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BRUNO HELLY STÈLES FUNÉRAIRES DE DÉMÉTRIAS: RECHERCHES SUR LA CHRONOLOGIE DES REMPARTS ET DES NÉCROPOLES MÉRIDIONALES DE LA VILLE ΑΝΑΤΥΠΟ ΔΙΕΘΝΕΣ ΣΥΝΕΔΡΙΟ ΓΙΑ ΤΗΝ ΑΡΧΑΙΑ ΘΕΣΣΑΛΙΑ ΣΤΗ ΜΝΗΜΗ ΤΟΥ ΔΗΜΗΤΡΗ Ρ. ΘΕΟΧΑΡΗ ΠΡΑΚΤΙΚΑ ΑΘΗΝΑ 1992

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BRUNO HELLY

STÈLES FUNÉRAIRES DE DÉMÉTRIAS:RECHERCHES SUR LA CHRONOLOGIE DES REMPARTS

ET DES NÉCROPOLES MÉRIDIONALES DE LA VILLE

ΑΝΑΤΥΠΟ

ΔΙΕΘΝΕΣ ΣΥΝΕΔΡΙΟΓΙΑ ΤΗΝ ΑΡΧΑΙΑ ΘΕΣΣΑΛΙΑ

ΣΤΗ ΜΝΗΜΗ ΤΟΥ ΔΗΜΗΤΡΗ Ρ. ΘΕΟΧΑΡΗ

Π Ρ Α Κ Τ Ι Κ Α

ΑΘΗΝΑ 1992

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STÈLES FUNÉRAIRES DE DÉMÉTRIAS:RECHERCHES SUR LA CHRONOLOGIE DES REMPARTS

ET DES NÉCROPOLES MÉRIDIONALES DE LA VILLE

Depuis leur découverte en 1908, les stèles peintes de Démétrias ont passionné les archéologueset historiens d' art qui s'en sont occupé. Bien peu, hélas, eurent la possibilité de les examiner endétail, et l'on peut dire que ces pièces exceptionnelles n'ont pas eu de chance. Leur inventeur,A.S. Arvanitopoulos, a publié les résultats d'ensemble de ses fouilles vingt ans après lespremières trouvailles; encore faut-il ajouter qu'une bonne moitié des stèles, sans parler du maté-riel archéologique, monnaies, céramiques, n'a pas été étudié. Dans le même temps, les interpré-tations chronologiques touchant tant la fouille que les stèles étaient fixées de manière quasi-dé-finitive par F. Stâhlin et E. Meyer, dans un ouvrage qu'ils ont publié en collaboration avec A.Heidner, et qui fait autorité pour l'histoire de la ville1. Par la suite, les guerres, les circonstancesnaturelles (le tremblement de terre de 1954), les réaménagements du Musée de Volos, ont rendupeu accessible le matériel jusqu'à une date récente; ce n'est guère qu'à partir des années soixanteque l'on a pu en reprendre l'étude. A partir de 1966, C. Wolters s'y est consacré, seul d'abord,puis après 1969 en collaboration avec B. Hoffmann, V. von Graeve et moi-même.

La documentation très complète que nous avons rassemblée et les études que nous avonsmenées en commun ont déjà donné des résultats. Ainsi C. Wolters, qui s'est chargé de Γ étudedes ornements, a-t-il publié une dissertation sur ce sujet: "Die Anthemien-Ornamente der Grab-stelen von Demetrias". V. von Graeve, qui a entrepris l'étude des peintures, a donné en 1975une mémoire consacrée aux stèles où une représentation peinte nous a été conservée ou bien apu être reconnue à la suite d' analyses systématiques2. J'ai pour ma part fourni une contri-bution à ces travaux en étudiant les inscriptions, notamment la chronologie des écritures. Maisau fur et à mesure que nous avancions dans ces recherches, une question s'est imposée à nousde plus en plus nettement: sur quelle durée s'étendent les stèles? combien de temps les nécropo-les de Démétrias sont-elles restées intactes avant que les stèles disparaissent dans des conditionsque la fouille d' Arvanitopoulos a révélées et qui sont maintenant bien connues? A ces ques-tions, Arvanitopoulos, puis Stàhlin et Meyer ont répondu d'une manière qui ne nous paraît passatisfaisante, au regard de ce que nos recherches nous ont appris.

FOUILLES DES TOURS DE DÉMÉTRIAS

(Résultats et hypothèses chronologiques formulées depuis la découverte)Résultats d'ensemble

A.S. Arvanitopoulos a découvert les stèles peintes de Démétrias dans cinq grandes tours deΓ enceinte méridionale, entre la mer à l'Est et la route qui va de Volos à Halmyros à l'Ouest. Il

1. Pagasai und Demetrias, 1934.2. Voir in fine la bibliographie jusqu'en 1988.

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a retrouvé partout les mêmes éléments: ces tours en bel appareil de Γ enceinte originelle deDémétrias3 ont été postérieurement "rhabillées" en totalité et agrandies par un mur envelop-pant constitué d'un soubassement en pierre et d'une superstructure de briques crues. DansΓ intervalle entre la tour primitive et le mur nouveau, des matériaux de toute nature ont étéaccumulés, en particulier les stèles funéraires des nécropoles voisines.

Les examens effectués au cours des campagnes successives, de 1908 à 1920 environ, ontpermis de préciser ces différents points. Il y a eu en réalité à Démétrias deux modificationsdistinctes et successives de Γ enceinte. La première a eu le caractère d'une restauration, pourlaquelle ont été réutilisés les matériaux de la construction originelle: cette restauration a portéd' ailleurs sur presque toutes les parties de Γ enceinte, y compris l'acropole4. La seconde aconsisté en un élargissement, un renforcement et parfois une reconstruction des fortifications,au cours de laquelle les constructeurs ont remployé les stèles et d' autres matériaux. Cetteopération n'a apparemment porté que sur la partie de l'enceinte la plus proche de la mer, là oùse trouvait aussi, au Sud de la ville, une importante nécropole. L' utilisation des stèles ou deblocs tirés de constructions funéraires ou religieuses qui se trouvaient à proximité permettait,semble-t-il, de gagner du temps et de la peine; cela donne à penser, comme aussi les traces deconstruction hâtive, que la reconstruction s'est faite sous le coup d'une "grande peur" et sous lapression d' un danger imminent. Telles sont les conclusions auxquelles a abouti Arvanitopouloset sur lesquelles tout le monde s'entend avec lui.

Les hypothèses d'A.S. Arvanitopoulos

Le désaccord commence lorsqu'il s'agit de dater historiquement les deux phases que lesfouilles ont permis de distinguer, la restauration d'une part, l'agrandissement d'autre part. A.S.Arvanitopoulos tout le premier n'a pas pu rester cohérent avec lui-même et, dans les diversespublications qu'il a faites de ses fouilles à Démétrias (qu'il a appelée longtemps Pagasai), il n'acessé de changer d'hypothèse —ou pour mieux dire, il a défendu successivement toutes leshypothèses possibles.

a) Pendant les deux ou trois premières années de fouilles, il a eu l'impression queΓ élargissement des tours datait du début ou du milieu du 1er s. av. J.-C. Il se fondait pour celaen particulier sur le matériel trouvé dans le remplissage des tours agrandies5.

b) Presque dans le même temps, Arvanitopoulos supposait que l'agrandissement avait pusurvenir lors de la révolte d'Andriscos en Macédoine, dans les années 149-148: on saitqu' Andriscos, sous le nom de Philippe, prétendant au trône de Macédoine, a tenu entre sesmains la Thessalie, mais pour très peu de temps6. Cette occupation ou cette menace d' occupa-tion expliquerait la réaction de défense des Démétriens7.

c) Lors des fouilles des tours III, IV et V, en 1912, Arvanitopoulos fixa son attention surun seul point: la découverte de briques et tuiles marquées des lettres BAN. Son interprétation

3. Sur l'enceinte construite lors de la fondation (294/293 av. J.-C.) avec socle de pierres appareillées et superstruc-ture de briques, cf. Pagasai und Démétrias, 80-93; F. Winter, Greek Fortifications, 1972, 133-134 et 178-180.

4. Cf. Prâktika 1907, 58 et 176; Pagasai und Démétrias, 199.5. Thessalika Mnemeia, 1908, 68 et 74; AEphem 1908, col. 1; Prâktika 1908, 205-206; cf. M. Collignon, Revue de

l'Art 33 (1913), 83-84.6. Cf. E. Will, Histoire politique..., II, 326-328; la date de cette révolte est fixée aux années 149-148 et non 147 av.

J .-C, comme le dit Arvanitopoulos.

7. Prâktika 1908, 205 et 220-221; A.J. Reinach, RA 1 (1913), 19; réfutation par Arvanitopoulos lui-même, GraptaiStelai, 1928, 112.

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du monogramme en β(ασιλέως) Άν(τιόχον) le conduisit à l'attribuer à Antiochos III de Syrie,qui occupa Démétrias en 192/1 av. J.-C, la réparation et Γ agrandissement des tours, démante-lées vers 200 av. J-C.8.

d) Mais Arvanitopoulos s' est aperçu que les témoignages de Tite-Live sur l'enceinte deDémétrias étaient formels: la cité avait des fortifications complètes en 172-169 av. J.-C, pen-dant la troisième guerre de Macédoine. Il s'est donc finalement attaché à une quatrième hypo-thèse: connaissant mieux les différents états de l'enceinte, il a situé à la fois la restauration et lareconstruction des tours dans le cours de la guerre entre Rome et Persée, la restauration sansdoute au début du conflit, l'agrandissement après l'expédition conduite par Eumène et Q. Mar-cius Philippus en 169 av. J.-C.9.

L'hypothèse de F. Stàhlin et E. Meyer

Les démonstrations d'Arvanitopoulos ont été balayées par F. Stâhlin et E. Meyer, dansl'étude qu' ils ont consacrée à "Pagasai und Démétrias"10. Ces auteurs considèrent tout d'abordque le terminus post quem le plus tardif pour la chronologie des stèles est donné par la stèled'Antigènes, jeune flûtiste mort au cours d' un assaut contre Thèbes de Phthiotide en 217 av.J.-C.11. Cette stèle a été employée dans le remplissage de Γ une des tours12. Le terminus antequem est fixé, selon eux, à la fin de la troisième guerre de Macédoine, lorsque Γ enceinte deDémétrias fut démantelée sur l'ordre d' une commission du Sénat romain13. Dans cet intervalle(217-168), Stàhlin et Meyer ont placé une première destruction de l'enceinte vers 194 av. J.-C.(sinon antérieurement) quand les troupes romaines ont occupé la ville à la fin de la deuxièmeguerre de Macédoine. La restauration serait alors le fait des Etoliens, ou de leur parti à Démé-trias, en 192; l'agrandissement et la reconstruction interviendrait enfin un an plus tard, en192-191, quand Antiochos III fit de Démétrias son quartier général, avant d'entrer en luttecontre la coalition constituée par les Romains et Philippe V14.

Avant d' aller plus loin, nous résumons les quatre hypothèses proposées1) Enfouissement des stèles vers le début ou le milieu du 1er s. av. J.-C. (Arvanitopoulos).2) Agrandissement des tours et enfouissement des stèles lors de la révolte d' Andriscos en

148 (Arvanitopoulos).3) Agrandissement des tours après restauration de l'enceinte à la fin de la troisième guerre

de Macédoine 169-168 av. J.-C. (Arvanitopoulos).4) Restauration de l'enceinte en 192 par les Etoliens, agrandissement et reconstruction en

192-191 av. J.-C. sur l'ordre d'Antiochos III (Arvanitopoulos, Stâhlin et Meyer).Naturellement, contre chacune de ces hypothèses, les réfutations n'ont pas manqué: ainsi

Stâhlin et Meyer ont-ils ruiné les arguments présentés par Arvanitopoulos à l'appui de sa théo-rie la plus récente (ci-dessus no 3); mais Arvanitopoulos avait anticipé sur leur démonstrationen soulevant de graves objections contre l'hypothèse d'une reconstruction en 192-191 av. J.-C.

8. Ainsi, écrit-il, toutes les stèles sont antérieures à cette date (191 av. J.-C), Praktika 1912, 184-185, 189, 201.9. Graptai Stelai, 1928, 122-125.

10. Pagasai und Démétrias, 200-201, reprenant les exposés de F. Stàhlin, Hellenische Thessalien, 1924, 72.

11. Thessalika Mnemeia, no 10, 128-133 (PI. 78a); F. Hiller von Gârtringen, Hist. griech. Epigramme, no 104; W.

Peek, GVI, 943; traduction et commentaire dans M. Launey, Recherches sur les armées..., II, 808.

12. Tour I d' Arvanitopoulos, Τ 43 dans la nomenclature de Stâhlin et Meyer.

13. Diodore 31, 8, 6.

14. Pagasai und Démétrias, 200.

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(thèse no 4). Ces discussions montrent bien qu'en réalité les propositions ne sont pas vraimentsatisfaisantes, ou bien que l'une d'entre elles, qui a quelque chance d'être bonne, n'a pas étéétayée comme il Γ aurait fallu. Pour cette raison, nous pouvons reprendre ici l'examen de laquestion, en utilisant successivement les arguments présentés par nos prédécesseurs, mais aussien y ajoutant d'autres éléments qui n'étaient peut-être pas aussi apparents en leur temps qu'au-jourd' hui. Ces différents points touchent à l'histoire de Démétrias, telle que nous pouvons lareconstruire non seulement d'après les textes, mais encore d'après les travaux archéologiquesanciens et récents. Certes nous n'ignorons pas combien il est difficile de réexaminer une fouillearchéologique que l'on n'a pas faite, surtout lorsqu'elle a été publiée d'une manière imparfaiteou selon des critères que nous ne pouvons plus accepter de nos jours. Cette réinterprétationnous paraît cependant possible, dans certaines limites que nous préciserons.

HISTOIRE DE L' ENCEINTE DE DÉMÉTRIAS ENTRE 196 ET 168 AV. J.-C.

Témoignages des historiens anciens pour la période 196-191 av. J.-C.

Il faut nécessairement partir des textes historiques: le sort de Démétrias de la fin du Illèmes. jusqu'au milieu du Ilème s. av. J.-C. nous est suffisamment connu pour que nous puissionsjuger de la validité des hypothèses formulées par Arvanitopoulos ou Stâhlin et Meyer. C'estcontre ces derniers que portent les plus fortes objections tirées des textes. Stàhlin et Meyer ontdû supposer une destruction de l'enceinte antérieurement à 192 av. J.-C. pour les besoins deleur cause: à savoir que les Etoliens puissent restaurer et Antiochos reconstruire les murs enagrandissant les tours15. Mais ni Polybe, ni Tite-Live, ni aucun autre historien ne font mentionde cette opération, que l'on ne peut raisonnablement attribuçr aux Romains quand ils tenaienteux-mêmes Démétrias entre 195 et 192, ni non plus à aucun des belligérants avant cette date:Démétrias ne fut ni prise, ni assiégée, mais rendue par sa garnison aux troupes romaines16. Onne peut pas attribuer non plus cette destruction aux Etoliens ni à Antiochos. Comme A.J.Reinach l'a déjà vu, il résulte, semble-t-il, du coup de main étolien sur Démétrias, que la villeavait encore ses murs à cette date: si les Etoliens ont prévu de prendre la ville par surprise, c'estparce qu' ils craignaient que les habitants ne s'y enferment17. Maîtres de la ville, les Etoliensn'ont eu qu'à occuper les lieux; puis ils ont remis la cité à Antiochos III, leur allié; il n' y avaitnul besoin de reconstruire les murs. On imagine mal, du reste, qu' Antiochos III ait choisi des'installer dans une place démunie pour en faire son quartier général pendant tout un hiver,celui de 192-191 av. J.-C.18.

15. Stâhlin déclare lui-même, Hellenische Thessalien, 72, repris Pagasai und Démétrias, 200: "von einer Verànde-rung der Befestigung ist nichts uberliefert. Erst als 192 Demetrias durch dem Gewaltstreich des Eurylochos aitolischwurde, fand wahrscheinlich sofort eine eilige Verstârkung der Mauern statt, die nach dem Einzug des Antiochos wohlnoch eifriger betrieben wurde...".

16. Polybe 18, 45, 6 et 12: (Τίτος) τον δ' Άκροκόρινθον και Δημητριάδα και Χαλκίδα παρακατέσχεν.17. Tite-Live 35, 34, 9: Diodes, le stratège étolien, accompagné d' un détachement de cavalerie, se présente devant

la ville et... postquam portae appropinquabant, desilire omnes iussit et loris ducere equos itineris maxime modo solutisordinibus, ut comitatus magis praefecti videretur quam praesidium (des exilés démétriens) Mox equitum plena urbserat et loca opportuna occupabantur. Cf. A.J. Reinach, RA 1 (1913), 24 et note.

18. Stàhlin donne pour argument que le roi voulait utiliser la ville comme refuge, et qu' il a effectivement eu cetteintention après sa défaite aux Thermopyles (Tite-Live 36, 20, 10): on ne voit pas que cela renforce Γ hypothèse d' unereconstruction par le roi des murs de Démétrias.

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Interprétation des fouilles: enceinte, nécropoles, palais

Mais les textes ne constituent pas les seules bases aux objections que l'on doit opposer à lathèse de Stàhlin et Meyer: les fouilles archéologiques fournissent d'autres arguments. Pour ap-puyer leur hypothèse, Stàhlin et Meyer ont en effet cru pouvoir retenir des fouilles d'Arvanito-poulos le fait que les nécropoles voisines de l'enceinte avaient été détruites à la fin du Illème s.ou au début du Ilème s. av. J.-C, et qu' une nécropole du Ilème et du 1er s. se serait installée àla suite au même endroit: cette destruction de la nécropole devrait correspondre à merveille à ladate d'utilisation des stèles dans l'enceinte19. Cependant Arvanitopoulos n'a jamais rien dit detel: pour lui, il y a eu certes deux niveaux successifs dans la nécropole d' époque hellénistique,les tombes du plus récent ignorant celles du plus ancien. Encore est-il que toutes les tombes deces deux niveaux ont des caractéristiques à peu près semblables: dans la typologie qu'il en aprésentée, Arvanitopoulos oppose toujours en bloc les tombes des IlIème-IIème-Ier s. av. J.-C.à celles des époques antérieures ou postérieures20. La destruction du premier niveau de né-cropole, d'après les comptes-rendus d' Arvanitopoulos, si elle se place à la fin du Illème s. av.J.-C, ce qui n'est pas tout à fait certain, est en tout cas difficile à mettre en relation avec lestravaux des tours: on ne parvient pas à démêler à quel niveau exactement se trouvent les stèlesqu'Arvanitopoulos a trouvées remployées dans des tombes ou sur des tombes dont le matérielpeut être daté de la période hellénistique21. On aperçoit mieux en revanche que les stèles destombes du 1er s. av. J.-C.-1er s. ap. J.-C. ont échappé au remploi22. Dans cette situation, il nousparaît clair que la première destruction de ce cimetière reçoit sa date, chez Stàhlin et Meyer, deleur hypothèse chronologique, et qu'elle ne sert nullement à la renforcer.

Les résultats des fouilles récentes viennent également contredire l'hypothèse de Stàhlin etMeyer. Le palais de Démétrias a été fouillé en 1970 et 1971 par une équipe d' archéologues del'Université de Freiburg en Breisgau placée sous la direction de V. von Graeve. Ce palais étaitsitué au centre de la ville basse, sur une éminence qui surplombe une cuvette où se trouvait,semble-t-il, l'agora "sacrée" de la cité. Les fouilles ont fait apparaître là non pas le palais dufondateur, comme certains l'avaient espéré, mais le palais de Philippe V et de ses officiers: laconstruction est bien datée de la fin du Illème s. et du début du Ilème s. av. J.-C. Mais il nousimporte surtout de relever ici que ce palais qui, dans Γ hypothèse de Stàhlin et Meyer, aurait

19. Pagasai und Demetrias, 204.20. Cf. Graptai Stelai, 1928, 56-62; déjà Praktika 1912, 193-198; dans Polemon I (1929), 7-8, Arvanitopoulos,

publiant des miroirs trouvés dans la nécropole, semble donner comme critère de distinction entre les deux niveaux lefait que les tombes du niveau le plus ancien ont livré leur matériel pour Γ agrandissement des tours, celles du plusrécent ont réutilisé ce même matériel pour des constructions funéraires. Mais ce critère n' est pas confirmé par lesobservations faites dans ses publications antérieures, et Γ interprétation même en est sujette à caution (cf. ci-après, surles proteichismata).

21. Cf. Graptai Stelai, 57, où Arvanitopoulos établit que les tombes du Ilème s. ont, elles aussi, subi des destruc-tions. L'ensemble de ces observations est plus intéressant pour établir la réalité des remplois de stèles dans la nécropolemême, ce que l'examen des pièces elles-mêmes confirme amplement.

22. Cf. Praktika 1908, 201-206: les tombes trouvées aux alentours de la tour V sont datées du Ilème-Ier s. av. J.-C.d' après leur céramique et leurs monnaies; certaines sont intactes, d' autres non; Arvanitopoulos signale notamment unestèle avec le nom ΕΥΜΗΛΑ (lu par lui faussement en ΕΥΜΗΔΑ) avec buste de femme, et qui avait été abattue sur latombe même qu' elle marquait, et non remployée. Nous pouvons dater cette stèle, encore inédite, du 1er s. av. J.-C. (cf.PI. 78b); le texte s' établit comme suit: Ενμήλα Άμωμήτον ή καλούμενη και Λοκρίς. Inversement, dans le deuxièmeniveau de la nécropole, Arvanitopoulos a fouillé des tombes sous tuiles, datées du Ilème-Ier s. av. J.-C, qui contenaientdes céramiques hellénistiques "à relief dont on sait maintenant qu' elles ont été produites à la fin du Illème siècle at auIlème siècle av. J.-C.

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dû, à cause de son caractère de forteresse et de symbole de Γ autorité macédonienne, subir lemême sort que Γ enceinte, n' offre aucune trace de destruction systématique pour cette époque.Elle n'en offre d' ailleurs pas davantage pour l'époque qui suit: à la fin de la 3ème guerre deMacédoine, le bâtiment a été simplement laissé à Γ abandon sans connaître de destructionbrutale. Les restes de la construction ont été peu à peu réutilisés à d' autres fins jusqu'à uneépoque assez tardive23. Les fouilles du palais semblent confirmer par conséquent le témoignagedes textes: le système défensif de Démétrias n'a pas été bouleversé avant la 3ème guerre deMacédoine.

On peut retirer la même impression en discutant un autre argument utilisé un moment parArvanitopoulos à Γ appui de la datation haute de 192 av. J.-C. Ayant découvert une grandequantité de tuiles marquées de monogrammes, de symboles ou de noms divers, Arvanitopoulosa cru pouvoir isoler un de ces monogrammes, BAN, qu'il a interprété comme la marque du roiAntiochos III24. Stâhlin et Meyer ont écarté sans peine cette interprétation: il vaut mieux, àleurs yeux, couper en βα(σιλικόν) suivi d'un N25 comme d'autres le sont d'un Φ oud'autres lettres encore. Mais les uns et les autres n'ont guère tenu compte, semble-t-il, del'ensemble de ce matériel, où les monogrammes avec BA sont la majorité, cinq au moins deshuit classes constituées par Arvanitopoulos26. Il est aujourd'hui intéressant de comparer cematériel à celui qui a été découvert dans les fouilles du palais de Démétrias, et aussi dans cellesd' autres palais macédoniens, celui de Pella en particulier: on y a trouvé en abondance lesmarques BA suivies ou non d'une lettre ou de noms complets; beaucoup de ces tuiles portentdes cachets avec ΒΑΦ ou ΒΑΦΙ qui peuvent être interprétés en βα(σιλικόν) suivi du nom duresponsable d' atelier, à moins qu'il ne faille comprendre, comme on l'a fait27, βα(σιλέως)Φι(λίππον) ou Φ(ιλίππον). Quoi qu' il en soit, ces marques identiques dans bien des cas àDémétrias et à Pella remontent certainement à la période royale macédonienne. Tout cela mon-tre, croyons-nous, que les fortifications de Démétrias ont été l'objet de tous les soins des roismacédoniens pendant tout le temps que la ville fut entre leurs mains, c'est-à-dire aussi, pour-quoi le nier, entre 185 et 168 av. J.-C, après que les Romains eurent rendu la place à Philippe V.

On peut aller plus loin en ce sens. Beaucoup de ces tuiles ont été découvertes en masse, aupied des tours, et au niveau même de l'assise de base des murs28, c'est-à-dire qu'elles sonttombées là à un moment où rien «ne s'était accumulé devant la muraille, ni terres ni déblais;nous en concluons que l'enceinte avait été en service jusqu'à cet instant. Ces amas de tuilespeuvent alors très bien correspondre à une opération de démantèlement des murs, comme on le

23. I. Beyer - V. von Graeve - U. Sinn, Bericht ùber die Grabung am Palast von Démétrias, 2. Campagne 1971

dans Démétrias I, 1976, 75-143.

24. Cf. ci-dessus, 350-351.

25. Pagasai und Démétrias, 200.

26. Etude systématique dans Graptai Stelai, 1928, 115-122.

27. Cf. déjà une marque publiée par O. Kern, IG IX 2, 396 (sous le titre des inscriptions de Pagasai = Démétrias),

marque interprétée par F. Hiller von Gàrtringen. Pour les marques de Pella, on consultera P. Petsas, Archaeology 11

(1958), 60 et JHS, Reports, 1957, 15 (cf. Bull, épigr., 1959, 27 et 1960, 25); C. Makaronas, ADelt 16 (1960), 72-83, et pi.

35-90 et Balkan Studies 4 (1963), 168-169 (Bull, épigr., 1963, 133 et 1964, 247).

28. Graptai Stelai, 42-48; Pagasai und Démétrias, 47-48 (tour Τ 52); cette situation paraît particulièrement nette

dans le cas de Τ 43 (Τ Ι d' Arvanitopoulos) où la couche de tuiles est visible à l'extérieur de la tour, mais aussi à

l'intérieur de l'agrandissement, effondrées dans la casemate ménagée là, comme le pensent Stàhlin et Meyer, Pagasai

und Démétrias, 43, ou plutôt nivelées pour supporter le sol de cette casemate: cette explication est tout aussi vraisem-

blable. En ce qui concerne ces tuiles, Praktika 1907, 180 est contredit par Graptai Stelai, 20, où il est dit que les tuiles

sont sans monogramme. Cela ne saurait modifier Γ interprétation que l'on peut présenter à ce sujet: savoir que ce

matériel a été jeté bas lors du démantèlement de la muraille.

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voit par un texte significatif de Tite-Live à propos d' Amphipolis, dans les mêmes circonstancesqu' à Démétrias, en 168 av. J.-C.29. Ce qui semble le confirmer, c'est que beaucoup de ces tuilesont été trouvées aussi dans la nécropole, où elles ont servi à construire des tombes, à l'extérieuret à l'intérieur du rempart30; ce dernier point est important, car il s'agit alors de tombesconstruites à une époque où l'enceinte n'existait plus et ne faisait plus la limite entre la ville etl'extérieur. Or, selon les observations d'Arvanitopoulos, ces tombes datent du 1er s. av. J.-C. auplus tôt. C'est-à-dire que nous avons là des remplois sur une assez longue période d'un matérieltrouvé sur place à l'abandon. Il nous paraît exclu que de tels remplois aient été possibles alorsque Γ enceinte était encore débout. Mais il nous paraît également exclu que les autorités macé-doniennes aient toléré toute réutilisation généralisée d'un matériel marqué du sceau royal aussilongtemps que Démétrias est restée en leur possession. Cela conduit ainsi à considérer, une foisde plus que l'enceinte de Démétrias est demeurée intacte jusqu'à la fin des guerres de Macé-doine, en 168 av. J.-C.

L' enceinte de Démétrias pendant la 3ème guerre de Macédoine

Telle est la date à laquelle nous sommes sans cesse ramenés, si nous cherchons à reconsti-tuer l'histoire des remparts de Démétrias. Arvanitopoulos l'avait bien senti, en se ralliant fina-lement à l'opinion que les stèles avaient dû être enfouies dans les tours peu avant cette date.Selon lui, la reconstruction des murs se place pendant la 3ème guerre de Macédoine» entre latentative faite par les Romains et par Eumène en 169 contre la ville et la fin de la guerre.

Mais cette hypothèse d'Arvanitopoulos ne tient pas plus que les précédentes. Il ressort eneffet clairement de Tite-Live qu'en 169 av. J.-C. Eumène et les Romains n'ont pas attaquéDémétrias: ils se sont présentés devant la ville dans cette intention, mais, après inspection, ilsont renoncé à leur entreprise, la ville étant à l'évidence complètement et parfaitement fortifiée31.Stàhlin et Meyer ont naturellement fait cette objection à la proposition d' Arvanitopoulos.Mais, et cela mérite d' être noté, ils n' ont pas vu que cette réfutation se retournait aussi contreleur propre hypothèse chronologique: car les murs de Démétrias, si puissants qu' ils ont impres-sionné la formidable flotte de Rome et de Pergame, ne peuvent pas avoir été ces constructionshâtives et même inachevées que les fouilles ont révélées, s' il s'agit, comme Stâhlin et Meyerl'ont pensé, d' une reconstruction d' Antiochos III.

En vérité les Macédoniens qui tenaient la ville depuis 185 av. J.-C. n'ont assurément pasfait montre d'une telle insouciance: ils ont préparé minutieusement le conflit que tout laissaitprévoir avec Rome. Jusqu'à la fin, n'en doutons pas, ils ont certainement entretenu les rem-

29. Tite-Live 45, 28: le démantèlement est commencé par Sulpicius, et suspendu sur l'ordre de Paul-Emile, quodindulsisset militibus, ut nudare tegulis muros urbis ad tegenda hibernacula sua pateretur, referrique tegulas et reficitecta sicut fuerant iussit.

30. Praktika 1912, 212; Graptai Stelai, 46; Pagasai und Démétrias, 48 et 140.31. Tite-Live 44, 12, 8: les Romains et Eumène Demetriadem petunt. Ibi cum appropinquantes repleta moenia

armatis vidissent, praetervecti ad Iolcon classen appulerunt, inde agro vastato Demetriadem quoque adgressuri; 13,7:Euphranor, nocte moenia intrat, tantamque fidem incolentibus fecit ut non moenia modo sed agros etiam confiderent apopulationibus tueri posse; en 13, 8-9, c'est l'inspection conduite par le roi et le général romain: circumvecti tamenmoenia praetor et rex, situm urbis contemplantes, si qua parte temptare aut opère aut vi possent... ab Demetriade certeabscessum est. C est aussi sous les murs de Démétrias que furent entamées les premières négociations entre Macédo-niens et Romains, dès avant Pydna, cf. 44, 24, 9: hic prius ad Amphipolim cum Chimaro quodam populari suo,militante apud Persea, inde postea ad Demetriadem semel cum Menecrate quodam, iterum cum Antimacho, sub ipsismoenibus urbis conlocutus fuerit.

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parts, ils les ont remis en état et restaurés quand il le fallait. D'une telle restauration, la fouille asans doute retrouvé les traces, mais elle a montré aussi que cette opération était antérieure àl'agrandissement de Γ enceinte. C est pourquoi nous pouvons soutenir que Γ enceinte de Démé-trias, en 169 av. J.-C, était la même que celle qui protégeait la cité depuis ses origines.

Le démantèlement des murs de Démétrias en 168 av. J.-C.

A quel moment ces beaux murs furent-ils détruits? Les textes le disent tout aussi nettement.Diodore nous apprend qu'après la défaite de Persée, une commission de dix sénateurs fut en-voyée en Macédoine; elle séjourna à Apollonia puis à Amphipolis, où le général vainqueur,Paul-Emile, la rejoignit, venant de Démétrias. C est à Amphipolis que fut prise la décisiond' abattre les murs de Démétrias32. Cette décision fut suivie d'exécution, bien que Tite-Live n'endise mot: il se contente de signaler que les troupes romaines ont pris possession des places quiont été rendues33.

Personne, en réalité, n'a songé à contester la réalité du démantèlement de 168. Bien aucontraire, Arvanitopoulos, Stàhlin et Meyer s'accordent pour considérer que cette destructionreprésente le terminus ante quem intangible pour l'histoire des murs de Démétrias et pour celledes stèles funéraires. Pour cette raison, les uns et les autres ont constamment situé leurs hypo-thèses chronologiques dans l'intervalle compris entre 217 et 169 av. J.-C. C est tout particuliè-rement sur ce point que nous ne pouvons pas les suivre.

CHRONOLOGIE DES STÈLES OU CHRONOLOGIE DE L'ENCEINTE?

L'histoire des remparts de Démétrias entre 196 et 168 av. J.-C. paraît désormais bienétablie. Elle ne laisse place à aucun démantèlement autre que celui de 168, ni à aucune recons-truction au agrandissement des tours. Les témoignages que Γ on peut tirer des textes historiqueset des fouilles effectuées à Démétrias se recoupent et sont formels sur ces points. Dans cettesituation, on doit s'étonner de Γ obstination mise par les savants à maintenir dans les limiteschronologiques définies ci-dessus une catastrophe et un agrandissement qui ne peuvent y trou-ver place. Pourtant Arvanitopoulos et surtout Stàhlin et Meyer n'ont jamais accepté d' abaisserleur terminus ante quem au delà de 16834. Avaient-ils donc des arguments plus forts que lestextes et que Γ archéologie pour soutenir leurs propositions? Ils ont pensé en effet que de telsarguments existaient. Nous les résumons ici en trois points, pour savoir s' ils résistent àΓ examen.

1. Stàhlin et Meyer ont toujours eu l'idée que l'état de l'enceinte révélée par les fouillesdevait représenter le résultat du démantèlement imposé par les Romains. A cette idée en estassociée une autre: que le démantèlement avait certainement provoqué une destruction totale,qu'il n'est pas resté pierre sur pierre des murailles et que l'ensemble du système défensif de

32. Diodore 31, 8, 6: εξέπεμψαν τε δέκα μεν πρεσβευτας εκ του συνεδρίου... οι και προς Αιμίλιον Μάρκον

έλθόντες συνείδον τα τείχη Δημητριάδος πόλεως Μακεδόνων πρώτης καθελεϊν.

33. Tite-Live 44, 46, 1: Paulus per omnes deditas civitates dimissis qui praeerent ne qua iniuria in nova pace victis

fieret... On apprend ensuite que Démétrias est devenu le lieu où stationne la flotte et où Paul-Emile a établi une partie

de ses troupes (Tite-Live 45, 28, 8); d' après les éditeurs, il faudrait avoir mention du démantèlement au plus tard après

Γ exposé du règlement des affaires macédoniennes, en 45, 32, 7.

34. Arvanitopoulos cependant n' a pas exclu aussi formellement de rechercher si Γ agrandissement a eu lieu avant

ou après le démantèlement de 168 av. J.-C. (cf. par exemple Graptai Stelai, 112).

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Démétrias avait été rendu inutilisable35. Mais ceci n' est qu' une vue de l'esprit bien propre àceux qui travaillent dans un cabinet: c' est une affirmation aussi gratuite que celle qui porte surle "caractère infranchissable" des chaînes de montagne, au nom de quoi on a sans cesse bâti desfrontières théoriques qu' une étude attentive et la connaissance du terrain obligent à démentirsans trêve36. Dans le cas de Démétrias, il n' est même pas besoin de reprendre le dossier de lafouille pour assurer que, longtemps après le démantèlement de Γ enceinte, les remparts étaientencore suffisamment conservés pour que les habitants aient pu les utiliser pour résister à unsiège. Stàhlin et Meyer signalent eux-mêmes que les murs antiques servirent encore, au moins enpartie, aux Byzantins du XHIème s.37. Rien ne s'oppose à ce que d' autres Γ aient fait avanteux, en utilisant ce qui restait des fortifications. Car le texte de Diodore sur le démantèlementassure que l'opération a eu lieu, mais il ne dit pas comment elle fut réalisée, ni jusqu' à quelpoint38.

2. Les chronologies proposées par Arvanitopoulos, Stàhlin et Meyer reppsent aussi, etsurtout, sur une autre idée: la datation des stèles. De fait, ils ont cherché plutôt à dater les stèlesque le rempart de Démétrias lui-même. Sur ce point, ils se sont, croyons-nous, lourdementtrompés. Arvanitopoulos le premier, et tous ceux qui l'ont suivi, ont en effet cherché à retrou-ver à travers ces peintures funéraires révélées par les stèles, l'image de la grande peinture classi-que39. De là vient la tendance, qui s' est toujours affirmée davantage, comme on l'a vu au débutde cette étude, à remonter le plus tôt possible l'ensemble des stèles. Pour Arvanitopoulos, bonnombre de stèles remontent au IVème s. av. J.-C, avant la fondation de Démétrias, et aucunen'est plus récente que 168 av. J.-C, pour Stàhlin et Meyer, aucune n'est postérieure aux pre-mières années du Ilème s. av. J.-C. En vérité, et les deux derniers auteurs l'ont affirmé avecforce, aucune stèle ne peut être datée avec certitude de la période où il n'existait que Pagasai.En vérité aussi, si Arvanitopoulos a raison de constater que le groupe le plus important desstèles semble dater de la fin du Illème s. et du début du Ilème s., il serait faux en revanche desoutenir qu' il n'y en a pas de plus tardives. Il existe un nombre assez important de stèles que,d' après l'analyse de Γ écriture et celle des représentations40, il paraît vraiment impossible dedater du Illème s.; nous les datons plus normalement du milieu ou de la seconde moitié duIlème s. Telle était déjà Γ opinion de quelques spécialistes comme F. Herrmann, qui a examinésur place les originaux peu de temps après leur découverte41. Nos travaux conduisent en défini-

35. Ils en donnent pour preuve que les teichopoioi que l'on connaît à Démétrias par les inscriptions des années140-117 av. J.-C. ont une fonction uniquement financière (Pagasai und Démétrias, 185); mais le fait n'est pas décisif,étant donné le petit nombre de documents que nous possédons (IG IX 2, 1109 et Polemon I (1929), no 4), et surtout il necontredit nullement d' autres hypothèses chronologiques, pourvu qu'elles admettent le démantèlement de 168.

36. On constate dans ce cas une tendance bien marquée chez les érudits à employer dans leur argumentation desexpressions absolues, comme Stàhlin et Meyer: "die Mauer wurden soweit zerstôrt, dafi die Festung als Ganzes un-brauchbar wurde" (196, pour le prétendu démantèlement de 196 ou 194, qui n' est attesté par aucune source antique)ou "das Mauer ist also endgultig unbrauchbar gemacht und zerstôrt" (201, pour la destruction de 168).

37. Pagasai und Démétrias, 227.38. Il suffisait sans doute de détruire une ou deux tours et les courtines correspondantes, de faire une brèche dans

l'enceinte, pour qu' elle ne puisse plus remplir sa fonction; mais elle pouvait bien être remise en état quand il le fallait.39. Bien peu ont fait exception, ainsi Rodenwaldt, AM, 1912, 55.40. Cf. les observations de V. von Graeve dans Γ étude citée, 1.41. Nous avons pu utiliser ces notes de Herrmann, qui étaient restées inédites; les datations des inscriptions ont été

faites par R. Heberdey à sa demande, elles portent sur une vingtaine de stèles, dont plusieurs sont sans hésitationplacées au milieu ou à la fin du Ilème s. av. J.-C. On trouvera ci-après en illustration des exemples significatifs, PI.78-80.

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tive à mieux apprécier Γ apport des stèles de Démétrias à l'histoire événementielle et à l'histoirede l'art. Dans leur ensemble, les stèles peintes se placent au Illème et au Ilème s., sans que l'onpuisse préciser davantage. Il est difficile de grouper toute la série dans un intervalle réduit à unecentaine d' années42, mais il est difficile aussi d'en rien tirer d'exact sur la date de leur enfouis-sement. Elles ne nous disent que peu de choses sur la grande peinture, car elles sont des produc-tions artisanales, non des tableaux d'artistes. Elles nous apprennent davantage sur les styles dela basse époque hellénistique, qui représentent des traditions en somme toute parallèles à cellesqui sont attestées, à peine plus tard, par la peinture pompéienne.

3. Une troisième hypothèse a inspiré Arvanitopoulos, Stâhlin et Meyer: ils ont prétenduréduire le plus possible l'intervalle chronologique qui sépare la restauration de la reconstructiondes murs. Mais cela ne s'impose nullement. Les deux opérations sont distinctes, Γ intervalle quiles sépare peut être assez considérable; car si, comme l'a révélé la fouille de certaines tours, unedestruction au moins partielle s'est intercalée entre ces deux phases, les explications que l'on endonne ne sont pas forcément exclusives les unes des autres. Ce peut être le démantèlement, maisaussi un abandon plus ou moins long. Arvanitopoulos a bien aperçu que certaines tours del'enceinte originelle étaient en très mauvais état, sinon ruinées lorsqu'on a entrepris de lesagrandir. Pour cette raison, il a même supposé qu'un siège avait eu lieu avant la phase dereconstruction43. Il en donne pour preuve notamment l'importante quantité de boulets en pierreretrouvés dans les remplissages de l'agrandissement. Mais nous avons vu, comme Stàhlin etMeyer, qu'aucun siège n'est attesté à aucun moment avant le démantèlement des muraillesimposé par les Romains. L'utilisation de ce matériel de guerre dans les remplissages n' indiqueen réalité qu' une seule chose: que ces boulets, comme d' autres matériaux, se trouvaient surplace à l'abandon et furent récupérés en vrac lors des travaux d' agrandissement. Leur présencesur le terrain n' est pas incompatible avec la réalisation du démantèlement: les Romains ont trèsbien pu détruire les murs, sans chercher à récupérer systématiquement ni les matériaux deconstructions, les tuiles par exemple, ni les stocks d' armement entreposés dans les casemates deΓ enceinte; il n'est pas invraisemblable qu' ils les aient purement et simplement abandonnés surplace dans les ruines des tours qu' ils avaient abattues.

Parvenus à ce point, nous pouvons résumer les conclusions qui ressortent des discussionsengagées sur les hypothèses énoncées par Arvanitopoulos, Stàhlin et Meyer. De tous les docu-ments que nous avons réexaminés après eux il apparaît clairement que:

a) L'enceinte de Démétrias est restée intacte de 196 à 168 av. J.-C, sauf peut-être unepériode limitée où elle a pu être désaffectée (au plus entre 191 et 185 av. J.-C). A cette datepeut se placer la phase de restauration que les fouilles ont laissée entrevoir44.

b) Le démantèlement de l'enceinte originelle a eu lieu en 168, comme l'assurent tous lestémoignages. Mais ce que les fouilles ont révélé, les tours agrandies, ne correspond nullement àcet état de l'enceinte: seules les tours primitives, pratiquement inexplorées à ce jour, parce quele fouilleur recherchait uniquement des stèles, portent par endroit la marque de cette destruc-tion.

42. L' étude des ornements (cf. C. Wolters, cité, 1) conduit à suivre 1' évolution des ateliers sur ce que Γ on peutappeler des "générations"; il est clair que ce terme ne désigne pas ici un intervalle chronologique; cependant il supposeune certaine durée, qui dans beaucoup de cas, nous paraît excessivement réduite, s' il faut lui donner, pour toutes cesgénérations, la valeur d' un siècle.

43. Graptai Stelai, 113 et 115.44. On n' oubliera pas que les fouilles d'Arvanitopoulos n'ont véritablement jamais porté sur les tours et Penceinte

d'origine: des tours anciennes, il n'a dégagé que les murs extérieurs, quand ils étaient au contact des remplissages où setrouvaient les stèles; l'intérieur des tours est chaque fois resté sous les terres.

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c) L'agrandissement des tours ou leur reconstruction ne peut trouver place qu'après 168 av.J.-C. et l'on ne peut adopter pour dater cette opération qu' une chronologie assez basse, quicorrespond d' ailleurs beaucoup mieux à ce que nous savons du matériel, les stèles peintes enparticulier, dont un certain nombre date sans aucun doute du Ilème s. av. J.-C.

LA DATE DE L'AGRANDISSEMENT ET DE L'ENFOUISSEMENT DES STÈLES

Si Γ on considère comme acquises les conclusions que nous avons présentées dans la dis-cussion ci-dessus, il reste maintenant à savoir de quand nous pouvons dater Γ agrandissementdes tours et Γ enfouissement des stèles, postérieurement à 168 av. J.-C. La fouille peut sur cepoint livrer sans difficulté un terminus ante quem sur lequel d' ailleurs Arvanitopoulos, Stàhlinet Meyer sont pleinement d'accord. De fait Arvanitopoulos a constaté que plusieurs tombesqu'il date, d'après leur matériel, du 1er s. av. ou du 1er s. ap. J.-C, avaient été creusées dans leremplissage même des tours agrandies45. Il en a trouvé d'autres aussi, de même date, intramuros, dans la partie sud de la ville46. Il a en particulier observé, et cela a été confirmé par desfouilles récentes, qu'un cimetière s'était installé au cours du 1er s. ap. J.-C. dans le quartier duthéâtre de Démétrias, situé dans la même région. Tout porte à croire que le monument a étédélaissé, sinon abandonné, vers cette date; il fut en tout cas réaménagé ou reconstruit au Illèmes. ap. J.-C.47. Cette partie méridionale de Démétrias était donc désertée par les habitants, l'en-ceinte était désaffectée et elle avait partiellement disparu. L'agrandissement des tours est évi-demment antérieur à cette période, c'est-à-dire approximativement avant la fin du 1er s. av.J.-C.

Il faut donc chercher dans l'intervalle situé entre le milieu du Ilème s. et la fin du 1er s. av.J.-C. un événement militaire qui puisse rendre compte de la remise en état de Γ enceinte, avecagrandissement de certaines tours, selon des critères définis par Arvanitopoulos, Stâhlin etMeyer, et qui correspondent aux résultats tirés des fouilles48:

a) La reconstruction a été hâtive, parfois incomplète, ce qui laisse supposer un dangerinattendu et imminent,

b) La reconstruction a porté essentiellement sur la partie de Γ enceinte qui borde la mer,spécialement au-dessus de Γ anse d' Alykes, au Sud de la ville: on en a conclu que le dangerdevait venir de la mer,

c) La reconstruction n'a pas eu de suite: Γ enceinte fut abandonnée définitivement,puisqu' on retrouve sur son emplacement et dans le voisinage de sépultures, mais plus aucune traced'utilisation à des fins militaires avant l'époque byzantine.

Dans l'histoire de la Grèce du Nord et de Démétrias, nous ne connaisons que deux circon-stances où des opérations de guerre ont pu toucher la population de la ville. Il s' agit d' unepart de la révolte d' Andriscos, qui en 148 s'est emparé de la Thessalie avant d' être battu parles Romains, d' autre part de la guerre mithridatique de 88-86 av. J.-C. Mais de ces deux

45. Cf. ci-dessus, 353, avec les références.46. Ibidem.47. Praktika 1907, 181; 1915, 156 et 159; dans Praktika 1909, 146, Arvanitopoulos signale dans l'enceinte du

théâtre plusieurs tombes dont Γ une est datée par lui, avec vraisemblance selon nous, du 1er s. ap . J.-C. Mais dansPagasai und Démétrias, 141 et 204, Stàhlin et Meyer estiment que le théâtre est resté en service pendant toute Γ époqueimpériale; cela n' est guère admissible, et il faut considérer en tout cas que le monument était hors de la zone habitée.Cf. aussi les fouilles récentes de D.R. Théocharis, Thessalika 3 (1960), 57-85, qui a précisé la date de la reconstructionau Bas-Empire.

48. Cf. ci-dessus, 349-350.

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moments, le premier ne répond que très imparfaitement aux conditions énumérées ci-dessus.Arvanitopoulos, qui avait déjà formulé l'hypothèse, en a fourni lui-même la réfutation: Andris-cos, s'il a tenu la Thessalie, y est entré par le Nord, par le continent, et il ne semble pas s' êtreavancé très loin dans le pays; les troupes romaines venues d' Achaïe se sont portées très vite àsa rencontre, et après quelques revers cuisants, ont remporté un succès décisif. Dans les témoi-gnages que nous possédons sur cet épisode, rien ne concerne directement Démétrias, rien neconcerne la mer.

La guerre engagée par Mithridate contre Rome, en revanche, a laissé des traces dans toutela Grèce. L' émotion que les premières attaques ont soulevée, nous en avons des échos, lesruines que les opérations militaires ont provoquées, nous en avons les témoignages. En outre etsurtout, les historiens nous renseignent suffisamment sur la situation de Démétrias et de laThessalie dans ce conflit. Au cours de la première année de la guerre, en 88 av. J.-C, Mithri-date, par un coup de main de grande envergure, a tenté de s' assurer le maximum d' avantages,de possessions et de partisans: il a voulu frapper les esprits, faire basculer les populationsgrecques de son côté, prendre le pays à la fois par Γ effet d' un choc psychologique et par laforce de ses armées et de sa flotte. Après les événements d' Asie, le massacre de Délos et larévolution violente d' Athènes, Mithridate a visé directement la Grèce du Nord: sans attendreque son armée entre en Macédoine pour s' avancer en direction de la Thessalie, la flotte, dès lafin de 88 ou au tout début de 87 av. J.-C, remontait, venant du Pirée, le long des côtes del'Eubée en direction de la Magnésie. Au cours de cette opération, nous dit Appien, Métrophanès,l'amiral pontique, "ravageait l'Eubée, Démétrias et la Magnésie, qui n' avaient pas pris le partide Mithridate"49. C'est en Magnésie que Q. Brettius Sura, à la tête d'une escadre romaine, vintassaillir Métrophanès, lui coula deux vaisseaux dont il massacra les équipages sous les yeux deΓ adversaire. Métrophanès s'échappa alors avec la flotte, mais en abandonnant Skiathos, oùSura débarqua et s' installa solidement avant de passer sur le continent50. Telle est la circon-stance, et la seule, qui répond le mieux aux conditions que les résultats des fouilles ont permisde fixer pour Γ enceinte de Démétrias: sous Γ effet d' une grande crainte, la reconstruction etΓ agrandissement hâtifs, et sans doute inutiles, des murailles, spécialement dans la partie méri-dionale, le long du rivage du golfe Pagasétique; à cette occasion, on n'hésita pas à bouleverserles nécropoles les plus proches pour se procurer au plus vite des matériaux de construction51.

Devant un témoignage historique aussi clair et précis que celui d'Appien on accepte mal lamanière de dédain qu'ont manifesté pour ce texte Arvanitopoulos, Stâhlin et Meyer52. Pourl'un Métrophanès a menacé la ville de loin, sans la prendre, car "s' il Γ avait prise, il auraitcertainement détruit la ville comme les troupes de Mithridate Γ avaient fait à Délos"53. Pour lesautres, la flotte n'a fait que passer: "Démétrias n' a subi ni siège ni guerre après 168"54. Ces

49. Appien, Mithridatica, V, 29: του δ' αύτοϋ χρόνου Μητροφάνης έπιπεμφθείς ύπό Μιθριδάτου μεθ' ετέρας

στρατιάς Ευβοιαν και Μαγνησίαν και Δημητριάδα, ουκ ένδεχομένας τα Μιθριδάτεια, έλεηλάτει; pour ces évé-

nements, cf. Th. Reinach, Mithridate Eupator, 153; E. Will, Histoire politique..., II, 400.

50. Appien, Mithridatica, 29; Plutarque, Sylla, 11, 4; Julius Obsequens, 56 (Jahn) Brettius Sura fut honoré par

plusieurs cités, en particulier Larisa (IG IX 2, 613).

51. Le fait n'est pas sans exemple dans les villes grecques, à commencer par Athènes pendant les guerres médiques.

52. Cf. ci-dessus, 356-359, avec les raisons que Ton peut donner pour expliquer le refus d'une datation trop tardive

à leurs yeux.

53. Graptai Stelai, 112.

54. Pagasai und Démétrias, 202, avec un simple rappel: "noch einmal zogen kriegerische Ereignisse uber Stadt und

Land dahin, als Mithridates' Truppen in Griechenland standen und sich die Landschaft und die Stadt nicht ent-

schliessen konnten, auf die Seite des pontischen Kônigs zu treten".

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jugements ont supprimé toute discussion sur cet événement, dans Γ examen de la date qu' il fautdonner à l'agrandissement des tours de Démétrias et à l'enfouissement des stèles. Pourtant lesarguments positifs ne manquent pas pour soutenir l'hypothèse.

Nous rappellerons tout d'abord que cette datation basse correspond exactement à la chro-nologie fixée par Arvanitopoulos après la fouille des deux premières tours: Γ étude du terrain etdu matériel le conduisait à dater l'agrandissement du début ou du milieu du 1er s. av. J.-C. Plustard encore, lors de la fouille de la tour III, Arvanitopoulos définissait comme très petit l'écartchronologique que l'on doit supposer, à partir du matériel découvert, entre les tombes situéessous le remplissage (donc avant l'agrandissement) et celles qui ont été creusées dans le remplis-sage (après reconstruction et abandon de l'enceinte). Or, nous l'avons vu, les tombes de cettedernière catégorie datent du 1er s. av. J.-C.-Ier ap. J.-C.

Notre hypothèse a d'autre part l'intérêt de correspondre à la chronologie fixée pourl'ensemble du quartier urbain le plus voisin des tours qui ont été agrandies, quartier où setrouvait aussi le théâtre. Comme nous Γ avons dit, tout ce quartier a été déserté vers le milieudu 1er s. av. J.-C. et il s' y est installé une nécropole que Γ on peut dater du 1er s. av. J.-C. Cesrésultats de l'archéologie sur la régression territoriale, mais aussi économique et sociale quesubit la ville, recoupent en outre le témoignage contemporain donné par Strabon, selon lequelDémétrias a vu son importance considérablement réduite au moment où il écrit55.

Notre hypothèse correspond aussi à ce que nous connaissons de Γ histoire des inscriptionsde Démétrias. Nous situons en effet l'enfouissement des stèles du Illème et du Ilème s. exposéesdans les nécropoles du Sud de la ville, lors des événements de 88-87 av. J.-C. Mais par unecoïncidence qui n'est pas de hasard, pensons-nous, les seuls décrets de Démétrias qui nous sontparvenus datent des années 130-90 av. J.-C. environ56: les décrets du Illème et du Ilème s. nousmanquent à peu près totalement, sauf s'il s'en est trouvé des copies à l'étranger. Il n'y auraitrien d'invraisemblable à expliquer leur disparition, comme celle des stèles funéraires, lors de laconstruction hâtive des défenses élevées en 88. On aurait alors conservé seulement les docu-ments publics les plus récents, ceux qui nous sont parvenus. La fouille du théâtre effectuée en1959 le confirme: une fois encore, on y a découvert, en place, des décrets qui entrent directe-ment dans la même série que les précédents et correspondent à la même période57.

Une autre série d'arguments renforce encore Γ hypothèse d'une chronologie basse pour lestours de Démétrias. A notre avis, en effet, on n'a pas attaché assez d'importance au caractèreproprement militaire des travaux d'agrandissement effectués sur les tours. Ces travaux semblentbien avoir été, au moins autant que la reconstruction d'une muraille ruinée, l'adaptation hâtived' une partie de l'enceinte à des fonctions qu'elle ne pouvait pas parfaitement remplir étantdonnées ses caractéristiques d' origine. La construction de casemates, l'aménagement de cer-tains passages, Γ obstruction des embrasures de la muraille primitive, les proteichismata etbatteries placées au pied du rempart58, enfin et surtout Γ élargissement considérable des tours

55. Strabon IX, 5, 15 (436 C): νυν δε συνέσταλται.56. Cf. F. Stàhlin, Zur Chronologie des Inschriften von Demetrias, AM 1927; repris dans Pagasai und Demetrias,

140 et 203.57. D.R. Théocharis, Thessalika 3 (1960), 79-80; il semble bien que, si le décret a été trouvé in situ et non remployé,

on puisse conclure que le théâtre a vraiment été abandonné ou très peu utilisé à partir du 1er s. jusqu' à sa reconstruc-tion au Illème (contre Γ affirmation de Stàhlin et Meyer citée plus haut, n. 47); un autre décret trouvé au théâtre datedu Ilème s. (première moitié?), mais il était gravé sur un bloc d' une assise du monument.

58. Arvanitopoulos a fouillé des proteichismata devant les tours élargies, mais il n' a pas compris qu' il devait enexister aussi devant les courtines, qu' il n' a pas fouillées systématiquement. Stàhlin et Meyer Γ avait déjà senti, Pagasai

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élevées au voisinage de la côte, tout cela montre bien que Γ on avait besoin de place pour uncombat à distance et de plates-formes hautes et stables pour employer des engins d' artillerie.Les dépôts de boulets trouvés dans les casemates de certaines tours (et non plus cette fois leremplissage) en font foi. Les spécialistes de la poliorcétique grecque n' ont pas manqué de notertous ces faits59. Mais peut-être faut-il aller plus loin. En effet les historiens de Γ artillerie ontenregistré la reconstruction ou Γ élargissement de tours dans plusieurs cités de la Méditerranée,à la fin du Ilème s. ou dans la première décennie du 1er s. av. J.-C, et parallèlement, ils ontrelevé qu' à la même époque de grands progrès se manifestaient dans les caractéristiques et lesperformances des engins de tir. Tout cela a abouti à l'emploi intensif de l'artillerie pendant lesguerres mithridatiques, notamment lors du siège de Rhodes et celui du Pirée: les historiensanciens Γ ont eux-mêmes déjà souligné60. Ces indications fournissent probablement le contextedans lequel l'élargissement des tours de Démétrias trouve une explication plus complète, recou-pant parfaitement la chronologie que nous avons soutenue par d' autres arguments.

CONCLUSION

L'étude que nous venons de faire sur la chronologie de Γ enceinte démétrienne et sur ladate qu' il faut donner à Γ enfouissement des stèles peintes aboutit à rejeter de manière radicaleles hypothèses soutenues jusqu'à présent par A.S. Arvanitopoulos, F. Stàhlin et E. Meyer. Nousavons vu que l'obstacle essentiel à toute chronologie haute pour l'agrandissement des tours setrouve d' abord dans les témoignages des historiens: il en ressort très clairement quel'enceinte de Démétrias est restée intacte depuis la fondation jusqu' à son démantèlement en 168av. J.-C. Les conclusions que l'on peut tirer des travaux archéologiques en apportent la confir-mation aussi bien pour la nécropole, qui est installée près du rempart sud au Illème et au Ilèmes., que pour les tours elles-mêmes. Sur ce point il est capital, à nos yeux, de comprendre quel'on ne peut considérer l'état de l'enceinte que la fouille a révélé comme le résultat du démantè-lement imposé par les Romains en 168. Cet état résulte de Γ agrandissement des tours, et de leurabandon après utilisation, à une date qui se place postérieurement à 168 av. J.-C, et que nouspensons pouvoir retrouver: il s'agit des guerres mithridatiques, et spécialement de l'année 88-87av. J.-C. Les arguments positifs qui permettent d' étayer cette proposition ne manquent pas; ilsse tirent des textes et des fouilles.

Nous n' ignorons pas, certes, que cette réinterprétation de travaux archéologiques effec-tués, il y a près de soixante-dix ans, n'explique pas toutes les obscurités de la publication qu'ena donnée Arvanitopoulos et ne rend certainement pas compte de tout ce qu'il a trouvé. Mais

und Demetrias, 92, et ajuste titre F.E. Winter, Greek Fortifications, 1972, 277 et 285, comme Y. Garland, Recherches

de poliorcétique grecque, 1973, 254 en supposent Γ existence, comme aussi celle de batteries enterrées en avant du

rempart. C est ce type d' ouvrage, proteichismata ou batteries, que Γ on est tenté de reconnaître dans la partie de la

nécropole la plus voisine du rempart, construits au-dessus des tombes, avec des stèles remployées dans certains cas.

Arvanitopoulos, qui décrit ces τοιχάρια, les interprète le plus souvent comme des enclos situés au-dessus du tombeau,

mais il ressort de son texte que la correspondance n' est pas absolue entre les deux. On tiendrait là en fait un argument

intéressant pour dater Γ enfouissement des stèles, car plusieurs de ces tombes sont datées du Ilème s. par leur matériel;

on ajoutera aussi que, pour Y. Garland, op.cit., 353, de tels ouvrages au pied de la muraille sont typiquement d' époque

romaine.

59. Cf. Winter, op.cit., 285; Garland, ibid.

60. Cf. W.E. Marsden, Greek and Roman Artillery, 1969, 133 et 150-151 (tours pour artillerie plus perfectionnée),

110-112 et 205-206 (artillerie pendant les guerres mithridatiques), 42-43 et 205-208 (progrès de Γ artillerie à la fin du

Ilème et au début du 1er s. av. J.-C).

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nous avons montré que les documents écrits et beaucoup d' observations faites par le fouilleurétaient en parfaite concordance. Il est difficile d'aller plus loin sans reprendre le travail sur leterrain, là où cela est encore possible. On pourrait alors contrôler l'ensemble des résultats déjàobtenus, et, en s'attachant à étudier le petit matériel archéologique autant que les stèles elles-mêmes, aboutir à une plus grande certitude. Car Arvanitopoulos,, qui mentionne à plusieursreprises, dans ses premières publications, des monnaies et de la céramique trouvées dans lesremplissages, n'en a jamais donné la publication, ni même indiqué les dates. Pour les exploiter,il faut reprendre la fouille, de toute nécessité.

Nous avons Γ espoir que Γ hypothèse chronologique "basse" que nous avons proposée nesera pas fondamentalement infirmée par de nouveaux travaux sur le site. Car elle repose aussisur les documents écrits, et sur l'étude des stèles elles-mêmes. Les recherches que nous avonsentreprises en Thessalie sur les stèles funéraires ont conduit en effet à des résultats d' ensemble.Elles ont fait notamment apparaître l'importance du 1er s. av. J.-C. dans l'évolution des formes,des symboles et des ornements. Nous voyons ainsi se constituer des groupes cohérents: desstèles peuvent être qualifiées d' hellénistiques à cause de Γ écriture de leurs inscriptions, du stylede leurs ornements ou de leurs représentations. D' autres se datent d'une période que nousdéfinissons, par commodité, "1er s. av.-Ier s. ap. J.-C", selon les formes de l'écriture et lestypes employés. On retrouve là une distinction assez analogue à celle que faisait Arvanitopoulosquand il établissait une typologie des sépultures examinées par lui à Démétrias. Il existe enThessalie, pour des matériels archéologiques divers, une opposition très nette entre l'époquehellénistique et l'époque impériale: le passage de l'une à l'autre période semble se caractérisermoins comme une transition normale, insérée dans un développement évolutif, que comme unecoupure qui se manifeste dans les monuments privés au même titre que dans d' autres catégo-ries de documents: on a déjà noté ailleurs que l'épigraphie officielle des cités thessaliennes,transcriptions des décrets sur pierre par exemple, prend fin brusquement à cette époque. Cettecoupure, nous sommes tentés de la situer dans le cours du 1er s. av. J.-C. mais le passage del'une à l'autre période, de l'une à l'autre de ces formes de civilisation, est encore à étudier endétail. Nous ne pouvons supposer, bien sûr, que la coupure est expliquée par un événementparticulier, comme les guerres mithridatiques; d'autres circonstances ont pu y concourir. C'estainsi que les Thessaliens ont été engagés dans les conflits qui ont opposé César à Pompée,Octave à Antoine; à la même époque aussi, l'exploitation de la région par les Romains sembledevenir plus systématique, amorce de ce qui se passera sous Γ Empire. Mais, dans le cours de ce1er siècle, il nous semble bien que Γ un des événements essentiels, et le premier en date, a été cesguerres mithridatiques, au cours desquelles la Thessalie, et spécialement Démétrias, ont courude grands dangers et qui ont eu un retentissement considérable. Ainsi s'explique l'importanceque nous attachons à mieux définir la chronologie de l'enceinte de Démétrias, dont les trans-formations ne sont, en fin de compte, que le reflet de bouleversements historiques jusqu'iciinsoupçonnés.

On peut désormais conclure sur l'ensemble du problème, je crois, même si l'énoncé d'unechronologie aussi "basse" pour l'enfouissement des stèles peintes de Démétrias ne peut man-quer, nous l'avons déjà remarqué, de provoquer des réserves voire des réactions de scepticismeet de refus de la part des historiens de l'art antique. Comment accepter une datation aussitardive pour ces monuments? Trois objections d'inégale valeur sont mises en avant. On se réfèreà la chronologie communément admise pour l'évolution des styles. Mais c'est oublier que cetteidée que l'on s' est faite du style "classique" des peintures de Démétrias repose essentiellementsur les hypothèses chronologiques d'Arvanitopoulos lui-même et sur les canons retenus par lesarchéologues historiens de l'art grec pour l'histoire de la peinture. Nos études ont montré clai-rement que les peintres des stèles de Démétrias utilisaient les techniques même de la peinture

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classique peu à peu définies par les maîtres, mais qu'ils étaient des artisans, mettant en oeuvreun répertoire et un style qui a évolué avec le temps et qui acceptait non seulement des élémentslocaux de caractère thessalien, mais aussi des représentations (héroïsation du mort, etc.) quis'imposaient peu à peu au cours du Illème et du Ilème s. av. J.-C. Un autre point entretient lescepticisme: le recours à la chronologie des inscriptions. On insiste sur les ambiguïtés inhérentesaux datations des écritures épigraphiques. Mais c'est oublier que, pour les épigraphistes, leconsensus se fait assez facilement sur des datations exprimées en périodes, sinon en années:milieu du Ilème s. av. J.-C, seconde moitié du Ilème s. av. J.-C. par exemple. On doit doncjuger sur l'ensemble des pièces, qui malheureusement ne sont pas toutes publiées en photogra-phies, et non seulement à partir de l'inscription considérée comme l'unique référence et commeterminus de la série, la fameuse épitaphe d'Antigènes datée de 217 av. J.-C. Cette inscriptionn'a été utilisée que parce qu'elle était datée avec précision par le contenu du texte et l'allusionau siège de Thèbes de Phthiotide; mais il n' y pas d' autre raison pour justifier de la prendrecomme référence privilégiée. Un dernier argument utilisé pour resserrer la chronologie des stèlespeintes n'a pas plus de valeur: on tend à considérer que la peinture n'a pas pu se conserver surles stèles exposées à l'air libre pendant un siècle et plus. Faux pragmatisme et pétition deprincipe! C'est dans le même esprit que l'on a adopté l'idée que la peinture ne pouvait êtreexécutée que selon la technique de l'encaustique; les analyses effectuées par F. Preusser et pu-bliées, comme les études de V. von Graeve sur les techniques picturales, ont prouvé que cetteidée n'avait pas de fondement. Nous avons aussi montré que toutes les stèles ne remontaientpas au début du Illème s. av. J.-C, bien au contraire. La majorité des stèles sont de la fin duIllème siècle, d' autres du Ilème siècle, beaucoup sont des remplois de stèles plus anciennes.Enfin il faut bien dire que nous n'avons aucune expérience directe sur les conditions de laconservation des couleurs, hors quelques témoignages antiques (concernant surtout des monu-ments polychromes) et bien entendu les stèles peintes elles-mêmes: mais ces dernières montrentprécisément que les couleurs ont souvent bien tenu, d'abord pendant le temps d' expositiondans la nécropole et ensuite pendant près de vingt siècles dans le remplissage des tours. Et celamême alors qu' il est désormais avéré que cette peinture est à tempera et que le liant devait être,selon toute vraisemblance, de Γ albumine, matière organique (communément du blanc d' œuf).On le voit, les arguments du scepticisme renvoient aux acquits anciens de l'histoire de l'art, etpour cela même, ils doivent céder la priorité aux observations, aux données et aux interpréta-tions fondées sur l'étude de l'ensemble du matériel, monuments et textes, reconstructions desprocessus techniques de la peinture et de l'épigraphie, histoire politique et militaire, conjuguéeset non plus séparées dans les manuels propres à chaque discipline des sciences de l'antiquité.

BRUNO HELLYDr., Directeur de Centre

de Recherches Archéologiques,C.N.R.S.,

7, Rue Raulin,69007 Lyon,

France.

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ΠΙΝΑΚΑΣ 78

a) Thessalika Mnemeia, no. 10, b) Praktika 1908, p. 206, c) Thessalika Mnemeia, no. 307.

BR. HELLY

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ΠΙΝΑΚΑΣ 79

a; Thessalika Mnemeia, no. 29, b) Thessalika Mnemeia, no. 59, c) Thessalika Mnemeia, no. 198, d) Thessalika

Mnemeia, no. 265, e) Thessalika Mnemeia, no. 300.

BR. HELLY

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ΠΙΝΑΚΑΣ 80

"·*.*,$;. ·*,„

a) Thessalika Mnemeia, no. 55, b) Thessalika Mnemeia, no. 42, c) Thessalika. Mnemeia, no. 190, d) ThessalikaMnemeia, no. 336.

BR. HELLY