LES REPRISES DE CHEVREUIL - Institut de l'information ...

11
7o8 REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE LES REPRISES DE CHEVREUIL •epuis quelques années, le Conseil Supérieur de la Chasse re- cherche tous les moyens pour permettre aux ι 800 000 Nemrods nationaux de tirer autre chose que des casquettes ou des moineaux : création de réserves qui s'étendent maintenant sur plus d'un mil- lion d'hectares, multiplication des élevages, surtout de faisans, mise au point des techniques de reprise et de repeuplement:, perdreaux, lièvres, grands animaux. Parmi ces derniers, c'est au chevreuil que va toute notre sym- pathie (*). Nous avons appris à le connaître en jouant souvent avec lui à cette véritable petite guerre non sanglante, victorieuse ou non, qu'est une opération de reprise. Essayons de la décrire Il s'agit: i° de faire littéralement tomber dans nos filets des animaux vivant en pleine liberté dans la forêt. — 2 0 De les mettre en boîte (appelée « sabot ») et de les expédier dans des régions moins riches en gibier ou clans lesquelles il est nécessaire d'intro- duire du sang nouveau. LE CADRE DE LA BATAILLE Le chevreuil aime les lisières, car il peut aller au gagnage dans les cultures riveraines et dans les prairies. Il apprécie également les jeunes taillis dont il mange les bourgeons et les tendres rejets. Mais ses mets favoris sont les feuilles de ron- ce, de framboisier et de lierre, indépendamment des genêts, bruyères et airelles. Dans la futaie, les fourrés et gaulis, les sous-étages épais consti- tuent pour lui des gites appréciés. Enfin, il se cantonne; autrement dit, il s'éloigne rarement de plus de quelques centaines de mètres du lieu où il a élu domicile. Suivant la saison et le temps, il recherche les expositions chaudes ou fraî- ches, les versants à l'abri du vent ou les clairières ensoleillées, Compte tenu de ces données, il est possible de « faire le bois ». La fraîcheur et la quantité des moquettes ou fumées trouvées dans une enceinte, ainsi que le nombre des reposées permettent de déter- (*) C'est peut-être pour ce motif qu'il nous a été confié depuis près de 4 ans la Direction et le Contrôle des reprises de chevreuils effectuées par le Conseil supérieur de la chasse dans presque tous les massifs forstiers français.

Transcript of LES REPRISES DE CHEVREUIL - Institut de l'information ...

7o8 REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

LES REPRISES DE CHEVREUIL

•epuis quelques années, le Conseil Supérieur de la Chasse re­cherche tous les moyens pour permettre aux ι 800 000 Nemrods nationaux de tirer autre chose que des casquettes ou des moineaux : création de réserves qui s'étendent maintenant sur plus d'un mil­lion d'hectares, multiplication des élevages, surtout de faisans, mise au point des techniques de reprise et de repeuplement:, perdreaux, lièvres, grands animaux.

• Parmi ces derniers, c'est au chevreuil que va toute notre sym­pathie (*). Nous avons appris à le connaître en jouant souvent avec lui à cette véritable petite guerre non sanglante, victorieuse ou non, qu'est une opération de reprise.

Essayons de la décrire Il s'agit: i° de faire littéralement tomber dans nos filets des

animaux vivant en pleine liberté dans la forêt. — 20 De les mettre en boîte (appelée « sabot ») et de les expédier dans des régions moins riches en gibier ou clans lesquelles il est nécessaire d'intro­duire du sang nouveau.

L E CADRE DE LA BATAILLE

Le chevreuil aime les lisières, car il peut aller au gagnage dans les cultures riveraines et dans les prairies.

Il apprécie également les jeunes taillis dont il mange les bourgeons et les tendres rejets. Mais ses mets favoris sont les feuilles de ron­ce, de framboisier et de lierre, indépendamment des genêts, bruyères et airelles.

Dans la futaie, les fourrés et gaulis, les sous-étages épais consti­tuent pour lui des gites appréciés.

Enfin, il se cantonne; autrement dit, il s'éloigne rarement de plus de quelques centaines de mètres du lieu où il a élu domicile. Suivant la saison et le temps, il recherche les expositions chaudes ou fraî­ches, les versants à l'abri du vent ou les clairières ensoleillées,

Compte tenu de ces données, il est possible de « faire le bois ». La fraîcheur et la quantité des moquettes ou fumées trouvées dans une enceinte, ainsi que le nombre des reposées permettent de déter-

(*) C'est peut-être pour ce motif qu'il nous a été confié depuis près de 4 ans la Direction et le Contrôle des reprises de chevreuils effectuées par le Conseil supérieur de la chasse dans presque tous les massifs forstiers français.

debeaupu
Crayon

LES REPRISES DE CHEVREUIL 7Ó9

miner les points où les opérations de reprise ont le plus de chance de réussir. Un bon agent connaît d'ailleurs le nombre de têtes de tel ou tel canton.

La densité de gibier est de la plus grande importance, car, sauf cas exceptionnel, il est rare de reprendre plus du tiers ou du quart des animaux, se trouvant dans la parcelle attaquée.

La mise en place d'un dispositif de reprise exigeant du temps et un nombreux personnel, il est inutile de l'envisager si les chances de capture ne sont pas de Tordre de 2, ou 3 animaux au minimum par opération; comme l'enceinte représente une surface moyenne d'une vingtaine d'hectares, elle doit contenir au moins de 6 à 8 bêtes.

L'idée qui vient immédiatement à l'esprit est celle du « rappro­ché », marche stratégique rapide à travers les parcelles voisines de celle choisie pour l'opération, afin d'y concentrer les chevreuils sta­tionnant dans le voisinage.

Cette méthode donne, en général, des résultats décevants, car les animaux ne partent pas souvent dans la direction prévue; d'autre .part, le bruit même léger de la manœuvre peut alerter les bêtes gîtées au bon endroit et les faire déguerpir trop tôt.

Enfin, du temps toujours précieux risque d'être perdu pour rien. C'est pourquoi, sauf situation exceptionnelle, seul un rapproché à courte distance présente un certain intérêt.

L'ÉPOQUE

Il faut que les jeunes nés en avril ou mai puissent se passer de leur mère, car ils risquent d'en être séparés. Dénommés encore (( chevrillard », ils sont pratiquement émancipés vers le huitième mois qui suit leur naissance, soit en décembre ou janvier

Il est également préférable d'attendre la fermeture de la chasse pour éviter le risque de la destruction prématurée plus ou moins régulière d'un animal dont la capture nécessite des frais importants.

Cependant, les journées trop courtes au oœur de l'hiver ne per­mettent pas de procéder aux trois ou quatre déplacements du dispo­sitif nécessaires pour augmenter les chances de reprises plus nom­breuses. A partir du 15 janvier, les jours grandissent, mais les ris­ques d'enneigement ou de fortes gelées sont grands surtout dans le Nord, les Ardennes et l'Est de la France, régions où se situent de très bonnes réserves domaniales comme Belval et Mormal.

Enfin, il serait dangereux d'envisager les dates de reprise trop rapprochées de l'époque de la mise bas. La fuite affolée des chèvres pleines pourrait provoquer des accidents.

C'est pourquoi la meilleure époque des opérations se situe entre le iep février et le 10 mars.

debeaupu
Crayon

7ìo REVUE FORESTIERE FRANÇAISE

L E TEMPS

Une chute de neige rend pratiquement illusoire tout espoir de capture. D'abord suivant une expression imagée : « Le bois est fer­mé ». Les cépées de taillis ou les sous-bois recouverts d'un lourd manteau blanc deviennent impénétrables; ensuite les traqueurs, mê­me imperméabilisés, de leur couvre-chef à leurs bottes, sont aveu­glés, alourdis comme les animaux qui deviennent particulièrement difficiles à débusquer.

De plus, les banderolles ne se distinguent presque plus et n'ef­farouchent plus le gibier.

Un froid vif est non moins défavorable. Le sol gelé résonne sous les pas et les coups de masse nécessaires pour enfoncer, avec quelle peine, les piquets. Les chevreuils alertés vident souvent prématuré­ment l'enceinte. Enfin, les hommes préparés à la garde des filets, sont astreints à une immobilité pénible et s'engourdissent peu à peu.

La pluie endommage le matériel et immobilise bêtes et gens. Un temps idéal, mais rare, est caractérisé par un ciel printanier,

une douce température et un air chargé des premières effluves du renouveau. Encore faut-il qu'il ne soit pas accompagné d'un dégel rendant les chemins forestiers impraticables et le terrain gorgé d'eau.

L E MATÉRIEL

Les filets à mailles de 14 centimètres constitués par une corde solide de teinte marron clair, ont actuellement une hauteur d'ail­leurs suffisante de 1,60 m. Ceux de la vénerie royale avaient au

i

moins 2,50 m et servaient indifféremment pour les cerfs ou les chevreuils.

La longueur de chaque élément est de 50 m et son poids de 25 à 30 kilos.

LES RÉPRISES DE CHEVREUIL 7 Í I

Ils sont maintenus par des piquets de 1,65 m ayant 2 à 3 cm de diamètre, espacés de 6 à 7 mètres, et enfonces dans le sol de quel­ques centimètres seulement. Une encoche en équerre permet à la fois la pose et la chute du filet; celui-ci est tendu, mais pas trop, à l'aide de pieux de 0,50 à 0,60 de longueur et de 6\ à 8 cm de dia­mètre.

Le filet doit avoir assez de mou d'une part, d'autre part sa partie inférieure traînera légèrement par terre pour faciliter la chute et la retenue de l'animal qui s'y empêtrera les pattes.

Les filets, appelés aussi panneaux, sont placés de préférence aux endroits de passage les plus fréquentés, en général sur le milieu des lignes ou chemins n'ayant pas plus de 2,50 m à 3,50 m de largeur, protégés si possible des vues lointaines du chevreuil par un écran de taillis. Nous avons constaté qu'une bête, dans sa fuite, hésite à sau­ter des chemins ayant 4 m de largeur et plus. En faisant pivoter les piquets de 1800 et en les mettant de l'autre côté du filet, celui-ci pourra être utilisé pour une contre-battue.

Des banderolles classiques avec trois pavillons blancs pour un rouge, placées à environ 50 cm du sol, entourent la parcelle dans laquelle a lieu la reprise et empêchent, en principe, le chevreuil d'en sortir.

Lorsque la densité du gibier est particulièrement forte et les lieux de passage bien déterminés, la pose des banderolles, opération lon­gue et fastidieuse, peut, à la rigueur, être évitée.

Les caisses ou sabots en bois blanc, avec porte coulissante peuvent avoir 1,4g !m de longueur, 0,50 m de largeur, 1 m de hauteur et pèsent environ 30 kg.

L E PERSONNEL

Pour gagner du temps, plusieurs équipes se répartissent le tra­vail.

La pose de chaque ligne de filet qui, pour avoir une efficacité à peu près certaine, doit avoir au moins 100 mètres, peut être réalisée par S ou 6 hommes munis d'une masse et d'une serpe. Les piquets sont soigneusement alignés avant le déploiement des panneaux.

Les banderolles sont mises en place par trois hommes : l'un d'eux porte les paquets, l'autre les déroule les uns après les' autres, Je der­nier Jes accroche par de vulgaires tours morts sur des branches. Le repliement du matériel sera d'autant plus rapide que la pose aura été plus simple.

Enfin, quelques hommes répartissent et dissimulent à proximité des lignes de filets, les caisses dans lesquelles seront enfermés les captifs.

Il faut compter environ deux heures ou deux heures et demie entre le moment où le matériel arrive à pied d'ceuvre et celui où la battue commence

debeaupu
Crayon

7í¿ REVUE FORESTIERE FRANÇAISE

L'utilisation de véhicules tout terrain, Dodge, Jeep, facilite gran­dement les transports sur les laies et chemins de la forêt qui sont assez rarement d'une viabilité confortable.

Quant au repliement, il doit être effectué avec le plus grand soin, en particulier eri cev qui concerne les banderolles, faute de quoi, il peut en résulter une perte de temps considérable lors de la mise en place suivante.

LA BATTUE

Les gardiens de filet ont pour rôle de capturer les animaux qui se présentent devant les panneaux.

Ceux-ci, arrivés à io ou 15 mètres de la ligne marquent le plus souvent un temps d'arrêt, étonnés par l'aspect inaccoutumé des

SCHÉMA D'UNE BATTUE

J L X X X X

0 0 0

o

o

φ if ψ ν Ψ ν ν ν

ο

Φ

.Χ V H H Κ Χ Χ ¥ Χ .Χ XX Χ '.

Χ Κ Χ *Λ Emplacement de filet. • · · · · banderolles. — φ — > marche et contre-marche des traqueurs. 0 0 0 0 gardiens de[filet.

lieux. Beaucoup ont alors tendance soit à longer le filet, soit à re­brousser.

C'est pourquoi, les hommes de garde espacés d'environ 50 mètres les uns des autres, doivent être immobiles, ne fumant pas, vêtus si possible de toile cachou, camouflés derrière un arbre ou une ce-

debeaupu
Crayon

^ -

Réserve de Belva!. Un chevreuil se présente devant le filet.

Inquiétude.

- .«».saue» Ü * *

(Cliché Sommer.)

ι-

Réserve de Mormal

(Nord)

«— Pose du filet

(Cliché Mortier.)

Réserve de Belval

Un animal tombe

dans le filet

(Cliché Sommer.)

I/-:k UÂ'ÎÎ:,' Μ'Λ^

Les « gardiens du filet

capturent l'animal

Forêt de Marly

(Cliché Lelégard.)

debeaupu
Crayon

LES REPRISES DE CHEVREUIL 713

pée à 25 mètres au moins à l'intérieur de la parcelle, face au filet, à condition bien entendu que la densité du peuplement leur permette cependant des évolutions rapides.

Lorsque l'animal arrive, en général à petites foulées, ils le lais­sent franchement passer dans la zone que le sépare du panneau, puis, brusquement, se dressent derrière lui en poussant des cris et en fai sant de grands gestes.

Si l'opération est bien menée, le chevreuil surpris et affolé file droit au filet qui se rabat sur lui.

Les gardiens les plus voisins du point de chute se précipitent alors pour immobiliser la bête, avec douceur, la dégager avec précaution, sans appuyer sur le poitrail et la mettre en boîte immédiatement.

Le brocard et plus encore la chèvre sont des animaux délicats, aux pattes fragiles, très émotifs.

Parfois, si la reprise en un point est plus fructueuse qu'il n'était prévu, le nombre de sabots disponibles peut être insuffisant.

Il vaut mieux alors qu'un des hommes emporte le chevreuil sur ses épaules jusqu'à la première caisse libre plutôt que de le laisser les pattes liées sur le sol, car en se débattant, il risque de se blesser ou de prendre froid et de mourir de congestion, surtout après les émotions et la chaleur de la fuite.

Le filet est, bien entendu, immédiatement remis en place.

LES TRAQUEURS

Sous la direction d'un chef, les traqueurs doivent être suffisam­ment nombreux et consciencieux pour pouvoir battre ronciers et buissons. Ils progressent lentement en ligne sans se perdre de vue les uns les autres, tapant dans leurs mains ou sur les arbres et les cépées avec un bâton. Pas ou peu de cris, car le chevreuil se défi­lant sera d'autant plus surpris par ceux des gardiens de filet.

Un coup de trompe donne le départ, deux coups, l'arrêt, plusieurs coups, la fin de battue.

D'ailleurs, quand un animal est pris, ses cris puis la sarabande qu'il fait pendant quelques minutes dans sa prison de bois aver­tissent souvent les traqueurs d'une victoire avant que résonnent les coups de « stop ».

L'effectif à mettre en œuvre pour réaliser des reprises dans de bonnes conditions est important, de l'ordre de 40 à 50 hommes.

Prenons l'exemple de l'Inspection de Saint-Germain qui dispose actuellement de 800 mètres de filets.

A raison d'un gardien tous les 50 mètres, cela représente au mi­nimum 16 hommes auxquels il faut adjoindre au moins 4 hommes haut-le-pied pour le service des caisses.

Si le front de la battue a 400 mètres, les traqueurs espacés d'en­viron 20 mètres, seront au nombre de 20.

714 REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

Enfin, il faut les conducteurs de véhicule et éventuellement des agents de liaison.

Il est possible d'économiser facilement une dizaine de rabatteurs si l'équipe peut avoir à sa disposition deux ou trois chiens excel­lents, obéissant à leur maître, teckels ou cockers, voir simples bâ­tards qui savent débusquer les animaux, les lancer en donnant de la voix et les mener jusqu'aux filets sans toutefois être trop vifs, mediants et prompts de la mâchoire.

La moindre morsure à la cuisse et plus encore à la gorge a pres­que toujours de graves conséquences.

L'ADVERSAIRE

Il nous reste à parler maintenant du chevreuil, notre adversaire dans la petite guerre engagée contre lui.

C'est le plus petit de nos « grands animaux », avec sa hauteur au garrot qui ne dépasse guère 0,75 m, sa longueur 1,40 m et son poids maximum 28 à 30 kg.

Qui n'a eu le plaisir de le voir gambader dans nos bois avec une grâce et une agilité que seul peut lui disputer le chamois?

Quelques bonds et sa silhouette rousse ou grise brune suivant la saison, disparaît derrière les arbres, la tache jaune clair sinon blan­che de son postérieur s'agitant comme un mouchoir en signe d'adieu et de dédain.

Chaque individu a son caractère, comme les humains : l'audacieux va droit sur les filets ou les banderolles qu'il franchit d'une envo­lée ; le rusé, blotti au creux d'un roncier, laisse passer les rabat­teurs et file à la rebrousse ; le discipliné va tout bêtement se jeter dans le filet ; le distrait, car il y a des distraits, tombe dans le pan­neau sans s'en rendre compte. Nous avons capturé plusieurs che­vreuils, à l'heure du déjeuner, au moment où traqueurs et gardiens se reposent et où personne n'essaie d'attenter à leur liberté; le bro­card, par galanterie, laisse passer la chèvre la première. Sa compa­gne se fait prendre et lui, sain et sauf, franchit le filet tombé! à terre.

Le dégourdi se dégage des mailles avant l'arrivée des gardiens et s'enfuit en leur faisant la nique.

Par contre, le malchanceux reste pris par le bout d'une patte ou l'extrémité d'un andouiller.

Quelles que soient les péripéties de reprise, le chevreuil captif ou fugitif reste parfaitement sympathique.

LES FINANCES

Cet exposé serait incomplet s'il ne s'y mêlait le bruit des écus dans l'escarcelle.

debeaupu
Crayon

I. V , 1

"* I

...., «ft,,*,, ' . . « i f

Reserve de Belval Le prisonnier est emmené vers une caisse.

(Cliché Sommer.)

r

Les caisses pleines vont prendre le train. Forêt de Marly.

(Cliché Lelégard.)

debeaupu
Crayon

LES REPRISES DE CHEVREUIL 715

Grosso-modo, les frais d'une journée sont les suivants:

—• Main-d'œuvre : 40 hommes à 1 000 F 40 000 F — Matériel: véhicules, carburant, transport et divers, JOOOO F — Préparation des lignes, façonnage de piquets, amor­

tissement i q 0 0 0 F

60000 F

Le Conseil Supérieur de la Chasse cédant actuellement les che­vreuils au prix de 12 000 F par tête, une moyenne de 5 animaux repris, par jour est nécessaire pour que les opérations ne se soldent pas par un déficit.

Compte tenu des conditions souvent défavorables dues à la sai­son, cette moyenne est difficile à maintenir, d'autant plus que le moindre geste inconsidéré, la plus légère fausse manœuvre, peut compromettre le résultat : une cigarette allumée malgré les ordres, un bavardage intempestif, un instant d'inattention, des mouvements trop lents, un manque de décision., la bataille est perdue ou la vic­toire incomplète.

Quoi qu'il en soit, la satisfaction de la réussite peut bien se payer par quelques moments de déception.

Rendre la liberté aux captifs est aussi source d'une vraie joie. Après un voyage plus ou moins long, la porte de la passagère

prison s 'ouvre; dépaysé par le nouvel horison qui lui est offert, le chevreuil hésite, prend son parti, s'élance et disparaît au milieu des arbres de sa nouvelle patrie.

Pas de sang, pas de curée, mais l'espoir d'une vie de grâce, de souplesse et de beauté.

R. B E R T H O N .

La Revue du Bois

de juillet-août 1955

Les Cisterciens et la forêt, par G. PLAISANCE. Exploitation des bois de taillis, par Y. de M É G I L L E . La machine à bois à la foire de Paris, par E . L É D I N O T . Charpentes modernes, par J. CAMPREDON. Le bois d'épicéa, par A. IABLOKOFF,

debeaupu
Crayon