Χοιρόμανδρβς. Dessin en perspective du bâtiment.

Dans ce bâtiment carré (12 X 12 m), un tiers environ de l'espace intérieur est occupé par la cour dallée : elle était hypèthre, ou abritée par une couverture provisoire en bois qui prenait appui tout autour sur les murs Est des pièces I et II, sur la cloison centrale du bâtiment et sur des tronçons des façades Est et Sud qui devaient normalement s'élever jusqu'au plafond ; la dépression circulaire au centre du dallage pourrait avoir servi à un support en bois — dont on n'a aucune trace — destiné à soutenir la couverture. Il faut cependant se méfier des dommages subis par le dallage lors des deux sondages Hogarth, mais aussi de l'occupation continue dont témoignent les tessons classiques et romains qu'on trouve sous la couche de surface. Le niveau du dallage, plus bas que le seuil, pose un problème : peut-être doit-on restituer deux marches, disparues dans la tranchée Hogarth I, ou en bois. La fenêtre de la façade Est devait être utilisée comme porte- balcon pour décharger les bêtes de somme qui arrivaient dans la cour extérieure Est et transporter les produits directement à l'intérieur du bâtiment (fig. 8). Le matériel mis au jour prouve à l'évidence que la cour dallée était une cour de service : cuisine (pilons et mortiers, vaisselle, marmites, bassine et grand seau de pressoir avec écoulement pour le moût), réserve d'eau (seaux, jarres), elle devait aussi abriter des ateliers (broyeur en pierre, plaque en conglomérat travaillée et pesons). Les trouvailles sont datées du MM III Β (fragment de cruche 1. 28/88) 18, du MM III B/MR I A, du MR III et de l'époque gréco-romaine.

(18) Les numéros des trouvailles renvoient aux journaux de fouille et sont formés d'un numéro d'ordre, du numéro de locus (couche - espace), et de l'année de la campagne. Journaux et inventaires ont été déposés au Musée de Sitia.

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Fig. 8. — La fenêtre de la façade Est vue de l'intérieur du bâtiment. On distingue, sous la bordure triangulaire, le sol dallé et, au premier plan, le sondage Hogarth II, dans le

remblai de l'infrastructure.

Fig. 9. — La plaque en terre cuite et le vase au fond découpé in situ. Derrière eux, mortier elliptique et, à l'arrière-plan, soubassement de la marche de

l'entrée.

1.28/80

14008

Fig. 10. — Pommeau de poignard 1 Vase de pierre caréné 1.29/89.

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Dans la tranchée Hogarth II, qui correspond au remplissage de l'infrastructure et à la «sortie de secours», le matériel, une belle céramique fine (gobelets, tasses, skyphoi et fragment de table à offrandes), va du MM II au MR III. Sur la plaque carrée de terre cuite (0,35 X 0,35 X 0,025 m) trouvée sur le dallage de la cour, non loin de l'entrée (fig. 9), un grand vase de stockage, dont le fond avait été soigneusement découpé, était posé en remploi.

Enfin, dans le remblai de la partie Est du dallage, avec des fragments de gobelets datant du MM II Β au MR I A, on mit au jour un petit pommeau de poignard en pierre dure, grise, à surface lisse et polie (fig. 10). Il a 0,045 m de diamètre et 0,028 m d'épaisseur maximum, et présente une cavité de 0,015 m de diamètre et, sur le côté, un trou de 0,005 m, pour le clou fixant le support dans la cavité19.

Autour de la cour dallée s'organisèrent, du Sud à l'Est, les pièces rectangulaires. Elles devaient toutes être couvertes par un toit plat et une terrasse revêtue de fines plaques de schiste, qui ont été retrouvées dans la couche de surface des pièces. Dans la pièce I, le remblai couvrait à peine le dallage qui complétait par endroits le rocher nu. Une banquette, d'origine, courait le long de la paroi intérieure de la façade Sud ; une autre, plus petite, fut aménagée dans l'angle intérieur, au point de jonction des façades Sud et Ouest. La porte de la pièce assurant la communication avec la cour dallée avait été abîmée par la tranchée Hogarth I. Les vases trouvés dans la pièce I (petites bassines peu profondes, fragments de cruches, de jarres et de bols, marmites portant des traces de feu) vont du MM jusqu'au MR IB, à l'exception de quelques tessons gréco-romains, trouvés en surface.

La pièce II, témoin stratigraphique qui n'a été fouillé qu'en fin de campagne, ne contenait malheureusement qu'un remblai très fin, puisque le rocher au milieu de la pièce apparut immédiatement sous la couche de surface. La céramique (pesons, quelques fragments de coupes et de kyathoi, et un tesson de vase bucchero) va du MM II jusqu'au MR I.

La pièce III, la plus vaste (fig. 11), est la seule qui fournisse quelques informations sur la vie quotidienne à l'intérieur du bâtiment. Elle avait du côté Ouest une fenêtre avec une bordure triangulaire et un montant, tombé à l'intérieur de la pièce ; immédiatement au Nord de la fenêtre, la façade dessine un redan et tourne vers le Nord-Est pour former l'extension de la terrasse extérieure. À l'endroit du redan, côté intérieur, un petit muret complète le rocher qui, orienté Ouest/Est, coupe la pièce, aménageant au Sud un espace étroit et oblong, où l'on a mis au jour un atelier, probablement celui d'un tailleur de pierre (fig. 12). Il s'est installé à l'intérieur de l'ouverture de la fenêtre qui offrait la lumière nécessaire, ainsi qu'un rebord, utilisable comme banquette. Devant la fenêtre, une niche fut aménagée avec une plaque en terre cuite de 0,60 X 0,50 m, fondée sur une infrastructure construite. Une petite cruche et une marmite semblent être tombées de la banquette, et, un peu plus loin, une autre marmite contenait des lames d'obsidienne. Immédiatement à l'Est de la plaque de terre cuite, soigneusement découpé, comme le vase de la cour dallée20, le fond d'un kernos en terre cuite (fig. 13), qui devait avoir le même usage que la plaque de terre cuite, avait été retourné et remployé : le kernos — où

(19) F. Chapouthier, Deux épies d'apparat découvertes en 1996 au Palais de Mallia (1938), fig. 8. (20) Voir fig. 9.

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Fig. 11. — Pièce III vue du Nord-Est.

Fig. 13. — Kernos 1.23/89.

Fig. 12. — Le muret, la niche et la plaque en terre cuite de l'atelier dans la pièce III. On distingue également le kernos

renversé, in situ.

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d'autres voient un jeu de l'oie — , est de type paléopalatial21 ; le diamètre conservé est de 0,188 m et l'épaisseur de 0,026 m; il comporte vingt-quatre cupules circulaires, comme des empreintes de pouces, disposées presque régulièrement en spirale. Cette disposition renvoie aux kernoi de panspermie en pierre, mais il n'est pas exclu qu'il s'agisse d'un vase d'usage courant à fond un peu particulier. On a découvert aussi, retournés et tombés sur le sol, deux vases de pierre qui devaient être posés sur la plaque en terre cuite : il s'agit de vases à profil caréné, faits d'une pierre sombre à veines blanches22, à surface lisse et toucher savonneux. Le premier est fragmentaire ou inachevé ; le second (ht. 0,0615 m ; diam. de la panse 0,094 m ; diam. de la base 0,047 m ; diam. de la lèvre 0,084 m ; ép. de la lèvre 0,005 m) est presque intact, puisqu'il ne manque que l'anse et un fragment du bec (fîg. 10). Sa forme date du MM II. Des mortiers, des fusaïoles, quelques coupes, et deux fragments de pierres brutes complètent le matériel. Dans le reste de la pièce, en dehors d'un mortier en forme de cloche, qui devait avoir une anse sphérique, et des pesons, les vases (cruchon, coupes, kyathoi, cruches et marmites) datent du MM, de la période transitoire MM III Β - MR IA, du MR IA et du MR IB.

Les murs de la pièce rectangulaire IV se distinguent par leur appareil des autres cloisons de l'édifice : au lieu d'une seule rangée de grandes pierres, ils sont faits de deux rangées de petites pierres, avec blocage de cailloutis. Ils ont été fondés sur le remblai qui recouvrait toute la surface de la pièce. Une infrastructure de banquette, le long du mur Est, avait été interprétée, en 1988, comme un sol de pierres. Une tranchée profonde dans la partie Nord de la pièce a fourni des empreintes de briques brûlées prises dans le remblai de terres bien tamisées. La fonction de la pièce IV, dépourvue d'entrée — du moins au niveau où les murs sont conservés — , n'est pas claire. Le matériel se compose essentiellement de céramique fine (coupes et cruches) MM II, MM III, MM III Β -MR IA et MR I, et d'un peson en pierre.

La pièce V était très mal conservée, du fait de l'effondrement de l'angle Nord-Est du bâtiment : toute la couche supérieure du remblai, ainsi qu'une partie de l'infrastructure de la pièce, avaient glissé vers l'Est, perturbant la stratigraphie et interdisant de comprendre la fonction de cette vaste pièce semblable, par sa disposition et ses dimensions, à la pièce III qui lui est symétrique et avec laquelle elle communique par un couloir dallé, oblong, orienté Ouest/Est. De grandes dalles abîmées, le long de la cloison du bâtiment et du côté de la pièce IV, font supposer qu'un sol dallé recouvrait l'infrastructure, comparable à celle de la cour dallée. Il semblerait que la partie Nord du bâtiment était, à l'origine, d'un seul tenant, et qu'elle fut divisée plus tard, lorsque les murs de surface de la pièce IV occupèrent la moitié de l'espace, laissant un corridor pour la communication. On construisit alors l'entrée de la pièce V, avec une marche faite de deux plaques, placées entre l'angle Est de la pièce IV et la cloison, tandis que l'ouverture originale, qui mettait en communication la partie Nord et la partie Sud du bâtiment,

(21) N. Platon, PraktArchEl (1972), p. 160 et 162, fig. 2; E. Karagianni, Μινωικά Σύνθετα Σχεόη (1984), type V.2, fig. 51 ; S. Hood, Aux origines de l'Hellénisme, La Crète et la Grèce. Hommage à H. van Effenterre (1984), p. 39-42.

(22) Sur les vases de pierre, cf. P. Warren, Minoan Stone Vases (1969), p. 31 avec, comme types analogues Ρ 231, Ρ 274, D 163. Comparables par la forme carénée : A. Evans, Palace of Minos al Knosso» I (1921), p. 67, fig. 34; R. P. Seager, Explorations in the Island of Mochlos (1912), pi. VII (IV 6).

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Fig. 14. — L'angle Nord-Est de la colline de Χοιρόμανδρες, vu de l'Est/Nord-Est. On distingue les murs qui complètent les pointes des rochers et le mur de la terrasse ; en bas à droite de la photo, on voit

une partie de l'éboulis de la superstructure des murs.

garda son seuil monolithe au milieu de la cloison. Le matériel découvert dans la pièce V (kyathoi, coupes, seau, marmites, petite bassine, cruche) date du MM à la phase transitoire MM III Β -MR IA; on a trouvé aussi deux briques de la superstructure des murs et un peson en pierre.

La fine couche de remblai qui recouvrait le rocher de la terrasse Nord s'est avérée pauvre en céramique, si l'on excepte le fragment de foyer en terre cuite, à paroi enduite de glaise liquide, trouvé à hauteur de la pièce III. La terrasse ne communique pas avec l'intérieur du bâtiment. On ne sait même pas si l'ouverture, pratiquée à peu près au milieu du mur Est de cette terrasse, est une entrée ou un trou dans ce mur qui, avec ses redans et ses contreforts, suit la pointe de la colline, et devait être assez élevé, si l'on en juge d'après les énormes tas de pierres qui ont roulé au bas de la colline. Le système défensif de la terrasse est renforcé par des murs successifs (fig. 14), construits sur chaque aplatissement du rocher, et dont seul le soubassement est aujourd'hui conservé. Mais, même très ruinée, la place forte semble encore inaccessible, à qui regarde la colline d'en bas.

La pièce VI, enfin, formée par l'extension de la façade Est en un péribole Est, semble être une adjonction. Sa mince couche de remblai a fourni très peu de céramique minoenne, tandis que quelques tessons postérieurs étaient ramassés en surface.

Si donc l'appareil, les terrasses successives et les murs de la colline, joints au petit nombre d'ouvertures semblent être caractéristiques d'une architecture défensive, le mobilier retrouvé ne diffère en rien des trouvailles faites dans n'importe quel bâtiment minoen servant à l'agriculture et à l'élevage — à l'exception peut-être du pommeau de

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poignard, qui rappelle étonnamment les poignards passés à la ceinture des figurines des «adorants» de Petsopha23.

La céramique minoenne du bâtiment a sans aucun doute été produite par l'atelier de Zakros, comme en témoignent l'argile rosée ou orangée, pure ou mêlée de petites particules de calcaire et de schiste, et les formes des vases. Quelques ustensiles sont inhabituels, comme le vase à trois pieds 1.109/88 avec les rangées de croissants en relief à l'intérieur, mais il a au Musée de Sitia un parallèle provenant des fouilles de Zakros en 1968. La céramique peinte n'est pas très abondante à Χοφόμανδρες, mais on y reconnaît facilement aussi le style de Zakros ; il en est de même pour les vases de pierre, nombreux sur les grands sites minoens de Crète orientale, que produisaient dans la région, dès une époque très reculée, des artisans habiles et doués d'originalité.

Le bon état de conservation du bâtiment a permis une occupation presque ininterrompue depuis sa fondation à l'époque protopalatiale. Des sondages stratigraphi- ques, pratiqués à des endroits qui semblaient ne pas avoir été perturbés et qui offraient un remblai d'une épaisseur suffisante (pièces III et IV), nous ont confirmé que les mêmes sols ont été en usage pendant au moins 300 ans, du MM II A au MR IB (fig. 15-19), même si la fonction de ce bâtiment et sa disposition intérieure ont été en partie transformées. La destruction de cette première phase d'occupation ne semble pas avoir été violente. Les traces de feu sur bon nombre de tessons sont dues à l'usage normal de ces vases, bien qu'on n'ait pas retrouvé de foyers fixes — à l'exception du petit fragment de foyer en terre cuite enfoncé dans la terrasse Nord-Ouest. Toutefois, la dernière occupation, du MR III à l'époque romaine, a dû se limiter à la partie Sud du bâtiment et à la zone de la cour extérieure Est et de la cour Sud-Est.

Le poste de Χοιρομανδρεσ dans la tradition de l'architecture rurale du Minoen Moyen.

Les perturbations de la stratigraphie — même dans le cas des dépôts clos — ne permettraient pas de fixer avec certitude l'époque de la construction du bâtiment, même si les tessons les plus anciens, associés aux fondations, datent à l'évidence du MM II A, et si la moitié de la céramique fine trouvée sur le sol est protopalatiale. Nous avons donc cherché à confirmer notre chronologie par une étude architecturale comparative.

Le meilleur parallèle au bâtiment de Χοφόμανδρες est la maison MM du lieu-dit Κουσέ, dans le Sud de la Messara, fouillée en 1925 et 1926 par Sp. Marinatos24. Mesurant 11 X 11 m, elle est divisée, à l'intérieur, en cinq compartiments. Les murs, faits de blocs grossièrement taillés, étaient conservés sur une hauteur de 0,50 m. Outre une abondante

(23) E. Sapouna-Sakellaraki, Μινωιχόν Ζώμχ (1971), p. 8-17, pi. 9 : cinq figurines de Petsopha, MM II, qui portent un poignard à la ceinture, dénudé ou dans son étui décoré. Voici quelques autres exemples de figurines à poignard trouvées dans des sanctuaires de sommet : N. Platon, KChron 5 (1951), p. 143, pi. Z; la figurine MM II de Piskoképhalo HM 2918; D. G. Hogarth, BSA 6 (1899-1900), p. 107, pi. X, 8, figurine en bronze HM 426; de la même grotte de Psychro, une figurine en bronze HM 434.

(24) Sp. Marinatos, ArchDelt (1924-1925), p. 53-78. La fouille est connue dans la bibliographie sous le nom du village le plus proche : Σ του Κουσέ. Aujourd'hui, son véritable nom του Βραχνού ο Λάκκος est oublié dans la région et il a été remplacé par le nouveau toponyme στην Ανασκαφή. Le bâtiment n'est actuellement plus visible, sous la végétation et les détritus qui le recouvrent, mais la description du fouilleur est si détaillée et si vivante qu'on s'imagine en suivre la découverte.

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tn/H

Fig. 15. — Coupes : MM IIIB-MR IA

(1.81/88), de la cour dallée. MR IA (1.4/89), de la pièce III.

MR III A (1.46/88), de la cour dallée. MR I (1.37/88), de la cour dallée. MR I (1.53/89), de la pièce II.

1. 37/ββ Fig. 16. — Skyphoi MR III (1.109/88 et

1.107/88), de la cour dallée. Petite cruche MM (1.37/89), du corridor.

1.34/80

1.40/86

Fig. 17. — Jarre minoenne (1.34/89), de la pièce V.

Petites bassines minoennes (1.40/88 et 1.48/88), de la pièce I.

1.48/88

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1.47/tt

1. 17/89

1.109/88

1.26/89 Fig. 19. — Tesson de coupe

MR IB, à décor d'épongés stylisées (1.17/89), du corridor.

Tesson de coupe MR IA (1.34/89), de la pièce V. Tesson MR III (1.46/88),

de la cour dallée. Tesson MM III Β -MR IA

(1.26/89), du corridor.

Fig. 18. — Marmite à trois pieds minoenne (1.47/88), de la cour dallée.

Marmite à trois pieds MM II/III (1.35/89), du corridor.

Vase MM II (1.109/88), de la cour dallée.

céramique, on y a découvert un assez grand nombre d'objets en pierre et en bronze, dont un couteau. La maison de Κουσέ fut fondée au MM II, et occupée sans discontinuer jusqu'au MR I (1800-1500), c'est-à-dire pendant 300 ans. La seule différence est qu'elle fut détruite par un incendie, tandis que Χοφόμανδρες s'est dégradé progressivement. À 150 m au Sud de la maison de Κουσέ, le fouilleur a mis au jour un «poste de vigile en forme de tour»25, avec des «murs très épais» et une entrée «plus élevée que la partie conservée des murs». Il a également repéré, à environ 10 mn au Sud-Ouest du village de Σίβα, une maison carrée comparable, de plus petite taille, qu'il n'a pas fouillée parce qu'il était «désormais certain que tous les bâtiments carrés de la région sont des maisons».

La petite maison-sanctuaire de Ρουσσές Χόνδρου Βιάνου, mise au jour par N. Platon en 1957 et 195926, présente un plan et une technique de construction identiques. Fondée sur «le bord d'une colline peu élevée», la maison fut bâtie dans la partie Sud-Ouest, sur un contrefort. Elle mesure 10 X 8 m et se compose de cinq pièces au rez-de-chaussée. Elle date du MM III Β -MR IA.

(25) Ibid., p. 76. (26) N. Platon, PraktArchEl (1959), p. 207-209 et pi. 170-171 ; Id., PraklArchEt (1962), p. 145-147.

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ορμ. Κουρεμένος

ορμ.Καρουμες

ορμ. Ζαν,ρου*

■ Φυλάν,ιο , βίγλα • Μινωική ■κατοίκηση U Ιερό κορυφής -Ιερό Η Λατομείο — ΜινωΧχός δρόμος

(σωζόμενη χάραξη) — Μινωικός δρόμος

(υποθετική χάραξη)

Fig. 20. — Carte de la région pilote, complétée après la campagne de 1989.

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1. Ρουσσόλακκος — ville 36. 2. Ρουσσόλακκος — poste de garde 37. 3. Σκαριά — carrière 38. 4. Πετσοφάς — sanctuaire de sommet 39. 5. Πλακάλωνα — poste de garde 40. 6. poste de garde 41. 7. poste de garde 42. 8. poste de garde 43. 9. Κατσαρά Φαράγγι — poste de garde 44.

10. Σχοινιάς — ferme 45. 11. carrière 46. 12. Μαυρομούρι — poste de garde 47. 13. Καρούμες — poste de garde 48. 14. Καρούμες — poste de vigile 49. 15. Χοχλακιές — poste de garde 50. 16. Χοχλακιές — ferme 51. 17. Αδράβαστοι — ferme 52. 18. Τραόσταλος — sanctuaire de sommet 53. 19. Αζοκέραμος — ferme 54. 20. Γλυκάτση — poste de vigile 55. 21. Γλυκάτση — poste de garde 56. 22. Πολλά Κλαδιά — poste de garde 57. 23. Σκάφη — poste de garde 58. 24. Σκάφη — carrière 59. 25. Ταβέρνες — centre administratif 60. 26. Βακλιάς — poste de garde 61. 27. Τραγοπιάστης — poste de garde 62. 28. Καλή Στράτα — habitat 63. 29. Κούκου Κεφάλι — villa 64. 30. Ανθρωπόλιθοι — poste de garde et sanctuaire agraire 65. 31. Πελεκητά — carrière 66. 32. Ζάκρος — palais et ville 67. 33. Καλυβομούρι — poste de vigile 68. 34. Αμπέλες — habitat 69. 35. Λιδορύακο — poste de garde et poste de vigile 70.

Σχοινάρες — centre administratif Άσπρες Πλάκες — poste de garde et carrière Καλή Εληά — poste de garde Φαραγγούλι — poste de garde Μελέφα — poste de garde Σφάκα — poste de garde et poste de vigile Κόκκινο Φρούρι — poste de garde Βουκολιάδες — poste de garde Στη Καθιά — poste de vigile Σχοινοκέφαλο — poste de garde Κάστελλας — poste de garde Χοιρόμανδρες / Παράγκα — poste de garde Μαγγανάρου ο Πόρος — poste de vigile Χοιρόμανδρες — carrière Άμπελος / Κατσουνάκια — ville Άμπελος / Κατσουνάκια — poste de garde Ψιλή Αμμος — carrière Χαμαίτουλο — habitat rural Πάνω Λιμνιά — habitation Κάτω Λιμνιά / Παραλάκη μάντρα — poste de garde Πυργάλες — poste de garde Ζήρος/Άγιο Πνεύμα — poste de garde Κουφόδασος — poste de garde Στου Λέθη — centre administratif Ξυκέφαλο — sanctuaire de sommet Κατελιώνας / Σταυρός — poste de garde Ζάκαθος — poste de garde Σίτανος / Καταλλύματα — habitat Πραισός — ferme 1 Σφακιά — hameau rural Ζού — ferme Πισκοκέφαλο — ferme Πετράς — ville Μόδι — sanctuaire de sommet Ανάλουκας / Κήποι Γρηγορίου — fermes

C'est du même type architectural que relève le bâtiment de 10,40 X 11,70 m, découvert en 1965 par les fouilleurs français, à 700 m au Sud-Est du palais de Μάλια, au lieu-dit Αγία Βαρβάρα27. Il fut détruit par un incendie, au MR I avancé. La partie Ouest de ce bâtiment présente d'extraordinaires ressemblances, quant à sa disposition, avec la partie Nord du poste de Χοιρόμανδρες. La pièce rectangulaire 8, dépourvue d'entrée (comme la pièce IV de Χοιρόμανδρες), fut construite au milieu d'un espace oblong qui, au premier abord, semble être d'un seul tenant, mais qui est en fait divisé en deux pièces rectangulaires 6 et 9, et un corridor oblong 7 (comme à Χοιρόμανδρες les pièces III et V et leur corridor).

La disposition intérieure de ces trois exemples d'architecture MM offre des parallèles évidents avec le poste de Χοιρόμανδρες. Leur fonction en revanche — habitations dans le

(27) O. Pelon, BCH 90 (1966), p. 552-585; P. Faure, La Vie quotidienne en Crète (1973), p. 167-168.

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premier cas, construction fortifiée dans le second — est différente. Il semble que les postes de garde aient repris le modèle architectural traditionnel de l'époque, complété par des aménagements qui conféraient au bâtiment son caractère défensif.

De la fouille du poste de garde et des recherches topographiques dans la vallée de Χοιρόμανδρες, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :

1. Le poste est un bâtiment puissant, de construction soignée, partie d'un programme plus vaste de caractère défensif, essentiellement destiné à contrôler les communications.

2. Son emplacement a été choisi avec soin et tous les moyens mis en œuvre pour que la construction tire le meilleur parti des possibilités du site.

3. Le mobilier retrouvé — en dehors du pommeau de poignard en pierre — donne l'image d'une économie vouée à l'agriculture et à l'élevage. Il provient, sans exception, des ateliers de Zakros.

4. Le bâtiment a été fondé au MM II et occupé de façon continue, sans grands changements dans la disposition intérieure ni recharge des sols, jusqu'au MR IB, époque à laquelle il fut détruit. La partie Sud du bâtiment, de même que les espaces extérieurs accolés, ont été partiellement réoccupés au MR III, et plus tard, aux époques protogéométrique, classique et romaine.

5. L'agencement architectural, ainsi que les trouvailles, ont des parallèles précis, non seulement dans les autres postes de garde situés sur des routes, mais dans des bâtiments isolés du Minoen Moyen, époque à laquelle remonte le tracé du réseau routier.

6. Le rôle joué par l'édifice dans le réseau routier minoen ne peut pas être établi avec certitude, avant que ne soient fouillés d'autres postes semblables.

Yannis Tzedakis, Stella Chryssoulaki, Yanna Venieri et Maria Avgouli.

Addendum : Observations sur les viaducs minoens de Χοφόμανδρες.

Mis à part le viaduc monumental au Sud du palais de Knossos28, on n'avait pas, jusqu'à tout récemment, publié d'autres ponts minoens. Quelques chercheurs connaissaient néanmoins l'existence de ce genre de constructions sur les routes de Crète orientale29. La prospection systématique des routes minoennes, entreprise il y a quelques années30, commence à éclairer d'un jour nouveau ce chapitre négligé du génie civil minoen. Les efforts déployés pour la construction de ces routes et les différences qu'elles présentent suivant leur fonction et les données topographiques31, suffiraient à garantir la capacité des ingénieurs minoens à jeter des ponts sur des ravins. La construction de ponts constituerait d'autre part un bon critère de l'habileté et des connaissances de ces spécialistes.

(28) A. Evans, The Palace of Minos al Knossos II (1928), p. 93-102. (29) R. J. Forbes, «Notes on the History of Ancient Roads and Their Construction», Archaeologisch-

Historische Bijdragen III (1934), p. 55 : « In the eastern part of the island traces of a similar well-paved road were found in the Lasithi mountains near Psychro with remains of bridges and walls along its course. A closer study of its construction and other détails are still lacking».

(30) BCH 113 (1989), p. 43-75. (31) Ibid., p. 49-52.