Rencontres annuelles des doctorants en études byzantines 2012

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  • 2003-2013 - CSBM Rivista online registrata, codice ISSN 2240-5240

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    240

    Rencontres annuelles des doctorants

    en tudes byzantines 2012

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    Indice articoli:

    1. Rayonnement de Byzance : le costume royal en Nubie (Xe s.) Magdalena Wozniak pp. 4-18 2. La culture materielle de la transition byzantino-islamique en Egypte, du VIIIe au IXe siecle : la ceramique lexample des amphores Julie Marchand pp. 19-34 3. Quel role pour la vie de Jean III Vatatzes Lorenzo M. Ciolfi pp. 35-39 4. Capitis Deminutio: exile, banishment and punishments to ambassadors during Justinians era Aitor Fernndez Delgado pp. 40-61 5. Interpreter le de signis de Nicetas Choniates ou le double jeu des apparences Stanislas Kuttner-Homs pp. 62-74

    Immagine di copertina: Julia Reveret

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    In collaborazione con: Oxford University Byzantine Society (University of Oxford)

    Istituto Romeno di Cultura e Ricerca Umanistica di Venezia

    Association ds tudiants du monde byzantin

    Student Network for Byzantine and Medieval Study (University of Cyprus)

    Redazione: Nicola Bergamo (Direttore), Mirko Rizzotto, Flaminia Beneventano, Lorenzo Ciolfi, Giovanni U. Cavallera, Jeffrey Donnelly,

    Elodie Guilhem, Apostolis Kouroupakis, Martina Leitner (redattori)

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    RAYONNEMENT DE BYZANCE : LE COSTUME ROYAL EN NUBIE (Xe s.)

    Magdalena Wozniak*

    Introduction. Au chapitre 6 de son Histoire ecclsiastique, Jean dphse (v. 507-v. 586)

    relate lenvoi de deux missions dvanglisation en Nubie, la premire dpche par Thodora, la seconde par Justinien.1 A cette poque, cette rgion qui stend du sud dAssouan (gypte) jusqu la confluence du Nil Blanc et du Nil Bleu, la hauteur de lactuelle Khartoum (Soudan) est divise en trois royaumes : au nord se trouve le royaume de Nobadia, situ entre la 1e la 3e cataracte, avec pour capitale Pachoras (Faras). Commence ensuite le royaume de Makuria, qui a pour capitale la cit de Dongola et dont la frontire mridionale est situe quelque part entre la 5e et la 6e cataracte.2 Au sud enfin, le royaume dAlodia, dont les dlimitations sont encore assez mal connues, a pour capitale Soba, site qui se trouve quelques kilomtres lest de lactuelle Khartoum. Lauteur raconte en dtail le succs remport par la dlgation monophysite en Nobadia : grce un stratagme mis au point par limpratrice, le moine gyptien Julien et ses compagnons atteignent les premiers le royaume et convertissent le roi et ses sujets la doctrine monophysite avant larrive des envoys de Justinien. Julien reste deux ans au cours desquels il prche et baptise de nombreux sujets puis rentre Constantinople o il est reu avec les honneurs par limpratrice. Son successeur, Longin, est ordonn vque par le patriarche Thodose avant de partir pour la Nobadia ; aprs plusieurs annes passes organiser lglise et affermir la foi des Nobades, Longin se rend en Alodia la demande du monarque de ce royaume qui reoit son tour le baptme. Jean dphse garde cependant le silence sur le royaume de Makuria.

    Le tmoignage de Jean de Biclar (n vers 540), moine goth un temps exil Constantinople, apporte un lment de rponse. Lauteur mentionne en effet dans sa Chronique3 larrive la cour de Constantinople de dlgus des Maccuritae en la septime anne de rgne de Justin II, soit en 573. Pour certains historiens,4 cet pisode rvle le succs de la mission de Justinien dans la conversion de la Makuria la doctrine melkite.

    1 *Prpare une thse darchologie intitule Iconographie des souverains et des dignitaires de la Nubie chrtienne : les vtements dapparat. sous la direction de Franois Baratte, Professeur dArchologie de lAntiquit tardive lUniversit de Paris 4-Sorbonne, UMR 8167 Orient et Mditerrane. Membre de la mission archologique de Banganarti (Acadmie Polonaise des Sciences Universit de Varsovie, direction Dr. Bogdan urawski) depuis 2006. RICHTER S.G., Studien zur Christianiserung Nubiens, Wiesbaden 2002 constitue ltude la plus rcente sur la christianisation de la Nubie et offre une analyse dtaille des crits de Jean dphse. 2 Ibn Salim al-Uswani, historien gyptien du Xe s., situe la frontire en un endroit appel al-Abwab (les Portes), un lieu non identifi ce jour (VANTINI G., Oriental Sources concerning Nubia, Heidelberg, Varsovie 1975, p. 609. Dautres situent ce toponyme entre les villes modernes de Karima et Abou Hamed cf. VANTINI G., Rediscovering Christian Nubia, Vrone 2009, p. 17. 3 VANTINI G., Oriental Sources., cit., pp. 27-28. 4 Sur la conversion de la Makuria la doctrine melkite cf. MONNERET DE VILLARD U., Storia della Nubia Cristiana, Rome 1938, p. 66 ; KIRWAN L., A contemporary account of the conversion of the Sudan to Christianity, in Sudan Notes and Records 20 (1937), pp. 289-295 ; WELSBY D.A., The Medieval Kingdoms of Nubia, Londres 2002, p. 33.

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    Les sources archologiques quant elles rvlent les traces de la prsence chrtienne ds avant larrive des missions byzantines, aussi bien en contexte funraire que dans les sites dhabitat.5

    Parmi les vnements marquants qui se sont drouls sur ce territoire, on doit citer en 651/652 la bataille de Dongola qui fut le point culminant de laffrontement entre Nubiens et envahisseurs gyptiens.6 A lissue du combat, dont aucune des parties ne sortit victorieuse, un trait de non-agression fut conclu, appel baqt. Laccord stipulait les obligations de chacun (le roi de Dongola de fournir des esclaves, les gyptiens des crales, du vin et des tissus) et garantissait la libre circulation des personnes.7 La grande originalit de ce trait rside nanmoins dans le fait que le royaume nubien russit garder son indpendance face la puissance musulmane.8

    Un autre fait de toute premire importance est lunification des royaumes de Nobadia et de Makuria entre la fin du VIIe s. et le dbut du VIIIe s. Les tapes de ce processus ne sont pas bien connues, mais il semble que cest la Makuria qui absorbe la Nobadia ; en tous cas les sources textuelles mentionnent dsormais Dongola comme la capitale de ce grand royaume.9 Faras reste un centre administratif important o sige lparque, une sorte de vice-roi qui exerce son contrle sur la circulation des personnes et des biens entre la Nubie et lgypte.

    Ces vnements conjugus marquent en tous cas le dbut de lapoge des royaumes chrtiens ; un ge dor qui durera prs de cinq sicles avant qu un voile de silence tombe sur la civilisation de la Nubie chrtienne 10 et que les sables recouvrent progressivement les glises et les palais.

    Ce nest au milieu du XXe s. que la Nubie mdivale se rappelle brusquement lHistoire au moment de la construction du barrage dAssouan, au sud de lEgypte. Si les premires fouilles entreprises en Nubie datent du premier tiers du XXe s., cest la campagne de sauvetage lance en Basse-Nubie par lUNESCO11 en 1960 qui donne une vritable impulsion aux recherches sur la Nubie et prlude la naissance de la nubiologie . Plus de vingt-cinq missions trangres rpondent lappel et contribuent au fil des ans rvler lextraordinaire richesse de la culture nubienne. Parmi les sites tudis : Faras.

    5 Lhistoire de la Nubie est principalement connue par la littrature orientale, compile et publie par VANTINI G., Oriental Sources., cit. ; le corpus actuel des sources crites nubiennes proprement dit ne comporte pas de documents de type rcit historique . Laccs aux crits nubiens comporte une difficult supplmentaire lie la diversit des langues employes (grec, copte, vieux nubien et arabe). Les tmoignages endognes de lhistoire nubienne proviennent donc essentiellement des fouilles archologiques : ADAMS W. Y., Sudan Antiquities Service excavations at Meintarti, in KUSH 13 (1965), p. 155 ; id., Post-Pharaonic Nubia in the light of archaeology. II, in JEA 151 (1965), p. 172 ; id., , Continuity and Change in Nubian Cultural Hisory, in Sudan Notes and Records 48 (1967), p. 13 ; MICHAOWSKI K., Faras. Wall Paintings in the Collection of the National Museum in Warsaw, Varsovie 1974, pp. 18-19 ; EDWARDS D.N., The Christianisation of Nubia: some archaeological pointers, in Sudan and Nubia 5 (2001), pp. 89-96. 6 VANTINI G., Oriental Sources., cit., pp. 56-59 ; WELSBY D.A., The Medieval, cit., pp. 68-73. 7 VANTINI G., Oriental Sources., cit., pp. 56-59 ou encore pp. 640-642. 8 WELSBY D.A., The Medieval, cit., pp. 70-71. 9 KIRWAN L., A contemporary, cit., pp. 134-139 ; ADAMS W.Y., The United Kingdom of Makouria and Nobadia. A Medieval Nubian Anomaly, in DAVIES W.V. (ed.), Egypt and Africa. Nubia from prehistory to Islam, Londres 1991, pp. 257-26 ; SHINNIE P.L., Ancient Nubia, Londres 1996, pp. 124-125 ; WELSBY D.A., The Medieval, cit., p. 83. 10 ADAMS W.Y., The United., cit., p. 261. 11 Cf. Le Courrier de lUNESCO, Fvrier-Mars 1980 o est publie la liste de lensemble des missions ayant particip au programme de sauvetage ainsi quun rsum des dcouvertes et travaux effectus. Accessible en ligne sur le site de lUNESCO : http://unesdoc.unesco.org/images/0007/000747/074755fo.pdf.

    http://unesdoc.unesco.org/images/0007/000747/074755fo.pdf

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    Sa cathdrale, fouille et documente par la mission polonaise dirige par le professeur Kazimierz Michaowski, livre alors le plus grand ensemble peint de la Nubie mdivale.12 Cette dcouverte est la pierre de fondation de ltude de la Nubie chrtienne. Les spectaculaires peintures sont aujourdhui conserves dans les galeries des Muses Nationaux Khartoum et Varsovie. Mais Faras nest pas le seul site dimportance. Au total plus de vingt glises et de nombreux monastres furent identifis, dont certains avaient conserv une partie de leur dcor. Aux peintures de Faras viennent ainsi sajouter celles de Sonqi Tino, dAbdallah Nirqi ou encore dAbd el-Gadir.

    Les peintures, dates entre le VIIIe et le XIVe sicle, illustrent majoritairement des scnes caractre religieux. On retrouve des motifs communs dans tous les sanctuaires, quil sagisse de cathdrales ou de petites glises de village : la maiestas Domini, qui se dcline en Nubie galement sous la forme de la maiestas crucis, le thme de lIncarnation et une arme darchanges et de saints cavaliers, trs populaires dans lglise nubienne. Lune des scnes les plus frquemment reprsentes est la Nativit, qui runit autour de la Sainte Famille la sage-femme Salom, les bergers et les anges, mais galement les Rois Mages, les soldats romains ainsi que le prophte Isae.13 La prsence du Christ en gloire et/ou des aptres dans labside laisse penser que les programmes iconographiques comportaient une double thophanie, thme courant dans le monde byzantin,14 comme sans doute le dcor de labside de la cathdrale de Faras. Dautres reprsentations savrent propres lart nubien, comme par exemple la Trinit, dont les trois personnes sont reprsentes de faon identique, en buste, sous les traits du Christ, jeune, barbu, la tte aurole du nimbe crucifre.15 Parmi les scnes les plus courantes, on doit galement noter les scnes de protection, qui mlent des protagonistes du monde cleste et du monde terrestre, les premiers protgeant les seconds. Les intercesseurs les plus populaires sont la Vierge lEnfant et les archanges Raphal et Michel, mais on retrouve galement le Christ, les aptres et les saints. Quant aux protgs, il sagit toujours de personnes de pouvoir : souverains (rois et reines), vques et dignitaires.

    Parmi ces portraits, trois tmoignent de manire particulire de limportance de linfluence byzantine dans lart et lhistoire nubiens. Il sagit des portraits des rois Zacharias III et de son successeur, Georgios III, qui ont rgn sur le royaume de Makuria dans la seconde moiti du Xe s.

    Portrait de Zacharias III.

    Le portrait de Zacharias III (fig. 1) a t excut dans labside de la

    cathdrale de Faras, dcore vraisemblablement lorigine dune double thophanie. Au moment de la dcouverte de ldifice, seule la partie infrieure

    12 MICHAOWSKI K., Faras. Centre artistique de la Nubie Chrtienne, Leiden 1966. 13Cf. la communication de M. Martens-Czarnecka dlivre lors de la 12e Confrence Internationale dtudes Nubiennes, Londres, aot 2010, portant sur les reprsentations nubiennes de la Nativit ( paratre). 14 Cf. VELMANS T., Rayonnement de Byzance, Paris 2006, P. 55 et suivantes ; 89. 15 Il existe galement des reprsentations de la Trinit en pied : la figure peut se composer alors dun corps unique, comme Abd el-Gadir (Muse de Khartoum, n inv. KH 24320) ou bien on trouve trois corps distincts comme par exemple Old Dongola (glise du kom H, in situ, cf. GAZDA D., The Monastery Church on Kom H in Old Dongola 2002, in PAM XIV : Reports 2002 (2003), fig. 7.

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    de la composition tait conserve, figurant la Vierge lEnfant entoure des Aptres. La figure royale a t place au centre de la composition, sous la protection de la Vierge dont les mains ont t repeintes loccasion pour reposer sur les paules du souverain.16

    Fig.1 Zacharias, Faras (Varsovie, Muse National, n inv. 234001 MN)

    Le costume royal se compose de deux robes et dune chlamyde. Dans ltat

    actuel de conservation, on ne distingue aucune trace de motif dcorant les vtements de Zacharias III. Lample pice de tissu, dont les plis sont marqus

    16 MICHAOWSKI K., Faras. , cit., p. 128.

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    par les doubles lignes caractristiques de cette priode,17 recouvre le souverain des paules jusquaux pieds. Le manteau est attach sur lpaule droite, mais lattache nest pas visible, recouverte par main de la Vierge. Aux extrmits du manteau apparaissent des pendants mtalliques, de forme sphrique, cousus sur le manteau. Lextrmit des pendants est orne de fines chanettes.18

    La pice la plus caractristique du manteau est le tablion : il sagit dune paire de pices de tissu brod, cousue de chaque ct du manteau, perpendiculairement au bord. Dans la peinture de Faras, seul le tablion de devant est visible. De couleur rouge, vraisemblablement bord de perles, il contraste vivement avec la couleur claire du manteau royal. Ce contraste de couleurs est assez typique des VIe-VIIe s. comme lillustrent par exemple les mosaques de Ravenne ou bien une icne du Sina reprsentant la Vierge lEnfant entre saint Thodore et saint Georges.19

    Lanalyse dtaille du portrait de Zacharias III dmontre que le roi porte au moins deux robes. Ceci est clairement visible la hauteur du bras droit, tandis que dans la partie infrieure de la peinture lextrmit de la robe de dessus est plus difficile saisir. Sur lavant-bras on distingue nettement une manche plus serre, orne dune bande dcorative au niveau du poignet ; par-dessus cette premire pice de vtement, vient se poser une seconde robe, plus large. On la distingue galement dans la zone de la ceinture par-dessus laquelle la robe dborde.20 Les contours de cette deuxime robe sont ici marqus par une double ligne violette, comme la bordure du manteau sur lpaule. De couleur claire, la robe est orne au milieu de bandes verticales jaunes et vertes. Au registre infrieur on retrouve sur lextrmit du vtement la mme bande dcorative orne de perles que celle qui orne les poignets, ce qui nous pousse lidentifier comme la bordure de la robe de dessous. Par consquent, la robe du dessus doit tre plus courte et son extrmit, marque sans doute dun simple trait violet, doit se confondre avec la ligne suprieure de la bande dcorative. Il est intressant de noter que cette superposition de robes se retrouve sur des uvres byzantines contemporaines, comme par exemple livoire reprsentant Constantin Porphyrognte couronn par le Christ, conserv aujourdhui Muse Pouchkine de Moscou.

    Les deux robes superposes sont maintenues la taille par une ceinture de couleur rouge, orne dune boucle dore. Notons que la boucle de ceinture nest pas place au milieu de la taille, mais porte plus droite. La boucle est richement ouvrage, tandis que la ceinture semble rebrode de perles sur ses contours. Lune des extrmits de la ceinture, partiellement recouverte par le manteau, retombe le long de la cuisse droite du roi. La ceinture est galement documente dans les portraits impriaux byzantins : on en trouve les traces par

    17 Cf. WEITZMANN K., Some remarks on the sources of the fresco paintings of the Cathedral of Faras, in DINKLER E. (ed.), Kunst und Geschichte Nubiens in christlicher Zeit, Recklinghausen 1970, 328-332 ; MARTENS-CZARNECKA M., Faras VII Les lments dcoratifs sur les peintures de Faras, Varsovie 1982, pp. 43-49 ; ead., The Birth of the Multicolour Style, in Nubian Letters 12 (1989), p. 7. 18 MICHAOWSKI K., Faras., cit., p. 44, p. 129 ; MARTENS-CZARNECKA M., Faras VII,cit., p. 40. 19 Voir galement GRIERSON P., Catalogue of the Byzantine coins in the Dumbarton Oaks Collection and in the Whittemore Collection, Washington DC 1973, pp. 117-120. 20 Il semble quil sagisse dun dtail caractristique des peintures nubiennes du Xe s. Il est intressant de noter que cet lment figure galement sur licne du Sina dj voque reprsentant la Vierge lEnfant avec saint Thodore et saint Georges, plus prcisment dans le costume des deux saints.

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    exemple Ravenne, mais galement dans des uvres plus tardives comme le portrait de Nicphore Botaniate au folio 2v du Ms. Coislin 79 conserv la Bibliothque nationale de France, o lon observe une bordure perle.

    Deux portraits de Georgios III.

    Du successeur de Zacharias III nous sont parvenus deux portraits,

    reprsentant le roi dans une tenue presque identique. A Faras, le portrait de Georgios III, accompagn de celui de lvque Petros protg par son saint patron, a t plac dans le baptistre, face labside o figure le Christ Emmanuel ador par les anges. Le souverain a t reprsent couronn par le Christ Enfant, que la Vierge Marie porte sur le bras gauche (fig. 2).

    Fig 2. Georgios III, Faras (Varsovie, Muse National, n inv. 234032 MN)

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    Une composition qui nest pas sans rappeler la formule que Constantin Porphyrognte place dans la bouche du hraut au chapitre 72 (63) du Livre des Crmonies : Que notre Dieu tout puissant et tout misricordieux qui a couronn Votre Majest par lintermdiaire de sa Mre immacule nous accorde la grce, avec vous qui aimez le Christ, de fter en paix, pendant de longues annes, ces jours heureux .21 Le second portrait de ce roi provient de la petite glise de Sonqi Tino. La peinture a t excute sur le mur ouest, faisant une fois de plus face labside. Cette fois, le souverain a t reprsent sous la protection du Christ, qui pose ses deux mains sur les paules du roi (fig. 3).

    Fig. 3 Georgios III, Sonqi Tino (Khartoum, Muse National, n inv. KH 24366)

    21 VOGT A. (trad.), Constantin VII Porphyrognte, Le Livre des Crmonies, Paris 2006, p. 92. Cf. MIERZEJEWSKA B., Murals in the Bishops Chapel, Faras: The Visual Expression of the Rulers Ideology in Nubia, in EMMEL S., KRAUSE M., RICHTER S.G. (edd.), gypten und Nubien in sptantiker und christlicher Zeit, Wiesbaden 1999, pp. 285-296.

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    Les deux portraits de Georgios III reprsentent le roi dans le mme type de costume que Zacharias III. En revanche, on note cette fois labsence du tablion et lapparition de motifs complexes sur les tissus, rehausss de riches broderies.

    Le manteau est une grande pice de tissu rectangulaire, attache sur lpaule droite du roi et qui ne laisse apparatre que le bras droit du souverain. Les contours sont mieux prservs dans la peinture de Faras, mais la majeure partie du dcor a disparu, ne laissant que quelques points et losanges turquoise parpills sur la surface, aujourdhui blanche, du manteau dans la partie droite du tableau. En revanche, le portrait de Sonqi Tino, dtruit dans sa moiti infrieure, conserve une partie du riche dcor qui ornait le manteau dor du souverain. Le tissu tait ainsi brod de grands mdaillons dors ptales encadrant des fleurs huit ptales dont le centre tait serti dun cabochon de forme ronde. La rpartition de ces mdaillons est difficile dterminer en raison de ltat de conservation de la peinture. Entre les mdaillons se trouvaient dautres pierres prcieuses de forme ronde ou losange de couleur rouge et turquoise.

    Dans le portrait de Faras on retrouve galement les pendants cousus aux extrmits. Ils sont ici constitus de trois sphres superposes, incrustes de pierres ; la sphre infrieure est orne de fines chanettes. Lattache du manteau, une grande broche quadrilobe, vraisemblablement en or et serti de pierres prcieuses et/ou de perles, apparat dans le portrait de Sonqi Tino. Elle nest pas place sur lpaule proprement dite, mais un peu plus bas, sous la clavicule ; un trait caractristique de la peinture nubienne quon retrouve par exemple dans les reprsentations des archanges.22

    On retrouve une fois de plus la superposition de deux robes : la robe de dessous est orne aux poignets et son extrmit dune bande dore brode de treillis pourpre rehauss de perles aux intersections. Le tissu semble dcor dun motif similaire (compos de croix encercles de deux lignes dentrelacs entrecroises, formant des sortes de mdaillons) celui de la robe de dessus. Ces lments ont t sans doute peints en jaune dor sur un fond clair ; lensemble tait en plus rehauss de points rouges ou turquoise. Les contours des manches de la robe du dessus, plus larges, sont galement souligns dune double ligne turquoise et dore dans la peinture de Faras.

    La longue ceinture de couleur rouge est de mme type que celle du portrait de Zacharias III. La boucle, en or, est richement ouvrage. Lextrmit de la ceinture est ici en plus dcore dun petit pendant quadrilob dont le modle nest pas sans rappeler lattache de la chlamyde. Lornement, en or, est galement serti de pierres prcieuses de forme ronde.

    La couronne porte par le roi Georgios III est llment le plus remarquable du costume. Il sagit dune sorte de bonnet entour dun cercle mtallique et deux arcs qui sentrecroisent son sommet. Lensemble est serti de pierres prcieuses ainsi que de pendants placs sur les cts et surmont dune croix.

    La structure mtallique de la couronne est ici sertie de cabochons de forme ronde, des bleus alternant avec des rouges ; cependant dans la peinture de Faras (fig. 4), des pierres de forme carre apparaissent dans la partie infrieure de la couronne. Le diadme est orn en son centre dune pierre taille en forme

    22 Cf. par exemple portrait n 12 ou encore larchange Raphal dans la scne de la Nativit Faras.

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    croix.23 Deux autres petites croix en or, galement serties de pierres, apparaissent au-dessus du diadme, entre les arcs. Lensemble se dtache sur le tissu turquoise du bonnet. Au sommet de la couronne reprsente Faras se trouve une toile de David24 surmonte dune croix ; Sonqi Tino (fig. 5), compte-tenu de lespace entre le sommet de la couronne et le visage du Christ, il ny avait vraisemblablement que la croix. Les attaches latrales retenant les pendants sont en forme doiseaux.25 Ceux-ci tiennent dans leur bec une fine chane torsade au bout de laquelle est accroch un pendentif en forme de croix. Les pendants descendent au niveau des oreilles du roi.

    Fig. 4 Georgios III, Faras, dtail de la couronne

    23 Les croix reprsentes dans lart nubien sont toujours des croix de type grec, cest--dire dont les quatre bras sont de mme longueur et se croisent en leur milieu. 24 Sur ltoile de David cf. MARTENS-CZARNECKA M., Faras VII, cit., pp. 71-72 et note 56. 25 Pour le parallle avec le monde byzantin (couronne votive de Lon VI) cf. GODLEWSKI W., Bishops and Kings. The Official Program of the Pachoras (Faras) Cathedral, in GODLEWSKI W., AJTAR A. (edd.), Between the Cataracts: Proceedings of the 11th Conference for Nubian Studies, Varsovie 2008, p. 272, fig. 6.

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    La couronne de Georgios III a depuis longtemps t rapproche du kamelaukion byzantin par les chercheurs, qui en retiennent principalement le caractre imprial.26 Cependant, Elisabeth Piltz qui y a consacr une tude dtaille, ne manque pas de souligner que la couronne dorigine barbare a t importe Byzance au cours du VIe s. et a dabord t linsigne du csar .27 Si Constantin Porphyrognte mentionne cette couronne dans le Livre des Crmonies, il dcrit l un type de couronne votive et non lobjet utilis lors de la crmonie de couronnement. Daprs lauteur, il nexiste pas de preuve de lutilisation du kamelaukion lors du couronnement imprial avant lpoque des Comnnes.28 La prsence du kamelaukion dans le portrait de Georgios III dans la seconde moiti du Xe s. ne tmoigne donc pas du caractre imprial du personnage.

    Fig. 5 Georgios III, Sonqi Tino, dtail de la couronne

    26 MARTENS-CZARNECKA M., Faras VII, cit., 72 ; MIERZEJEWSKA 1999, p. 291. 27 PILTZ E., Kamelaukion et mitra. Insignes byzantins impriaux et ecclsiastiques, Stockholm 1977, pp. 27-28 et particulirement chapitre V. 28 Voir galement HENDY M.F., Catalogue of the Byzantine Coins in the Dumbarton Oaks Collection and in the Whittemore Collection, Washington D.C. 1999, pp. 165-167.

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    Dans son Histoire de ltat byzantin, Georgije Ostrogorski retrace en filigrane lvolution de la dignit de csar dans la hirarchie du pouvoir.29 Ainsi, le titre perd dfinitivement son caractre imprial sous le rgne de lempereur Hraclius (610-641) qui adopte comme titre officiel le terme grec de basileus . Le titre de csar est dsormais la distinction la plus importante aprs la dignit impriale et nest accorde la plupart du temps qu des membres de la famille impriale, comme par exemple aux fils de Constantin V (741-775).30 Au XIe s., le titre de csar cde la premire place la dignit de sbastocrator cre par Alexis Ier (1081-1118) pour son frre Isaac.31 Notons encore que dans le Trait des Offices le titre de csar recule de nouveau dans la hirarchie des dignits, au profit du titre de despote .32 Dans lhistoire ainsi retrace par Ostrogorski un vnement retient lattention : nous y apprenons que Justinien II accorde au cours de son second rgne (705-711) la dignit de csar au Khan des Bulgares, Tervel.33 Il sagit bien sr dune distinction purement honorifique, qui naccorde en aucun cas au khan la moindre participation au pouvoir imprial .34 Si lpisode demeure sans doute relativement exceptionnel, il atteste nanmoins de la possibilit pour lempereur de confrer ce titre des souverains barbares.

    Dans notre cas, la lgende qui accompagne des deux portraits de Georgios III mentionne le titre de basileus , mais il nen demeure par moins que le titre de kaisar est attest dans le corpus nubien au IXe s : cette pithte qualifie le roi Georgios Ier dans le texte de lpitaphe de Mariankouda, parque de Makuria.35 Adam ajtar, qui a publi cette inscription, suggre que le titre de csar port par Georgios Ier tmoigne de ladoption de la titulature impriale au temps de Justinien Ier, cest--dire au moment de la christianisation de la Nubie par les missions byzantines.36 Lhypothse semble acceptable, mais force est de constater que le mme contexte ne permet pas dexpliquer la prsence du kamelaukion au sein des regalia nubiens. Si la royaut nubienne a adopt le titre imprial de csar sous le rgne de Justinien, pourquoi se serait-elle garde dadopter galement la couronne impriale, savoir, le stemma ?

    La coexistence dans le corpus nubien du titre de csar et des reprsentations figures du kamelaukion, la couronne associe cette dignit, forment mon sens un ensemble cohrent qui met non seulement en lumire la nature diplomatique et politique des relations entre Constantinople et Dongola mais permet galement de mieux cerner les limites chronologiques de ces changes.

    Reste expliquer lassociation du kamelaukion avec le titre de basileus dans le portrait de Georgios III. Quelles sont les raisons dun tel choix ? La premire tape de notre enqute concerne le titre mme de basileus : est-il le

    29 OSTROGORSKI G., Histoire de lEtat byzantin, Paris 2007 [1e dition 1948], p. 60, p. 91, p. 135. 30 id., p. 205. 31 OSTROGORSKI G., Histoire, cit., p. 388. 32 VERPEAUX J. (trad.), Pseudo-Kodinos, Trait des Offices, Paris, 1966, pp. 133-134. 33 OSTROGORSKI G., Histoire., cit., pp. 171-172. Daprs Nicphore. 34 id., p. 172. 35 AJTAR A., Catalogue of the Greek Inscriptions in the Sudan National Museum at Khartoum, Louvain, Paris 2003, pp. 81-93 et p. 106. 36 id., 92. Sur la titulature byzantine en Nubie cf. HGG T., Titles and Honorific Epithets in Nubian Greek Texts, in Symbolae Osloenses 65 (1990), pp. 147-177.

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    reflet du titre imprial byzantin ou sagit-il simplement du terme grec dsignant la fonction royale ? Lempereur Hraclius, qui a renonc une titulature latine juge trop complique, na pas invent de nouveau mot pour dfinir son statut, mais a repris le nom grec courant dsignant le roi et la instaur comme titre officiel de la dignit impriale.37 Dans le contexte nubien, le sens de ce terme a-t-il galement acquis la connotation au pouvoir imprial ? Rien nest moins sr. A la lecture des sources endognes il apparat que, de manire gnrale, dans les textes rdigs en copte, le terme employ pour dsigner le roi est rro , tandis que dans les textes de langue grecque, le mot en usage est basileus . On pourrait tenter de voir une exception dans linscription de fondation de Isou, parque de Nobadia Faras, retrouve Faras.38 Le texte, rdig en copte, qualifie Zacharias II du titre rro , tandis quil donne basileus pour Georgios II (son pre), un schma qui nest pas sans rappeler larticulation mise ne lumire par Adam ajtar pour les titres auguste et csar .39 Mais dans un document lgal galement rdig en copte provenant de Qasr Ibrim les deux mmes souverains sont dsigns par rro .40 Les deux titres paraissent donc interchangeables. Au contraire, par exemple, le titre de la mre royale, meter basileos, garde la mme forme quel que soit le contexte linguistique.41

    Dans ces conditions, l anomalie releve dans le portrait de Georgios III disparat. La prsence de la couronne tmoigne sans aucun doute des contacts entretenus dans le pass avec lempire byzantin mais le terme qui identifie le souverain est utilis dans son sens premier, savoir roi et non pas dans lacceptation byzantine particulire d empereur . Il ny a donc pas lieu de rechercher ici ladoption par le roi de Makuria de la titulature impriale byzantine.

    Conclusions

    La documentation nubienne savre donc intressante plus dun titre,

    commencer par la reprsentation exceptionnelle du kamelaukion une poque o cette couronne nest pas encore un attribut imprial. A ma connaissance, il nexiste pas de tmoignage quivalent dans la sphre byzantine pour cette poque : dans les uvres contemporaines, lempereur byzantin est toujours reprsent couronn du stemma.

    Par ailleurs, cet lment savre un indice de premire importance quant notre comprhension des relations qui ont pu stablir entre le royaume nubien et lempire byzantin ; les seules sources crites que nous possdons sont les mentions de Jean dEphse et de Jean de Biclar qui se limitent au contexte dvanglisation de la Nubie au VIe s. Or ladoption dinsignes byzantins par la monarchie makurite tmoigne de lintrt politique qui a pu lier les deux entits.

    Ces trois portraits sont chronologiquement proches et prsentent dans les grandes lignes un costume similaire : une robe ample passe par-dessus une robe de dessous plus troite et un manteau attach sur lpaule droite, recouvrant les

    37 OSTROGORSKI red. 2007, p. 135 et note 2 ;AJTAR A., Catalogue., cit. p. 105 note que le titre auguste reste en usage sur les pices de monnaie jusquau VIIIe s. 38 Cf. Database of the Medieval Nubian Texts (http://www.dbmnt.uw.edu.pl/), n33. 39 AJTAR A., Catalogue., cit., p. 106. 40 Cf. Database of the Medieval Nubian Texts, n 615. 41 Je remercie vivement le Dr. Grzegorz Ochaa pour son aide et ses commentaires enrichissants sur le sujet.

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    deux paules et le bras gauche. Mais nous observons cependant une diffrence de taille quant au dcor des vtements. Tandis que le costume de Zacharias III est marqu par lemploi de couleurs uniformes, celui de Georgios III se distingue par lapparition de textiles richement orns, aussi bien pour le manteau que pour les robes. Le seul lment commun avec le portrait de Zacharias III, dans ltat de conservation des peintures, est la prsence des bandes ornes de losanges aux poignets et lextrmit infrieure de la robe de dessous. Ainsi, le premier portrait, qui se rfre largement la mode byzantine des VIe-VIIe s. tmoigne de lexistence dun prototype ancien dans la construction de lapparat royal nubien. Quant aux deux portraits de Georgios III, ils semblent illustrer une sorte de ractualisation du costume, plus adapte au got de lpoque. Cette priode marque galement lvolution du style vers un dcor plus riche et plus expansif.42 Dans ce contexte, les bandes dcoratives de la robe de dessous sont lunique lment encore archasant du portrait.

    Lobservation attentive de ce costume byzantin permet de dgager certaines spcificits nubiennes . Tout dabord, dans le contexte plus gnral des peintures makurites, il apparat que ce type de vtements est port exclusivement par le roi, tandis que dans le monde byzantin ce qui diffrencie le souverain de ses sujets est plutt la richesse des tissus employs et la couleur rouge pour certains lments du costume comme par exemple les chaussures. Ce dernier trait semble avoir t galement adopt par la monarchie nubienne. La reprsentation de la chlamyde tablion ainsi que la prsence du kamelaukion attestent notamment dune influence byzantine certaine une priode antrieure au Xe s. ; au moment de lexcution des portraits de Georgios III, le choix dliminer certains lments (le tablion) et den conserver dautres (bordures des robes, ceinture, chaussure mais aussi trs vraisemblablement le kamelaukion) est un indicateur intressant de la perception par la royaut nubienne de cet hritage byzantin. Il semble ainsi que certaines pices (comme la couronne ou la ceinture) sont considres comme indispensables pour marquer le statut royal du personnage, tandis que dautres (comme le tablion) sont perues comme le reflet dune mode dont le caractre phmre ncessite des mises jour rgulires. Par ailleurs, lanalyse des pices du costume tmoigne galement de lemploi simultan dattributs nubiens comme le collier large et peut-tre aussi la barbe postiche , qui invitent nuancer lide dune imitation servile par les rois nubiens du pouvoir byzantin et clairent le caractre complexe, pluri-identitaire, de la monarchie makurite.

    42 MARTENS-CZARNECKA M., Faras VII, cit., pp. 80-88.

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    LA CULTURE MATERIELLE DE LA TRANSITION BYZANTINO-ISLAMIQUE EN EGYPTE,

    DU VIIE AU IXE SIECLE : LA CERAMIQUE, LEXEMPLE DES AMPHORES

    Julie Marchand Cet article se veut prsenter le projet de thse de lauteure intitul

    Recherches sur les phnomnes de transition, de lEgypte copto-byzantine lEgypte islamique. La culture matrielle, qui se droule lUniversit de Poitiers, sous la direction de Madame Pascale Ballet, professeur lUniversit et avec la co-tutelle de Monsieur Roland-Pierre Gayraud, charg de recherches au CNRS, LA3M dAix-en-Provence. (Laboratoire d'Archologie Mdivale et Moderne en Mditerrane).

    Lintrt de cette thse est de cibler, travers les objets de la culture matrielle ou, dfaut, le matriel archologique, la vie domestique pour la priode du VIIe au IXe sicle aprs J-C, savoir, juste avant la conqute arabe, la priode de post-conqute et le dbut de lpoque islamique en gypte. Il sagit de comprendre si les objets du quotidien sont de bons indicateurs des changements politiques. Ainsi, cette tude permet de faire un point sur les hritages byzantins et coptes sauvegards et de dterminer par quelles transformations, le mobilier est attribu lpoque islamique. Loccasion est aussi donne, dans ce cadre, de remettre les bouleversements politiques en place, lis au changement religieux dans le contexte domestique. Outre la porte de ltude pour la culture matrielle, ce sujet concerne de plus une priode charnire, souvent appele de transition , qui, tout en tant connue, a pendant longtemps reu peu dattention et a souffert de prjugs. Cette mme priode a longtemps t appele Dark Ages pour lOccident, on imagine quelle ltait encore plus dans limaginaire pour lOrient ! De plus, les priodes de transitions entre lAntiquit tardive et le dbut de lpoque mdivale ont longtemps t associes la notion de dcadence.43 Mieux cerner les productions et les cramiques utilises cette poque tardive permettraient enfin de cesser les dnominations faciles et vagues telles que cramique ou vaisselle dpoque copte .

    Les premires donnes que lon ait proviennent des grands monastres qui ont t fouills au dbut du XXe sicle.44 Les mthodes de fouilles de lpoque, aujourdhui largement caduques et dpasses, ne nous permettent plus de tirer parti du potentiel de ces monastres leur juste valeur, rendant une partie du matriel inexploitable. Or il semble que ces lieux et entits religieuses dclinent

    43 Citons juste pour exemple le fameux ouvrage dGIBBON E., Histoire de la dcadence et de la chute de l'Empire romain, London 1776-1788 [1909]. 44 Citons par exemples les monastres de Baouit, de Saint-Jrmie de Saqqara, dEpiphanius de Thbes, fouills respectivement ds 1903 (CLEDAT J., Le monastre et la ncropole de Baout, Le Caire 1904-1906, in Mmoires de lInstitut Franais dArchologie Orientale 12 (1908) (QUIBELL J.E., Excavations at Saqqara (1908-9, 1909-10) : the monastery of Apa, Cairo 1912) et 1914 (WINLOCK H.E. et CRUM W.E., The monastery of Epiphanius at Thebes, New-York 1926).

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    ds la fin du VIIe et durant le VIIIe sicle. Cela sexpliquerait notamment par les fortes pressions fiscales et un climat de violence gnral.45

    Nombre de monastres ny auraient pas survcu, ils ont peu peu t abandonns : notre documentation sarrte donc dans le courant du VIIIe sicle. Citons les monastres de la montagne thbaine comme le monastre dEpiphane qui disparait dans le milieu du VIIe sicle,46 le site de Saint-Marc Gournet Muray qui steint la fin du VIIe ou au dbut du VIIIe sicle.47 De mme, la cramique de Dayr al-Bakht nest pas postrieure au dbut du VIIIe sicle.48 Ne subsiste gure, au VIIIe sicle, que le monastre de Phoibammon, certainement de par le personnage fort qutait le pre Abraham49 ou les laures des Kellia.50 On manque donc cruellement de documentation pour le IXe sicle, outre les quelques villes dont on connait loccupation cette poque, comme Tebtynis,51 Td,52 Fustat.53

    Evoquer tout le facis du petit mobilier du VIIe au IXe sicle serait trop long, on prsentera donc ici uniquement la cramique et, pour cela, on prendra lexemple des amphores. On sappuiera sur les dcouvertes qui ont t faites sur quelques sites de rfrence, savoir Fustat, Km Abou Billou, les Kellia, Tebtynis et Antinooupolis (Fig. 1).

    45 Cette explication est dveloppe par R. Boutros et Chr. Dcobert : la documentation fiscale rend compte de la ralit musulmane au moins ds la fin du VIIe sicle. Les populations gyptiennes devaient payer un impt de capitation (diagraphon en grec, jizya en arabe) et dentretien des officiers administratifs (dapan en grec). Ces taxes rendent notamment compte de la discrimination des non musulmans (BOUTROS R. - DECOBERT Chr., Installations chrtiennes entre Balls et Armant, in Etudes coptes VII, a cura di BOSSON N., Paris-Louvain 2000 ( Cahiers de la Bibliothque Copte 12), pp. 91 sq.). J.-Cl. Garcin mentionne aussi une rvolte de Haute-Egypte qui fut rprime dans le sang en 121 AH/739 AD: GARCIN J.-Cl., Un centre musulman de la Haute-Egypte mdivale : Qus, Le Caire 1976 ( Textes arabes et Etudes Islamiques 6), pp. 44-45. 46 WINLOCK H.E. et CRUM W.E., The monastery, cit., p. 103. 47 GASCOU J., Documents grecs de Qurnat Mary, in Bulletin de lInstitut Franais dArchologie Orientale 99 (1999), p. 20 et note 2. 48 POLZ D., Bericht ber die 4. Und 5. Grabungskampagne in der Nekropole von Dra Abu el-Naga/Theben-West, in Mitteilungen des Deutschen Archologischen Instituts, Abt. Kairo 55 (1995), pp. 218-220 ; BOUTROS R. et DCOBERT Chr., Installations chrtiennes, cit., p. 99. 49 Ivi., p. 89 et GODLEWSKI W., Le monastre de St Phoibammon, Varsovie 1986 (Deir el-Bahari, V), pp. 66-78. 50 BALLET P., BOSSON N. et RASSART-DEBERGH M., Kellia II. Lermitage copte QR 195. 2. La cramique, les inscriptions, les dcors, Le Caire 2003 ( Fouilles de lInstitut Franais dArchologie Orientale 49/2) ; KASSER R. (a cura di), EK 8184. Tome III : Explorations aux Qoucor el-Izeila lors des campagnes 1981, 1982, 1984, 1985, 1986, 1989 et 1990, Mission suisse darchologie copte de luniversit de Genve, Louvain 2001; IDEM, EK 8184, Tome IV : Exploration aux Qoucor Hegeila et Ereima lors des campagnes 1987, 1988 et 1989, Mission suisse darchologie copte de lUniversit de Genve, Louvain 2003. 51 Voir les fouilles et les tudes cramologiques dans les Annales Islamologiques : ROUSSET M.-O. MARCHAND S., Tebtynis 1998. Travaux dans le secteur Nord, in Annales Islamologiques 33 (1999) ; IDEM, Secteur nord de Tebtynis (Fayyoum). Mission de 1999, in Annales Islamologiques 34 (2000) et IDEM, Secteur nord de Tebtynis (Fayyoum). Mission de 2000, in Annales Islamologiques 35-1 (2001). 52 PIERRAT G., Essai de classification de la cramique de Td, de la fin du VIIe sicle au dbut du XIIIe sicle apr. J.-C., in Cahiers de la cramique Egyptienne 2 (1991) ; EADEM, Evolution de la cramique de Td. Du IIe sicle au VIIe sicle apr. J.-C., in Cahiers de la cramique Egyptienne 4 (1996). 53 VOGT Chr., Les cramiques omeyyades et abbassides d'lstabl 'Antar - Fostat: traditions mditerranennes et influences orientales, in La cramique mdivale en Mditerrane, VIe Congrs, Aix-en-Provence 1995, a cura di DEMIANS DARCHIMBAUD G., Aix-en-Provence 1997 ; GAYRAUD R.-P., TREGLIA J.-Chr. et VALLAURI L., Assemblages de cramiques gyptiennes dates par les fouilles dIstabl Antar (milieu VIIe 1re moiti du Xe s.), in VIIIe Congresso Internacional de Ceramica Medieval en el Mediterraneo, Ciudad Real-Almagro, 27 fvrier-3 mars 2006, tome 1, Ciudad Real 2009.

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    Fig. 1: Carte des sites gyptiens nomms.

    1. Les amphores du VIIe au IXe sicle Les amphores gyptiennes sont de quatre types : les Late Roman Amphora

    5/6 (LRA 5/6), les Amphores gyptiennes 3T (AE 3T), les Late Roman Amphora 7 (LRA 7) et les Amphores gyptiennes 8 (AE 8).54

    54 Les noms Late Roman Amphora (LRA) sont donns daprs la typologie de J. Riley des amphores orientales Carthage en 1971 (RILEY J., The Pottery from Cisterns 1977.1, 1977.2 and 1977.3, in HUMPHREY J.H. (ed.),

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    a. Les LRA 5/6 Ces amphores sont de forme globulaire ou ovode et sont souvent

    dnommes aussi bag-shaped en raison de leur ressemblance des outres.55 Cette catgorie regroupe plusieurs types proche-orientaux, connus entre le

    IVe et le XIIe sicle, parmi lesquels deux seulement sont proprement gyptiens.56 Le premier type relve dun genre assez homogne. Souvent appel Egloff

    186,57 il sagit dune amphore au corps sphrode, entirement cannel, un fond bomb sans pied, une lvre verticale ou oblique, des anses massives en oreilles, comme laccoutume sur les amphores-sacs .58 Aux Kellia, on le rencontre entre la premire moiti du VIIe et le dbut du VIIIe sicle.59 Les exemplaires les plus tardifs, pourraient tre encore en cours au XIIe sicle.60 Ces amphores sont large panse, de forme ovode marque. Leur capacit est estime environ 20 litres.61 Elles sont ralises en pte calcaire, dure et dense, qui prend diffrentes textures et couleurs. Elles sont toutefois souvent de couleur beige-jaune en surface et rose en cassure.62 Elles auraient en partie t produites Abu Mina puisquun four y a t dcouvert et dat de la seconde moiti du VIIe sicle.63 Toutefois les nombreuses variantes dcouvertes, notamment aux Kellia, incitent penser que dautres centres aient pu fournir la rgion. On avait avanc lhypothse dune production en Marotide.64

    Le second type concerne des conteneurs plus petits, dune morphologie gnrale piriforme. D. Pieri les dcrit comme suit : une panse trapue piriforme cannele ou lisse, un fond aplati bomb et de petites anses en oreilles .65 Leur capacit se situerait entre 7 et 8 litres, voire 10 pour les plus gros modules.66 Leur diffusion se serait faite entre la premire moiti du VIIe et le XIe, voire

    Excavations at Carthage, 1977 conducted by the University of Michigan, IV, Ann Arbor 1981, pp. 85-124.). Les noms de Amphore Egyptienne (AE), sont, quant eux, utiliss daprs la classification des ateliers damphores autour du Lac Mariout de J.-Y. Empereur et M. Picon (EMPEREUR J.-Y. et PICON M., Les ateliers damphores du lac Mariout , in EMPEREUR J.-Y. (ed.), Commerce et artisanat dans lAlexandrie hellnistique et romaine, actes du colloque dAthnes, 11-12 dcembre 1988, in Bulletin de Correspondance Hellnique, Supplment 33 (1998), pp. 75-91. 55 Elles rsultent de fait certainement une transposition en cramique des anciennes outres en peaux : PIERI D., Le commerce du vin oriental lpoque byzantine (Ve-VIIe sicle). Le tmoignage des amphores en Gaule, in Bibliothque Archologique et Historique 174 (2005), p. 114, note 363. 56 DIXNEUF D., Amphores gyptiennes. Production, typologie, contenu et diffusion (IIIe sicle avant J.-C. - IXe sicle aprs J.-C.), in Etudes Alexandrines 22 (2011), p. 142 et PIERI D., Le commerce, cit., pp. 114-122. 57 EGLOFF M., Kellia, la poterie copte. Quatre sicles dartisanat et dchanges en Basse-Egypte, Genve 1977, pp. 117-118. 58 Dfinition du type damphore-sac 3 de Pieri : PIERI D., Le commerce, cit., pp. 119-120. 59 BALLET P., BOSSON N. et RASSART-DEBERGH M., Kellia II, cit., pp. 141-142 et EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., p. 118. 60 DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 147. 61 PIERI D., Le commerce, cit., p. 120. 62 ENGEMANN J., A propos des amphores dAbou Mina, in Cahiers de la Cramique Egyptienne 3 (1992), p. 153. 63 Egloff en mentionne un : EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., p. 117, note 3 et on a aussi une trs brve mention dun norme four mdival dcouvert Abou Mina par P. Grossmann servant la production des amphores : Egyptian Archaeology 12 (1998), p. 29 64 EMPEREUR J.-Y. et PICON M., La reconnaissance des productions des ateliers cramiques : lexemple de la Marotide, in Cahiers de la Cramique Egyptienne 3 (1992), pp. 150-152. 65 Dfinition de lamphore-sac type 4 de Pieri : PIERI D., Le commerce, cit., p. 121. 66 Ibidem.

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    jusquau XIIe sicle.67 Elles sont aussi appeles Egloff 187-190 et sont en pte alluviale rouge.68 Seul un atelier de production gyptien a t localis, il sagit de Km Abou Billou, ville situe lest du Delta.69

    Ce dernier type damphore LRA 5/6 aurait t introduit et produit en Egypte vers le milieu du VIIe sicle selon M. Egloff, qui dfinit ces conteneurs comme figurant dans toute habitation dpoque omeyyade .70 Plus prcisment, daprs le matriel rcemment tudi aux Kellia par les missions suisses et franaises, les conteneurs dits dAbou Mina en pte calcaire apparaitraient dans le second quart du VIIe sicle, alors que les conteneurs en pte alluviale, les amphores du type dit dAbou Billou apparaitraient juste aprs, ds le milieu du VIIe sicle.71

    Ces amphores gyptiennes sont donc des copies ou adaptations gyptiennes du VIIe sicle des conteneurs LRA 5/6 originaires du Levant-Sud, de Jordanie et de Palestine.72 De fait, ces formes particulires sont nouvelles dans le monde gyptien et ne consistent pas en une volution dun autre type, linstar des LRA 7 qui, selon nous, sont une volution des Amphores gyptiennes 3.73

    b. Les AE 3T Les amphores bitronconiques, ou AE 3, tardives se situent dans la continuit

    typologique de chronologique des AE 3 dpoque romaine. Il semblerait, de fait, que, ds le IIIe sicle, les ateliers implants sur les rives du lac Mariout aient cess de fonctionner ou de moins de produire ce type damphore. Des ateliers localiss dans le Delta, dans le Fayoum et le long de la Valle du Nil ont continu la production de ces amphores, dsormais qualifies de byzantines.74

    Uniquement confectionnes partir dargiles alluviales, ces amphores, appeles Egloff 172 et 180,75 se distinguent notamment de leurs anciennes variantes par des anses qui sattachent sur le rebord de la lvre et une panse renfle.76 Si la premire, E 172, nest date quentre la fin du IVe et la fin du Ve sicle, la seconde, elle, se trouve dans les niveaux plus rcents, entre le Ve et le

    67 On en trouve dans des contextes des IXe et Xe sicles Alexandrie : BALLET P., Cramique tardive des Kellia et prsence islamique, in BRIDEL Ph. (a cura di), Le site monastique copte des Kellia. Sources historiques et explorations archologiques. Actes du Colloque de Genve, 13-15 aot 1984, Genve 1986, p. 302. Elles sont produites sans changement jusquau XIe sicle selon D. Pieri (PIERI D., Le commerce, cit., p. 122), voire au-del, puisquon en trouve dans les niveaux du XIIe sicle dans la forteresse de Qalat al-Guind, Sadr dans le Sina (MOUNY S., Note prliminaire sur les amphores et premire approche typologique et morphologique des conteneurs trouvs sur la forteresse de Qalat al-Guind (Sadr, Sina central), in Cahiers de la Cramique Egyptienne 8 (2007), p. 634, Pl. 1.4) et sur la Muraille du Caire (tude de lauteure, octobre-novembre 2011). 68 EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., p. 118. 69 BALLET P., Un atelier damphores Late Roman Amphora 5/6 Km Abou Billou (Egypte), in Chroniques dEgypte LXIX, fasc. 138 (1994). 70 EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., p. 118. 71 BONNET Fr., Poterie, verre, monnaies, dcors et inscriptions, in KASSER R. (ed.), Survey archologique des Kellia Basse-Egypte. Rapport de la campagne 1981, fasc. 1, Louvain 1983, p. 442 ; BALLET P., BOSSON N. et RASSART-DEBERGH M., Kellia II, cit., p. 146. 72 PIERI D., Le commerce, cit., p. 114 ; DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 142. 73 Ivi, p. 155. 74 Ivi, p. 138. Pour ltude des AE dpoque romaine, voir EMPEREUR J.-Y. et PICON M., La reconnaissance, cit., p. 148 ou DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 98 sq. 75 EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., p. 114 et 116. 76 DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 139 et fig. 119.

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    VIIe sicle aux Kellia,77 soit la priode chronologique qui nous intresse. Depuis cette tude, les fouilles archologiques des Kellia ont continu et Fr. Bonnet propose la disparition des amphores bitronconiques dans le courant de la premire moiti du VIIIe sicle.78 Il est toutefois intressant de noter que ces amphores nont jamais t trouves Fustat.79 Peut-tre cela tient-il au fait que les lieux de production des AE 3T, du Delta notamment, taient devenus trs secondaires, supplants par les ateliers fabricants des LRA 7, et que ces amphores, vinaires, ntaient plus diffuses que par un march trs local.80 Les laures des Kellia auraient ainsi pu se fournir en vin local, alors que Fustat se fournissait ailleurs, en Moyenne-Egypte, en vin commercialis en LRA 7.

    Il est difficile dexpliquer larrt de la production des AE 3T alors que les mmes ateliers vont produire encore des LRA 7, au moins jusque vers la fin du IXe sicle. On suppose que cela est d un choix volontaire des potiers, qui ne confectionneront plus que des amphores petites et effiles, soit des conteneurs plus aisment maniables et transportables dans le cadre du commerce, notamment large distance.81

    c. Les LRA 7 Ce troisime type damphore indigne prsent en Egypte pour lpoque qui

    nous intresse est la LRA 7. Toutes sont ralises en pte limoneuse brune, brun-rouge brun chocolat, avec plus ou moins dinclusions vgtales. Leur forme a beaucoup volu entre la fin du IVe sicle et le VIIIe sicle.82 La chrono-typologie de ces conteneurs nest pas encore totalement fixe, malgr limportant travail de classification de D. Dixneuf lors de sa thse de doctorat,83 en raison des nombreuses variantes que les formes peuvent prendre. Chr. Vogt a toutefois dgag une tendance gnrale en tudiant les conteneurs du site de Fustat.84 On observe le passage dune paule ronde et dun col haut une paule anguleuse, pourvue vers la fin de la production dun double ressaut. Les conteneurs paules rondes se rencontrent du Ve au VIIIe sicle. Ils deviennent rares Fustat partir de lpoque omeyyade et disparaissent compltement vers le milieu du IXe sicle. Les amphores possdant un paulement artes saillantes, apparatraient au VIe sicle et sembleraient se gnraliser aux VIIIe et

    77 EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., p. 116. 78 BONNET Fr., Le matriel archologique rcolt en 1977, 1982 et 1983 aux Qouour er-Roubiyt, in KASSER R. (ed), EK 8184. Tome II : Explorations aux Qoucor er-Roubyt, rapport des campagnes 1982 et 1983, Louvain 1994, pp. 361-362. 79 VOGT Chr., Les cramiques omeyyades..., cit. Chr. Vogt, dans son inventaire des amphores indignes, ne mentionne aucune AE 3. 80 De mme, on ajoutera que lors des premires prospections archologiques de la ville tardive de Km Abou Billou, on na not la prsence que damphores AE 3T, lexception dune LRA 7 paule carne. On se trouverait donc dans la mme logique : le Delta ne se fournit quen vin local, commercialis dans des amphores de production locale. Si on ne dduit pas les mmes informations des laures des Kellia, qui, elles, ont livr des amphores LRA 7, cest certainement parce que les monastres avaient, entre eux, des marchs privilgis. Les communauts qui fournissaient en vin et en amphores en Moyenne-Egypte ont ainsi pu desservir les laures de Basse-Egypte au VIIIe sicle. A cette hypothse sajoute le fait que la forme mme des AE 3, haute et peu maniable, a, peut-tre, t un frein la commercialisation sur moyenne et longue distance : voir note 39. 81 DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 142. 82 PIERI D., Le commerce, cit., pp. 128-132. 83 DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit. 84 VOGT Chr., Les cramiques omeyyades..., cit.

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    IXe sicles. Leur production semblerait dcliner vers la fin du IXe et le dbut du Xe sicle, o on retrouve ces dernires formes Fustat.85

    Il est encore dlicat de dterminer quel atelier a pu produire quels types damphores. Toutefois, ils sont bien localiss dans la rgion de Moyenne-Egypte. Ils ont t reprs lors dune prospection mene notamment par P. Ballet et M. Picon en 1986.86 Il sagit des sites Sheikh Abada, ancienne Antinooupolis, Ashmunein, ancienne Hermopolis Magna, le toponyme Km el-Ahmar sur le site de Zawiyet el-Maetin.87 On ajoute aujourdhui dautres sites cette liste, dont Bahnasa, ancienne Oxyrhynchos, le lieu-dit Km el-Ahmar sur le site de Qarna, ancienne Hipponon, Sharna, ancienne Sawaris, Tehna el-Gebel, ancienne Akris.88 A ces grands centres sajouteraient plusieurs petits ateliers de production secondaire, tels que Beni Hassan, Deir el-Dik dans les laures dAntino, Esna, ancienne Latopolis et Edfou, ancienne Apollonopolis Magna.89

    d. Les AE 8 Le dernier type damphore gyptienne pour lpoque de transition

    byzantino-islamique qui nous intresse est lAE 8. Sous ce terme gnrique se cachent en fait deux grandes varits de conteneurs.

    On trouve dabord les conteneurs appels Egloff 16790 identifis sur le site des Kellia. Il sagit de conteneurs en pte alluviale, dassez grossire facture. Ils possdent un col cylindrique pos sur une panse globulaire ou ovode couvert de stries dans leur partie suprieure.91 Leur forme rsulterait de la synthse entre la LRA 1 et la LRA 2 et notamment de la variante LRA 2C.92 Ces amphores sinscrivent quoi quil en soit dans la tradition et la grande famille des Globular Amphora prsentes dans le bassin mditerranen entre le VIIIe et le IXe sicle.93

    Lautre variante de cette amphore est une imitation des LRA 1 en pte gyptienne. Un exemplaire a t trouv Saqqara.94

    Les ateliers de productions sont mal connus. En effet, ces conteneurs restent relativement rares sur les sites archologiques. Lamphore quasi complte dcouverte Saqqara reste encore problmatique. En effet, son inventeur lui-mme reste prudent quant une production au monastre de Saint-Jrmie de Saqqara. La production du four de potier a t bien identifie, avec notamment des rcipients culinaires, de la vaisselle de table, des gargoulettes engobes, et

    85 Ivi, pp. 258-259. 86 BALLET P., MAHMOUD F., VICHY M. et PICON M., Artisanat de la cramique dans lEgypte romain tardive et byzantine. Prospections dateliers de potiers, de Minia Assouan, in Cahiers de la Cramique Egyptienne 2 (1991). 87 Ivi, pp. 134-139. 88 DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., pp. 157-161. 89 BALLET P., MAHMOUD F., VICHY M. et PICON M., Artisanat, cit., pp. 139-140 ; BALLET P., Sites et Tessons. Un voyage en Moyenne-Egypte, in Itinraires dEgypte. Mlanges offerts au pre Maurice Martin s.j. (a cura di Chr. Dcobert), in Bibliothque dEtudes 107 (1992), p. 28 ; DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., pp. 162-163. 90 EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., pp. 112-113. 91 Ivi., p. 113 et Pl. 57.6 et 57.7. 92 DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 177 et PIERI D., Le commerce, cit., p. 88. 93 Ivi., p. 89, note 121 et fig. 49. 94 GHALY H., Pottery workshops of Saint-Jeremia (Saqqara), in Cahiers de la Cramique Egyptienne 3 (992), p. 168, fig. 16 a-b.

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    des godets de saqqieh, tous en argile alluviale.95 A ces artefacts, lauteur propose dautres probables productions amphoriques :

    - The question of local production of amphoras is still open: some fragments of unfired spear-rimmed amphoras were found, but they seem different from the brown-ribbed amphoras, probably imported.

    - Another amphora type, imitating the Late Roman 1 (or Egloff 164), has perhaps been produced in the workshops of Saint-Jeremia. The clay is a coarse alluvial Nile Silt. The surface is covered by a red slip. Definitely produced in Egypt, this is the first known evidence of an Egyptian Late Roman 1 imitation.96

    Mais ce centre de production nest pas le seul avoir, peut-tre, t reconnu. Les prospections et recherches de P. Ballet ont amen dcouvrir un atelier Uyun Musa (littralement les sources de Mose ) dans le Sina.97 Ce dernier a produit notamment des imitations de LRA 1, des conteneurs dune morphologie proche de celle des LRA 5/6 ainsi que des amphores relevant de la tradition des amphores byzantines canneles, col tronconique et petites anses rondes.98 Ses productions taient toutes ralises en pte calcaire, dorigine locale.99 Enfin, aprs les productions en pte alluviale de la Valle, les productions en pte calcaire du Sina, on doit noter que des productions en pte kaolinitique ont t releves Td. On pourrait donc localiser un troisime atelier dans la rgion dAssouan.100

    Concernant les ateliers producteurs des E 167, aucun ne semble avoir t identifi ou localis pour le moment. Leur facture en argile du Nil indique juste une prsence dans la Valle ou le Delta. Cependant, la grande varit de forme de lvre qui a t identifie jusquici laisse supposer plusieurs ateliers.101 La prsence dun de ces derniers a t propose en bordure sud-ouest du Delta, peut-tre Km Abou Billou, en raison de la prsence significative de cette amphore dans le Delta, aux Kellia et dans le Wadi Natroun.102

    En termes de chronologie, on constate que les vrais conteneurs LRA 1 de Chypre et de Cilicie se rencontrent en Egypte du milieu du IVe sicle jusquau milieu du VIIe sicle.103 Ses imitations commenceraient tre diffuses, toutes variantes confondues, de la seconde moiti du VIIe sicle,104 voire de la fin du VIIe sicle et du dbut du VIIIe sicle.105 Les conteneurs gyptiens remplacent

    95 Ivi, pp. 165-168. 96 Ivi, p. 168. 97 BALLET P., Un atelier de potiers aux Sources de Moise (Uyun Musa), in MOUTON J.-M. (ed.), Le Sina, de la conqute arabe nos jours, ( Cahiers des Annales Islamologiques 21), Le Caire 2001. 98 Ivi, pp. 41-44. 99 Ivi, p. 40. 100 PIERRAT G., Essai de classification, cit., p. 187, fig. 58a et b. 101 Pour quelques exemples de lvre des AE 8, voir BALLET P., BOSSON N. et M. RASSART-DEBERGH, Kellia II, cit., Pl. 21, n 128-133 ; BONNET Fr., Le matriel archologique, cit., fig. 225. 102 BALLET P., BOSSON N. et RASSART-DEBERGH M., Kellia II, cit., p. 67 et 149. La production des amphores E 166-167 serait secondaire par rapport la production des amphores rouges de type E 187-190 de Km Abou Billou. Des prospections sont actuellement en cours, notamment pour localiser les secteurs dactivit potire de la ville, dans le cadre de la mission Ifao-Lille 3 mene par S. Dhennin. 103 PIERI D., Le commerce, cit., pp. 69-77. 104 BALLET P., BOSSON N. et M. RASSART-DEBERGH, Kellia II, cit., p. 149 ; EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., p. 113. 105 BONNET Fr., Le matriel archologique, cit., p. 363.

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    donc les amphores importes. Ainsi, il semblerait juste de faire dbuter la production des AE 8 au milieu du VIIe sicle, elles prendraient ainsi, dans une logique commerciale, directement le relai des LRA 1 originales. On peut donc affirmer que ces amphores ont t cres pour remplacer le matriel import.106

    2. Le contenu des amphores Comme pour une grande part des amphores de lAntiquit tardive, le

    contenu principal des amphores LRA 5/6 de grand module, AE 3T, LRA 7 et AE 8 semble avoir t le vin et ses drivs, mme si cela nexclut pas le conditionnement occasionnel dautres produits alimentaires, telles les denres sches comme le grain. Lhypothse du vin est conforte par la prsence trs frquente de poix sur les parois internes des amphores LRA 7 et AE 3T, ainsi que de trous dvent lis la fermentation. Des attestations textuelles voquant couramment le transport et la commercialisation de grandes quantits de vins vont aussi en ce sens.

    Bon nombre damphores prsentent des traces denduits dtanchit. La prsence quasi-systmatique de poix sur les amphores, particulirement les LRA 7, mais aussi les AE 3T, rsulte de la mauvaise qualit de largile dont la texture vacuolaire est permable.107 Lutilisation de la poix () est atteste dans les textes, notamment les papyri P. Oxy. 3595-3597 et P. Flor. III 314.108 Localiss dans la partie haute des conteneurs, les trous dits de fermentation sont gnralement de simples petites ouvertures de 5 millimtres de diamtre environ. Leur fonction est celle de trou dvent destin librer les gaz issus de la fermentation du vin, ce dernier tant mis en amphore avant fermentation complte.109 Ils pouvaient tre obturs par diffrents moyens afin de faciliter le transport : on a ainsi identifi des tiges de bois insres dans lpaisseur des panses des conteneurs, diffrents colmatage la poix, la chaux, au gypse, grce un mlange de terre et de paille ou grce de largile.110 Dans quelques rares conteneurs, on a dcouvert des produits base de poissons ainsi que des artes, conservs sous forme de sauce, de garum ou de poissons entiers, de diffrentes espces et tailles, et sals.111 Bien que la littrature et larchologie restent plus discrtes concernant les produits destins aux amphores LRA 5/6, la prsence de poix a t atteste sur certains de ces conteneurs. Un petit trou, apparent un

    106 Ibidem. 107 PIKE G., Late Roman Egyptian amphorae from squares U and V at Kom el-Nana, in FAIERS J. (ed.), Late Roman pottery at Amarna and related studies, Excavation Memoirs 72, (2005), p. 214. On a aussi propose que la rsine donne du got au vin. 108 COCKLE H., Pottery Manufacture in Roman Egypt : a new papyrus , in Journal of Roman Studies 71 (1981), pp. 87-90 ; MAYERSON Ph., The Knidion Jar in Egypt: Popular,Made in Egypt, and of Unknown Capacity, in Zeitschrift fr Papyrologie und Epigraphik 131 (2000), pp. 165-167 ; IDEM, Pitch () for Egyptian Wine jars an Imported commodity, in Zeitschrift fr Papyrologie und Epigraphik 147 (2004), pp. 201-204. 109 WINLOCK H.E. et CRUM W.E., The monastery, cit., p. 79. 110 Observations ralises Antinooupolis lors des campagnes de fvrier, octobre 2009 et fvrier 2010 et DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 200. 111 EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., p. 115 ; VAN NEER W., WOUTERS W., RUTSCHOWSCAYA M.-H., DELATTRE A., DIXNEUF D., DESENDER K. et POBLOME J., Salted Fish Products from the Coptic Monastery at Bawit, Egypt : Evidence from the Bones and Texts, in HUSTER PLOGMANN H. (ed.), The Role of Fish in Ancient Time, Proceedings of the 13th Meeting of the ICAZ Fish Remains Working Group in October 4th-9th, Basel/Augst 2005, Rahden-Westf.. 2007.

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    trou fermentation , a t observ sur un exemplaire provenant dAntinooupolis.112 On considre ainsi que les grands modules ont pu contenir du vin, alors que les petits modules, ont pu servir au transport dautres produits, tels le natron,113 ou encore au stockage des grains et autres crales.114 Les AE 8 restent plus nigmatiques quant leur destination finale. Toutefois, la prsence de poix115 sur les parois internes de certains conteneurs serait un indice pour leur utilisation comme conteneur de vin, linstar des LRA 1 quelles copient. La rsine nest toutefois pas systmatique, on nexclut donc pas un autre contenu.

    Les sources et auteurs arabo-musulmans attestant du vin et des crus gyptiens ne sont pas rare : citons les crits du gographe arabe al-Yaqubi ou de landalou al-Bakr qui montrent une continuit de la production vinicole dans les premiers temps de lIslam.116

    La demande en vin reste importante, notamment dans la part des reprsentants du pouvoir en place. Ainsi la fin du VIIe sicle, le gouverneur Abd al-Aziz ibn Marwan distribue du vin aux tribus arabes.117 En 704, lmir dApollonopolis en Thbade, impose quon lui fournisse 2500 knidia118 de vin. Deux bateaux sont ncessaires transporter ce vin jusqu Antino ou la capitale Fustat.119 Un ostracon dEdfou informe que du vin des domaines pouvait tre rquisitionn par les autorits arabes et ainsi tre livr lmir, plongeant la ville dans une profonde dtresse.120 Un autre mentionne six magarika de vin qui doivent tre livres un homme de lmir.121 Lvocation des vignobles et donc par extension du vin se retrouvent aujourdhui dans les toponymes arabes karm qui dsignent les vignobles, probablement dimplantation antique.122 Dautres produits drivs du vin sont galement voqus dans les textes, cest le cas par exemple du defrutum qui semble tre encore consomm dans le monde

    112 Amphore 1061 d Antinooupolis. D. Dixneuf en a aussi not quelques unes, comme la n. 276, inventaire Alex. GAB98.93.46 : DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 147 et fig. 134. 113 BALLET P., Un atelier damphores, cit., p. 365. La ville de Km Abou Billou se situe en effet sur la route reliant le Wadi Natroun Alexandrie et Fustat. Ce nest peut-tre pas un hasard si les ateliers damphores se sont implants ce carrefour commercial. 114 Ivi, p. 364. Labsence de poix et la finesse des parois seraient un indice quant au stockage des denres sches. 115 DIXNEUF D., Amphores gyptiennes, cit., p. 201. 116 Al-Yaqubi mentionne lexistence de vignobles dans la rgion de Mariout en 889, plein darbres et de vignes dont les fruits sont renomms , in Buldn (DECOBERT Chr., Marotide mdivale. Des Bdouins et des chrtiens, in DECOBERT Chr. (ed.), Alexandrie mdivale 2, Alexandrie 2002 ( Etudes Alexandrines 8), p. 144) ; al-Bakr, quant lui, parle des vignes dont le produit, tant en raisins que vin, est envoy au Caire in Mughrib (Ivi, p. 143, traduction lgrement modifie par lauteur). 117 AL-KINDI, Kitb al-wul wa kitab al-qud, Londres 1912, pp. 51-52, in GAYRAUD R.-P., Quand lamphore fait le mur, in MARCHAND S. et MARANGOU A. (edd.), Les amphores dEgypte de la Basse Epoque lpoque arabe, in Cahiers de la Cramique Egyptienne 8 (2007), p. 722, note 5. 118 Concernant la dlicate question des mesures et contenances, on se rfrera notamment WORP K., A Survey of , () and Measures in the Papyri, in Zeitschrift fr Papyrologie und Epigraphik 131 (2000), pp. 145-149 ; KRUIT N. et WORP K., Geographical Jar Names: Towards a Multi-Disciplinary Approach, in Archiv fr Papyrusforschung und verwandte Gebiete 46 (2000), pp. 65-146. 119 BACOT S., Le vin Edfou, in MARCHAND S. et MARANGOU A. (edd.), Les amphores dEgypte de la Basse Epoque lpoque arabe, in Cahiers de la Cramique Egyptienne 8 (2007), p. 714. 120 BACOT S., Quelques textes relatifs aux mesures de vin dEdfou au VIIe sicle, in BOUDHORS A., GASCOU J. et VAILLANCOURT D. (edd.), Etudes coptes IX. Onzime journe dtudes (Strasbourg, 12-14 juin 2003), Louvain 2006 ( Cahiers de la Bibliothque Copte 14), p. 40. 121 Ibidem ; BACOT S., Le vin Edfou, cit., p. 714. 122 DECOBERT Chr., Marotide mdivale, cit., p. 139.

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    arabo-musulman, et on voque galement du vin cuit fabriqu aprs la conqute.123

    Tout ceci nous livre donc une vision des premiers sicles de lpoque musulmane dans la tradition byzantine. On continue fabriquer des amphores, dans la tradition des conteneurs orientaux tardo-antiques, cest--dire parois fines et cannels sur toute leur hauteur. Ils servent encore, et surtout, au transport du vin, qui, par consquent est encore consomm. Lexportation de ce produit est exclure puisque ces amphores ne se retrouvent pas hors dEgypte, ou alors en trop faible quantit pour tre notable.

    3. La cramique, reflet du commerce et de la situation politique

    de lEgypte en Mditerrane du VIIe au IXe sicle On constate donc la vue des quantits damphores recenses sur les sites

    gyptiens, une diminution remarquable des importations damphores paralllement une explosion des quantits damphores indignes locales.124 Les quelques amphores importes qui subsistent jusquau dbut, voire jusquau milieu du VIIe sicle sont de la catgorie des LRA 1 (de Cilicie ou de Chypre), quelques amphores de Gaza LRA 4, ainsi que quelques LRA 5/6 palestiniennes.125

    A travers le schma propos ci-aprs (Fig. 02), on constate que les amphores LRA 5/6 vont peu peu prendre la place des conteneurs indignes AE 3T et LRA 7. Dorigine suppose orientale, les LRA 5/6 vont perdurer en Egypte jusquau VIIIe-IXe sicle, voire au-del, sous un type indigne. Ce phnomne nest pas le seul puisquau dbut ou au milieu du VIIe sicle, on produit des copies damphores LRA 1. On se trouve donc face une orientalisation des produits, des techniques de production et de consommation. On entend par l un repli du pays sur ses productions, une baisse des importations, que cela soit celle des amphores, mais aussi des sigilles fines de Chypre et de Tunisie par exemple.126 Avec larrt des importations, on commence copier les conteneurs, on la vu avec lexemple des amphores, mais pas seulement, puisquon copie galement les formes de sigilles trangres en sigilles de types gyptiens.127

    123 AMOURETTI M.-Cl., Les sous-produits de la fabrication de lhuile et du vin, in AMOURETTI M.-Cl. et BRUN J.-P. (edd.), La production du vin et de lhuile en Mditerrane, in Bulletin de Correspondance Hellnique, Supplment XXVI (1993), pp. 467-469. 124 BALLET P., De lEgypte byzantine lIslam. Approches cramologiques, in Archologie Islamique 10 (2000), p. 31 ; VOGT Chr., Les cramiques omeyyades, cit., p. 257. 125 Ibidem ; VOGT Chr., La cramique de Tell el-Fadda, Sina du Nord, in Cahiers de la Cramique Egyptienne 5 (1997), p. 14 ; BONNET Fr., Le matriel archologique, cit., pp. 363- 373. 126 BALLET P., De lEgypte byzantine, cit.. 127 On cre en effet des copies de style et de forme en sigilles gyptiennes, appeles Groupes O(range), W(hite) et K(armin) daprs M. Rodziewicz Alexandrie : RODZIEWICZ M., La cramique romaine tardive dAlexandrie, Varsovie 1976 (Alexandrie, I).

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    Fig. 2 : Prsence des diffrentes amphores en Egypte byzantine et islamique Dans la tradition byzantine, qui se prolonge aprs la conqute arabe au

    moins jusquau IXe sicle,128 apparait la technique de la glaure, elle aussi un apport oriental, ou plutt Extrme-Oriental. Arrive au Proche-Orient via lIrak et la Msopotamie,129 elle se rencontre au dbut du IXe sicle,130 peut-tre lextrme fin du VIIIe sicle selon les donnes dAlexandrie.131 Les premiers ateliers de production semblent avoir t dans le nord du pays, Fustat,132 voire Alexandrie, l o se diffuse la cramique glaure tout dabord. Les premires productions se font sur une argile rsistant bien la chaleur et rfractaire, largile kaolinitique dAssouan, que les potiers font venir en bateau dans les centres producteurs avoisinant la nouvelle capitale arabe.133 Ainsi la fabrication des produits de luxe reste proche du nouveau pouvoir en place, dans les grandes villes du nord. En effet, les glaures ne se diffusent que peu au dbut. Il conviendra ainsi de citer J.-Cl. Garcin, parlant propos de la cramique du Km 219 des Kellia que la poterie dite copte a d rester longtemps en usage dans le peuple et qu il ne fallait pas oublier que la cramique fatimide dcor de lustre mtallique tait un luxe .134

    128 La tradition potire, puisquelle nous intresse ici, continue. En effet, on continue de produire des amphores dans la tradition byzantine (de petites amphores dont le corps est couvert de stries). Ces amphores vont encore tre produites dans toute la Mditerrane orientale pendant encore quelques sicles. On citera en exemple quelques amphores de Chersonse qui perdurent jusquau IXe sicle. Outre les amphores, la production de sigilles continue, la suite de la production antique, Elphantine notamment. 129 GAYRAUD R.-P., La rapparition des cramiques glaure en Egypte, in MATHIEU B., MEEKS D. et WISSA M. (edd.), Lapport de lEgypte lhistoire des techniques, Le Caire 2006 ( Bibliothque dEtude 142), p. 109. 130 IDEM, Les cramiques gyptiennes glaure, IXe-XIIe sicle, in La cramique mdivale en Mditerrane, VIe Congrs, Aix-en-Provence 1995, a cura di DEMIANS DARCHIMBAUD G., Aix-en-Provence 1997 ; IDEM, La rapparition, cit., p. 103. 131 RODZIEWICZ M., Egyptian glazed pottery of the eight to ninth centuries, Bulletin de la Socit dArchologie Copte 25 (1983), p. 73. 132 GAYRAUD R.-P., La rapparition, cit., p. 107. 133 Ivi, pp. 106-107. 134 GARCIN J.-Cl., Les traces de lpoque musulmane, in DUMAS F. et GUILLAUMONT A. (a cura di), Kellia I, Kom 219. Fouilles excutes en 1964 et 1965, Fouilles de lInstitut Franais dArchologie Orientale 28 (fasc.1) (1969), p. 134. La cramique dcor de lustre est une invention plus tardive encore, mais lide reste juste pour les premires glaures.

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    Les amphores, que nous avons prises en exemple ici, refltent bien les changements que lon observe de manire gnrale sur la cramique. Citons quelques formes et types caractristiques de vaisselle de cramique communs pour le VIIe et le IXe sicle :

    - Des marmites parois fines, anses verticales ou horizontales. Le profil des bords est souvent variable et la surface marque de ressauts. On notera des petits cols droits ou inclins qui forment une large embouchure des contenants, ou alors des types bord biseaut. Ces vaisselles culinaires taient fabriques dun seul tenant avec leur couvercle dans une bulle dargile. Les potiers dcoupaient ensuite au couteau ou au fil beurre la base du couvercle. Ils taient destins tre commercialiss ensemble ;135

    - Des jattes et bassins en pte alluviale du Delta bord ruban ou festonn ;136 des jattes engobes de rouge, de forme carne, typiques de la production de Moyenne-Egypte ;137

    - De la vaisselle fine de table sous forme de sigilles des groupes O et W en pte dAssouan, et imitation des formes sigilles en pte alluviale engobe rouge, appele groupe K. Le groupe O se caractrise par une pte fine recouverte dun engobe orang. Les fonds sont plats ou annulaires, les corps des coupes sont vass. Les bords sont frquemment en petit bourrelet et peuvent porter des dcors inciss. les coupes et coupelles lvre en bourrelet sont plus abondantes que les types collerette sous la lvre. Le groupe W est surtout reprsent par de grands plats, des coupes et coupelles. La couleur de lengobe varie du blanc au jaune avec, presque systmatiquement pour les plats, un dcor incis sur la panse. Certains vases sont dcors de bandes et dentrelacs. Le groupe K reprend surtout de petites formes et les copie. On a constat diffrentes productions, dans le Delta et en Moyenne Egypte, qui se diffrencient de part la qualit de lengobe ;138

    - La vaisselle fine de table appele pseudo-sigille. Cest souvent de petites formes, coupelles et coupelles-lampes, en pte alluviale simple, non engobes. Leurs bords en bourrelet sont souvent empreints aux formes des coupelles de groupe O;

    - On observe de manire gnrale une tendance aux dcors dondulations, de chevrons, raliss au peigne ou peint, et aux festons.139 Ces dcors et traitement

    135 Pour des assemblages de cramiques culinaires, voir GAYRAUD R.-P., TREGLIA J.-Chr. et VALLAURI L., Assemblages de cramiques, cit. ; ROUSSET M.-O. et MARCHAND S., Secteur nord de Tebtynis..., cit. ; BONNET Fr., Le matriel archologique, cit., pp. 358-360. 136 Ivi, pp. 378-381. 137 BALLET P., MAHMOUD F., VICHY M. et PICON M., Artisanat, cit., p. 136. 138 BALLET P., BOSSON N. et RASSART-DEBERGH M., Kellia II, cit., pp. 76-91. 139 On note par exemple toutes les jattes marli ruban et festonn (voir note 100 infra), les dcors au peigne sur les amphores LRA 5/6 (EGLOFF M., Kellia, la poterie copte, cit., E 187, Pl. 60, fig. 5), les dcors de zigzags et darceaux sur les jattes carnes (BALLET P., MAHMOUD F., VICHY M. et M. PICON, Artisanat, cit., fig. 3), les entrelacs peints sur les marlis des plats du Groupe W ou sur le bord extrieur des gobelets assouannais (ROUSSET M.-O. et MARCHAND S., Tebtynis 1998, cit., n 191-199). Ajoutons enfin, des dcors moins bien connus et parfois plus

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    de surface sont nouveaux au VIIe sicle. On les constate sur tous types de conteneurs : gargoulettes, amphores, jattes, coupes.

    Ces phnomnes, le repli de lEgypte sur elle-mme, lorientalisation des techniques, certains types et dcors de la vaisselle de cramique, ne sont pas isols puisquen Syrie notamment, mais dans le Proche-Orient de manire gnrale,140 on constate plus ou moins les mmes faits. Les importations de sigilles chypriotes baissent, les glaures y apparaissent la mme poque,141 les mmes dcors dondulations apparaissent sur les conteneurs.

    Faut-il voir une incidence directe entre la conqute arabe et les changements conomiques ? Il est difficile de le dire car ces changements ne se sont pas oprs immdiatement avec elle. Ils avaient dj commenc un peu avant et existaient dj dans tout la Mditerrane orientale. Toutefois, comme lexplique Chr. Dcobert la conqute et linstallation arabe ont ferm la Mditerrane lEgypte, elles ont coup les circuits extrieurs de distribution des denres (ici le vin), elles ont empch toute exportation .142 Il ajoute ensuite une deuxime explication, plus large, sappliquant pour le Delta et les rgions environnantes, qui voient seffondrer durant le VIIe sicle, une partie du rseau des monastres et du rseau des sanctuaires de plerinages de la Basse Egypte :143 Certes les coups de la conqute perse, au dbut du sicle, avaient t trs rudes, des pillages, des massacres, des destructions ont eu lieu, certes la conqute arabe a coup lEgypte (comme la Syrie) du monde byzantin, et si les massacres ont sembl bien moins nombreux de la part des Arabes que des Perses, des pillages ont galement eu lieu. Mais lon constate que les disparitions de monastres et de relais de plerinages au VIIe sicle son variables .144 En effet, il apparat que tous les monastres et sites religieux ne dclinent pas immdiatement. Les monastres hellnisants ont t les plus touchs,