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J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 1/47
La géodésie
1 Définition La géodésie est la science qui étudie les formes de la terre ou d'une partie de la terre. Elle a
pour but également d'en donner une représentation plane. La géodésie tire son nom des mots
grecs γη (Terre) et δαιω (je divise).
2 Les formes de la terre
La terre a une forme très irrégulière puisqu'elle est constituée de plaines, de montagnes, de
fosses océaniques. Mêmes les océans et les mers n'ont pas une forme régulière, mais leur
détermination est plus facile. Cette surface océanique, supposée prolongée sous les continents,
prend le nom de géoïde (du grec geos = terre et eidos = idée, apparence).
Le géoïde est une surface physique équipotentielle (même potentiel) qui est constamment
perpendiculaire à la direction du fil à plomb. Elle sert de référence au système altimétrique
donnant des altitudes.
Le géoïde en France a été modélisé et des grilles de conversion permettent de passer des
valeurs d'altitudes à des hauteurs ellipsoïdales avec une précision centimétrique (voir système
géodésique).
Cependant pour la représenter en première approximation nous adoptons une sphère. Cette
forme est suffisante pour les applications courantes.
Pour pouvoir la représenter avec plus de précision, les mathématiciens l'assimilent à une
surface mathématique que l'on appelle un ellipsoïde et qui est une sphère aplatie aux pôles.
Cet ellipsoïde est donc un modèle mathématique approchant la forme réelle de la terre
(géoïde) et permettant d’effectuer avec précision des calculs de position.
La Terre : ellipsoïde
La Terre : sphère
La Terre : géoïde
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 2/47
Une fois ses dimensions définies, cet ellipsoïde doit être positionné par rapport au centre de la
terre et orienté par rapport à son axe de rotation.
Il existe donc autant d'ellipsoïdes que l'on veut selon la forme et la position choisie.
D'une façon générale, il y a deux types d'ellipsoïdes :
les ellipsoïdes globaux qui sont définis pour représenter la totalité de la terre et qui
tendent à se généraliser, notamment le IAG-GRS 80, utilisé pour le système GNSS
(GPS).
les ellipsoïdes locaux qui sont définis par les pays pour représenter la partie de la terre
qui intéresse ces pays.
Les ellipsoïdes sont les bases des systèmes géodésiques sur lesquels nous allons positionner
des points ou nous positionner. Mais ils ne sont pas développables1.
3 Les mesures à la surface de la terre
3.1 Erreur sur les distances
Nous pouvons dans un premier temps considérer les distances mesurées sur le terrain comme
horizontales. Par contre les distances à prendre en compte seront les distances sur l’ellipsoïde
pour tous les travaux qui devront être rattachés (voir cours rattachement).
1 Une surface développable est une surface que l'on peut mettre à plat sans l'étirer.
géoïde
Ellipsoïde local
Pays
géoïde Ellipsoïde
global
Fig. 1 : Ellipsoïde global
Fig. 2 : Ellipsoïde local
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Nous allons démontrer dans ce paragraphe qu'en topométrie les distances mesurées sur une
surface sphérique (ou ellipsoïdale) sont assimilables, à une erreur près négligeable, à la corde
ou la tangente.
La distance » µAB R.O= va servir de distance de référence et sera appelée D. Nous allons
calculer l'écart de cette distance par rapport aux distances rectilignes AB' et AB.
µAB' R.tan O=
La fonction tangente peut être assimilée à son développement limité car l'angle Ô est un petit
angle.
µ µµ µ3 5
O Otan O O 2. ...
3 15» + + + . Nous allons garder uniquement les deux premiers termes.
Fig. 3 : Distances assimilables
O
B
B'
RN
I A
Ô
es
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D'où
» µ µ µµ
µ3
Oe AB' AB R.tan O R.O R O O
3
æ ö÷ç ÷ç= - = - » + - ÷ç ÷ç ÷÷çè ø
Soit µ3
Oe R.
3=
Or µ»AB D
OR R
= =
Alors
3D
Re R.
3
3
2
De
3.R
Pour une distance D de 10 km et un rayon de 6379 km cela donne un écart de 8mm, donc
complètement négligeable en topométrie.
De même
µOAB 2.R.sin
2
æ ö÷ç ÷ç= ÷ç ÷÷çè ø
Le sinus peut aussi être assimilé à son développement limité : µ µµ µ3 5
O Osin O O ......
3! 5!= - + -
En gardant ici aussi uniquement les deux premiers termes.
»µ
µµ
µ
µ µµ
µ
3
3
O
2O O Oe AB AB 2.R.sin R.O 2.R. R.O R.O R. R.O
2 2 6 24
æ öæ ö ÷ç ÷ç ÷ç ÷ ÷çç ÷ ÷çç ÷ ÷÷çç è ø ÷ç ÷= - = - » - - = - -ç ÷÷ç ÷ç ÷ç ÷ç ÷ç ÷÷çè ø
µ
3
3D
O Re R. R.
24 24
æ ö÷ç ÷ç ÷çè ø
= - = -
3
2
De
24.R
Cet écart est huit fois plus petit que le précédent donc parfaitement négligeable aussi.
3.2 Erreur sur les altitudes
Toujours sur la figure 3, nous allons utiliser le théorème de Pythagore.
Soit BB' = es et AB' ≈ D, nous pouvons écrire :
RN2 + D
2 = (RN+es)
2
En développant :
RN2 + D
2 = RN
2 + 2.RN.es + es
2
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 5/47
Le terme es est petit et du second degré pourra être négligé et en simplifiant :
D2 = 2.RN.es
D’où 2
s
N
De
2.R
En prenant une distance de 1 km nous obtenons une erreur de sphéricité de 7,8 cm. Cette
erreur n'est pas négligeable. Nous verrons dans le cours de nivellement direct comment
prendre en compte cet écart.
4 Le réseau de nivellement
4.1 Historique
Il y a eu en France trois réseaux nationaux :
"Ce fut par circulaire du 15 juillet 1857 qu’Eugène Rouher, ministre l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, lança le premier nivellement général de la France.
Le Conseil général des ponts et chaussées en confia la mise en œuvre à Paul Adrien
Bourdalouë (1798-1868). Reconnu pour sa direction du nivellement de l’isthme de
Suez (sur lequel la construction du canal s’appuya), cet ingénieur avait
perfectionné les méthodes de nivellement et instruments de mesure (grands niveaux
à bulle et à lunettes, mires parlantes).
Les premières données recueillies pour le nivellement général de la France furent levées fin septembre 1857 à Paris, le long de la Seine. Les opérations se
poursuivirent à travers toute la France jusqu’en avril 1863, par le soin de brigades
comprenant un opérateur, un lecteur et deux portes mires. Ces brigades arpentèrent
ainsi des lignes qui suivaient des voies de communication : fleuves, rivières,
canaux, voies ferrées, routes impériales et départementales, chemins vicinaux. À
chaque kilomètre environ, l’emplacement référencé fut signalé par des repères ou
plaques métalliques, généralement avec la mention de l’altitude. Le modèle type de
repère métallique ne fut cependant adopté que par décision ministérielle du 15
novembre 1858, soit plus d’un an après le début des opérations.
Fig. 4 : Repères Bourdalouë
Les altitudes furent tout d’abord rapportées au niveau moyen de l’océan observé à
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Saint-Nazaire ; les différences sensibles constatées le long du littéral conduisirent
finalement à la décision ministérielle du 13 janvier 1860 fixant le point fondamental –
le « zéro Bourdalouë » – au niveau moyen de la Méditerranée, à 40 centimètres au-
dessus de l’échelle des marées observée au fort Saint-Jean, à Marseille." (Archives
Nationales).
En 1878, il s'avéra nécessaire de vérifier et de compléter le réseau Bourdalouë. Ce
réseau est entrepris en 1884 et est confié à l'ingénieur Charles Lallemand. Il est
rattaché au niveau moyen des mers par un marégraphe totalisateur (appareil muni d'un
flotteur et permettant d'enregistrer le mouvement des marées et ainsi de déterminer le
niveau moyen de la mer) installé dans l'anse Calvo à Marseille qui fonctionnera du 1er
février 1885 au 1er janvier 1897. (Voir annexe 1).
Fig. 5 : Mécanisme du marégraphe
Le zéro ainsi déterminé correspond à la cote 0,329 de l'échelle du Fort Saint-Jean soit
71 mm au-dessous du zéro BOURDALOUË. Un contrôle sera effectué par 19
marégraphes et 11 médimarémètres (appareil inventé par M. Lallemand) situés dans
différents ports français.
Fig. 6 : Bâtiment supportant le marégraphe
Le zéro de nivellement Lallemand ainsi déterminé est dit "Zéro Normal".
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 7/47
La pièce qui symbolise le marégraphe de Marseille est un rivet de bronze dont la calotte est constituée d'un alliage extrêmement résistant de platine et d'iridium qui a
été enchaîné dans une plaque de granit scellée dans les rochers à une côte de 1,661
mètre au-dessus du niveau de la mer et est appelé repère fondamental.
Fig. 7 : Repère fondamental de nivellement
Depuis 1897, le marégraphe (classé monument historique) continue de suivre avec
précision les oscillations de la mer et un géomètre de l'IGN continue chaque semaine à
remonter le mécanisme et à noter les mesures du marégraphe. Depuis une dizaine
d'année, en parallèle de l'appareil d'origine un marégraphe numérique a été installé.
Le dernier réseau en vigueur est le réseau NGF IGN 1969 : établi de 1962 à 1969 par l'Institut Géographique National. On a conservé comme point de départ le "Zéro
Normal" défini par Charles Lallemand. C'est ce réseau qui est actuellement le réseau
de nivellement officiel en France métropolitaine. Ce réseau est régulièrement recalculé
(calcul de compensation). Ainsi, les cotes des repères de l'IGN 69 par rapport au Zéro
Normal peuvent avoir été modifiées depuis la première détermination de l'altitude des
repères en 1969. Pour la Corse, le réseau est le NGF IGN 78 qui a été fini en 1978.
4.2 Constitution du réseau
Le réseau actuel NGF IGN 1969 s'appuie en grande partie sur les mesures du réseau N.G.F. de C.
Lallemand qu'il complète et s'en différencie
essentiellement par les moyens de calculs.
se présentent sous des formes diverses : Bourdalouë Le
réseau est constitué de mailles (voir carte page
suivante), c'est à dire de polygones formant des
boucles. Le long des sections, parties communes à 2
polygones voisins, sont disposés des repères qui
peuvent être des médaillons, consoles, boules ou rivets.
Les données descriptives des repères de nivellement sont accessibles par le moyen
d’une fiche signalétique. Chaque repère possède sa fiche et chaque fiche correspond à
un repère et un seul.
Fig. 8 : Repère Médaillon
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 8/47
Il y a quatre ordres imbriqués les uns dans les autres, du plus précis (1er ordre) au
moins précis (4ème ordre).
Fig. 9: repères console et boule
Le territoire national comprend 40 polygones fermés de 1er ordre. Chaque polygone de 1er ordre est divisé en 7 mailles de 2ème ordre. Chaque maille de 2ème ordre est
divisée en 10 à 15 mailles de 3ème ordre et à l'intérieur des mailles de 3ème ordre, on
nivelle des traverses de 4ème ordre.
Fig. 10 : Extrait du réseau de nivellement
Les nombreux profils de rivières, nivellements réalisés le long des cours d'eau de 1910 à 1970, sont considérés comme des traverses de 4ème ordre.
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 9/47
Ordre Longueur (km) Nombre de repères Précision (écart-type)
1er 13 754 22 440 2,0 mm
2ème
18 510 30 040 2,3 mm
3ème
45 600 76 080 3,0 mm
4ème
169 330 263 310 3,6 mm
Profil de rivière 50 000 environ 60 000 environ
Total 300 000 environ 450 000 environ
La numérotation est composée des lettres de chacune des mailles
Exemple de numérotation :
1er ordre F'L'-26 Entre les mailles de 1er ordre F' et L'.
2ème ordre F'.ED-32 Dans la maille de 1er ordre F' et entre les mailles de 2
ème
ordre E et D.
3ème ordre F'.E.N3P3-19 Dans la maille de 1er ordre F', dans la maille de 2
ème ordre E
et entre les mailles de 3ème
ordre N3 et P3.
4ème ordre F'.E.N3-78 Dans la maille de 1er ordre F', dans la maille de 2
ème ordre E
et dans la maille de 3ème
ordre N3.
4.3 Ecart entre le géoïde et l'ellipsoïde
L'écart entre les altitudes H et les hauteurs ellipsoïdales h (voir coordonnées géographiques
p.13) est appelé ondulation N avec :
h=H+N
En France la transformation de l'altitude en hauteur ellipsoïdale peut être obtenue à l'aide de la
grille RAF09 (Référence Altimétrique Française de 2009). "Cette grille permet donc de
calculer les altitudes de points connus en RGF93, et d'effectuer du nivellement par GPS en
France continentale. La grille RAF09 a été obtenue par comparaison et adaptation du modèle
de géoïde QGF98 aux points GPS nivelés du Réseau de Base Français de l'Institut
Géographique National. La précision d'opérations de nivellement par GNSS s'appuyant tant
sur le RGP (Réseau géodésique Permanent) que sur les points du Réseau de Base Français et
utilisant RAF09, estimée par des tests indépendants, est de l'ordre de 2 à 3 centimètres si les
mesures et traitements GNSS sont de qualité suffisante" (Doc I.G.N).
La RAF09 se présente sous la forme d'une grille en coordonnées géographiques RGF93, en
degrés décimaux. Le pas de la grille est 0,025°en latitude, 0,0333° en longitude, soit un point
tous les 2,7 km environ, ce qui permet une interpolation bilinéaire si on ne recherche pas une
précision d'interpolation meilleure que le centimètre. La grille RAF09 a été intégrée dans de
nombreux logiciels GPS et dans le logiciel CIRCE distribué gratuitement par l'IGN2.
2 L'Institut national de l'information géographique et forestière, anciennement Institut géographique
national du 27 juin 1940 au 31 décembre 2011, dénomination dont il a conservé l'abréviation IGN, est un
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4.4 Le champ de pesanteur
Le géoïde est une surface équipotentielle du champ de pesanteur qui correspond
approximativement au niveau moyen des mers.
Les points sur la terre sont soumis à deux forces :
La force centrifuge due à la rotation de la terre . La gravitation .
Sur une même verticale ces deux forces ayant des normes différentes cela conduit à des
pesanteurs dont la direction et la norme sont différentes.
Fig. 11 : Indication de la pesanteur
Comme nous pouvons le voir sur la Fig.11, du fait de pesanteurs différentes, les
surfaces équipotentielles ne sont pas parallèles. Cela conduit à avoir des altitudes
différentes suivant le chemin suivi pour aller d'un point à un autre sur des surfaces
différentes.
Les altitudes sont dites normales, elles prennent en compte un modèle utilisant des mesures de pesanteur réelle.
établissement public à caractère administratif ayant pour mission d'assurer la production, l'entretien et la
diffusion de l'information géographique de référence en France.
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5 Les coordonnées géographiques
Le méridien origine est le méridien international de Greenwich3.
La longitude d'un point est l'angle que fait le plan du méridien
passant par ce point et le plan du méridien d'origine
(Greenwich). Elle se compte de 0 à 180 degrés vers l'est ou vers
l'ouest.
Représenté sur le schéma par la lettre .
La latitude d'un point est l'angle que fait le rayon de la terre
passant par ce point avec le plan de l'équateur. Elle se compte de
0 à 90 degrés vers le nord ou vers le sud.
Représenté sur le schéma par la lettre .
Sur l'ellipsoïde, la latitude est l'angle que fait la normale du lieu
par rapport au plan de l'équateur. Il est à noter que les normales
ne convergent pas au centre des masses de la terre.
6 Les systèmes géodésiques
Un système géodésique est un ensemble de paramètres qui définit mathématiquement la
forme de la terre. Il est constitué de :
Un centre de la terre défini comme centre des masses en fonction des connaissances scientifiques en date de son calcul.
Un système d'axes O, X, Y, Z
3 Sur l'ellipsoïde de Clarke (1880), le méridien de Paris (observatoire) est à 2° 20' 14, 025" E soit 2,596 921 296
gr E du méridien de Greenwich.
A
B
B A
O
P'
P
E E'
Fig. 12 : Longitude/latitude
Fig. 13 : Normale en un lieu
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.
Un ellipsoïde.
Des points de référence sur la terre. Un système géodésique est constitué du choix d’un ellipsoïde et d’un ensemble de paramètres
qui permettent de se positionner sur la terre et qui après transformation permettront d’obtenir
une carte.
Les ellipsoïdes sont caractérisés par :
le demi grand axe a
le demi petit axe b
l'aplatissement (anglais : flattening) : a-b
f=a
l'excentricité (anglais : eccentricity) : 2 2
2
a - be=
a
Exemples :
Systèmes
géodésiques
Ellipsoïde
associé a b 1/f e
NTF Clarke 1880 6378249,2 6356515,0 293,466021 0,082 483 256 76
ED50 Hayford 1909 6378388,0 6356911,9461 297,000000 0,081 991 889 98
WGS 84 IAG GRS
1980 6378137,0 6356752,314 298,257222 0,081 819 191 31
Ils permettent un positionnement sur la surface terrestre par un jeu de coordonnées qui peut
être de deux formes :
Coordonnées cartésiennes (X, Y, Z) définies par rapport au centre de la terre.
Fig. 14 : Système cartésien
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Coordonnées géographiques , et h (hauteur ellipsoïdale4).
Fig. 16 : Positionnement dans un système géographique
Il existe des dizaines de systèmes géodésiques, mais pour nous, si nous restons en métropole,
les plus utilisés sont :
Le W.G.S. 84
4 La hauteur ellipsoïdale correspond à la distance entre le point considéré et le pied de la normale à l'ellipsoïde en
ce point. La normale étant la perpendiculaire à l'ellipsoïde en un point.
Fig. 15 : Positionnement dans le système cartésien
Z
X
Y
M(X,Y,Z)
M0
X
Y
Z
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Le GNSS utilise le système géodésique mondial WGS 84 (World Geodetic System)
établi en 1984. Ce système est associé à un ellipsoïde global le GRS 80.
L’E.D. 50
Après la guerre de 39-45, l’Europe de l’ouest a adopté le système européen ED50
(European Datum 1950) qui est associé à l’ellipsoïde global de Hayford de 1909. Ce
système est largement en vigueur surtout sur nos cartes marines éditées par le
S.H.O.M. (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine) par exemple.
La N.T.F. (Nouvelle Triangulation de la France) Ce système est basé sur l'ellipsoïde local de Clarke (1880), sur lequel ont été
positionnés quelques 70 000 points géodésiques, répartis en quatre ordres de mesure.
Le point fondamental est la croix du Panthéon à Paris. En ce point, le géoïde et
l'ellipsoïde sont tangents (la verticale et la normale sont confondues).
Les mesures de la N.T.F., faites par triangulation, ont débutés en 1873 et ont été
officiellement achevées en 1991 avec une dernière mission dans les Landes (voir
annexe 3) et ont permis d’atteindre une densité d’un point géodésique pour 9 km². La précision relative globale est de 10
-5.
Fig. 17 : Schéma du rattachement du Panthéon
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 15/47
Le premier ordre est composé de six chaînes de triangles : trois chaînes méridiennes et
trois chaînes parallèles (Triangles en gras sur la fig. 9). Le premier ordre
complémentaire complète l'ensemble du territoire. Le deuxième ordre s'appuie sur les
points du premier ordre, le troisième sur les points du premier et du deuxième et le
quatrième ordre sur les points des trois premiers.
Un cinquième ordre, appelé aussi ordre complémentaire ou triangulation cadastrale,
vient densifier le nombre de points.
Fig. 19 : Point géodésique de 1er
ordre de la N. T. F.
Fig. 18 : 1er ordre de la N.T.F.
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 16/47
Ces points sont en général représentés sur le terrain par des bornes en granit mais aussi
par des clochers, châteaux d'eau, pylônes ou autres éléments caractéristiques visibles.
Ce système est ancien et n'est plus légal depuis 2001, mais il est encore utilisé par
certains organismes.
Le RGF 93
L'I.G.N. (Institut Géographique National) a mis en place, sur recommandation du
C.N.I.G. (Conseil National de l'Information Géographique : http://www.cnig.gouv.fr/
), un nouveau système géodésique ayant la dénomination de R.G.F. 93 (Réseau
Géodésique Français 1993) qui est un sous-ensemble du système européen E.T.R.S.
89 (European Terrestrial Reference System 1989), lui-même issu du système mondial
I.T.R.S. (International Terrestrial Reference System).
L'expression des coordonnées dans ce système est tridimensionnelle sous forme de
longitude, latitude et hauteur ellipsoïdale ou X, Y, Z (voir : Positionnement dans le
système cartésien Fig. 15 et Fig. 16). Elles sont déterminées par mesures satellitaires
sur l'ellipsoïde IAG GRS 80.
Ce réseau est composé de trois niveaux :
o Le R.R.F. (Réseau de Référence Français)
23 sites sont répartis régulièrement sur l'ensemble du territoire et sont le prolongement
du système européen E.T.R.S. 89, dont 3 font partie du système mondial (ITRS). C'est
le premier niveau hiérarchique du R.G.F. La précision relative entre deux sites du
R.R.F. est supérieure à 10-7
.
Fig. 20 : Schéma d'une borne géodésique
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 17/47
o Le R.B.F. (Le Réseau de Base Français)
Ce deuxième niveau hiérarchique comprend 1009 sites5 environ. Appuyés sur les
points du R.R.F., ils sont particulièrement destinés aux utilisateurs de G.P.S.. Il y a un
site tous les 25km environ et la précision relative de l'ensemble est de 10-6
. Il est
constitué pour deux tiers de sites nouveaux et pour un tiers de sites de la N.T.F. (37%)
répondant au cahier des charges des points du R.B.F.
Ce sont des sites (pour le R.B.F.) qui répondent à des critères précis :
Bonne répartition sur le territoire.
Chaque site doit être constitué de plusieurs points d'égale précision.
Pérennité des points.
Accessibilité par un véhicule motorisé.
Absence de masques occultant les signaux G.P.S.
Possibilité d'orientation.
Exemple de site du R.R.F. en annexe 4.
o Le R.D.F. (Le Réseau de Détail Français)
Ce troisième niveau est constitué d’environ 80 000 points qui sont essentiellement
ceux de l'ancienne N.T.F.. Ils ont été requalifiés par une procédure de transformation
de système mise au point à l’I.G.N.. La précision relative est de 5. 10-6
.
5 Un site propose au moins 2 points, a des facilités d'accès pour tout véhicule, une orientation est toujours
possible et bien sûr ne présente aucun masque.
Fig. 21 : Réseau de Référence Français
VLBI
LASER
GPS (EURF89)
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 18/47
7 Les systèmes de projection
7.1 Généralités
Le but d'un système de projection est de transformer l'ellipsoïde en une surface géométrique
simple et développable. Il s'agit de plans, cylindres ou cônes.
D'un point de vue mathématique, une projection permet d'établir entre l'ellipsoïde et la surface
développable une correspondance telle que :
E ( , , )f h et N ( , , )g h
où E, N désignent des coordonnées planes, f la latitude, λ la longitude, h la hauteur
ellipsoïdale et f, g des fonctions qui sont continues partout sur l'ensemble de départ sauf sur
un petit nombre de lignes et de points (tels que les pôles). Il existe donc une infinité de
solutions.
Les fonctions inverses existent également :
(E,N)i et (E,N)j
Nous classons les projections en fonction de leur caractéristique :
Les projections dites conformes sont celles qui conservent les angles.
Les projections dites équivalentes sont celles qui conservent les surfaces.
Les projections dites "aphylactiques" ne conservent ni les angles ni les surfaces. Leur intérêt est que ces détériorations peuvent être moindres que
dans les deux cas précédents.
Aucune projection ne conserve les distances (voir Altération linéaire)
7.2 Les différentes projections
7.2.1 Azimutales
On projette l'ellipsoïde sur un plan tangent en un point ou sécant en un cercle.
La zone bien représentée est situé au centre de la projection (image du point de tangence ou
du centre du cercle sécant).
Il existe trois types de projections azimutales, qui se différencient par la position du point de
vue utilisé pour la projection.
7.2.1.1 Projection stéréographique
Cette projection est basée sur le principe de l'inversion qui a comme caractéristique la
conservation des angles. Elle est donc conforme.
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 19/47
Fig. 22 : Projection stéréographique polaire vue en 3D
Si le point de vue est au pôle diamétralement opposé au plan tangent, la projection est stéréographique polaire. Les méridiens se transforment
en droites concourantes et les parallèles en cercles concentriques dont
l'écartement va en grandissant.
Fig. 23 : Projection stéréographique polaire
Si le point de vue est sur l'équateur et toujours diamétralement opposé au plan tangent, la projection est stéréographique méridienne ou
équatoriale.
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Fig. 24 : Projection stéréographique méridienne
Sinon dans tous les autres cas c'est une projection stéréographique
oblique.
Fig. 25 : Projection stéréographique oblique
7.2.1.2 Projection gnomonique ou centrale
Le point de vue est situé au centre de la terre et le plan est tangent à l'ellipsoïde.
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7.2.1.3 Projection orthographique
Le point de vue est situé à l’infini et la projection s’effectue sur un plan perpendiculaire au
point de vue et généralement positionné sur l’équateur (projection orthographique polaire) ou
sur un plan méridien (projection orthographique méridienne).
Fig. 26 : projections orthographiques
7.2.2 Cylindriques Les projections cylindriques sont caractérisées par un cylindre entourant l’ellipsoïde. Ce
cylindre peut être tangent à l’équateur comme pour la projection Mercator ou suivant un
méridien pour la projection U.T.M.
7.2.2.1 Mercator
Gerhard Kremer dit Mercator (1512-1594) est l'un des fondateurs de la cartographie
mathématique. Il publie en 1569 la première carte du monde à l'usage des navigateurs, sous la
forme d'un ensemble de 18 feuilles.
Fig. 27 : Projection de Mercator
Ce géographe et mathématicien flamand met pour
cela au point une méthode de représentation
cartographique qui porte son nom. Elle consiste à
projeter la surface de la Terre sur un cylindre tangent
à l'équateur.
Fig. 28 : Projection de Mercator
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Les méridiens sont donc représentés par des droites verticales équidistantes et les parallèles
par des droites horizontales. Plus on s'éloigne de l'équateur, plus les distances sont exagérées
((voir carte ci-dessous). La projection étant conforme, les méridiens et les parallèles se
coupent sous un angle droit.
Ce type de carte est très utile pour la navigation maritime de l'époque qui se faisait
essentiellement sur la zone équatoriale,
Sur ce type de projection, il suffit de tracer une droite entre deux points, appelée loxodromie,
pour déterminer le chemin le plus direct sans avoir besoin de changer de cap.
7.2.2.2 UTM
L'UTM est un type de projection conforme de la surface de la terre. C'est une projection
cylindrique où l'axe du cylindre croise perpendiculairement l'axe des pôles de l'ellipsoide
terrestre au centre de l'ellipsoïde.
Pour couvrir la surface de la terre, on l'a découpée en 60 fuseaux de 6° en séparant
l'hémisphère Nord et l'hémisphère Sud. Soit au total 120 zones (60 pour le Nord et 60 pour le
Sud). On a alors développé le cylindre tangent à l'ellipsoïde le long d'un méridien pour obtenir
une représentation plane.
Pour une plus grande précision les cylindres sont des cylindroïdes dont la section est une
ellipse.
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Le système de projection (représentation) est rectangulaire et mesuré en kilomètres. On peut
donc calculer des distances à partir de coordonnées UTM. Si les points sont sur le même
méridien les longueurs sont rigoureuses, par contre si elles sont sur des méridiens différents
elles sont plus approximatives et elles ne sont plus du tout valables si les points ne sont pas
dans la même zone.
Le territoire français est situé sur 3 fuseaux:
1. UTM Nord, fuseau 30 : entre 6 degrés Ouest et 0 degrés Greenwich;
2. UTM Nord, fuseau 31 : entre 0 degrés et 6 degrés Est Grenwh;
3. UTM Nord, fuseau 32 : entre 6 degrés Est et 12 degrès Est Greenwich.
Le système de coordonnées rectangulaires de la projection UTM est associé à un point de
référence virtuel situé:
- Pour l'hémisphère Nord : sur l'équateur à 500 km à l'Ouest du méridien central
de la zone considérée (500, 0) ;
- Pour l'hémisphère Sud : sur le parallèle situé à 10 000 km au Sud de l'équateur
et 500 km à l'Ouest du méridien central de la zone considérée (500, 10 000) .
Ce décalage de point de référence permet d'avoir des coordonnées positives pour l'intégralité
des points de la zone.
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Fig. 29 : Projection UTM, représentation des fuseaux et des zones (Nord)
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7.2.3 Coniques Il s’agit d’un cône qui est tangent ou légèrement sécant à l’ellipsoïde. L’axe du cône est mis
en coïncidence avec le petit axe de l’ellipsoïde.
Fig. 30 : Projection conique
La première représentation conique utilisée en France fut celle de Bonne. Elle fut mise en
place par les ingénieurs géographes au 19ème
siècle pour transformer l’ellipsoïde de Du Plessis
en la carte d’Etat Major qui était à l’échelle du 1/80 000 ème
. Cette représentation était
équivalente.
Fig. 31 : Co axialité du cône et de l'ellipsoïde
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8 La projection Lambert
La projection Lambert6 a été choisie par la France. Il s'agit d'une transformation conique
conforme.
Fig. 32 : Représentation plane de Lambert
Les méridiens sont transformés en droites concourantes vers la représentation du pôle et les
parallèles en cercles concentriques de centre S, représentant l'image du pôle.
Ces méridiens et ces parallèles se coupent à angles droits, du fait qu'ils se coupent à angles
droits sur l'ellipsoïde et que la projection est conforme.
8.1 Lambert "zone"
Elle a comme système géodésique référant la N.T.F., c'est-à-dire quelle transforme l'ellipsoïde
de Clarke (1880) en un cône.
Cette projection est tangente et bien sûr conforme.
Dans les faits, il y a quatre zones métropolitaines qui correspondent à quatre projections
différentes qui forment un découpage nord-sud (trois continentales et une pour la Corse).
Cette projection "Lambert zone" n'est plus officielle, mais nous la trouvons encore dans
certains documents, notamment sur les cartes I.G.N.
Ci-dessous les quatre zones.
6 Mathématicien, physicien et astronome naît à Mulhouse en 1728 et mort à Berlin en 1777.
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Fig. 33 : Les quatre zones Lambert
Pour toutes les zones, le méridien origine est celui passant par l'observatoire de Paris et situé à
2° 20' 14,025" E du méridien de Greenwich.
Les parallèles origines (isomètres centraux) sont indiqués dans le tableau ci-dessous.
Dénomination Zone Parallèle origine E0 (m) N0 (m)
Lambert I Nord 55 gon 600 000 1 200 000
Lambert II Centre 52 gon 600 000 2 200 000
Lambert III Sud 49 gon 600 000 3 200 000
Lambert IV Corse 46,85 gon 234 358 4 185 861,369
Pour chaque zone, un quadrillage vient se superposer sur la transformation des méridiens et
des parallèles (voir Fig. 34 : Superposition du quadrillage), avec un point origine de 600 km
en E (E0) et 200 km en N (N0).
Nous pouvons noter dans le tableau précédent que le premier chiffre de la coordonnée nord
indique le numéro de la zone et non une valeur kilométrique.
La zone Lambert II a été étendue sur les deux autres zones, de ce fait pour éviter une
chiffraison de la coordonnée nord, négative, l'I.G.N. a transformé ce premier chiffre
indicateur de zone, en millier de kilomètres. Nous rencontrerons donc des coordonnées
Lambert II étendu commençant par un 1ou rien (de 0 km à 1 999 km) dans la zone sud et par
un 3 ou un 4 (de 3 000 km à 4 999 km) dans la zone nord.
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Fig. 34 : Superposition du quadrillage
8.2 Lambert 93
C'est une des deux projections officielles à utiliser en France, depuis le décret du 3 mars 2006.
Elle est associée au système géodésique R.G.F. 93.
C'est une projection conique sécante, elle est conforme.
Du fait qu'elle soit sécante, il y a deux parallèles d'échelle conservée dits automécoïques de
latitude respective : 44° et 49°.
Le parallèle central (isomètre central) origine est celui situé à 46°30' de latitude nord et le
méridien central est situé à 3° Est du méridien de Greenwich.
Le point origine, proche du barycentre du territoire, est donc de coordonnées géographiques
rondes (longitude 3° E, latitude 46°30 N). Il a pour coordonnées planes :
Constantes de la projection : E0 = 700 000 m et N0 = 6 600 000.
les coordonnées planes seront toujours :
100 000 < E < 1 200 000
6 000 000 < N < 7 100 000
Caractéristiques particulières :
L'altération linéaire due à cette projection est comprise entre -1 m/km et +3 m/km. La
déformation des longueurs peut donc être importante et rendre malaisées certaines
applications topographiques. C'est en particuliers la variation locale de l'altération qui met en
cause la validité des procédés classiques de calcul de réduction des distances ou de visées
azimutales. Les algorithmes spécifiques sont donc à définir. La quasi linéarité de la variation
de l'altération en fonction de la latitude autorise des méthodes simples d'intégration.
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Fig. 35 : Altération du Lambert 93 pour les préfectures
Tableau récapitulatif
Ellipsoïde IAG-GRS 80
1/2 grand axe a = 6 378 137,00
aplatissement f = 1/298,257222101
Projection conique conforme sécante
Parallèles d'échelle conservée φ1: 44° N
φ2 : 49° N
Origine Isomètre central : φ0 = 46°30' N
Méridien central : λ0 = 3° E Greenwich
Coordonnées planes de l'origine E0 = 700 000
N0 = 6 600 000
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8.3 Lambert 9 zones
Ces projections ont été développées pour réduire l'altération linéaire, par rapport au Lambert
93. La multiplication des zones amène en effet une altération faible comprise entre -9 cm/km
et +7 cm/km.
Le revers de la médaille est que les zones ont une faible étendue, malgré un recouvrement de
50% des zones voisines. Cela en limite l'emploi dans certain endroit et de plus elles font
double emploi avec le Lambert 93. Donc deux systèmes de coordonnées peuvent cohabiter.
Chacune des neuf zones est bien une projection à part entière comme les Lambert "zone",
avec leurs paramètres spécifiques. Mais elles sont toutes conçues sur le même principe.
Il s'agit de projections coniques conformes sécantes ; d'où leur nom CC pour Conique
Conforme. Le sigle CC est suivi d'un numéro indiquant la latitude du parallèle origine de la
zone exprimé en degré.
Nous avons donc :
N° de la zone Dénomination Latitude de
l'isomètre central
1 CC 42 42°
2 CC 43 43°
3 CC 44 44°
4 CC 45 45°
5 CC 46 46°
6 CC 47 47°
7 CC 48 48°
8 CC 49 49°
9 CC 50 50°
Une zone couvre 2° de latitude et a un recouvrement de 1° (111 km) sur les zones voisines,
comme indiqué sur le plan ci-dessous.
Fig. 36 : Lambert Conique Conforme 9 zones
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L'ellipsoïde référent est l'IAG-GRS80 comme pour le Lambert 93.
Les constantes de la projection sont regroupées dans le tableau suivant :
Dénomination Caractéristiques Exemple
Ellipsoïde IAG-GRS 80
1/2 grand axe a = 6 378 137,00
aplatissement f = 1/298,257222101
Projection conique conforme sécante CC 47 (Zone 6)
Isomètre central φ0 = (41+N° de zone)° N 47° N
Parallèles d'échelle conservée φ1 = (φ0 – 0,75)° N
φ2 = (φ0 + 0,75)° N
46,25° N
47,75° N
Méridien central λ0 = 3° E Greenwich 3° E
Coordonnées planes de l'origine E0 = 1 700 000
N0 = ( N° de zone 1 000 000) + 200 000
1 700 000
6 200 000
8.4 Paramètres
8.4.1 LA convergence
Dans la projection Lambert, la direction donnée par le quadrillage est la direction des Y et
non la direction du nord géographique. On introduit alors la notion de convergence des
méridiens définie comme suit :
En d’autres termes, c’est l’angle compris entre l’axe des Y (parallèle au méridien origine de
la zone) et la direction du méridien au lieu considéré.
Cet angle se retrouve au sommet de la projection entre le méridien origine et le méridien du
lieu (angles alternes-internes), car tous les méridiens convergent vers le sommet de la
projection, image de pôle nord (voir Fig. 34).
La convergence des méridiens en un point est le gisement de l’image
(dans la projection) du méridien qui passe par ce point.
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 32/47
Fig. 37 : La convergence des méridiens
Sur la Fig. 37 nous pouvons voir que depuis le sommet O’ :
Le rayon r est calculé dans le plan du parallèle origine de la zone Lambert et -0 est la différence de longitudes entre le méridien du lieu et le méridien origine. Ici nous prenons
l'initiative de compter cette convergence positive à l'est avec comme référence à la Fig. 37
De même depuis le centre S
En égalisant
0
0
rγ = ( - )
R (1)
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Fig. 38 : Coupe sur méridien
Sur la Fig. 38 nous pouvons voir que
0
0
rsinφ =
R (2)
En remplaçant dans (1)
0 0γ = ( - ) sinφ (3)
Cette formule est valable uniquement si le cône est tangent. Si le cône est sécant, comme cela
est le cas pour le Lambert 93 et le Lambert conique conforme 9 zones, le calcul de coefficient
de zone n est nécessaire (voir tableau en annexe 6) et la formule devient :
0γ = ( - )n
La formule pour obtenir n est beaucoup plus complexe à obtenir et sa démonstration n'a pas
lieu dans ce cours.
Il faut remarquer que la convergence ne dépend que de la longitude et de la projection utilisée.
C'est-à-dire que si l'on se déplace sur un méridien, la convergence reste la même.
Donc pour calculer un gisement à partir d'un azimut géographique :
G = Az -
8.4.2 L'altération linéaire
Il paraît évident que lorsqu’une distance est mesurée sur l’ellipsoïde (terre représentée
mathématiquement), elle ne peut être représentée dans son intégrité sur un plan. Il y aura
obligatoirement une déformation due à la projection. Comme une peau d’orange ne peut être
mise à plat sans subir de déformations, en l’occurrence des déchirures.
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 34/47
En géodésie, les déformations linéaires sont calculées par deux éléments que sont le module
et le coefficient d’altération linéaire ou de réduction à la projection.
L’altération linéaire est donc représentée par le module de réduction à la projection, noté mr et
le coefficient d’altération linéaire, noté kr.
Dans une projection conforme, le module de réduction à la projection est le quotient entre
une distance en projection Dr et la même distance sur l’ellipsoïde D0.
projection r
r
ellipsoïde 0
distance Dmodule d'altération= m = =
distance D (4)
Le coefficient d’altération linaire est le quotient de la différence entre une longueur sur le plan
de projection Dr et une longueur sur l’ellipsoïde D0 par la longueur sur l’ellipsoïde D0.
rr r
0
Dcoefficient d'altération = K = m -1= 1
D (5)
projection ellipsoïde r 0
r
ellipsoïde 0
distance - distance D - DK = =
distance D (6)
Soit
Dr = D0 + D0.kr
Comme kr est donné en mm/km
-6
r 0 rD = D (1 + k 10 ) (7)
Avec Dr et D0 en m, kr en mm par km.
C’est ce coefficient qui est le plus couramment rencontré, notamment dans le programme de
l’I.G.N. "Circé ", sous la forme de millimètres par kilomètre.
Il permet de calculer une distance en projection à partir d'une distance ellipsoïdale. Pour le
calcul inverse, il faudra utiliser le même coefficient changé de signe.
Pour plus d'information consulter le site de l'IGN ou le lexique topographique.
Le calcul exact du module est fourni en annexe 5.
Le graphique suivant exprime la valeur du coefficient kr en fonction de la latitude pour les
projections en France métropolitaine. Il n'est pas utilisable pour déterminer le coefficient,
mais permet de comparer les coefficients entre eux, de voir les formes générales et les
extremums de ces courbes.
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 35/47
Fig. 39 : Courbes des altérations linéaires métropolitaines
Exemple numérique:
Soit une distance sur l'ellipsoïde de 234,567 m et un coefficient d'altération linéaire de - 345
mm par km.
Pour le calcul de la réduction, 234,567 m s'expriment par 0,234567 km et 345 mm/km par
0,345 m/km. Nous avons alors :
Dr = 234,567 + (- 0,345) × 0,234567
Dr = 234,567 – 0,081 = 234,486 m
En appliquant la formule (7)
Dr = 234,567 × (1 + (-345 × 10-6
)
Dr = 234,486 m
8.4.3 La correction de réduction angulaire à la corde
Lorsque l'on mesure les angles d'un triangle à la surface de la terre, la somme des ces angles
dépasse 200 gon d'une quantité E appelée l'excès sphérique.
ˆ ˆˆE=A+B+C-π (8)
Le mathématicien Albert Girard7 a démontré que la superficie d'un triangle sphérique dont la
sphère a un rayon R est : 7 Albert Girard, dit le « Samielois », également appelé Albertus Gerardus Metensis, parfois Albert Gérard, né
vraisemblablement le 11 octobre 1595 à Saint-Mihiel et mort à 37 ans, le 8 ou 9 décembre 1632 en Hollande,
probablement près de la Haye, est un mathématicien d'origine française ayant mené toute sa carrière aux Pays-
Bas (source Wikipédia).
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 36/47
2S=E×R (9)
Cet excès sphérique ramené à chacune des visées des angles du triangle "sphérique" est
appelé correction de réduction à la corde dont le symbole est rc ou dv.
La transformée d'une ligne géodésique8 géodésique est une courbe différente d'une droite. Les
triangles géodésiques ont donc pour transformés des triangles curvilignes plans dont les
angles aux sommets ont été conservés par le système de représentation (conforme). Nous
remplaçons ces triangles par des triangles à cotés rectilignes en introduisant cette correction
qui est donc l'angle entre l'image d'une ligne géodésique sur le système de projection utilisé et
la corde qui sous-tend cette géodésique (voir le lexique topographique).
Les transformations sur le système de projection des courbes de visée, (que l'on peut assimiler
à des transformées de lignes géodésiques de l'ellipsoïde), tournent toujours leur concavité
vers le parallèle origine en projection Lambert (ou vers le méridien origine en projection
UTM).
Le calcul de cette correction est donné par la formule :
dv D sin AZ
Avec
D : distance en km entre la station et le point visé.
Az : Azimut ou gisement
0sin sin
2.R.cos .sin 0,0001
le résultat de cette expression est en décimilligrade par
kilomètre en prenant la latitude f d'un point T situé au tiers de la visée.
Le dv sera donc en dmgon.
En reprenant l'exemple cité dans l'ouvrage de S. MILLES, soient 2 points en Lambert III et
une latitude de 48.47 gon pour le point T situé au tiers de la visée.
E N Dh G
Station en A 982 165,63 154 744,35
11420,50 17,11237
Visée sur B 985 198,63 165 754,74
8 Courbe tracée sur une surface telle que son plan osculateur soit constamment normal à la surface. C'est une
courbe gauche unique qui représente le plus court chemin entre deux points sur cette surface (en l'occurrence
l'ellipsoïde).
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 37/47
" On place ces points sur la carte : leurs coordonnées géographiques sont proches de 5,27 gon
Est de Paris et 48,44 gon Nord pour A, et 5,31 gon Est de Paris et 48,55 gon Nord pour B. Au
point T, situé au tiers de AB à partir de A, la valeur de m est " :
sin 48,47 sin 49
= 0,414 dmgon2 6378 cos 48,47 sin 0,0001
f0 est la latitude du parallèle origine de la zone, ici 49 gon.
En poursuivant le même exemple.
dv 0,414 11,42 sin17,112 1,26 dmgon
En simplifiant la formule du dv, nous arrivons à une formule approchée qui nous permet un
calcul plus rapide.
dv K X
(K est environ égal à , mais comme il n'est pas calculé de la même façon il est habituel de lui donner cette appellation).
Avec 0YK
128 : Y0 étant la distance du point jusqu'à l'isomètre central et non la soustraction
de l'ordonnée de l'origine du système de l'ordonnée du point (N-N0) comme écrit dans de
nombreux ouvrages. Pour ce calcul d'Y0, il est impératif de connaître la latitude f du point T
au tiers de la visée. En reprenant l'exemple :
Y0 = (f-f0) . R . sin1 ≈ (f-f0) × 100
Y0 = (48,47-49) × 100 = - 53 km
d’où 53
K 0,414128
X est la différence d'abscisses en la station et le point visé (E extrémité – E origine)
exprimée en kilomètre.
Dans notre exemple X = 985,199 – 982,166 = + 3,033 km D’où le
dv = - 0,414 × (+ 3,033) = -1,26 dmgon
Toujours confirmer le signe de cette correction en faisant un croquis qui rappelle que la
transformée d'une ligne géodésique tourne sa concavité vers le parallèle origine de la zone.
Nous pouvons remarquer la petitesse de cette correction qui est toujours inférieure à la
précision des mesures topométriques. Elle sera donc négligée, même dans les projections
officielles (Lambert 93 ou CC) où les valeurs de correction à la corde en topométrie vont
rarement dépasser quelques décimilligrades.
Dans certains logiciels (Covadis par exemple de l'éditeur Géomédia), des écarts de l'ordre de
1 ou 2 décimilligrades par rapport aux valeurs initiales peuvent se rencontrer car ils
appliquent cette correction.
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9 Transformation entre systèmes géodésiques
9.1 Transformation de coordonnées
Transformer des coordonnées signifie passer d’un système de référence à un autre.
Si une transformation ne concerne que le passage d'un type de coordonnées à un autre
(géographiques vers planes par exemple) du même système de référence terrestre, une
expression mathématique permet de la réaliser, il s'agit des transformations en vertical.
Mais, si un changement de système est nécessaire (transformations en horizontal), des
paramètres de transition d'un système à l'autre doivent alors être utilisés.
Ces paramètres peuvent être uniques pour assurer une transformation exacte et complète (par
exemple : la transition entre coordonnées géographiques ne nécessite que la connaissance de
deux paramètres d’ellipsoïde) ou peuvent au contraire varier avec le lieu. Des grilles de
changements de systèmes (comme GR3DF97A) et de conversion altimétrique (comme la
RAF09 ) sont alors nécessaires.
Il existe des logiciels, tels que Circé (référence en France) qui effectuent les transformations
de coordonnées.
Le principe du processus de transformation est l'interpolation, dans un semis de points
régulièrement répartis, ou "grille", de paramètres tridimensionnels de translation entre
systèmes. Ces points constituent la grille de paramètres GR3D97A au pas régulier de 0.1° en
longitude et latitude.
Circé transforme des coordonnées dans les systèmes français que ce soient des coordonnées
géographiques ou planes. Il est préférable pour un topographe d'utiliser la transformation
grille.
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 39/47
Diagramme des transformations de coordonnées
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 40/47
Annexe 1
Retour
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Annexe 2
Retour
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Annexe 3
Retour
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Annexe 4
J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 44/47
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Retour
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Annexe 5
Annexe 6
Zone f0 Sin f0 n C
Lambert zone
55,00 gon 0,760 405 965 6 0,760 405 965 6 11 603 796,98
52,00 gon 0,728 968 627 4 0,728 968 627 4 11 745 793,39 49,00 gon 0,695 912 796 6 0,695 912 796 6 11 947 992,52 46,85 gon 0,671 267 932 2 0,671 267 932 2 12 136 281,99
Lambert 93 46°30 0,725 374 371 0 0,725 607 765 0 11 947 992,52
Lambert Conique
conforme 9 zone
50° 0,766 044 443 1 0,766 066 565 55 11 583 954,252
49° 0,754 709 580 2 0,754 731 385 18 11 626 445,901
48° 0,743 144 825 5 0,743 166 306 07 11 676 255,995
47° 0,731 353 701 6 0,731 374 851 04 11 733 783,882
46° 0,71 339 800 3 0,719 360 611 86 11 799 460,698
45° 0,707 106 781 2 0,707 127 248 16 11 873 753,393
44° 0,694 658 370 5 0,694 678 486 32 11 957 169,269
43° 0,681 998 360 1 0,682 018 118 35 12 050 261,119
42° 0,669 130 606 4 0,669 150 000 69 12 153 633,058
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J.BAQUIE – Ing. E.S.G.T. - Notions de géodésie – 2013/2014 47/47
(Attention: L'ellipsoïde de référence WGS84, associé au système WGS84, diffère légèrement
de l'ellipsoïde de révolution IAG GRS 80 pour la valeur de l'aplatissement. Cela implique de
légères modifications des valeurs calculées. Par exemple, le demi petit axe b augmente de 0,1
mm.)
Par définition :
demi grand axe (GRS80) a = 6 378 137,0 m
demi grand axe (WGS84) a = 6 378 137,0 m
aplatissement (GRS80) f = 1/298,257 222 101
aplatissement (WGS84) f = 1/298,257 223 563
Par calcul :
demi petit axe (GRS80) b 6 356 752,314 140 355 847 852 106 m
demi petit axe (WGS84) b 6 356 752,314 245 179 497 563 967 m
première excentricité (GRS80) e 0,081 819 191 32
première excentricité (WGS84) e 0,081 819 190 842 622