Platon et les lois d'Athènes - La division de la cité en κλῆροι

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Chaire d'histoire antique Prof. M. Piérart Séminaire Platon et les lois d'Athènes La division de la cité en κλῆροι Mottiez Paul-Emile Rte Cantonale 45D 1964 Conthey Semestre d'Automne 2012

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Chaire d'histoire antiqueProf. M. Piérart

SéminairePlaton et les lois d'Athènes

La division de la cité en κλῆροι

Mottiez Paul-EmileRte Cantonale 45D

1964 Conthey

Semestre d'Automne 2012

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Platon et les lois d’Athènes Mottiez Paul-EmileLa division de la cité en κλῆροι

1. La cité des Lois p.3

Platon et sa vision de la cité idéale p.3

Structure générale p.4

2. Le partage du territoire p.7

La division en κλῆροι p.7

Économie, citoyenneté et gestion p.9

3. Conclusion p.14

4. Annexes p.16

5. Bibliographie p.18

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1. La cité des Lois

Platon et sa vision de la cité idéale

Dans son questionnement primordial de savoir comment pouvoir assurer le bonheur de l'homme

dans la cité1, Platon a toujours mis la philosophie au service de préoccupations éthiques et

politiques, qui sont inséparables l'une de l'autre. Cette question revenant sans cesse, il n'est pas

étonnant de constater que l'élaboration d'une cité dans les Lois n'est pas la première conception que

Platon ait entreprise.

Très souvent, il est possible de constater que les études menée sur la cité des Lois mettent en

parallèle cette dernière avec la cité de la République. Le recoupement de certains éléments de l'une

et de l'autre permet d'en voir non seulement les différences, mais également les ressemblances qui

peuvent exister entre les deux et de situer l'évolution de la pensée de Platon sur sa vision de la cité

idéale.

L'affaire qui nous concerne ici n'est bien évidement pas de débattre de philosophie. Cependant, cet

aspect se doit de trouver un éclairage, même sommaire, afin de comprendre les éléments principaux

qui constituent la cité de la République et celle des Lois, et le glissement qui s'opère de l'une à

l'autre.

La République pose la question de la Justice2 qui, selon Platon, doit monter dans la cité pour

pouvoir redescendre dans l'individu, le citoyen. Le raisonnement du philosophe sur cette conception

se base sur un raisonnement dialectique. La cité est perçue comme un organisme vivant dans lequel

l'âme est divisée en trois parties. A chacune de celles-ci, il va faire correspondre une vertu : La

sagesse, le courage, la tempérance. La Justice, quant à elle, se trouve être la quatrième vertu, la plus

importante, et qui ne s'obtient qu'avec le fonctionnement harmonieux des trois autres. A ces trois

parties de l'âme, Platon fait donc correspondre trois classes citoyennes : Les philosophes, les

gardiens et les producteurs-artisans. L'harmonie entre elles doit permettre la Justice au sein de la

cité.3

1 Il est important de ne pas oublier que cette question ne peut être dissociée du contexte de la cité grecque de l’époque, en particulier de l’histoire d’Athènes et de Syracuse.

2 Cette conception de la Justice de Platon s'oppose radicalement à l'idée qu'en ont les Sophistes pour qui la Justice était entre les mains du plus fort.

3 Cf. cours-séminaire : M. Piérart, Platon et les lois d'Athènes, semestre d'automne 2012

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A partir de ce point, toute l'organisation et les lois de la cité doivent pouvoir garantir cette harmonie.

La cité des Lois, quant à elle, diffère de ce schéma. Si la cité de la République est gouvernée par un

philosophe, cette idée4 n'est pas reprise. Le philosophe devient un législateur, ou tout du moins un

conseiller, afin d'établir une bonne législation. De plus, si le gouvernement n'est plus entre ses

mains, il faut donc remplacer cette autorité.5

L'idée vient alors de hisser, au sommet de la hiérarchie, "les Lois". Dans cette nouvelle cité, la cité

des Magnètes, Platon va donc imposer la suprématie des lois, qui se doivent d'être immuables. Les

magistrats de la cité ne gouvernent plus, mais sont là pour veiller à leur maintien et sont désormais

perçus comme les serviteurs des lois.

Encore d'autres éléments changent entre ces deux dialogues, mais il ne seront qu'énoncés plus tard

en fonction de leur pertinence sur le sujet en question traitant de la division de la cité en κλῆροι.

Cela dit, il semble évident de ne pas omettre le fait que, par l'établissement de la cité des Lois,

Platon cherchait un moyen de se rapprocher le plus possible d'un modèle de cité qui puisse être

réalisable et dont l'objectif principal était de permettre la stabilité politique de l'État-Cité.

Structure générale

Le partage du territoire de la cité des Magnètes se trouve être une question que Platon aborde au

livre V et qui entre bien entendu dans le cadre de la fondation de la nouvelle colonie.

« Ce qui en premier lieu vient après cela, c'est l'obligation relative à l'emplacement de la cité, qui sera

le plus possible au centre du territoire, pourvu que le site choisi possède tous les avantages parmi

ceux qui sont relatifs aux conditions d'existence d'une cité, qui se conçoivent et qui s'énumèrent sans

peine. Après quoi on distinguera douze parties, en réservant d'abord un lieu sacré pour Hestia, Zeus

et Athéna, qu'on nommera acropole et qu'on entourera d'une enceinte, à partir de laquelle on divisera

en douze parties la cité elle-même et tout le territoire. Les douze parties devront être égales sous le

4 Sans aucun doute que l'échec de son ami Dion, qui cherchait à mettre en place un philosophe à la tête de Syracuse, a fait que Platon ait abandonner cette idée.

5 Par ailleurs, il est intéressant de constater que le terme de "philosophe" n'apparait pas du tout dans les Lois. Il s'agit là d'une volonté de Platon de faire voir que sa pensée à changer, que le philosophe peut très bien se substituer à des homme ayant des connaissances suffisantes "sur la raison" et "l'opinion vraie" et que l'on peut qualifier alors de sages. (cf. O. Picard ; avec la collaboration de J. Bersani, R. Bouchet, G. Burgel [et al.], Platon dans Inventaire de la Grèce, Universalis, 2011, p.234-241)

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rapport du rendement de la terre, du fait qu'elles seront moins étendues si la terre est bonne et plus si

elle l'est moins. On fera cinq mille quarante lots, mais on coupera chacun de ces lots en deux et on

accouplera les deux fractions, de façon à ce que chaque lot ait une portion rapprochée du centre et

une autre éloignée de lui. Une portion attenante à la cité constituera un seul lot avec une portion

située aux extrémités, la seconde en partant de la cité avec la seconde en partant des extrémités, et

ainsi de suite. Par ailleurs, il faut s'arranger pour assurer dans les deux parts cette proportion de

bonne terre et de terre médiocre dont nous parlions à l'instant, en compensant les différences

d'étendue par les différences de rendement. On divisera aussi la population en douze parties, en

ménageant par ailleurs entre ces douze parties l'égalité la plus grande possible dans la répartition de

la richesse, dont on aura dressé un inventaire complet. Et tout naturellement, après avoir fait cela,

assignant douze lots à douze dieux, on nommera et consacrera le lot échu à chacun et on l'appellera

"tribu". La cité de son côté doit comporter aussi douze parties de la même manière que le reste du

territoire ; et chaque détenteur de lot possédera deux habitations, l'une près du centre, l'autre aux

extrémités. Voici comment s'achève la fondation.6 »

Dans la création d'un nouvel état, que Platon voulait agricole, ce passage montre tout de suite que la

structure administrative du pays se trouve être étroitement liée à la conception géographique

qu'avait le philosophe et à l'idée de la division qu'il se faisait de la cité des Lois.7

Cette conception, toujours selon ce texte, est marquée par le fait que la ville elle-même, doit, dans la

mesure du possible, se situer au centre d'un territoire circulaire délimité par les ressources qui lui

sont disponibles8. Au centre de la ville se trouve l'Acropole à partir de laquelle le territoire,

idéalement et pour des questions d'équité, est découpé en douze secteurs égaux.

Bien entendu, Platon sait pertinemment que cette vision de la cité ne peut être qu'une sorte de

modèle auquel la topographie réelle des différents sites d'implantation de colonie risque de ne pas

convenir. C'est pourquoi il met bien en évidence le fait que cette conception circulaire devra être

respectée au mieux, et que celle-ci devra être répartie de la manière la plus équitable possible, selon

la qualité de la fertilité des terres, afin d'assurer une production la plus égale possible entre les

différents secteurs du territoire.

Ce passage du livre V se doit d'être complété par un autre que nous trouvons au livre VIII et qui

décrit de manière plus précise de quelle manière cette division générale devra s'organiser :

6 Lois V, 745b-e7 M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 178 Le territoire de la cité se doit d'être suffisamment grand pour nourrir sa population et lui permettre d'être la plus

autonome possible, tout du moins du côté de la production alimentaire.

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« Après, cela il faut disposer des habitations séparées pour les citoyens. Voici l'arrangement qui

convient en ce domaine. Il faut qu'il y ait douze villages, un au centre de chaque douzième partie du

territoire. Par ailleurs, dans chaque village, on choisira d'abord l'emplacement de la place du marché

et des temples pour les dieux comme les divinités qui font cortège aux dieux, qu'il s'agisse des

divinités locales des Magnètes, ou bien de dieux anciens dont la mémoire s'est conservée et auxquels

on rendra les honneurs des gens d'autrefois. Hestia, Zeus, Athéna et les autres dieux qui sont les

patrons de chaque douzième partie du territoire ; dans chaque partie, on leur élèvera des temples. Les

maisons se regrouperont d'abord autour de ces temples, à l'endroit le plus élevé, de façon à constituer

pour la garnison le poste le mieux fortifié possible. Quant au reste du territoire dans son entier, il faut

le pourvoir en artisans en le divisant en treize parties. L'une d'elles sera dans la ville et divisée à son

tour elle aussi entre les douze parties de la ville tout entière, puis répartie en cercle dans les

faubourgs. Dans chaque village seront logés les artisans utiles aux agriculteurs. D'eux tous auront la

charge les chefs des intendants de la campagne, qui décideront combien il en faut à chaque endroit et

lesquels, et en quel lieu encore ils résideront pour être aussi peu gênés que possible dans leur travail

en même temps qu'ils seront le plus utiles aux agriculteurs. Quant aux artisans établis à l'intérieur de

la cité, c'est aux intendants de la ville qu'il reviendra d'en avoir la charge et le soin.9 »

Sans entrer dans l'analyse détaillée qui concerne les κλῆροι et que nous verrons plus loin, ce

passage permet de dresser une carte de la cité des Lois.10

Il faut noter cependant la difficulté d'interprétation du texte due à l'ambiguïté de la plupart des

termes employés comme κώμη (village ou quartier), πόλις (ville ou cité, dans le sens d'État-Cité),

χώρα (campagne ou pays) et μέρος (secteur de campagne ou district urbain).11

Chacun des douze secteurs campagnards du territoire possède donc un village dont,

géométriquement parlant, il occupera du mieux possible le centre. Cette image rejoint la conception

de l'ἄστυ décrite dans le livre V. Dans le centre de chacun de ces κῶμαι, sont disposés des

sanctuaires et autour de ceux-ci, sur l'endroit le plus élevé, des structures fortifiées prévues pour la

garde.

9 Lois VIII, 848c-849a10 Voir annexe 111 M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 19

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2. Le partage du territoire

La division en κλῆροι

D'un point de vue législatif, il ne semble pas que Platon innove concernant la division de sa cité. Si

celui-ci parle d'une répartition équitable du territoire en lots (κλῆροι) selon la qualité de la terre, bon

nombre de décrets connus sur diverses fondations de villes, comme ceux de Cyrène ou

d'Epidamnos, semblent indiquer une égalité des droits des colons et du lotissement qui leur était

attribué.12

Toutefois, si la question d'harmonie pour réussir à préserver l'unité va de soit d'une manière

générale dans la pensée de Platon, chiffrer la division de la cité en lotissement s'avère une entreprise

bien plus difficile. Selon le livre V, il est vrai qu'un chiffre nous est donné :

« […] On fera cinq mille quarante lots, mais on coupera chacun de ces lots en deux et on accouplera

les deux fractions, de façon à ce que chaque lot ait une portion rapprochée du centre et une autre

éloignée de lui. […]13 »

Cependant, il faut souligner l'importance de ce chiffre qui reste une division dans une conception

idéale, car il serait tout à fait inapproprié de déterminer la division d'une nouvelle colonie sans

examiner la situation topographique du site d'implantation.

La réalité ne peut être que le seul facteur permettant de définir avec exactitude cette division et le

nombre de citoyens que l'on placera dans la nouvelle colonie.

Si Platon avance le nombre de cinq mille quarante, c'est que celui-ci se prête à de multiples

propriétés mathématiques, rendant plus malléable le réagencement de ces différents lots. En effet, le

chiffre de cinq mille quarante se trouve être le produit des sept premiers nombres et peut être divisé

de cinquante-neuf différentes manières.

Par la suite, un autre point du livre V est à souligner en ce qui concerne la division des

lotissements :

12 M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 3713 Lois V, 745c

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« […] Une portion attenante à la cité constituera un seul lot avec une portion située aux extrémités, la

seconde en partant de la cité avec la seconde en partant des extrémités, et ainsi de suite. Par ailleurs,

il faut s'arranger pour assurer dans les deux parts cette proportion de bonne terre et de terre médiocre

dont nous parlions à l'instant, en compensant les différences d'étendue par les différences de

rendement. […]14 »

Ce passage nous montre que chacun de ces lots sont séparés en deux parties, l'une proche de la cité,

au centre, et l'autre proche de la frontière du territoire. Tout comme la division générale du territoire

en douze secteurs, celle-ci doit se faire selon la qualité de la terre, donnant plus de surface aux terres

pauvres qu'aux terrains riches, toujours dans ce soucis d'égalité de rendement. Ceci se fait afin

d'instaurer un certain équilibre entre les citoyens. Car l'argument de Platon est que l'inégalité des

richesses est à l'origine de dissensions.15

Malgré tout cela, les informations données par Platon concernant les lots sont très vagues.16 Chaque

famille devra posséder deux maisons, que nous sommes tentés de placer, pour autant qu'il s'agissait

de l'idée de Platon, l'une et l'autre sur chaque partie du lotissement qui lui fut attribué. Cette idée

coïnciderait avec la volonté d'idéal que recherchait le philosophe. L'habitation de campagne est

alors proche des terres exploitables et l'autre, proche des structures citadines, faciliterait la

participation à la vie publique de l'État-Cité, harmonisant ainsi la vie économique et privée à la

périphérie et la vie politique au centre de la ville.

S’il parait évident que l'une d'elles soit proche ou fasse partie de l'ἄστυ centrale, la seconde pose

problème. Se trouve-t-elle disposée dans les κῶμαι de chacun des douze différents secteurs du

territoire, ou alors ces maisons campagnardes sont-elles éparpillées sur l'ensemble de celui-ci ?17

Selon J. Bisinger pour qui la réponse reste en suspens, celui-ci voit en le terme d'habitants

(κωμῆται), pour désigner les citoyens, un élément qui ferait pencher la balance en faveur de la

première hypothèse. Cependant, le fait que la seconde demeure se situerait dans la moitié extérieure

du territoire jouerait en faveur de la seconde. Il en conclut que Platon a été influencé par deux

14 Lois V, 745c-d15 Lois V 736c sq.16 M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 3917 Ne croyant pas à l’existence des κῶμαι, Wilamowitz et R. von Pöhlmann penchent pour des habitations disséminées

sur tout le territoire. Alors que J. Bisinger, qui souligne l’importance économique de ces villages, n’ose se prononcer sur cette question.

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grandes structures d'urbanisme qu'il n'a pas réussi à harmoniser : Celle de l'habitat de type archaïque

et celle de la classe aristocratique de posséder des maisons à la ville et à la campagne.18 Cela dit, le

fait de posséder deux maisons permet aux habitants de passer de l'une à l'autre et d'ainsi éviter une

fracture trop distincte entre la ville et la campagne.19

Économie, citoyenneté et gestion

Le peu de précisions techniques sur cette division laisse à penser que la question de l'urbanisme

était un point duquel Platon se désintéressait et qu'il se consacrait, comme nous allons le voir,

surtout à la division de la cité en lots pour sa dimension sociale.

Comme déjà évoqué brièvement plus haut, la cité des Lois est une cité agraire. Cette dernière

possède des mesures très restrictives réglementant la production, les échanges ainsi que la propriété

des biens. Dans cette économie, la division en κλῆροι tient le rôle primordial, d'où son importance

lors de l'établissement de la constitution de la cité des Lois.

Contrairement à la cité de la République sur laquelle Platon ne dit presque rien des activités des

producteurs20 ; où aucune loi ne vient règlementer les fabrications artisanales si ce n'est que bien

faire son travail c'est satisfaire le besoin des citoyens ; et où, en fin de compte, la production ne

relève pas immédiatement de la politique ou du moins de la constitution, celles des Lois calque son

système législatif sur certaines magistratures d'Athènes dont le fonctionnement demeure identique

au leur, à l'exception de la plupart d'entre elles dont le rôle en est radicalement éloigné.21

Cette reprise de quelques magistratures peut s'expliquer par le fait que Platon considèrait que le

problème de la cité grecque n'était pas un problème d'institutions mais un problème de Justice dont

la valeur de lois justes se devait, comme nous l'avons vu plus haut, d'avoir la suprématie.22

Cela dit, en comparaison avec la réelle cité de l'Athènes classique, la cité des Lois se trouve n'être

qu'une petit cité rurale, située à une quinzaine de kilomètre à l'intérieur des terres, loin de toute mer

18 M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 39-4019 J.-F. Pradeau, “L'économie politique des Lois”, Cahiers Glotz 11, 2000, p. 3520 Les agriculteurs et les artisans, dont la fonction est de subvenir aux besoins primordiaux : La nourriture, le

logement et l’habillement.21 J.-F. Pradeau, “L'économie politique des Lois”, Cahiers Glotz 11, 2000, p. 25-2722 O. Picard ; avec la collaboration de J. Bersani, R. Bouchet, G. Burgel [et al.], Platon dans Inventaire de la Grèce,

Universalis, 2011, p.234-241

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et isolée de toute cité voisine.23 Cette condition géographique, et le fait que la cité puisse être la plus

autonome possible afin de réduire au maximum les échanges avec l'étranger tout en évitant de se

voir pourvue d'excès en ressources essentielles, doit pouvoir permettre à la cité d'atteindre

l'excellence. C’est pour ces raisons que le territoire, la démographie et l'économie de celle-ci se

doivent de demeurer relativement stables. Voici donc toute l'importance que prennent la division et

la répartition des lotissements de la cité, devant limiter ainsi le nombre de familles de citoyens.

Toutefois, penser que la cité ne puisse compter que cinq mille quarante citoyens serait une erreur.

La fixation de ce nombre, que nous avons vu précédemment, est un chiffre qui opère plus sur la

quantité de κλῆροι qu'à proprement dit sur le nombre de citoyens qui constitueront la cité.24 Chose

qui semble évidente puisque le lotissement est censé appartenir à un exploitant agricole ainsi qu'à sa

famille.

Cette répartition du territoire est alors d'autant plus importante que celle-ci agit sur l'organisation

même de la cité, déterminant une structure sociale bien différente de celle que nous trouvons dans la

République. Dans cette dernière, les producteurs-artisans, les gardiens et les philosophes

possédaient des fonctions bien définies au sein de la cité. Les Lois rompt sur ce point-là. La

fonction agricole n'excuse pas la non participation au rôle de combattants, ni plus ou moins à celle

de la vie publique de la cité.25 Cette idée, par ailleurs, permet de mieux répondre à la conception de

l'harmonie et de l'unité de la cité.

En lieu et place de la tripartition de la République, pressentant également que la cité des Lois se

devait de se rapprocher le plus possible d'un système de fonctionnement réalisable, Platon propose

une séparation de la société en quatre classes censitaires, dont le κλῆρος devient une unité de calcul

économique des biens pouvant être possédés par chacune des ces classes. Le niveau de pauvreté et

de richesse est par ailleurs limité. En effet, le plus pauvre des citoyens ne pourra jamais posséder

moins que le lotissement qui lui a été assigné. Pour les plus riches, quant à eux, leur revenu ne

23 Lois IV, 704a sq.24 Sur des questions plus poussées et plus de précisions sur le terme de "citoyen" ainsi que de leur nombre (que nous

ne développerons ici que de manière sommaire pour la compréhension de notre sujet), voyez l’étude de :J.-M. Bertrand, “Le citoyen des cités platoniciennes”, Cahiers Glotz 11, 2000, p. 37-55

25 A noter cependant que, si Platon suggère que la cité soit la plus autonome possible, assez éloignée de la mer et de toute autre cité voisine, cela n’est pas seulement dans le soucis que cette dernière ne se trouve submergée d’une multitude "de mœurs aussi bigarrées que perverses", voire "instable et malhonnêtes" qui infecteraient l’équilibre morale de la cité, mais cela est également dans un soucis de la voir trop exposée à des conflits armés, provenant principalement des cités aux grandes forces maritimes (Lois IV, 704d sq.), comme Athènes qui n’hésita pas à l’utiliser pour asseoir sa suprématie. Bien que les citoyens soient également chargés de la défense la cité, le but de l’éloignement de celle-ci était d’éviter toute guerre extérieure.

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pourra excéder plus de cinq fois la valeur de leur κλῆρος.26 Cependant, ce classement ne se trouve

pas être définitif car, selon l'enrichissement ou l'appauvrissement des propriétaires, ceux-ci pourront

changer de classe.

Il reste le fait que, si malgré l'enrichissement, personne ne peut dépasser le seuil limite

d'enrichissement, que ferait-on d'un éventuel surplus de richesse ? Ce surplus n'a pas lieu d'être car

la cité des Lois accompagne cette limite, d'une part d'une interdiction pour les citoyens de posséder

de l'or ou de l'argent, mettant ainsi un terme définitif à la possibilité de s'enrichir27, et d'autre part,

chaque citoyen se doit d'enregistrer officiellement ses biens mobiliers. Cette mesure est à but

essentiellement répressif afin de limiter les richesses de la première classe au maximum autorisé par

la législation. Un contrôle sévère de ces enregistrements est donc nécessaire. Cette mesure est à

rapprocher d'une disposition du livre V qui prévoit la confiscation de biens acquis au-delà des

limites fixées par la législation.28

Le lot est donc une parcelle de terre, propriété foncière, dotée d'une valeur commune aux différentes

classes de la cité.29 Sa grande importance vient du fait que celui-ci joue le rôle d'unité de mesure

géographique et agraire, démographique, économique (dans la mesure où il permet un intervalle

proportionnel entre les différentes classes censitaires) et politique.

Comme nous l'a expliqué Trevor Saunders30, la répartition de l'ensemble de la population de la cité

s'effectue en deux temps. Tout d'abord, le territoire est divisé en cinq mille quarante κλῆροι

identiques, selon leur richesse de rendement, qui sont chacun attribués à un propiétaire-citoyen.

Puis, selon les revenus que ceux-ci possèdent au moment de leur arrivée dans la colonie, ils sont

répartis dans l'une des quatre classes censitaires.31 Ce classement s'opère de la manière suivante :

Dans la quatrième et dernière classe, la plus pauvre, le propriétaire possède au minimum son lot et

26 Lois V, 744a sq.27 Cette mesure peut nous inciter à nous demander alors comment le passage d'une classe à l'autre est donc possible.

Mais en réalité les citoyens possèdent tout de même une monnaie exclusivement réservée aux échanges à l'intérieur de la cité et qui ne possède aucune valeur en dehors de celle-ci.J.-F. Pradeau, “L'économie politique des Lois”, Cahiers Glotz 11, 2000, p. 30

28 Il est à peu près certain que cet ensemble de prescriptions se trouvent être des innovations propre à Platon. Cela dit, bien que la confiscation de biens et les amendes ne soient pas des sanctions étrangères au droit pénal grec, le philosophe dut tout de même les adapter à la législation qu'il mit en place dans les Lois, afin que ces dernières ne puissent toucher au κλῆρος qui se doit d'être inaliénable.M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 173-174

29 Il est à faire remarquer qu'à aucun moment Platon ne donne le prix d'un lot.30 J.-F. Pradeau, “L'économie politique des Lois”, Cahiers Glotz 11, 2000, p. 2931 Sur ce classement, voir tableau en annexe 2.

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la valeur de celui-ci en propriété aliénable. De l'autre côté, le propriétaire de la première classe

possèdera l'équivalent de la valeur de cinq lots.32

Cela dit, il serait toutefois faux, à mon sens, de faire remarquer, comme nous le faisons souvent, que

par cette attribution les citoyens de la cité des Lois se voient accorder la possession d'une propriété

privée. Ce point est bien souligné par Jean-François Pradeau33 : « Mais, que peut être une propriété

privée lorsque la richesse financière et l'enrichissement commercial n'existent pas et quand cette

propriété privée est inaliénable parce qu'elle est une partie égale du bien public ? »

En effet, si le κλῆρος, bien que distribué à une famille de citoyens, demeure légalement un bien

public, celui-ci semble difficile à qualifier en même temps de bien privé.34 Ce statut particulier du

lot se répercute sur le statut du citoyen lui-même et de sa famille. Le terme de propriétaire peut

sembler, dans ce cas, quelque peu inadapté compte tenu de la situation où être propriétaire c'est

devenir une partie de la cité et lui appartenir. C'est un élément que Platon met bien en évidence aux

livre XI dont l'enjeu important est de pouvoir garantir la conservation des cinq mille quarante

κλῆροι, que le philosophe veut inaliénable :

« […] Moi donc, qui suis législateur, je déclare que ne vous appartiennent ni votre personne ni vos

biens. Vos biens et votre personne appartiennent au contraire à toute votre famille, celle d'hier comme

celle de demain, ou plutôt c'est à la cité qu'appartiennent toute votre famille et ses biens. […]35 »

Un autre passage, qui se trouve au livre IX, parle également de cette question :

« […] Aucune de ces cinq mille quarante maisons n'est la propriété privée de celui qui l'habite non

plus que celle de l'ensemble de sa famille, dans la mesure où elle est, à titre public aussi bien que

privé, la propriété de la cité. […]36 »

Le sens de la dernière proposition (τῆς πόλεως δημόσιός τε κα ὶ ἴδιος) n'est pas très clair. Pradeau

comprend "que les maisons (qui sont ici les lots, les foyers) sont, plus que tout, la propriété de la

32 Cette différence en riches et pauvres pourrait contredire les propos cités plus avant dans le texte concernant le fait que l'inégalité des richesses est à l'origine de dissensions. Cependant il est bon de noter que la fourchette de différences que nous offre Platon se trouve bien moins large que celle qu'offrait la démocratie athénienne.

33 J.-F. Pradeau, “L'économie politique des Lois”, Cahiers Glotz 11, 2000, p. 3034 Cette mesure législative est facile à concevoir si l'on n'oublie pas de penser que, suite à la division initiale en

κλῆροι, l'un des soucis sera la conservation identique, si possible, de la démographie et de la géographie de la cité.35 Lois XI, 923a-b36 Lois IX, 877d

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cité, non pas seulement au sens où ces maisons feraient partie du bien public, mais surtout au sens

où, en dernière instance, la cité en est le véritable propriétaire (privé). C'est dire que celui qui

administre le lot (le γεωμόρος) n'en est véritablement que le gérant, l'administrateur provisoire."37

Mais quel que soit le terme à employer pour ces gestionnaires terriens38, le fait de ne pas posséder

réellement les terres agricoles attribuées permet d'empêcher toute substitution ou échange, et le

terme de propriété, lot ou κλῆρος désigne bien l'unité de calcul indivisible et inaliénable de la cité.

Dans cette logique, il va de soi que, si le lot se trouve être une unité de mesure, sa constance dans

son indivisibilité soit justifiée. Pourtant, en tant que modernes, nous serions en droit de nous

demander pourquoi opérer dans ce sens.

La réponse à cette question vient de la volonté principale de Platon de réussir à fonder la cité idéale

sur la base de l'unité et surtout à maintenir la stabilité de cette unité après la fondation de la nouvelle

colonie. Si le philosophe ne donne pas d'indications de mesures précises sur la valeur d'un κλῆρος,

c'est bien entendu car, comme nous l'avons vu précédemment, le législateur doit pouvoir évaluer,

sur le terrain, le territoire disponible où va s'opérer la division et la répartition des différents

éléments de la cité.

Mais les quelques lois que nous venons de voir sur le contrôle de l'enrichissement, plus d'autres sur

le mariage, la procréation39 et la succession, devaient pouvoir assurer par la suite la préservation de

l'inaliénabilité du κλῆρος.40 Cela dit, ces différentes mesures pouvaient s'avérer insuffisantes dans le

cas d'un afflux de la population ou, à l'inverse, si la cité subissait une décroissance démographique.

Si le dernier cas relève d'un problème que le philosophe résout à contre-cœur par une possibilité de

37 J.-F. Pradeau, “L'économie politique des Lois”, Cahiers Glotz 11, 2000, p. 3138 La question de savoir si les propriétaires des κλῆρος sont les seuls citoyens de plein droit de la cité divise depuis

longtemps les exégètes. Autrement dit : Est-ce que la cité ne compte que cinq mille quarante citoyens ? Platon n'use pas lui-même de façon cohérente de ce terme qui peut désigner aussi bien les cinq mille quarante propriétaires d'un lot, que de jeunes gens qui se doivent d'être expulsés faute d'une surpopulation de la cité. Mais ce point ne sera pas débattu en profondeur ici. Cependant, afin de rendre compte de l'ambiguïté que peut poser ce terme, il me semblait nécessaire de le mentionner.Sur les questions de la citoyenneté voir : J.-M. Bertrand, “Le citoyen des cités platoniciennes”, Cahiers Glotz 11, 2000, p. 37-55

39 « La procréation et la surveillance des conjoints dureront dix ans, temps où la génération se répand en abondance, et pas davantage lorsque les naissances se produisent en nombre suffisant. » (Lois VI, 784b)

40 L'ensemble de ces prescriptions n'est pas étranger à la notion de citoyenneté. Cela dit, il est à noter que G. R. Morrow observa que Platon ne parle pas de cinq mille quarante citoyens, mais d' οἶκοι ou d'ἑστίαι. (cf. G. R. Morrow, Plato's Cretan City, Princeton, 1960, p. 113). Sans doute que, par toutes ces lois, le philosophe estimait pourvoir ajuster sans grande difficulté, non pas le nombre de citoyens, mais tout du moins le volume de la population à celui du nombre de κλῆροι. (cf. M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 56)

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naturaliser les étrangers de la cité41, dans le cas du surplus, Platon préconisait une solution que les

cités grecques effectuaient dans de pareil cas, et qui se trouvait être la création d'une nouvelle

colonie. Toutefois, afin de pouvoir éviter le plus possible ces deux derniers cas, une véritable

politique de planification familiale est mise en place dans les Lois. De cette manière, selon les

besoins de la cité, les naissances étaient encouragées ou non, et des magistrats étaient chargés de la

surveillance des foyers.42

3. Conclusion

Selon les éléments que nous venons de voir, il devient clair que le partage en κλῆροι, même en

dehors des Lois, est un élément constitutif courant à toute fondation de nouvelles colonies durant la

Grèce antique. Bien que le κλῆρος puisse être inaliénable dans certaines cités grecques existantes43,

le point divergeant pour la cité des Magnètes est que, pour celle-ci, cette répartition devient un

principe fondamental du fonctionnement même de la cité qui, par sa plus grande stabilité possible,

doit permettre l'équilibre de celle-ci, que cela soit sur le plan démographique ou économique.

Cette idée d'équilibre et de stabilité ne se situe pas exclusivement au niveau du nombre et de la

taille du lotissement qui se doit, comme nous l'avons vu, d'être inaliénable car il constitue l'unité de

toute mesure économique de la cité. Mais cette stabilité se trouve également dans l'idée même des

lois que Platon souhaite immuables et que, dans le cas parfait, le philosophe souhaiterait. Celles-ci,

une fois obtenues en totalité, devraient permettre à la cité de se passer de corps législatif, ne laissant

plus qu'aux gardiens des lois, les nomophylaques, le soin de les restaurer régulièrement pour

qu'elles ne puissent s'effriter au fil du temps.

Bien que la majorité des applications pratiques de la cité des Lois nous éclaire sur son

fonctionnement, il reste néanmoins beaucoup de problèmes qui se posent quant à la compréhension

du texte.

Bon nombre d’éléments sont omis. Sans doute que ceux-ci, pour un citadin de l’époque, devaient

aller de soi. Malheureusement pour nous qui n’avons pu vivre à l’intérieur d’une cité grecque

41 Obéissant à des règles très strictes, cette procédure existait à Athènes.42 M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 56-5943 Telle qu'à Leucade et Sparte (cf. M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008, p. 57)

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antique, ces éléments, qui devaient aller de soi dans l’organisation ou la fondation d’une cité,

introduisent des zones d’ombre dans la compréhension de certains passages du texte.

Mais en fin de compte, ces manques ne nous empêchent pas de voir que la division de la cité en

κλῆροι est un élément déterminant pour l'ensemble des principes institutionnels dont elle dépendra,

afin d'en garantir la conservation, et que ces lots sont des unités élémentaires et en rien des

concessions dont disposent à leur gré les familles, mais au contraire une marque d'appartenance de

ces dernières à la communauté de la cité.44

Finalement, les notions de κλῆροι et de famille permettent de montrer comment Platon réussit à

poursuivre, par des moyens bien plus efficaces dans les Lois qu'il ne le fit dans la République, à

arriver aux mêmes fins. La cité des Magnètes, au contraire de celle de la République qui obtenait la

communauté par privation, notamment de propriété et de famille, permet désormais l'activité des

citoyens qui, travaillant et vivant du lot qui leur a été attribué, œuvrent à la pérennité de la cité

44 La primauté va aux lotissements qui, si le cas l'exige à des fins de conservation, peuvent modifier l'état familial des foyers s'y trouvant. Il s'agit là d'une différence de taille qui oppose la cité platonicienne aux lois qui se trouvaient alors en vigueur à Athènes, tout comme le reste de la Grèce, où testateur était en droit d'imposer sa volonté et où les héritiers mâles se partageaient l'héritage. Alors que Platon se permet, dans ses lois, des prescriptions servant les intérêt du κλῆρος, limitant celui-ci à ne revenir qu'à un seul successeur.

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4. Annexes

Annexe 1

La cité idéale :

1. ἀκρόπολις (Acropole)

2. ἄστυ (Ville)

3. προάστειον (Faubourg)

4. χώρα (Campagne)

5. κώμη (Village)

6. δωδεκατημόριον (Le douzième du territoire)

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Annexe 2

Classes(de la plus pauvre à la

plus riche)

Propriété inaliénable minimale

Propriété aliénable maximale

Total maximal des revenus

4 Un lot Équivalent d'un lot Équivalent de deux lots3 Un lot Équivalent de deux lots Équivalent de trois lots2 Un lot Équivalent de trois lots Équivalent de quatre lots1 Un lot Équivalent de quatre lots Équivalent de cinq lots

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5. Bibliographie

Platon, Les Lois, texte établi et traduit par L. Brisson et J.-F. Pradeau, Flammarion, 2011

Sous la direction de L. Brisson, Platon - Oeuvres complètes, Flammarion, 2011

J.-M. Bertrand, "Le citoyen des cités platoniciennes", Cahiers Glotz 11, 2000, p. 37-55

G. R. Morrow, Plato's Cretan City, Princeton, 1960

O. Picard ; avec la collaboration de J. Bersani, R. Bouchet, G. Burgel [et al.], "Platon dans Inventaire de la Grèce", Universalis, 2011, p. 234-241

M. Piérart, Platon et la cité grecque, Les Belles Lettres, 2008

J.-F. Pradeau, "L'économie politique des Lois", Cahiers Glotz 11, 2000, p. 25-36.

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