LaLa dés-objectivation du corps par la médecine en termes scientifiques.
description
Transcript of LaLa dés-objectivation du corps par la médecine en termes scientifiques.
1
La dés-objectivation du corps par la médecine en termes scientifiques.
Antonios Poulios,
Psychologue clinicien, Doctorant de l’Université d’Athènes
La psychanalyse nous enseigne que le sujet s’énonce à travers un corps symbolisé et devient par conséquent un champ parlant. Si ceci n'a pas lieu, nous considérons que c’est la mort qui s’en charge. Si ceci est effectif, que peut-il arriver lorsque la croissance éminente de la médecine soutient qu’elle peut tout laisser voir concernant le corps, sans cependant pouvoir dire quelque chose au niveau de la communication avec celui-ci? L'argument du bien-être peut-il avoir des effets là où la prévention aboutit à n’être que responsabilité personnelle, pratiquement sans relation avec le sujet inscrit dans le lien social et dont le malaise ne peut s'exprimer qu’à condition d’être médicalisé? Cet exposé a comme objectif la formulation d'une réflexion par rapport aux effets, voire aux risques imminents quand le corps est inséré en tant qu’objet dans le champ d'action de la science et de l'Etat, et par conséquent hors symbolique.
2L'homme naît en possédant un organisme mais sa naissance précoce le rend
sans corps1. Le corps, il doit l'acquérir par son inscription dans l'ordre symbolique, à
savoir quand celui-ci devient champ parland dans son rapport à l'Autre. Les
processus, les mouvements qui sont à l'œuvre dans ce cadre ont été par ailleurs
amplement développés par des théoriciens et des cliniciens de la psychanalyse, tels
Freud et Lacan, ainsi bien sûr que d'autres. Suivant la bibliographie psychanalytique,
on pourrait soutenir, tout en résumant, que le désordre corporel, la maladie dite
« organique » survient ou s'accompagne d'un échec du symbolique2,3,4,5,6 - que l'on
nomme également, selon les approches différentes, processus de symbolisation,
mentalisation, fonction symbolique etc. En tous cas, cet échec concerne le cas où la
mort s'en charge, où il y a une jouissance, presque littéralement, jusqu'à la mort.
De l'autre côté, aujourd'hui, les professionnels de la santé parlent pour la
plupart d'affections chroniques7, catégorie sous laquelle se rassemblent le désordre
corporel sous forme d'abâtardissement, de réaction auto-immune ou de genèse du
cancer. Et malgré le fait que beaucoup d'affections aiguës ont cessé d'exister ou sont
devenues chroniques grâce à l'évolution de la médecine, nous constatons une
augmentation continuelle des affections chroniques. C'est un fait qui ne peut pas être
attribué exclusivement à l'amélioration des méthodes diagnostiques8. D'autres
paramètres qui sont pris en considération concernant cette augmentation sont liés au
modede vie, la pollution de l'environnement etc., des paramètres qui dans leur
ensemble s'inscrivent, en fin de compte, dans le cadre de la modification de la société
et de la civilisation et par conséquent de la politique qui les gère. Le jeu de mots de
van Helsing dans Dracula de Stoker selon lequel quand nous parlons de civilisation
1 Lacan, J. (1966). The mirror stage as formative of the I function as revealed in psychoanalytic experience, trans. Β. Fink, in Écrits (pp. 75–81). London, Norton & company (2006).
2 Νικολαΐδης, Ν. (2005). Γλώσσα, ενόρμηση, συμβολισμός, Αθήνα: Ίκαρος.3 Smadja, C. (2001). Ψυχοσωματικά παράδοξα, Σ. Λεωνίδη (μετ.), Αθήνα: Εκδόσεις Μετά (2009).4 Taylor, G. J. (1987). Ψυχοσωματική ιατρική και σύγχρονη ψυχανάλυση, Κ. Ζερβός (μετ.). Αθήνα:
Καστανιώτης (1999).5 McDougall, J. (1989). Theatres of the body: A psychoanalytic approach to psychosomatic illness.
London: Free Association Books.
6 Μαλίχιν, Κ. & Κανελλοπούλου, Λ. (2011). Το σώμα άρρωστο από την αλήθεια. Μια προσέγγιση της αυτοάνοσης ασθένειας Σκλήρυνση κατά Πλάκας μέσα από το λόγο του πάσχοντος υποκειμένου, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 785–826). Αθήνα: Opportuna.
7 Sarafino, E. P. (1999). Health Psychology. Biopsychosocial interactions: John Wiley & Sons. Inc.8 Jaudel, N. (2011). Τι νέα από την Αμερική; στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.)
Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 55–71). Αθήνα: Opportuna.
3nous devons, en même temps, entendre « syphilisation » ou bien la problématique que
présente Ibsen dans les Revenants sont toujours d'actualité.
Étant donné ces considérations nous sommes souvent amenés à nous
demander : qu’est-ce qui se passe avec le corps aujourd'hui? Freud a dit que l’
anatomie est un destin9; aujourd'hui, à l'ère du postmodernisme, du néo-libéralisme et
des dits « nouveaux symptômes », ne devons-nous pas nous interroger sur les destins
de l'anatomie? Or, la science académique ne se prononce pas en ce qui concerne les
conséquences de la postmodernité, de la contestation généralisée et, en parallèle, du
développement accéléré sur la position du sujet10 Nous ne prétendons pas proposer
quelque chose de nouveau; par ailleurs, ces sujets ont été déjà développés par de
grands maîtres et des scientifiques. Or, la présente intervention constitue une tentative
de formuler une problématique et par conséquent un questionnement sur la position
qui est la nôtre.
En revenant donc à la problématique de la société et de la politique qui la
régit, notre point de départ est la constatation que la modification de la société
contemporaine pourrait être résumée ainsi : ce n'est plus le discours du maître qui
constitue le lien social, mais le discours capitaliste11qui, en plus, a assujetti le discours
universitaire – si ce dernier fut jamais libre. L'illusion du sujet qu'il peut lui-même
définir le signifiant qui le représente en est caractéristique. Il trouve la réponse non
pas dans l'imaginaire mais dans le réel tout en croyant que ça lui donne accès à l'objet
de son désir12. Par conséquent, ce n'est pas le sujet qui se modifie mais le champ de
l'Autre, qui, n'est pas manquant dans la mesure où il ne se réfère ni à la Loi ni au
manque. Tout est possible, la jouissance est partout. L'injonction «jouis!» est
conforme au plus-de-jouir justement parce que le monde capitaliste néo-libéral est
prêt à offrir une série d'objets infinie qui soutiennent la jouissance, mais qui
n'apportent pas de satisfaction -dans la mesure où ils s'inscrivent dans l'ordre
imaginaire-, ouvrant la voie aux objets qui suivent. Si le sujet ne se débrouille pas
c'est de sa faute, il en est responsable. Or, vu qu'il ne se réfère plus à la Loi, la
9 Freud, S. (1924). The dissolution of the Oedipus Complex. In J. Strachey (Ed. & Trans.), The standard edition of the complete psychological works of Sigmund Freud (Vol. 14, pp. 171-180). London: Hogarth Press.
10 Whitley, R. (2008). Postmodernity and mental health. Harvard Review of Psychiatry, 16 (6), 354 – 364.
11 Lacan, J. (1991). The Seminar of Jacques Lacan, Book XVII. The other side of psychoanalysis, R. Grigg (trans.). London: Norton & company (2007).
12 Özge, E. (2007). Ένα λακανικό βλέμμα στις σύγχρονες ψυχοπαθολογίες, σε συνάρτηση με τον νεωτερικό λόγο. Εκ των υστέρων, 15, 197–204.
4formation de son symptôme s'effectue en fonction de l'impossible, dans l'absence de
limite psychique, la seule limite étant le corps même, la réalité biologique13,14.
Pourquoi les choses se passent-elle ainsi? D'une part, comme Lacan l'a
démontré, parce que le plus-de-jouir est corrélé à la plus-value, voire au profit15.
D'autre part, à cause du rôle de la bio politique, dont il faudrait absolument tenir
compte. Foucault l'a traité en détail: le pouvoir et les mécanismes réglementaires sont
à tel point consolidés qu'ils peuvent s'auto-reproduire en utilisant comme agent de leur
perpétuation le sujet même sur lequel ils s'exercent au point de lui ôter la maîtrise de
son propre corps16; selon une autre optique, il s'agit du point limite où le corps que le
sujet a acquis par son inscription dans le symbolique, cesse de lui appartenir. Ces
propos s'éclairent, si le pouvoir n'est pas considéré à tort comme quelque chose qui
soustrait - c'est plutôt le cas dans le discours du maître - mais plutôt qui rajoute - c'est
le cas du discours capitaliste. Ce qu'il rajoute peut prendre la forme d'un savoir
supposé, un know-how, une possibilité etc. dont le sujet devient la proie. Désormais la
surveillance se transfère des asiles de tout type à la société même, la vie quotidienne
du sujet17. On pourrait dire que le sujet ne considère plus son désir comme désir de
l'Autre, il ne se situe pas à la place de l'objet du désir de l'Autre, puisqu'il peut choisir
le signifiant qui le représente. En cessant d'être objet du désir, le corps se dés-
objective, il se transforme en chose qui offre du profit et devient champ d'exercice du
pouvoir. En s'abandonnant au plus-de-jouir, il offre non pas seulement sa force de
travail mais son existence entière. Sous cette lumière on pourrait risquer à se
demander : n'est-il pas évident, au niveau macro-économique et macro-politique, qu'il
soit également profitable que le sujet soit malade ainsi que de le rendre responsable de
sa santé et sa maladie? Peut-être s'agit-il de deux faces d'une même pièce.
Or, afin que ces mécanismes de pouvoir et de contrôle fonctionnent, une
alliance entre la médecine et les sciences connexes (psychologie, psychothérapie,
travail social etc.) a été mise en place. Par ailleurs, il n'existe pas de science sans
13 Ehrenberg, Α. (2011). Η αλλαγή στη σχέση κανονικού – παθολογικού. Περί των εννοιών της ψυχικής δυσφορίας και της ψυχικής υγείας, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 369–406). Αθήνα: Opportuna.
14 Özge ibid.15 Lacan ibid.16 Foucault, M. (1999). Οι μη κανονικοί, Σ. Σιαμανδούρας (μετ.). Αθήνα: Εστία (2010).17 ibid.
5politique et la vérité issue de la science est, du moins potentiellement, agent de
contrôle18.
Dans la présente intervention nous essayons de traiter la question de la
maladie ainsi que celle de la responsabilité individuelle concernant la santé en se
référant à deux axes : la médecine en tant que science dont l'objet est la maladie et
l'ensemble de « sciences de santé » -y compris la médicine- dont l'objectif est la
prévention le dit bien-être psychique, le well being.
Le développement de la médecine suit la vitesse de notre temps. Par rapport au
passé, dans le monde occidental «développé», la technologie et le savoir médical ont
atteint des niveaux étonnants : des maladies graves, voire incurables, ont cessé
d'exister et l'espérance de vie a été prolongée.
Néanmoins, la transparence du corps humain dans cette nouvelle ère de la
médecine tend à supprimer le sujet. Comme le note Assoun, vu que les symptômes ne
sont pas guérissables, la jouissance est impérative19. Le désir du sujet est étouffé par
la réponse «c'est dû à votre maladie» qui est donnée à toute expression de déplaisir et
de douleur de la part du sujet. On peut tout montrer, on peut tout voir dans un détail
tel que le corps, l'homme qui est en souffrance disparaît. C'est l'organe qui constitue
l'objet de l'étude comme s'il ne faisait pas partie d'un ensemble, comme si le corps
même et le sujet qui le porte n'appartenaient pas à leur tour à un ensemble plus
général, à savoir l'ensemble social. Le discours est centré sur les tissus et les gènes,
les structures du cerveau et les domaines connexes au lieu d'analyser les conditions
dans lesquelles apparaît la maladie d'un point de vue biopsychosocial. Il s'agit
clairement de la forclusion du sujet qui se tait devant l'objectivité techno-médicale20,21.
Mais il y a également suppression du médecin qui se transforme en
distributeur de produits médicaux industriels au service des technosciences22. La
relation médecin-patient, qui régissait auparavant la pratique médicale, et qui continue
à la définir - du moins à un niveau théorique - n'existe plus si l'on se réfère aux
résultats et aux manuels de la thérapeutique contemporaine. Puisque le corps se dés-
18 Foucault, M. (1980). Michel Foucault, power/knowledge, selected interviews and other writings 1972 –1977, C. Gordon (ed.). England: Harvester.
19 Assoun, P.-L. (2011). Η απόλαυση της δυσφορίας. Το υπερμοντέρνο υπό την οπτική της ψυχανάλυσης, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 29–47). Αθήνα: Opportuna.
20 Περτέση, Ν. (2007). Η προβληματική της διάκλεισης του υποκειμένου στην επιστήμη. Αληthεια, 2, 108 – 124.
21 Ehrenberg ibid.22 Perra-Guillot, V. (2011). Η ιατρική επιστήμη και το φάρμακο, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ.
Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 137–154). Αθήνα: Opportuna.
6objective, il devient chose que l'on peut mesurer et réparer. On passe du «qu'est-ce qui
vous arrive?» au «où est-ce que vous avez mal?»23. Si les moyens techno-
diagnostiques ne peuvent pas diagnostiquer quelque chose – parce que en tout cas le
sujet et sa douleur ne sont pas mesurables24- la réponse donnée est la suivante : «ce
n'est rien».
Le sujet donc se fait taire par le médicament ou le résultat de la technologie de
pointe qui se propose comme réponse à sa demande. Il s'agit d'objets qui soutiennent
le plus-de-jouir, qui couvrent le «ce n'est rien». Il n'y a pas de place pour le manque,
le sujet ne peux pas se demander en ce qui concerne l'avoir : il y a une régression au
régime de l'être. Si le sujet n'est pas reconnu comme parlêtre il ne subit pas l'aphanisis
et c'est exactement à ce point que Lacan situe le psychosomatique25. Le phénomène
psychosomatique est l'effet du signifiant sur un corps qui ne représente pas le sujet,
comme le développent Malichin et Canellopoulos26.
En plus, si l'on décompose le sujet à ses éléments biochimiques, à la fonction
de ses organes, qui s'offrent à des analyses et à des examens minutieux, il est fort
probable que l'on diagnostique une affection ou bien le risque d'en développer une.
Désormais le sujet sera inséré dans la population d'individus sensibles qui nécessitent
de soin médical27. On peut repérer ici un effet de la médecine comme mécanisme de la
bio-politique: l'exploitation abusive de la maladie, comme le note Jaudel28, fondée sur
les possibilités d'investigation infinies, peut mener à un excès de diagnostiques où
n'importe quel donnée non conforme à la norme imposée par l'objectivité du moyen
sera interprétée comme étant pathologique. En d'autres termes, y a-t-il vraiment une
augmentation des affections ou bien, à celles qui sont vraiment nouvelles ne font que
s’ajouter d’autres qui s’inventent (par exemple le syndrome de fatigue chronique ou
celui des jambes sans repos pendant le sommeil etc.)29? Surtout quand le patient est un
consommateur consciencieux de la multitude de cures et de médicaments
23 Foucault, M. (1994). The birth of the clinic. An archaeology of medical perception. London: Vintage.
24 Bracken, P. J. (1995). Beyond liberation: Michel Foucault and the notion of a critical psychiatry. Philosophy, Psychiatry & Psychology, 2 (1), 1–13.
25 Lacan, J. (1981). The Seminar of Jacques Lacan, Book III. The psychoses, R. Grigg (trans.). London: Norton & company (1993).
26 Μαλίχιν & Κανελλοπούλου ibid.27 Le Blanc, G.. (2011). Το μη αξιολογήσιμο. Το επίκαιρο του Κανγκιλέμ, στο Ν. Παπαχριστόπουλος
& Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 181–197). Αθήνα: Opportuna.28 Jaudel ibid. 29 Jaudel ibid.
7conventionnels ou alternatifs du monde postmoderne. La maladie fabriquée au sein du
capitalisme n'a comme but que le profit30.
La forclusion du sujet souffrant par la science le prive de l'issue vers le
symbolique et le laisse en proie de l'imaginaire, l'assimile à la population représentée
par des indicateurs statistiques ; la seule issue du sujet c'est le réel. La jouissance de
ce malaise mène au démantèlement du collectif, vu que ce dernier se constitue par le
manque, le désir, la langue31. Or, on peut se demander si on guérit ou si on entretient.
L'attitude décrite ci-dessus de la part des spécialistes est sans doute indicative
d'une lâcheté devant la douleur, le manque-à-être, devant la mort même, qui est
pourchassée et expulsée du vocabulaire même des spécialistes de la santé: un exemple
caractéristique en est le domaine nouveau et prometteur de la positive psychology32,33.
Néanmoins, selon Freud34, ce que nous faisons sortir par la porte va entrer par la
fenêtre; en fin de compte, tous ceux qui travaillent avec des patients dits organiques
sont justement confrontés à ce phénomène.
Ce qui nous conduit par la force des choses au deuxième axe de notre exposé.
Si l'homme profite des résultats scientifiques contemporains, c'est probable que
l'usure et la mort ne seront plus ses préoccupations. Les sciences de la santé, du Well
Being garantissent la survie continue au sein de la société35, elles rendent le vivre avec
des maladies chroniques un bien-vivre. La contestation généralisée, inextricablement
liée à l'abolition de l'impossible, caractéristique propre de la postmodernité, promet
l'accomplissement de l'individu, l'accomplissement que l'on obtient à travers
l'initiative personnelle36. L'individu peut donc modifier son comportement, en
s'adaptant aux recommandations scientifiques susmentionnées, afin qu'il obtienne,
non pas seulement la prévention de la maladie, mais, en plus, qualité de vie, bonheur
et succès : tout est possible pour le sujet néo-libéral, la castration fait défaut.
30 Κατσογιάννη, Ν. (2011). Ασθένεια, υποκείμενο και κοινωνία: το βιο-πολιτικό παράδειγμα. στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 475 – 501). Αθήνα: Opportuna.
31 Assoun ibid.32 Σιδέρης, Ν. (2011). Σώμα πάσχον, ψυχή άλγουσα. Αναγωγές και υποκειμενικότητες, στο Ν.
Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 29 – 47). Αθήνα: Opportuna.
33 Whitley ibid.34 Freud, S. (1918). From the history of an infantile neurosis. In J. Strachey (Ed. & Trans.), The
standard edition of the complete psychological works of Sigmund Freud (Vol. 17, pp. 1-124). London: Hogarth Press.
35 LeBlanc ibid.36 Ehrenberg, ibid.
8Par ailleurs, l' O.M.S. définit, d'une part, la santé non pas seulement comme
absence de maladie, mais, comme état de bien être total. D’ autre part, il soulève la
question de l'assistance médicale dans un milieu à ressources réduites. Néanmoins,
l'ampleur des ressources n'est pas définie de manière neutre, mais conformément aux
provisions strictes du capital, proposées par les maisons d'évaluation, le F.M.I. Et des
institutions connexes37. Autrement dit, l'Etat se retire et, désormais, c'est l'individu qui
assume la responsabilité de la santé. Il en résulte une population qui essaiera de rester
saine par ses propres dépenses afin de pouvoir produire38, tout en économisant sur les
moyens; de plus, la consommation d'une multitude de produits, de services pour le
bien-être extraordinairement spécialisés et l'existence d'un lifestyle sanitaire de plus en
plus populaire, garantissent des profits supplémentaires39. On pourrait donc affirmer
que ce sont les conditions de précarité qui dérivent du marché libre couplées avec le
retrait de l'Etat en ce qui concerne l'assistance sociale, qui rendent la santé, la maladie
et la qualité de vie un problème individuel40; dans ce contexte le rôle des sciences de
la santé se transforme : elles deviennent des administrateurs de la diffusion de
l'information relative mais aussi de la surveillance étatique41.
En effet, et sous la lumière de l'archéologie de Foucault42,43,44 sur la naissance
de concepts de la santé, de la prévention et de la déviation par rapport à la norme, on
peut affirmer que ce qui vient d'être exposé ci-dessus ne constitue qu'une
manifestation de la bio-politique. Selon la logique de la prévention, surgit toute une
population, à savoir celle des individus vulnérables, dont la seule façon de participer
aux idéaux de l'époque est d'être nommés malades ou bien, en risque de se rendre
malades ; en tout cas, qui sont qualifiés de pas sains. Pourquoi? Parce qu'ils ne se
conforment pas aux normes et aux indicateurs qui déterminent le bien-vivre, et,
comme il a été déjà mentionné cet écart par rapport à la norme est une condition dont
les individus doivent assumer entièrement la responsabilité45. Le malaise inhérent à la
civilisation, que Freud46 avait introduit, est désormais considéré comme étant
37 Μεγαλοοικονόμου, Θ. (2011). Ψυχική υγεία και κοινωνικός δεσμός, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 305–368). Αθήνα: Opportuna.
38 Perra-Guillot, Ibid.39 Whitley, ibid.40 Μεγαλοοικονόμου, ibid.41 Jaudel, ibid.42 Foucault (1999), ibid.43 Foucault (1994), ibid.44 Bracken, ibid.45 Jaudel, ibid.46 Freud, S. (1927). The future of an illusion, Civilization and its discontents and other works. In J.
Strachey (Ed. & Trans.), The standard edition of the complete psychological works of Sigmund
9pathologique, on dirait même qu'il se pénalise, et cela est très bien illustré à travers
l'exemple de la gestion de l'assistance médical, où le patient qui ne fait pas preuve de
docilité est exclus de l'assistance sociale, étant donné qu'il est responsable aussi bien
pour sa santé que pour sa maladie. Le malaise est hors sujet: par malaise on entend
maladie.
De nos jours Némésis a été substitué par les avertissements des sciences de la
santé sur les conséquences du not-so-well-being47, la menace de la mise à mort
d'autrefois a été remplacé par l'imposition gestionnaire de la santé48, l'incarcération
comme peine de la désobéissance a été remplacée par le pouvoir reproduit par
l'individu même qui est porteur d'un savoir supposé, d'un know how ; l'individu est
capable de jouir pleinement et sans cesse des biens qui lui sont offerts49. L'exploitation
des faits biologiques est un phénomène propre de la postmodernité. Le sujet
postmoderne, selon Gori et del Volgo50, débute en possédant un capital génétique et
cela doit être investi de façon déterminée par le régime bio-politique afin qu'il donne
des fruits; bien sûr, ce faisant, le sujet continue de produire et de consommer de
manière presque fétichiste. En fin de compte, au lieu d'être l'esclave du corps on
devient l'artisan du corps51 et on se retrouve de nouveau dans le champ de la plus-
value et du plus-de-jouir.
La combinaison de peur et de jouissance, selon Assoun52, tend au-delà du
principe du plaisir. La responsabilité personnelle dont s'endosse le sujet, le détache du
lien social, vu que le malaise comme effet structural de l'intégration du sujet dans la
société, n'a pas de place dans notre époque. Désormais, le signifiant primordial
devient une affaire personnelle; de même, le champ des signifiants, n'étant lui-même
qu'un signifiant, ne peut pas représenter le sujet. L'assimilation du signifiant
primordial à l'Autre signifie que le sujet, bien qu'il existe, n'est pas nommé53.
L'exclusion du sujet des signifiants qui le représenteraient, dissout le lien social, qui
est un jouir ensemble, et ramène la jouissance au sujet54. Le corps55 en devient la seule
Freud (Vol. 21, pp. 1 - 56). London: Hogarth Press.47 Fitzpatrick, M. (2001). Η τυραννία της υγείας, Α. Γολέμη (μετ.). Αθήνα: Πολύτροπον.48 Κατσογιάννη, ibid.49 Gori, R. & del Volgo, M.-J. (2011). Από την κοινωνία της νόρμας στη διαχειριστική αντίληψη της
φροντίδας, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 407–445). Αθήνα: Opportuna.
50 Ibid.51 Ibid.52 Assoun, ibid.53 Μαλίχιν & Κανελλοπούλου, ibid54 Κατσογιάννη, ibid.55 Özge, ibid.
10issue, le corps qui désormais constitue le monde entier auquel le sujet s'identifie56.
L'absence du manque, la liberté du jouir rendent la rencontre entre les sujets vaine57.
La subjectivation n'a lieu qu'au niveau individuel et par conséquent on ne considère
pas le symptôme comme le retour de la vérité du sujet, mais comme une maladie qu'il
va falloir gérer. La médicalisation de l'existence répond à l'imaginaire. On entend le
corps parler malgré lui, comme s'il n'était que de la biochimie et du matériel
génétique, au lieu d'entendre la douleur de l'existence et le désir humain. Le sujet est
exclu et le symptôme se détache de son histoire. Isolé, détaché des structures qui
constituent un espace transitoire vers le lien social, le sujet se déstabilise, sa certitude
ontologique est ébranlée et il trouve un point d'appui sur les objets de la
postmodernité58. Le life-style devient un antidote à l'aliénation ; elle constitue, avec les
nouveaux symptômes, une manière de fuir le vide et le désespoir.
Il est redoutable de proposer des solutions – d’ ailleurs, les solutions qui sont
proposées par l’un sont toujours suspectes. De plus, la position de la psychanalyse
face à ces phénomènes est toujours complexe. Cependant, nous ne pouvons que nous
interroger concernant les implications éthiques de ce qui vient d'être mentionné ci-
dessus. Derrida affirme59 que la psychanalyse est une condition sans alibi dans un
monde où les alibis, identifiés aux objets à consommer, sont infinis. De nos jours, on
prétend que le sujet est dans le centre de l'attention ; en réalité, il en est complètement
absent. C'est la raison pour laquelle ceux qui s'occupent de la psychanalyse doivent
impérativement rester fidèles à son éthique, telle que Lacan60 l'a décrite dans le
Séminaire, livre VII. Si, au contraire, on se sert de la psychanalyse comme remède
non pas de l'ignorance mais de la maladie, on risque de devenir complices de la bio-
politique du jour ou d'en rester à la théorie en proposant la solution unique à travers
un titre (ce qui serait de l'ordre de l'imaginaire et bien loin du champ de la parole et du
langage), au lieu d'être au service d'un nom. Si nous commettons l'erreur de
l'identification aux psychothérapies postmodernes, nous risquons d'adhérer, et peut-
être certains d'entre nous y sont déjà, à un mécanisme régulateur qui facilite
l'intégration ou la réintégration dans la société, mais tout en faisant passer sous silence
56 Κατσογιάννη, ibid.57 Gori & delVolgo, Ibid.58 Whitley, ibid.59 Derrida, J. (2000). Ψυχικές καταστάσεις της ψυχανάλυσης, Β. Μπιτσώρης (μετ.). Αθήνα: Πατάκης
(2008).60 Lacan, J. (1986). The Seminar of Jacques Lacan, Book VII. The ethics of psychoanalysis, D. Porter
(trans.). London: Norton & company (1992).
11le fait que le problème central de la postmodernité est l'absence du collectif et de
l'organisation collective – malgré la «éclosion» de nouvelles collectivités à travers les
médias sociaux sur internet etc. On oublie que la rencontre et la participation est un
antidote au fétichisme de la consommation, une compensation de l'aliénation. Sinon,
le sujet se tait, il se perd et se pétrifie. Dans notre acte clinique on rencontre souvent
des sujets pétrifiés, des corps transformés en pierre. C'est peut-être un des aspects des
nouveaux symptômes de la postmodernité.
Bibliographie
12Assoun, P.-L. (2011). Η απόλαυση της δυσφορίας. Το υπερμοντέρνο υπό την οπτική
της ψυχανάλυσης, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία,
Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 29–47). Αθήνα: Opportuna.
Bracken, P. J. (1995). Beyond liberation: Michel Foucault and the notion of a critical
psychiatry. Philosophy, Psychiatry & Psychology, 2(1), 1–13.
Derrida, J. (2000). Ψυχικές καταστάσεις της ψυχανάλυσης, Β. Μπιτσώρης (μετ.).
Αθήνα: Πατάκης (2008).
Ehrenberg Α. (2011). Η αλλαγή στη σχέση κανονικού–παθολογικού. Περί των
εννοιών της ψυχικής δυσφορίας και της ψυχικής υγείας, στο Ν.
Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός
Δεσμός (σελ. 369–406). Αθήνα: Opportuna.
Fitzpatrick, M. (2001). Η τυραννία της υγείας, Α. Γολέμη (μετ.). Αθήνα: Πολύτροπον.
Foucault, M. (1980). Michel Foucault, power/knowledge, selected interviews and
other writings 1972–1977, C. Gordon (ed.). England: Harvester.
Foucault, M. (1994). The birth of the clinic. An archaeology of medical perception.
London: Vintage.
Foucault, M. (1999). Οι μη κανονικοί, μετ. Σ. Σιαμανδούρας. Αθήνα: Εστία (2010).
Freud, S. (1918). From the history of an infantile neurosis. In J. Strachey (Ed. &
Trans.), The standard edition of the complete psychological works of Sigmund
Freud (Vol. 17, pp. 1-124). London: Hogarth Press.
Freud, S. (1924). The dissolution of the Oedipus Complex. In J. Strachey (Ed. &
Trans.), The standard edition of the complete psychological works of Sigmund
Freud (Vol. 14, pp. 171-180). London: Hogarth Press.
Freud, S. (1927). The future of an illusion, Civilization and its discontents and other
works. In J. Strachey (Ed. & Trans.), The standard edition of the complete
psychological works of Sigmund Freud (Vol. 21, pp. 1-56). London: Hogarth
Press.
Gori, R. & del Volgo, M.-J. (2011). Από την κοινωνία της νόρμας στη διαχειριστική
αντίληψη της φροντίδας, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.)
Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 407–445). Αθήνα: Opportuna.
Jaudel, N. (2011). Τι νέα από την Αμερική; στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ.
Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 55–71). Αθήνα:
Opportuna.
13Κατσογιάννη, Ν. (2011). Ασθένεια, υποκείμενο και κοινωνία: το βιο-πολιτικό
παράδειγμα. στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια
και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 475–501). Αθήνα: Opportuna.
Lacan, J. (1966). The mirror stage as formative of the I function as revealed in
psychoanalytic experience, trans. Β. Fink, in Écrits (pp. 75–81). London, Norton
& company (2006).
Lacan, J. (1981). The Seminar of Jacques Lacan, Book III. The psychoses (trans. R.
Grigg). London: Norton & company (1993).
Lacan, J. (1986). The Seminar of Jacques Lacan, Book VII. The ethics of
psychoanalysis (trans. D. Porter). London: Norton & company (1992).
Lacan, J. (1991). The Seminar of Jacques Lacan, Book XVII. The other side of
psychoanalysis (trans. R. Grigg). London: Norton & company (2007).
Le Blanc, G. (2011). Το μη αξιολογήσιμο. Το επίκαιρο του Κανγκιλέμ, στο Ν.
Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός
Δεσμός (σελ. 181–197). Αθήνα: Opportuna.
Μαλίχιν, Κ. & Κανελλοπούλου, Λ. (2011). Το σώμα άρρωστο από την αλήθεια. Μια προσέγγιση της αυτοάνοσης ασθένειας Σκλήρυνση κατά Πλάκας μέσα από το λόγο του πάσχοντος υποκειμένου, στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 785–826). Αθήνα: Opportuna.
McDougall, J. (1989). Theatres of the body: A psychoanalytic approach to psychosomatic illness. London: Free Association Books.
Μεγαλοοικονόμου, Θ.. (2011). Ψυχική υγεία και κοινωνικός δεσμός, στο Ν.
Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός
Δεσμός (σελ. 305–368). Αθήνα: Opportuna.
Νικολαΐδης, Ν. (2005). Γλώσσα, ενόρμηση, συμβολισμός, Αθήνα: Ίκαρος.
Özge, E. (2007). Ένα λακανικό βλέμμα στις σύγχρονες ψυχοπαθολογίες, σε
συνάρτηση με τον νεωτερικό λόγο. Εκ των υστέρων, 15, 197–204.
Perra-Guillot, V. (2011). Η ιατρική επιστήμη και το φάρμακο, στο Ν.
Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και Κοινωνικός
Δεσμός (σελ. 137–154). Αθήνα: Opportuna.
Περτέση, Ν. (2007). Η προβληματική της διάκλεισης του υποκειμένου στην
επιστήμη. Αληthεια, 2, 108–124.
Sarafino, E. P. (1999). Health Psychology. Biopsychosocial interactions: John Wiley
& Sons. Inc.
14Σιδέρης, Ν. (2011). Σώμα πάσχον, ψυχή άλγουσα. Αναγωγές και υποκειμενικότητες,
στο Ν. Παπαχριστόπουλος & Κ. Σαμαρτζή (επιμ.) Υγεία, Ασθένεια και
Κοινωνικός Δεσμός (σελ. 29–47). Αθήνα: Opportuna.
Smadja, C. (2001). Ψυχοσωματικά παράδοξα, μετ. Σ. Λεωνίδη., Αθήνα: Εκδόσεις
Μετά (2009).
Taylor, G. J. (1987). Ψυχοσωματική ιατρική και σύγχρονη ψυχανάλυση, μετ. Κ.
Ζερβός. Αθήνα: Καστανιώτης (1999).
Whitley, R. (2008). Postmodernity and mental health. Harvard Review of Psychiatry,
16(6), 354–364.